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Par un mémoire très-détaillé, & remis au ministere, la ville de Dantzig fe plaint de la réfo lution où eft le roi de Pruffe de faire payer un tranfit de 12 pour cent à tous les vaiffeaux qui mouillent dans le Fahrwaffer ou canal, & de faire préalablement décharger toutes les marchandifes de leurs cargaifons pour les taxer. Comme l'exécution de ces ordres va confommer la ruine du commerce des Dantzikois, ils réclament les bons offices de la république, qui ne peut que les plaindre.

Le clergé de ce royaume eft atfemblé depuis quelques jours, & tient fes féances au couvent des dominicains. Cette affemblée est composée de 5 évêques du rit latin, de 3 évêques du rit grec uni, & de plufieurs abbés ou provinciaux d'ordres religieux de l'un & de l'autre rit. Les délibérations ont pour objet le don gratuit de 600 mille florins polonois que le clergé doit verfer annuellement dans la caiffe de l'état.

Loin que les Ruffes se disposent à quitter la Pologne, ils s'y renforcent chaque jour. Divers corps de cette nation s'établiffent dans le palatinat de Wilna, en Samogitie, en Podolie, &c.

ALLEMAGNE.

HAMBOURG (le 24 Septembre.) La régence de Hanovre a confié l'adminiftration des biens de la feue reine Caroline-Mathilde au baron de Seckendorff. Suivant les avis de cet électorat, les deux bataillons deftinés pour Minorque fe font mis en marche le 20 de ce mois pour aller s'embarquer à Stade; l'un eft celui du prince Erneft,' l'autre de Goldacker.

Le prince-évêque de Fulde, eft fort irrité, de ce qu'on a publié à Rome un miracle qu'on dit avoir eu lieu dans fa réfidence, & dont ce prélat n'a jamais oui parler. Il a écrit à cette occafion

une lettre très-forte à l'abbé Auguftin, fon agent à la cour de Rome. Le prince-évêque y obferve d'abord que s'il s'étoit fait un miracle dans le lieu où il réfide, il devroit le fçavoir à titre d'évêque, & qu'il ne devroit pas l'ignorer comme prince fouverain du lieu, qui naturellement doit avoir connoiffance de ce qui s'y paffe; il prétend faire les recherches les plus rigoureufes à cet égard, parceque les miracles ne font pas tous propres à honorer la religion dans un pays environné d'hérétiques qui ne croient point aux miracles.

Les infanticides, fi communs de nos jours font une des fuites les plus funeftes du libertinage; les châtimens rigoureux font des moyens impuilfans pour les arrêter, & il n'eft poflible de les prévenir que par la réforme des mœurs. On a vu en 15 jours quatre crimes de cette espece dans une feule ville d'Allemagne; le dernier a été accompagné de circonftances bien fingulieres. Une fille, au fervice d'un marchand, foupçonnée d'être enceinte, interrogée par les maitres, nia fortement qu'elle le fût, & prétexta une hydropifie qui n'en impofa point au médecin qu'on lui avoit donné pour la traiter de cette maladie. La persévérance de cette fille à ne vouloir point convenir de fon état, fit craindre qu'elle ne méditât le crime de le cacher en détruisant son enfant. Le médecin recommanda en conféquence à fes maitres de veiller attentivement à fes actions, parceque le terme de fa groffeffe n'étoit pas éloigné. Ceuxci, touchés de compaflion pour le fort de cette malheureufe, lui prodiguerent tous les foins que fa fituation demandoit. Se trouvant obligés d'aller à la campagne, ils laifferent une fille de boutique qui devoit avoir l'œil fur la fervante enceinte; la fille de boutique alla à la meffe; pendant fon abfence, les douleurs vinrent à la malheureufe; elle

imagina pour cacher fa couche, pour qu'on n'en vît aucune fuite, & pour fe défaire en même tems de fon enfant, de fe placer fur les lieux communs de la maison; elle exécuta fur le champ ce projet; la fille de boutique, en rentrant, la trouva dans fon lit. Le hazard ou le befoin conduifit celle-ci à l'endroit où l'autre avoit accouché. Elle entendit les cris du nouveau-né; elle appella au fecours; on tira l'enfant de la foffe, après un travail de près de fix heures; il étoit tombé à 45 pieds de profondeur; il n'étoit point mort; on eft parvenu à lui conferver la vie, & on lui a donné une nourrice. La mere, au milieu de tous ces mouvemens, a trouvé le moyen de fe fauver & de fe dérober à toutes les recherches qu'on en a faites.

BERLIN (le 24 Septembre. ) Les 4 régimens d'artillerie pafferent, le 12 de ce mois, en revue devant le roi, & foudroyerent, en fa préfence, un fort qu'on avoit élevé à quelque diftance de nos glacis. S. M. s'étant enfuite rendue de l'autre côté de la ville, y fit exécuter une nouvelle manœuvre par la garnifon, tant infanterie que cavalerie; & après avoir fait une vifite à la princeffe Amélie, elle retourna diner à Potzdam.

Pendant le voyage du roi en Siléfie, les manœuvres militaires fe font exécutées avec tant de rapidité, que le général Tauenzien, gouverneur de Breflau, & le général Falckenhayn ont fait chacun une chute de cheval; le premier s'eft caffé un bras, & le fecond s'eft enfoncé deux côtes. Le prince de Pruffe a couru le même danger à Breflau; mais un bourgeois de cette ville a eu affez de force & d'adreffe pour l'en garantir en foutenant fon cheval prêt à s'abattre : S. A. R. lui a fait donner 200 écus de gratification.

Avant que de partir de cette province, le roi. lui a laiffé des marques de fa bienfaifance. S. M. a accordé go mille écus à quelques villages qui ont été brûlés, & dont les moiffons ont été détruites par les orages; 40 mille pour les nouveaux bâtimens du college des jéfuites à Breflau, & mille à un payfan chez lequel le roi avoit logé en 1747. S. M. a fait affembler tous les pauvres de la même ville & leur a fait diftri

buer à chacun 8 gros ; & fur les plaintes des bourgeois, elle a fait mettre aux arrêts un ingénieur, qui, fans en avoir reçu l'ordre vouloit englober un cimetiere dans une nouvelle fortifica

tion.

Les 15 cent hommes de recrue, dont on a parlé, vont être incorporés dans les régimens qui forment les garnifons de Potzdam & de cette capitale. Tous les régimens ont ordre d'avoir 40 hommes par compagnie au- -delà du complet; co qui produira dans l'armée une augmentation d'environ 40 mille hommes. Un détachement de pontonniers eft parti d'ici pour Magdebourg, où il fera employé à la conftruction d'un pont fur l'Elbe.

DRESDE (le 19 Septembre. ) Le 8 de ce mois, le moulin à poudre, éloigné de cette ville d'environ mille pas, fauta avec un bruit épouvantablę, Un magalin où fe dépofoient les poudres nouvelles jufqu'à ce qu'elles fuffent parfaitement féchées, & qui en contendit 18 quintaux, fauta également une demi-heure après, fans doute. par l'effet de quelqu'étincelle que l'explofion précédente y avoit portée. Cette derniere fut plus terrible; des poutres d'un pied d'équarriffage & de 15 à 20 pieds de longueur, furent jettées à 60 pas; un homme qui paffoit à cheval devant le moulin, fut écrafé, ainfi que fa monture, par une de ces

poutres; d'autres furent couverts d'une grêle de tuiles & de pierres, fous laquelle ils périrent. Il y a 9 hommes tués & 24 bleffés. On a retiré les corps de ceux qui ont perdu la vie dans les flammes, & ils n'avoient rien confervé de la figure humaine.

Suivant le droit commun féodal de l'empire d'Allemagne, les fiefs mafculins retournent à la difpofition du fouverain, lorfque le dernier poffeffeur n'a pas laiffé d'héritiers mâles, & le prince eft libre alors ou de les réunir à fon domaine ou de les conférer à d'autres gentilshommes. Mais un ufage particulier au margraviat de la HauteLuface fouftrait les propriétaires des fiefs à la rigueur de cette loi, de la maniere fuivante. Le poffeffeur d'un de ces fiefs mafculins, dont le fifc feroit héritier à défaut d'hoirs mâles, s'arme d'une cuiraffe, d'un heaulme, d'une lance, & de toutes les pieces de l'armure ancienne; on lui ame ne un cheval bardé ; & fi, malgré le poids de fes armes, il peut, fans aucun fecours étranger, fe placer fur la felle, il fe préfente alors devant l'officier fifcal, & le requiert d'adhériter fa fille de son fief; ce que celui-ci ne peut lui refufer, & alors fa fille peut lui fuccéder, & tranfmettre ce fief à fes héritiers mâles ce cas exrraordinaire s'eft préfenté depuis peu dans la perfonne du Sr. Nofticz. Lorfque celui qui defire cette conversion de fief ne peut monter à cheval, fa demande eft rejettée de droit, parce qu'on croit alors qu'il eft trop vieux ou trop caffé pour avoir encore de la postérité, au lieu qu'on préfume de l'autre qu'il peut en avoir, & que, par conféquent, fa demande ne porte qu'un foible préjudice au fifc.

RATISBONNE (le 19 Septembre. ) Dans l'af femblée comitiale qui fe tint le 15 de ce mois, on arrêta enfin qu'on entreroit en vacances, mais

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