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Le riche inactif n'afpire au contraire qu'à commander. Habite-t-il une ville? y a-t-il des maifons? il n'a affaire qu'une fois tous les trois mois; c'est le jour où ceux à qui il les loue viennent lui payer le prix de leurs loyers; paflé ce temps, il eft libre de profiter de tous les momens que nos occupations rempliffent pour procéder à l'exécution de fés plans ambitieux, & à la direction de l'intrigue qui les fait réuffir. Il eft rare, bien qu'on ne lui reconnoille prefque toujours ni talens, ni fagefle, que fes aftuces perfides n'aient pas un fuccès défaftreux. Il éleveroit comme Opimius Li temple à la concorde, après avoir jugé néceffaire l'affaffinat de Caius Gracchus, parce qu'il fut le plus intrépide défenfeur du peuple. Toutes ces vérités triftes inconteftablement démontrées, n'oublions jamais que Licurgue, qui valoit áu moins tous les légiflateurs de 1789, établit dans Sparte une égalité rigoureufe à tous égards, & que Solon confidéra dans l'égalité naturelle la part égale que chaque citoyen doit avoir à la fouveraineté. Rappelons-nous que fous ce législateur le droit de fuffrage fur commun à tous, que tous furent abfolument égaux.

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Les Belges avoient formé ce vou, foutenu par la majorité des citoyens induftrieux, par une armée victorieute, & appuyé par Wandermersch, le Caïus de fa patrie. Le congrès belgique fait mettre en prifon le héros, bien qu'il ne voulûr pas la loi agraire, mais à l'exemple de Washington, Pégalité de tous dans l'exercice de la fouveraineté. On vient à bout de corrompre les états de la Belgique, qui prodiguent le trésor public à des brigands appelés le peuple, & qui commandent en fecret la mort des meilleurs citoyens & le pillage de leurs maifons. On fufcite des ennemis à Wandermersch, puis on a l'air d'avoir recours à la Pruffe, qui envoie le général Schonfels. Celui-ci commande l'armée des états. Les Belges qui manquent de tout, capitulent, & leur patrie, à la fois jouet, victime des traîtres, rentre couverte de deuil & de larmes fous le jong flétriffant de fes premiers fers. La caufe de l'égalité répandit dans Bruxelles les mêmes horreurs que la motion de Caius-Gracchus à Rome.

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Une politique femblable provoque à la fourdine al milieu de nous les mêmes calamités. Frères ! ouviez yeux, prenez-y garde, alors la tyrannie atra beau Jeu; vous la verrez d'abord careffer le peuple, & la force des N°. 159. Tome 13.

armes viendra bientôt l'effrayer, le nationicidet, après, qu'on aura pu le féduire, lui infpirer une confiance perfide & le divifer.

Quels moyens faut-il donc employer pour nous mettre en garde contre les malheurs de l'avenir, & nous délivrer de tant de piéges?

«L'humanité publique, dit Helvetius, eft quelquefois impitoyable envers les particuliers. Lorfqu'un vaisseau »eft furpris par de longs calmes, que la famine a d'une » voix impérieufe commandé de tirer au fort la victime infortunée qui doit fervir de pâture à fes compagnons, on » l'égorge fans remords: ce vaiffeau eft l'emblême de » chaque nation; tout devient légitime, même vertueux » pour le falut public ».

Fédérés que cette grande vérité pénètre dans tous vos pores; ne quittez donc Paris qu'après que vous ferez sûrs de l'anéantiffement de tous les partis politiques ennemis du peuple, & de la difperfion des intrigues traîtresses dont le palais des Tuileries eft le foyer principal. Une grande idée commence à poindre autour de mon ame; permettezmoi, frères, de vous la développer.

1°. Que le 30 du préfent mois, à midi précis, le tocfin fe faffe entendre dans les 44 mille communes de l'empire français.

2°. Que dès ce moment la permanence des affemblées primaires foit déclarée, comme un point de ralliment néceffaire tant que la patrie fera en danger.

3°. Que les quatre-vingt-trois départemens fournissent chacun, les uns comportant les autres, 12, 040 volontaires, ce qui formera la maffe énorme d'un million de combattans environ.

4. Dans les communes où le patriotisme ralenti ne fournira pas affez de défenfeurs intrépides, tous les citoyens mariés ou non, en état de porter les armes, tireront au fort; mais il eft propable qu'il fe, préfentera une foule d'hommes de bonne & loyale volonté.

5°. Ce million d'hommes fe réunira autour de Paris. Là fe formeront, par la voie du fcrutin, ou tellese autres mefures qui pourront être indiquées, les compagnies, les les bataillons, les légions, les cinq armées de 200 mille combattans chacune; les volontaires éliront les officiers, les chefs, les cinq généraux, & s'il eft befoin, un géné

raliffime. S'ils pouvoient trouver un homme de génie comme Guillaume Tell, Cromwel ou Washington, la patrie feroit bientôt fauvée. Regardez, éxaminez bien.

Il s'en préfentera: gardez-vous d'en douter.

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6. Une adminiftration militaire fera choifie par les armées dans le fein même, de la légiflature actuelle; les législateurs patriotes auront naturellement la préfé

rence.

7°. Les récoltes nous préfentant les plus belles espérances, une autre adminiftration, prife dans l'affemblée nationale, aura foin de faire refluer les fubfiftances de départemens en départemens; toute exportation de nos comestibles devra être défendue pendant trois mois, fous peine de la vie.

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8°. Les légiflafteurs fufpendront la rédaction des loix; ils deviendront adminiftration furveillante avec l'obligation indifpenfable de rendre public tout ce qui pourra l'être, & de difcuter, en tenue de féance, tous les objets oftenfibles relatifs à la police générale de l'empire, & aux événemens qui auront lieu aux frontières.

9°. Ce fervice extraordinaire durera 90 jours. Une armée de 400 mille hommes fe portera du côté du Nord, dans la Belgique, dont elle fera la conquête. Une autre armée de 300 mille hommes demeurera fur la défenfive dans les départemens du Rhin ; les trois autres armées, de 100 mille hommes chacune, fe tiendront, la première, entre Soiffons & Paris; là feconde, entre Givet, & Montmédi, & la troifième campera autour des remparts de Metz.

C'est ainsi qu'en agiffoit Charlemagne. A la vue d'un million de Français le bandeau de l'erreur fera arraché aux yeux des Germains, qui ne croiront plus que l'affèmblée nationale & le peuple libre qu'elle repréfente font un ramas de factieux.

Une pareille penfée mife à exécution, nous verrions au mois de novembre prochain les defpotes qui nous perfécutent recevoir en vaincus nos loix fuprêmes. Oui, en go jours nous en aurions fait beaucoup plus qu'en quatre ou cinq ans.

Ce moyen pourroit empêcher l'effufion de notre fang. de celui de nos ennemis. Croyez qu'à Coblentz l'horifon

politique s'obfcurcit, qu'un nuage noir le couronne (1); & qu'il s'en faut prefque du tout qu'il foit aufli clair, auffi parfemé d'efpérances qu'il y a quinze jours. Au furplus les biens des réfugiés à Coblentz devront payer les frais de cette vafte & rapide entreprife.

Rien ne fera changé dans le pouvoir exécutif; je vote pour qu'il n'en foir pas queftion; il fauroit nous paralyfer par fes leurres, & nous faire perdre notre temps: le monarque eft abfolument étranger au plan propofé. L'armée victorieufe votera à fon tour une convention nationale. Comme elle fera dans ce moment intéreflante & fublime! fa voix s'élevera à travers une forêt de lauriers, & fon attitude majeftueufe impofera filence à tous les jongleurs politiques, moins jaloux de notre bonheur que des places dont le peuple difpofe, & pour lefquelles il fe trompe quelquefois, en les donnant à des citoyens hypocrites.

Le devoir le plus faint, la loi la plus chérie,
Eft d'oublier les loix pour fauver la patrie.

P. S. Depuis que les Pruffiens font à Coblentz, levonsnous tous, marchons aux frontières, & les Pruffiens & les impériaux ne tarderont pas à devenir nos frères.

ASSEMBLEE NATIONALE.

Séance du mercredi foir 18 juillet 1792.

Le miniftre des affaires étrangères a fait paffer à l'aïfemblée nationale la copie de deux pièces de correfpondance officielle avec l'Angleterre, qui annoncent de plus en plus l'envie qu'a cette puiffance de garder la neutra

lité.

Il a également notifié une déclaration par laquelle le corps helvétique s'engage auffi à la neutralité la plus

(1) Expreffions d'une lettre de Bingen que nous avons fous les yeux, & qui eft écrite par un excellent citoyen.

exacte; mais il demande que nous retirions nos troupes des gorges de Porentruy. Le tout a été renvoyé au comité diplomatique.

Un courrier extraordinaire du département de l'APdèche a annoncé la mort de Dutaillant. Nous avons rendu compte des pièces trouvées fur lui; l'affemblée, après en avoir entendu lecture, a prononcé le décret d'accufation contre 58 de fes complices, dont voici les noms: Les fieurs Caloué, maréchal de-camp; Portalis, officier du génie; Leroux de Saint-Victor, Melon, Cotelle, Allier, curé de Chambonas; Perechon, Sérent, négociant de Montpellier; l'Amoureux de Saulnières Meffle, Labaftide, Chabanier, Pelé de Gravière, l'abbé Charles, Degalier, officier municipal; Achard, Platon, l'abbé Souchon, Crétu, l'Héritier, maire de Pompi gnan; l'abbé Saulnier, l'abbé Olivier, Aubry, colonel de garde nationale; Allier, Poiffin, Folcher, Foulon, "Leroux de Sainte-Croix, Montfort, Dupal, Lazur, mé-decin de Montpellier; Romans aîné, Romans cadet, Bolq, Ginoux père, Ginoux fils, Degrace, mademoiselle Desfoffes, Pérochon, Hublon, Fagès, l'abbé Merin, le prieur de Valons, Héron, Delabaftide, Pierrad, P'Arênes.

L'affemblée a déclaré enfuite que le directoire du département de l'Ardèche, celui du Gard, les troupes de ligne & de garde nationale qui ont concouru à étouffer cette confpiration, ont bien mérité de la patrie, & décrète que le vétérant qui a arrêté le rebelle Saillant a bien mérité de la patrie; elle lui accorde une gratification de 3000 liv.

Séance du jeudi 19. Plufieurs députés ont demandé des fecours pour des cantons du royaume que la crue des rivières a fubmergés. Renvoyé au pouvoir exécutif pour prendre connoiffance des faits & en rendre compte à l'affemblée.

Sur le rapport de M. Letourneur, l'affemblée a adopté un réglement préfenté par le miniftre de la marine, pour la fixation du nombre & la répartition des officiers d'administration de la marine.

On a fait lecture de dépêches envoyées par M. Dumourier. I fe plaint de l'état de dénument de fon armée, des ordres qu'on lui a donnés de quitter le camp

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