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avait donné un fils, Guy VII, qui devint seigneur de Laval au décès d'Emma, et au moins deux filles', dont une seule, appelée Avoise comme sa grand mère, est connue, et épousa Jacques de Château-Gontier.

Emma avait à peu près trente-deux ans lorsqu'elle devint veuve pour la seconde fois; son fils avait dix ans tout au plus; aussi accepta-t-elle la main d'un troisième époux.

Jean de Toucy était un seigneur considérable en Bourgogne, l'aîné des trois fils d'Ithier V, seigneur de Toucy et de Bazarne et d'Elisabeth, épouse de celuici; il avait pour oncles Anséric et Narjot de Toucy2. Il ne semble pas avoir été marié avant 1231, époque où il devenait le troisième époux d'Emma; il est certain du moins qu'en 1259, la fille qu'il avait eue d'Emma était sa seule héritière.

On ne possède pas le contrat de leur mariage; mais, sous la date de 1231, on trouvera au Cartulaire un acte dans lequel Jean de Toucy relate les engagements contractés par lui en cette circonstance. On y voit que le témoin de son contrat était Dreu de Mello, et ses gårants Archambaud de Bourbon, Guillaume de Mello, Guillaume de Dampierre, Jean de Montmirail comte de Chartres, Anséric de Toucy et Dreu de Mello, le jeune 3.

1. On ne connaît qu'Avoise; mais Jean de Toucy, dans l'acte du Cartulaire no 380, mentionne sa promesse de laisser à Emma la libre disposition de mille livres ad filias suas maritandas. De Mathieu II elle avait donc eu au moins deux filles.

2. Voir l'histoire de la Maison de Toucy dans l'Annuaire de l'Yonne pour 1849; voir aussi au tome XXIII (1870) du Bulletin de la Société des sciences de l'Yonne le travail de M. le docteur Smythère La Puisaye, Saint-Fargeau, Toucy.

3. Cartulaire, no 379 bis. Il faut noter l'existence de ces trois seigneurs du nom de Mello qui interviennent au contrat de Jean de Toucy: Dreu de Mello et ses fils Guillaume et Dreu le jeune étaient grands propriétaires au diocèse de Sens. Dreu de Mello fut maréchal de France; il avait pour épouse Ermengarde. Quant

Il n'existe aucun travail contenant la biographie de Jean de Toucy; on craindrait en la donnant ici de dépasser les bornes imposées à ce travail; il suffira donc de renvoyer au Cartulaire pour l'étude des actes où figure Jean et d'y ajouter les renseignements contenus dans l'un d'eux, lequel, bien que publié dès 1873, n'a jamais été mentionné dans le Maine'. Il apprend que Jean de Toucy s'était croisé en même temps que Saint Louis et qu'il était mort en Egypte en 1250, laissant un testament dont les exécuteurs, désignés par lui, étaient Guy de Mello, évêque d'Auxerre (1247-1270), frère Bernard, prieur des frères prêcheurs de Sens, et Milon, archidiacre d'Auxerre, qui avait cessé de vivre

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20-21.

Sceau et contre-sceau de Jean de Toucy, 1238.

avant 1259; grâce à ce document, on peut, comme on l'a fait ci-dessus, affirmer qu'à cette dernière date Jean avait pour unique héritière sa fille, Jeanne de Toucy, épouse de Thibaut II, comte de Bar-le-Duc.

Le sceau de Jean de Toucy, (figures 20-21) est moulé

à Dreu le jeune, qualifié dans certains actes de seigneur de Loches et de Saint-Maurice, il avait eu la boi.ne fortune d'épouser Elisabeth, fille aînée de Juhel de Mayenne; et, en 1220, au décès de celui-ci, il devint du chef de sa femme, seigneur de Mayenne.

1. Cartulaire, no 463.

sous le numéro 3721 des Archives; il pend encore à l'acte par lequel, en décembre 1238, Jean s'engageait à remettre au roi à toute réquisition le château de Laval. Jean est représenté sur un cheval lancé à gauche il porte un écu armorié et tient une large épée. Le contresceau porte trois pals de vair, sous un chef, chargé de trois merlettes Il n'existe plus rien de la légende du sceau; sur le contre-sceau on lit: SE.... DE TOCIACO.

Emma fut dix-neuf ans femme de Jean de Toucy, qui mourut en 1250 ayant eu une fille unique, Jeanne, épouse de Thibault de Bar-le-Duc.

Emma, lorsquelle devint veuve pour la troisième fois, avait cinquante-deux ans; elle ne songea pas à contracter une quatrième alliance dont du reste, grâce à l'existence de son fils Guy VII, elle pouvait se dispenser. En effet, celui-ci, âgé de plus de trente ans, était en mesure de rendre au nom de sa mère, à la couronne de France et au nouveau comte du Maine, tous les services féodaux qui pouvaient être dus au suzerain.

Emma survécut quatorze ans à son troisième époux et elle était âgée de soixante-six ans lorsqu'elle rendit le dernier soupir, en 1264. Elle fut certainement ensevelie à Clermont.

Le sceau d'Emma (figure 22-23) est moulé sous le numéro 823 des Archives; il existe encore attaché à l'engagement pris par elle, le 17 décembre 1256, de remettre en toute circonstance le château de Laval à Charles d'Anjou. La dame de Laval est représentée debout, vêtue d'une longue tunique retenue par une ceinture, tenant de sa main droite les plis de son corsage, et de la gauche un faucon. Elle est coiffée d'une sorte

1. Ce sont bien trois merlettes seulement et non quatre, qui chargeaient le chef du blason des Toucy; voir dans Quantin, Recueil de Pièces, sous le numéro 104, la description d'un sceau de juillet 1218 d'Ithier V, père de Jean de Toucy. On trouvera cependant plus loin, sous la figure numéro 29, un contre-sceau de Jeanne de Toucy, où figurent quatre merlettes.

de mortier carré garni d'une mentonnière; son manteau est vairé. La légende porte: S. EMME DNE DE LAVALLE COMITISSE D'ALESON.

Le contre-sceau est ogival; lui aussi est orné au centre d'un écu portant un bandé de six pièces à un franc quartier d'un plein. Cet écu est surmonté d'un petit léopard assez fruste, que M. Douet d'Arcq a omis de décrire. La légende se lit ainsi : S. EMME COMITISSE

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Duchesne, qui a reproduit ce sceau à la page 20 de son Histoire de Montmorency, donne à la page 19 le dessin d'une empreinte de 1229 évidemment émanée d'une autre matrice que celle de 1254, car le sceau est plus petit (0,075 au lieu de 0,085) et la légende est différente (voir figures 24-25) S. EMME COMITISSE ALENECEI ET DNE DE LAVAL. Quant au contre-sceau,

au lieu de la forme ogivale, il a la forme d'un écu, audessus duquel ne figure pas le léopard; il a pour légende:

S. EME COMITISSE ALENCC.

Il faut remarquer que le blason porté par Emma n'est autre que celui de Robert III d'Alençon, son premier époux. On ne lui en connait pas d'autre et il est permis d'affirmer que, veuve de son troisième époux, elle por

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tait encore le blason qu'elle devait au premier. Quant au léopard, on veut y voir un souvenir du blason de Guy VI; en l'absence de tout sceau original de Guy VI, on ne saurait dire si le léopard date de son époque; il est certain du moins qu'on le trouvera au contre-sceau de Guy VII et qu'à partir de lui il figure, plus ou moins exactement reproduit, sur les sceaux des contrats de Laval jusqu'à l'époque de la Révolution.

Des trois mariages contractés par elle, Emma eut au

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