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Du mardi 10e Décembre 1765.

L'Académie étant assemblée, on a délivré au sr Mestais la médaille du prix d'émulation qui lui a été adjugée le 2 du présent mois.

Ensuite, le secrétaire a présenté à l'Académie, de la part de M. Peyre, un exemplaire des Œuvres d'architecture de cet architecte, qu'une indisposition empêche de le présenter lui même. Ce livre, qui a pour tiltre « Œuvres d'architecture de Marie Joseph Peyre, architecte, ancien pensionnaire du Roy à Rome, inspecteur des bâtimens de Sa Majesté », est dédié à M. le marquis de Marigny. MM. Chevotet, Le Carpentier, Perronet, Desmaisons, Moreau et Boullée, qui avoient été nommés pour rendre compte des desseins de M. Franque pour la place du Peyrou à Montpellier, ont fait une lecture de leur rapport; mais M. Gabriel, ayant paru désirer avoir connoissance de ce rapport et n'ayant pu se trouver aujourd'huy à l'assemblée, on a jugé à propos de l'envoyer à M. Gabriel avant d'en ordonner l'enregistrement ou de l'approuver.

Du samedi 14e Décembre 1765.

L'Académie étant assemblée extraordinairement et M. le marquis de Marigny étant présent pour le jugement des desseins qui concourrent pour les grands prix et pour la distribution des médailles, les suffrages ont été pris par le scrutin.

Dans le premier scrutin, le dessein marqué C, composé par le sr Jean François Heurtier, né à Paris, le 7 mars 1739, rue des Prouvères, paroisse Saint Eustache, a eu la plura

1. Peyre (Marie-Joseph), frère aîné d'Antoine-François, architecte lui aussi, avait obtenu le grand prix en 1751 et séjourné à Rome de 1753 à 1757. Son recueil in-fol. contient surtout des projets dessinés en Italie.

lité des voix pour le premier prix qui lui a été délivré par M. le marquis de Marigny. Ce prix est une médaille d'or représentant le portrait du Roy, autour duquel on lit : LUD. XV REX CHRISTIANISSIMUS, et, au revers, l'église de Sainte Geneviève, avec cette inscription: PIETAS AUGUSTA et cette exergue : NOVI SANCTE GENOVEFE TEMPLI PRIMAM LAPIDEM POSUIT ANNO M DCC LXIV.

Dans le second scrutin, le dessein marqué D, composé par le sr Paul Antoine Bouchu, né à Lion le (un blanc) a eu la pluralité des voix pour le second prix, qui lui a été délivré par M. le marquis de Marigny : ce 2e prix est une grande médaille d'argent.

Dans le troisième scrutin, le dessein marqué B, composé par le st Pierre Adrien Paris, né à Besançon, le 25 octobre 1746, a eu la pluralité des voix pour le troisième prix qui lui a été délivré par M. le marquis de Marigny. Ce troisième prix est une médaille d'argent semblable à celle d'or donnée pour le premier prix.

Du lundi 23e Décembre 1765.

L'Académie étant assemblée, on a délibéré sur la question si le rapport des six commissaires nommés dans la conférence du 2 décembre dernier pour examiner les projets de M. Franque pour la place du Peyrou à Montpellier seroit enregistré, et la question ayant été longtems agitée à cause du dernier article du rapport qui présente un règlement à faire, il a été décidé à la pluralité des voix de onze contre quatre que le rapport seroit enregistré comme il est, sans que la Compagnie eût prétendu faire pour le présent un règlement sur ce dernier article2.

1. Cf. Catalogue des médailles, p. 247, pour la première médaille; la seconde n'est pas déterminée.

2. On verra plus loin que l'Académie avait fort bien compris que la question était délicate. Les réserves qu'elle fit s'inspiraient d'un sentiment très louable. Quant au dernier article Rapport des commissaires lu pour la première fois à l'Académie, le 10 décembre, et pour la deuxième fois aujourd'huy :

<<< Le vendredi 6 décembre 1765, Nous soussignez, commissaires nommés par l'Académie pour l'examen du projet fait par M. Franque d'une place proposée pour la ville de Montpellier au lieu dit la place du Peyroux, conformément à la lettre de M. le marquis de Marigny adressée à M. Gabriel, en date du 25 novembre dernier, enregistrée le 2 décembre, Nous sommes assemblés chez M. Chevotet, l'un de nous, et, après avoir lu ladite lettre et le rapport enregistré, le 6 mai dernier, sur les projets précédemment faits pour ladite place par des architectes de Montpellier et en avoir de nouveau examiné les desseins, nous avons donné une attention particulière à celui présenté par M. Franque, nous l'avons comparé avec les premiers et nous avons trouvé que M. Franque avoit profité des dispositions qu'on y peut approuver, ainsi que de plusieurs des observations contenues au rapport cy dessus mentionné.

« Il nous a cependant paru que M. Franque auroit dû masquer moins le fond de la place du côté de l'aqueduc, en se réduisant à ce qui est nécessaire pour la construction d'un réservoir pour les eaux et en se conformant d'avantage à l'observation contenue au même rapport, où il est dit que « la nature offre en cet endroit de tous côtés « des points de vue dont la privation ne seroit pas com<< pensée par le spectacle des productions de l'art les plus <<< riches et les mieux entendues ».

« Nous ne pouvons, au surplus, rien dire de précis sur la dépense nécessaire pour l'exécution de ce dernier projet, n'ayant point de connoissances plus particulières sur le prix des matériaux et la disposition du local que n'en

auquel il est fait allusion, je crois que l'Académie n'eut pas à le discuter, la solution intervenue ayant été conforme à ses scrupules.

ont eu les commissaires chargés par l'Académie de l'examen des premiers, mais nous pensons que la somme de deux cents mille livres, à laquelle il paroissoit alors que les États vouloient fixer cette dépense, ne peut suffire pour l'exécution d'aucun des projets précédemment adressés à la Compagnie, non plus que pour celui de M. Franque.

« Nous croyons devoir ajouter à notre rapport la réflexion suivante :

« Par la lettre cy dessus rapportée de M. le marquis de Marigny, il paroist que Mgr l'archevesque de Narbonne a chargé M. Franque de travailler à former un nouveau projet en s'aydant de ce qui pouvoit se trouver de mieux dans les premiers et des remarques qui ont été faites dans l'assemblée; mais notre façon de penser et celle que nous estimons que la Compagnie doit suivre dans ses décisions ne nous permettent pas de lui dissimuler le doute où nous sommes qu'un membre de l'Académie, qui de plus a été nommé l'un des commissaires pour l'examen des anciens projets, ait dû se charger d'en faire un nouveau. Nous pensons que ce procédé pourroit altérer la confiance que l'Académie s'est si dignement acquise par ses avis désintéressés de la part de ses membres sur les consultations de cette nature qui lui ont été faites, et nous croyons que la Compagnie doit mettre en délibération si un académicien, en semblables circonstances, pouvoit se charger d'un pareil projet. »

Le présent rapport, lu à l'Académie le 10 décembre 1765, est signé: Chevotet, Le Carpentier, Perronet, Moreau, Desmaisons et Boullée.

Le dernier article contenant quinze lignes, commençant par ces mots : « Par la lettre cy dessus rapportée », sera examiné et discuté dans la suite, et la Compagnie n'a pas jugé à propos de rien décider quant à présent sur ce qu'il contient.

1766.

Du lundi 13e Janvier 17661.

L'Académie étant assemblée, on a examiné les desseins des élèves de l'Académie qui ont concouru pour le prix d'émulation du mois de novembre 1765 et, les suffrages ayant été pris par le scrutin, le dessein marqué M, composé par le sr Jean Louis Desprez, demeurant rue Saint Thomas, porte Saint Michel, né à Angers, élève de M. Desmaisons, a eu la pluralité des voix.

Le sujet du prix étoit la décoration intérieure de la galerie de l'hôtel d'un grand seigneur, contenant dans euvre to toises 4 pouces de longueur, 22 pieds de largeur et 23 pieds de hauteur sous clef.

[(Note postérieure :) La médaille lui a été délivrée le 27 janvier].

Ensuite, on a achevé la lecture des Privilèges et règlemens de l'Académie impériale des beaux arts, peinture, sculpture et architecture établie à Saint Pétersbourg, avec le collège d'éducation qui en dépend; et l'on a chargé le secrétaire d'écrire une lettre de remercîment à l'Académie impériale au sujet de la médaille, du jetton qu'elle a envoyé avec un exemplaire de ses Privilèges et règle

mens.

M. Contant a fait voir à la Compagnie les plan et coupe de l'église de l'abbaye de Saint Amand3, sur lesquels l'Académie s'est entretenue.

1. Ont signé en janvier : Gabriel, Aubry, Blondel, Boullée, Brébion, Chevotet, Contant, de Cotte, Coustou, Deluzy, Desmaisons, Hazon, Lecarpentier, Leroy, de Lespée, Moreau, Perronet, N.-M. Potain, Régemorte, Rousset, Soufflot, Camus. 2. Voir aux Appendices.

3. C'est Saint-Amand-les-Eaux, dont l'abbaye était célèbre.

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