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Rouget, notre colegue, et nous joindre a luy pour conferer et prendre quelques expedians par la douceur et tascher de ramener tous les factieux, mesme led. Manson, a leur debvoir, comme nous feusmes en vue de lad. maison, descendans du plain du chasteau, ayans abordé sept que nous estions, comprins nos valets portans nos fusilz, une ruelle quy joint la maison dud. Rouget, du cousté du midy, vimes paroistre led. Manson, accompagné des deux Martelli freres, Anthoine Aguellier et autres, led. Manson avec ses deux pistollets en main et l'espée au costé, lesd. Martelli mesme posture, auquel led. sieur viguier fait injonction de par le Roy et Mgr le prince de Mourgues, marquis des Baux, de recognoistre leurs magistrats de justice et police et de nous remettre les clefs de la ville pour la concerver au service du Roy et de Mgr le prince et marquis dud. Baux, puisque sans ordre du Roy ny dud. seigneur prince et marquis dud. Baux, moingts de M. le gouverneur, il s'estoit emparé et que nous seul touche de respondre de lad. place, tant que nous aurons l'honneur de la charge consulere.

A quoy, led. Manson et complices n'auroient vouleu obeyr, au contraire, auroit led. Manson et Martelli lasché leurs pistollets et fusils contre nous, ce que m'auroit obligé de leur faire tirer dessus par quelques uns quy nous acompagnoit; ledit Manson et Martelli l'ainé ayans esté atteins d'un coup de fusil et tué sur le lieu, led. Martelli blessé estans quelques jours après décédé, et Quenin, greffier, et Salladin, quy estoient treuvés a nostre secours ayans entendu les coups avec d'autres habittans, quy adcistoient nostre collegue dans sa maison pour le garantir des mains et mauvais dessein des factieux, griesvement blessés.

Après quoy, nous estans joints avec nostre collegue, nous somes rendus maistres de la place, ayans remis les gardes a la porte et observé les precedans ordres pour la conservation d'icelle au service du Roy, de Mgr le prince, n'ayans nous jamais heu autre panssée ny aultre dessein.

Cet événement produisit dans toute la Provence et au dehors un effet extraordinaire (1). La cour de Monaco et celle de Louis XIV, auxquelles la nouvelle en parvint, comme toujours exagérée et grossie, en furent tout émues. Des mesures extraordinaires, où le sieur de Rispe se multiplia, furent prises pour la conservation de la place au service du Roi. On rebâtit la muraille du côté du Nord, on fortifia à nouveau les murettes du côté du levant de manière à rendre toute surprise impossible, et dans l'intérieur on réorganisa la garde établie en la renforçant (2). Le prince de Monaco, un moment troublé se montra satisfait, et Louis XIV, par lettres d'abolition données à Libourne au mois d'août, pardonna entièrement à ses sujets des Baux, qu'un trop grand patriotisme et trop de fidélité aux lois en vigueur avaient momentanément égarés.

DESTANDAU.

(1) Le comte d'Alais en écrivit, le 21 mai 1650, au prince de Monaco (Bibl. de Carpentras, ms. 1881, fol. 329).

(2) Le sieur de Saint-Maurice fut nommé gouverneur.

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Note sur une monstruosité ovine.

Le 3 avril 1902, naissait à Lourmarin, chez M. Lucien Rouvet, propriétaire, quartier du Plan, un agneau phénoménal, ayant huit jambes et une seule tête, tête légèrement déformée et que le public, dans son exagération, prenait pour une tête de singe.

Sa mère, âgée de deux ans et demi, et qui avait déjà mis bas deux fois, n'a pourtant rien de particulier au point de vue de la forme ou de la grosseur, ni au sujet de la fécondité. Le père, non plus, n'offre rien de particulier. La gestation avait été normale et sans accident (1). La mère, malgré une parturition très difficile, très pénible et dangereuse, n'a pas cessé un seul instant de bien. manger et de se bien porter.

Cet animal respirait encore quand il a vu le jour; il est mort en naissant, à cause des lésions internes très graves qu'il a reçues au passage : les côtes étaient brisées, la poitrine lésée. On comprend qu'il ne pouvait en être autrement, si l'on songe à cette masse informe et irrégulière, à ces deux corps réunis ne pouvant être expulsés séparément et sans le secours d'un homme qui les tirait au dehors. Le poids total des deux êtres accolés atteignait quatre kilos et demi, ce qui ne serait pas excessif pour deux agneaux distincts et séparés, sortant l'un après l'autre, puisque le poids d'un agneau moyen au moment de sa naissance est d'environ deux kilos.

Pendant trois jours, cet animal, par sa curiosité réelle, a fait courir, pour le voir, une grande partie de la population de Lourmarin et des environs. Il nous a été ensuite offert gracieusement par le propriétaire, M. Rouvet, que nous sommes heureux de remercier publiquement.

Aussitôt en notre possession, nous avons dépouillé et monté cet animal. Il se trouve aujourd'hui placé dans nos collections, dont il n'est pas l'objet le moins curieux.

(1) La durée moyenne de la gestation, chez la brebis et la chèvre, est de 150 jours.

Arrière-trains.

DESCRIPTION.

Ainsi qu'on peut facilement s'en rendre compte par les vues photographiques de la planche ci-jointe, cette petite monstruosité consiste en un animal bizarrement construit, qui se compose de deux corps nettement distincts quant aux arrière-trains.

Par conséquent, pour tout ce qui concerne la partie postėrieure, et jusque vers le milieu de l'animal, chaque corps est complet et tout à fait naturel : chacun d'eux a sa colonne vertébrale et son bassin, et est pourvu à l'arrière de deux jambes complètes, d'une queue normale, d'organes sexuels (deux mâles) et d'évacuation.

Abdomen. - Mais les intestins et les viscères abdominaux, en double, étaient réunis et enveloppés en grande partie dans un abdomen commun protégé par une peau unique, sans apparence de division extérieurement, et ayant seulement vers le centre, sous le ventre, une ouverture circulaire de deux à trois centimètres de diamètre. Bien que les bords en fussent naturels et lisses, sans présenter aucune trace de déchirure, et bien qu'elle semblât avoir donné passage à des matières fécales, nous considérons cette ouverture comme de nature ombilicale, car l'anus de chaque corps paraissait parfaitement apte à fonctionner, et, de plus, nous n'avons aperçu nulle part de cordon ombilical. Nous devons ajouter, toutefois, qu'à cette ouverture aboutissaient les deux conduits urinaires.

Thorax. L'accolement devient parfait à la hauteur du thorax et même un peu avant : les deux corps sont joints et confondus et forment une bosse stomacale au-dessus et une autre au-dessous du corps; la colonne vertébrale de chaque animal se dévie latéralement et se tord; les deux poitrines s'entr'ouvrent face à face et se soudent ensemble, pour ne former qu'une seule cavité thoracique, singulièrement agrandie verticalement, contenant réunis. les viscères de l'un et de l'autre corps; cette cavité était fermée par les côtes respectives de chaque corps, juxtaposées bout à bout, et avait un sternum de chaque côté de l'animal, c'est-à-dire au-dessus et au-dessous, ce qui occasionnait les deux bosses supérieure et inférieure citées plus haut.

Une seule peau enveloppait cette masse informe et bizarre ; c'est par la dissection et en vidant attentivement cette cavité que nous avons relevé les observations qui précèdent.

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