dious à l'Assemblee Nationale un compte exact de notre conduite; à chaque Courrier, elle étoit informée de la situation de Montauban et de nos soins pour y entretenir le calme an péril de nos jours.. C'est moi, Messieurs, c'est moi qui, dans cette scène de trouble et de fureur ai désarmé le Peuple: c'est moi qui ai suspendu et adouci sa fureur contre des Citoyens, qu'il regardoit comme les auteurs de ses inalheurs, et qui lui persuadai de soumettre sa vengeance une Procédure. Tout est déposé dans l'Information. Nous devons la regarder comme le plus ferme rempart de notre innocence. Elle s'est cependant faite, avec une lenteur qui n'annonce que trop l'ascendant de nos Adversaires. ་་ La plus grande difficulté de notre défense est dans le défaut absolu de connoissance des pièces et des charges. Eh! comment les connoîtrions-nous? elles n'existent pas. A moins qu'on n'appelle de ce nom des pièces presque toutes sans signatures, sans aucun caractère d'authenticité. Il est de droit naturel que l'accusé connoisse toutes les charges. Cette maxime, que vous avez consacrée est antérieure à toute Loi humaine; à défaut de répondre à des charges, je vais expliquer des faits dont on a voulu tirer contre nous les inductions les plus graves. " 2 On s'est particulièrement attaché à ạttaquer l'Ordonnance que nous avons rendue pour consacrer le principe de la subordination des Gardes Nationales aux Municipa. lités, et que l'Assemblée Nationale a bientôt confirmée: ou a dit que l'Assemblée ne connoissoit pas alors l'Adresse des Gardes Na tionales de Montauban, qui demandoient à faire un Pacte fédératif avec les Villes voisines; mais nous-mêmes nous ne la connoissions pas, puisqu'elle n'a paru que le 30 Mars, et que notre Ordonnance est du 29. " " A l'Ordonnance du 29 Mars succéda celle du 13 Avril, rendue également sur mon réquisitoire. C'est cette Ordonnance qui est la base de toutes les inculpations dirigées contre nous. On la présente comme contraire au Décret par lequel vous avez ordonné que les Gardes Nationales resteroient dans le premier régime qu'elles avoient lors de leur formation, jusqu'à ce que leur organisation fût décrétée. L'admission des huit nouvelles Compagnies dans la Garde Nationale étoit entiérement consommée ? avant que le Décret n'arrivât à Montauban; car il n'a été sanctionné que le 30 Avril. Pouvoit-il avoir un effet rétroactif? Quelle étoit d'ailleurs la position de la Municipalité de Montauban? Qu'avoit - elle à opposer au droit naturel qu'a chaque Citoyen de concourir à la défense publique? Dira-t-on que c'étoit un Corps de Volontaires qui vouloit rester séparé? Mais le fait dépose absolument contre cette assertion. Enfin, si notre Ordonnance étoit juste au moment où elle a été rendue, pouvoit-elle cesser de l'être depuis? Quel devoit être dans de telles circonstances, le rôle des Officiers Municipaux? Celui d'Arbitres et de Conciliateurs. Eh bien! nous n'avons pas cessé de l'être un instant. Nous avons ouvert des Conférences où des Commissaires furent nommés. Jamais négociation ne commença d'une manière plus favorable. Toutes les espérances s'évanouirent, la négociation es suya des a journlards et des embarras, et la fatale journée du 10 Mai arriva. * " Le Commandant de la Garde Nationale a dit qu'il avoit reçu des pouvoirs pour acquiescer à tout. Eh! pourquoi ces offres de paix ne furent-elles pas apportées en diiigence? " Avant d'entrer dans les détails de l'affreuse scène du 10 Mai, qu'il nous soit permis de faire une réflexion générale. Quand on calcule de sang-froid tout ce que la prudence auroit pu suggérer dans une scène de trouble, on est porté à juger les autres d'après toute la prévoyance et le courage que l'on se suppose. Mais qui peut se flatter de conserver, dans une scène où le trouble éclate de tous les côtés, et s'accroît à chaque instant, ce sang-froid d'intrépidité qui pourvoit à tout, qui calme tout!» On reproche aux Officiers Municipaux de n'avoir pas développé un appareil menaçant contre les femmes attroupées à la porte des Couvens. Cette mesure étoit évidemment la plus dangereuse qu'on pût alors employer. On lui reproche d'avoir délivré des armes au Peuple. L'Officier Municipal qui les a délivrées, est un Protestant. On lui reproche sa lenteur a appeler le Régiment de Languedoc mais la distance des Casernes à la Maison Commune est d'une lieue. Ces dé-. Jais nécessaires étoient un affreux tourment pour les Municipaux. On leur reproche de n'avoir pas publié la Loi Martiale; mais le Drapeau rouge n'a-t-il pas été arboré? » « J'énonce iei deux propositions formelles," et je les puise dans le propre récit des Gardes Nationales de Montauban; l'une, que les Officiers Municipaux n'étoient point dans la Maison Commune au moment où le tumulte éclata; l'autre, que les Gardes Na tionales ont commencé l'agression envers le Peuple. A l'égard du premier fait, il est dit positivement dans le récit des Gardes Nationales, que les Officiers Municipaux se sont transportés à la Maison Commune au moment le plus orageux de la scene, ce qui dément l'assertion qu'ils y étoient au commencement. Les preuves de l'hostilité des Gardes Nationales ne sont pas moins concluantes. D'abord, ils se sont transportés armés à la Maison Commune, sans avoir pris les ordres de la Municipalité, ni l'autorisation de leur Commandant. Il y a suv tout un fait prouvé, c'est que les coups de fusil ont été tirés du corps-de-garde. Ce fait est constaté par les Procès-verbaux des Chirurgiens, qui attestent qu'il y a eu dixhuit personnes du Peuple blessées. Les Gardos Nationales avoient donc des munitions, ét,. de dessein prémédité, ils étoient donc les agresseurs. Attribuer ces meurtres, comme on le fait, à la répercussion des balles contre le mur, c'est donner l'exemple d'une absurdité complete. M.de Puy-Montbrun,Commandant de la Garde Nationale, a lui-même dit, dans : une Lettre signée, que tous les malheurs étoient dus à cette imprudente jeunesse.» L'Orateur alloit examiner ensuite les différentes conclusions du Rapporteur:on l'a-interrompu par des clameurs, comme s'il manquoit à l'ordre et au respect du Comité; les Galeries joignoient leur opposition vociférante à celle d'une partie de l'Assemblée : cépendant, le cri de la justice a prévalu et M. Lade a continué. Le Le Projet de Décret annulle la Procédure faite par le. Présidial de Montauban; cependant, où sont les motifs de récusation? On n'en allègue aucun. Les Juges n'étoient ni parens, ni alliés des Parties: les Adjoints Notables sont Protestans et Catholiques. On a entendu successivement des témoins des deux Religions pour mieux s'assurer de la " vérité. «En rétablissant la Garde Nationale sur l'ancien pied, on expose Montauban au plus grand danger les nouvelles Compagnies ont prêté le Serment Civique. Comment tenter de les exclure? Enfin, la destitution de Magistrats que le Peuple regarde comme ses pères, est-elle calculée sur la prudence? Ce Discours de deux heures étant terminé, les Accusateurs de la Municipalité firent lire par l'un d'eux, M. Dounoux, un Mémoire entièrement analogue par le style et par les faits, au Rapport du Comité. La Municipalité y est peinte, non pas comme coupable de négligence et de partialité mais comme instigatrice de de tous les neur tres, comme complice d'une foule de complots pour désoler le Midi du Royaume. «Le mois de Février dernier, a dit le Lecteur du Mémoire, vit éclore à Montauban un Comité Patriotique, composé de Négoclaus et d'Artisan, de jeunes gens pleins, de zèle pour la Constitution. L'ancienne Municipalité eut avec ce Comité des relations pour l'achat des grains, qui furent utiles à la Ville de Montauban, Le moment des Elections arriva; les Privilégiés se réunirent, On réveilla les prétextes de la Religion, Les Protestans furent calomniés, menacés: tous N°. 32. 7 Août 1790. B |