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blée a ordonné l'impreffion du mémoire & des pièces, & a renvoyé le tout à la commiffion.

Séance du lundi 30. Plufieurs dons patriotiques ont éte

reçus.

Six millions d'affignats brûlés. Total, 587 millions brûlés. Total en circulation, un milliard fept cent foixante millions. Encore 40 millions à émettre.

Le ministre de la guerre a fait remettre à l'affemblée le bulletin de l'armée du Nord. Les troupes ennemies commencent d'arriver à Luxembourg & Arlon ; elles pouffent des détachemens jufqu'à Virton. Il y a eu diverfes efcarmouches entre les poftes avancés. Jusqu'à préfent l'avantage a été de notre côté dans toutes ces petites affaires. Nos troupes font dans le meilleur état, elles font bonne contenance.

Le ministre de l'intérieur a fait parvenir la déclaration qui lui a été envoyée par M. Lafayette. Elle eft conçue en

ces termes :

« :. .:

Je fuis inter

pellé fur un fait. Ai-je propofé à M. le maréchal de Luckner de marcher avec nos armées fur Paris? A quoi je réponds en quatre mots fort courts. Cela n'eft pas vrai, Signé LAFAYETTE ».

MM. Gaston, Pillaut & Poitevin ont propofé fucceffivement divers projets de décret au nom du comité de divifion. Ils ont été ajournés à huitaine.

MM. les fecrétaires annoncent des dons patriotiques en argent, en bijoux, en foufcriptions & en hommes.

Au nom du comité des infpecteurs de la falle, un membre a propofé d'augmenter de trente hommes le nombre des gardes nationaux qui font chaque jour le fervice de l'affemblée nationale. Le motif de cette aug mentation est la néceffité de placer des fentinelles fur la terraffe des feuillans, dont l'affemblée a ordonné la pu blicité. Le comité propose en outre de ne faire ouvrir cette terraffe qu'à midi précis. Plufieurs membres demandent la question préalable fur ce projet. La queftion préalable eft adoptée.

M. Rulh dénonce deux officiers généraux qui viennent de déferter. L'un eft l'officier qui commandoit, avant M. Luckner, l'armée du Rhin. L'autre eft M. Balthazar, maréchal-de-camp. M. Rulh demande que les noms des officiers déterteurs foient infcrits fur une pyramide infa

mante. M. Lejofne demande qu'à la pyramide on fubftitue un poteau. L'affemblée a décrété qu'il fera dreffé un tableau des officiers déferteurs, que l'on apoftillera le nom de ceux qui ont volé, en émigrant, les caiffes de leur régiment, & que ce tableau fera envoyé à toutes les municipalités du royaume.

La fection des Quatre Nations a présenté à l'affemblée une compagnie de foixante-dix-huit jeunes gens qui fe font inferits fur un registre particulier dans cette fection; ils attendent trois ou quatre jours pour fe trouver au complet de cent cinquante hommes, & aller en compagnie franche faire le fervice fur la frontière.

Le citoyen qui a ouvert le regiftre d'enrôlement dans la fection, a présenté avec un orgueilleux & jufte enthoufiafme fes compagnons d'armes; il en eft quelquesuns, dit-il, qui n'ont pas la taille fort avantageufe ; mais quand ils fe font présentés à moi, j'ai posé la main sur leur cœur, & je jure devant la patrie qu'ils feront braves foldats.

M. Lacuée, au nom du comité militaire, a fait décréter qu'il feroit mis à la difpofition du miniftre de la guerre un fonds de 2 millions 500 mille liv. pour les dépenfes courantes de l'entretien des 184 bataillons de volontaires nationaux. Ce décret contient auffi des difpofitions tendantes à accélérer l'habillement & l'équipement des volontaires.

Le même comité, par l'organe du même membre a présenté un projet de décret fur le fervice personnel dans la garde nationale. Voilà la fubftance des articles décrétés :

Art. 1. « Les citoyens non infcrits fur les registres de la garde nationale, n'en feront pas moins tenus au fervice d'un jour par mois tant que la patrie fera en danger, & deux jours pour trois mois dans les temps ordinaires.

II. » Ceux qui ne feront point le fervice en perfonne, feront affujétis à une taxe égale au vingtième de leur contribution mobilière, ou deux journées de travail.

III. Les citoyens actifs infcrits qui ne ferviroient pas en perfonne, ou ne fe feroient pas remplacer, feront foumis à la même taxe.

IV. » Ceux qui manqueroient deux fois de fe faire remplacer,

remplacer, feront foumis à une double taxe; à la troi fième fois, ils feront punis par huit jours de prifen, fans préjudice de la double taxe.

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V. Les adminiftrateurs dè départemens & de districts, les officiers municipaux, les juges, les greffiers pris des tribunaux ou des municipalités, les receveurs de diftricts & des confignations, les juges de paix & leurs greffiers, les employés dans les bureaux de l'affemblée & des corps adminiftratifs, &c., ne pourront faire aucun fervice perfonnel; mais ils feront remplacés & paieront la taxe : il en fera de même des inftituteurs publics & des médecins officiers de fanté ».

» Le comité propofoit dans un fixième article, de ranger dans cette exception les miniftres de tous les cultes.

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» L'affemblée a décidé que les prêtres feront foumis au fervice perfonnel, comme tous les citoyens non fonction

naires.

Séance du lundi foir. Le département de Lot & Garonne a informé l'affemblée du meurtre d'un prêtre féditieux; celui de l'Hérault annonce que les troubles du midi font prêts à renaitre, & demande que l'armée de M. Montefquiou ne foit point affoiblie.

Le ministre de la guerre avertit l'affemblée que les vo lontaires actuellement rendus au camp de Soiffons font au nombre de 5324..

Un député a dénoncé des hommes qui, courant dans la ville, arrachoient les cocardes de ruban, & obligeoient à en prendre de laine. L'affemblée a décrété fur le champ que toutes cocardes étoient bonnes, pourvu qu'elles fuffent aux trois couleurs.

Des Savoifiens font venus demander la permiffion de former une légion fous le nom de légion des Allobroges. Renvoyé au comité.

Les étudians du collège de Louis-le-Grand avoient demandé la permiflion de conferver leurs bourfes ou pen fions gratuites en allant fervir la patrie fur les frontières.Cette permiffion leur a été accordée par un décret rendu au rapport de M. Brousse.

L'allem blée rend un décret de liquidation pour une foule de créanciers fur l'état.

Le ministre de l'intérieur lui a adreffé la réponse du
N°. 160. Tame 13.

F

maréchal Luckner, à l'interpellation qui lui a été faite par le décret de déclarer s'il eft vrai que M. Lafayette lui ait communiqué un projet d'affiéger Paris, ou de retourner contre une partie du peuple les forces qui leur font confiées. Le maréchal nie le fait, & s'excufe fur fon peu de connoiffance de la langue française. L'affemblée ordonne l'impreffion de la lettre.

Des gardes nationaux ont été admis à la barre, ils fe font plaints d'avoir été affaillis pendant un pa'fible banquet. par des gens égarés (les Marfeillois) qui ont affaffiné un de leurs camarades. Ils ont demandé juftice de ce meurtre. Les pétitionnaires ont été admis à la féance: Deux citoyens, de garde chez la reine, ont rendu compte de l'accueil hofpitalier fait au château aux bleffés du ba taillon des Filles de Saint-Thomas. L'affemblée a décrété le renvoi de cette affaire au comité, en laiffant aux tribunaux & aux administrations à faire leur devoir.

Séance du mardi 31. M. Lequinio a, communiqué à l'af femblée un arrêté dn directoire du Morbihan, qui, pour préferver fon territoire de la pefte de la malveillance, a profcrit les journaux fuivans:

L'Ami du roi, l'Indicateur des Annales monarchiques, le Journal de la cour & de la ville, la Rocambole des journaux, le Journal de Barruel, la Gazette de Paris le Journal de Fontenay, le Mercure, le Réviseur & la Gazette univerfelle.

La lecture des procès-verbaux de plufieurs municipa lités a appris que les enrôlemens fe continuoient avec beaucoup d'enthousiasme depuis la proclamation du danger de la patrie.

On lit une lettre de M. Hérault, député à l'affemblée nationale, l'un de ceux que M. Guadet a cités comme ayant entendu M. Luckner déclarer que M. Lafayette lui avoit propofé d'affiéger Paris. M. Hérault déclare qu'il n'a point entendu ce qu'a dit M. Guadet, mais feulement ces mots : «Lafayette m'a envoyé Bureaux de Puly, qui m'a fait de fa part des propofitions horribles ». Voilà 1out ce que M. Hérault a entendu,

Le patriote Palloy a offert à l'affemblée une pierre fur laquelle les droits de l'homme font gravés; un tableau de médailles patriotiques; enfin tous les inftrumens qui ont fervi à pofer la première pierre du monument qui

s'élève en l'honneur de la liberté fur les ruines de la batlille.

Au nom du comité des finances, M. Fouquet a propofé une nouvelle création d'affignats pour 300 millions. L'urgence & l'évidente néceflité de l'émiffion, font que perfonne n'en combat la propofition. Elle est décrétée. L'affemblee accroiffant la mafie en circulation, augmenté en proportion le gage des affignats. Elle a jouté à leur hypothèque les maifons religieufes, les palais épifcopaux, la coupe des bois en réserve, & les bois épais dont les départemens jugeront convenal de de propofer la vente au corps légiflatif.

M. le préfident a annoncé que des félérés des quatrevingt-trois départemens demandoient l'ad miflion à la barre, pour préfenter une pétition relative à l'événement de la veille. L'afemblée décrète qu'ils feront mis fur le champ; ils paroiffent. His fe plaignent d'avoir été calomniés. Des hommes libres, difent-ils, ne font pay capables d'affafliner. De faux gardes nationaux nous ont attaqués; c'étoient des gardes du roi déguisés. Les pétitionnaires terminent en demandant l'exécution de la loi qui ordonne le licencîment de l'état-major de la garde, nationale parifienne.

M. le préfident leur répond que l'affemblée fe fera rendre compte de leur demande; ils les invite à la féance. Des gardes nationaux demandent l'admiffion à la barre. L'admition eft décrétée. Les pétitionnaires entrent; ils demandent vengeance de la mort d'un de leurs frères d'armes. Nous atteftons, difent-ils, que les gardes nationaux réunis hier aux Champs-Elyfées, s'y conduifoient tranquillement. L'inftruction juridique jetera le plus grand jour fur l'affreux affaffinat qui a été commis. Les Marfeillois font encore réunis en armes fous le règne de la conftitution, verrons-nous naître la guerre civile ? Ils ont fini par demander l'éloignement des Marfeillois des murs de Paris. Les pétitionnaires ont été admis à la féance, & l'affemblée a renvoyé à la commifion pour faire fon rapport le lendemain.

Le miniftre de la guerre a notifié à l'affemblée des dépêches de M. Dillon, commandant-général fur la frontière dans la Belgique, qui annonce la retraite des vingtcinq mille ennemis qui s'étoient avancés fur notre territoire jufqu'à Bavay; il a enfuite inftruit l'affemblée du départ de 1400 hommes pour Soiffons.

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