tabliffement du bon ordre, & régler l'adminiftration de fon royaume. » Enfin je déclare & m'engage encore en mon propre & privé nom, & en la qualité fufdite, de faire obfer-` ver par-tout aux troupes confiées à mon commandement une bonne & exacte difcipline, promettant de traiter avec douceur & modération les fujets bien intentionnés, qui fe montreront paifibles & foumis, & de n'employer la force qu'avec ceux qui fe rendront coupables de réfiftance où de mauvaise volonté. » C'eft par ces raifons que je requiers & exhorte tous les habitans du royaume, de la manière la plus forte & la plus inftante, de ne pas s'opposer à la marche & aux opérations des troupes que je commande, mais de leur accorder plutôt par-tout une libre entrée & toute bonne volonté, aide & affiftance que les circonftances pourront exiger. » Donné au quartier général de Coblentz, le 25 juillet. Signé, Charles-Guillaume Ferdinand, duc de Brunswick Lunébourg. On voit que les cours de Pruffe & d'Autriche veulent une contre-révolution complète; on voit qu'elles invitent les Français à la laiffer opérer de bonne volonté. Si nous tenions leurs armées dans nos murs, dans nos champs, ne nous ferions-nous pas un devoir d'exterminer jufqu'au dernier des foldats qui les compofent, à moins qu'ils ne reconnuffent la fouveraineté françaife, & qu'ils n'abandonnaffent les drapeaux de leurs tyrans? Eh bien! s'il arrivoit encore que des Français, indignes de ce nom les appelaffent chez nous, feroient-ils moins nos ennemis que les Pruffiens & les Autrichiens eux-mêmes? Ne feroient-ils pas évidemment leurs complices? Ne ferionsnous pas également en guerre contre eux ? Et chaque individu n'auroit-il pas le droit de courrir fus comme à des Autrichiens & des Pruffiens? Ne feroit-ce pas même ftrict devoir pour tout ami de la liberté ? un Dans la féance du vendredi 3, le roi écrivit la lettre fuivante à l'affemblée nationale: M. le préfident, depuis quelques jours on répand un écrit intitulé: Déclaration du duc de Brunswick, adreffée aux habitans de la France. Elle ne préfente aucun des caractères qui peuvent en garantir l'authenticité. Cependant fa publicité paroît demander une nouvelle déclaration de mes fentimens & de mes principes. » La France eft menacée par une grande réunion de forces nous éprouvons tous le befoin de nous réunir. Les anciens miniftres favent quels effs j'ai faits pour éviter la guerre. Je n'ai accédé qu'à l'avis unanime de mon confeil. La guerre déclarée, je n'ai négligé aucun des moyens d'en affurer le fuccès. Grands murmures. » Je prendrai, de concert avec l'affemblée nationale, tous les moyens qui peuvent être profitables à fa dignité & à fa gloire. J'ai fait ce que j'ai pu. Mes chagrins feroient effacés par la plus légère marque de retour. C'eft à la nation que je dois tout. Je ne fais qu'un avec elle; je maintiendrai la conftitution jufqu'à mon dernier foupir. Mes dangers perfonnels ne font rien à comparer au plaifir de faire le bonheur d'un grand peuple. » Un jour viendra peut-être que l'on connoîtra ce que j'ai fait. Signé Louis, contre-figné, Bigot de SainteCroix ». La lecture de cette lettre ne fut point entendue tranquillement MM. Ducos, Merlin & linard s'écrièrent que Louis XVI étoit un impofteur. Toute la France l'a déjà dit & le répétera avec eux. Le meffage du roi fut renvoyé à la comm ffion extraordinaire. Dans la même féance le maire de Paris, au nom des 48 fections, eft venu dénoncer ce même Louis XVI, & demander fa déchéance. Législateurs! le vœu national eft prononcé; fi le coupable vous demande grace, fongez que fon pardon feroit défavoué. Evénemens des Champs-Elyfees, le 30 juillet. Lundi 30 juillet, les braves Marfeillois, célèbres par leurs expeditions patriotiques dans nos départemens du Midi, menacés d'une contre-révolution prochaine, arrivèrent à Paris où ils étoient attendus & défirés. Ils entrèrent par le faubourg Saint-Antoine, où ils furent reçus comme des libérateurs. Il étoit tout naturel de leur offrir un banquet fraternel; Santerre s'étoit chargé de ce foin. Il choifit du jardin royal des champs elisées, les grenadiers des filles 3 thomas et des petits peres, quelques officiers suises et des gardes du corps déguisés ayant dans une orgie, insulte le peuple de paris et les marseillois, reçoivent le juste salaire de leur lâche provocation. pour cette fête hofpitalière le fallon d'un reftaurateur des Champs-Elyfées, comme l'endroit le plus voifin des cafernes de la nouvelle France, où le maire de Paris trouva convenable de cantonner nos braves Marfeillois. Aux Champs-Elyfées auffi, chez le reftaurateur du jardin royal, attenant pour ainfi dire le fallon choisi par Santerre, des grenadiers des Filles de Saint-Thomas & des Petits-Pères réunis, des gardes du corps déguifés fous l'habit national, des chevaliers de Saint-Louis & quelques bas - officiers Suiffes, plufieurs courtifans, & des gens de la domefticité du château, avoient pris le devant & célébroient une orgie. Ils en étoient au vin de Rota, fourni par l'un d'eux, lorsque les cris de vive la nation, vivent nos frères les fédérés, vivent les braves Marfeillois, vinrent frapper leurs oreilles. Ce fut alors que le verre à la main, ils ripostèrent à deux reprifes avec affectation, & en fe montrant aux fenêtres du fallon où ils étoient, par des chants de vive le roi, vive la reine, vive la Lafayette! Le peuple provoqué répond par des huées & de la boue. Les grenadiers menacent; ils fortent, & tirent leurs fabres. Les citoyens appellent à eux les Marfeillois; un jeune fédéré fe préfente le premier: il eft entraîné avec la plus grande violence par plufieurs des amis du roi en uniforme. Il réclame le fecours de fes compagnons d'armes, ceux-ci accouient avec la célérité de l'éclair, La plupart avoient déposé leurs armes à la caferne; ils n'en infpirèrent pas moins de terreur aux convives du jardin royal, qui fe mirent à fuit de toutes leurs forces. heureux, Dans cette défection fans combat, fut reconnu & confpué l'épais Moreau de Saint-Méry, dont l'embonpoint retardoit la marche précipitée. Quelques coups de fabre gravèrent fa honte fur l'une de ces omoplattes; tu fus plus fameux Parifot, fi brave fur les tréteaux du boulevard & dans ta feuille du jour; & toi aumi Regnaud de Saint-Jean-d'Angely, toujours plaftronné par précaution commis au bureau du journal de la Cour & de la Ville, le bâton fut votre feul châtiment, ainfi qu'au garde du roi, Saint-Léger, dont le père, médecin, vifita l'épiderme qui n'étoit que meurtrie; Leclerc, libraire au théâtre Italien, en fut quitte pour une entaille entre les deux épaules. Une balle (mais elle n'étoit pas marfeilloife) alla fe loger dans les reins du chevalier de Saint-Louis d'Agès: il dut cette faveur à la maladreffe de l'un de fes camarades de fuite; |