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de M. Fernet, et surtout celle de M. Richard sont loin d'être convaincantes. C'est dire que l'observation qui va suivre n'a pas la prétention de trancher la question; et c'est uniquement parce qu'elle nous paraît plus probante que celles qui ont été publiées jusqu'ici, et aussi parce que c'est à la réunion d'un très grand nombre de faits semblables qu'il faudra demander la solution de la question en litige, que nous croyons utile de la résumer.

M. X..., peintre d'un très grand talent, âgé de 32 ans, d'une constitution robuste, a son père, sa mère et 5 frères bien portants; aucun antécédent tuberculeux dans sa famille; n'a jamais été malade. Il vit à Paris avec une jeune femme de complexion délicate, dans la famille de laquelle il y avait des antécédents tuberculeux manifestes. Un an après le début de cette cohabitation, qui se prolongea presque 2 mois avant sa mort, Mme X... commence à présenter tous les signes d'une tuberculose pulmonaire à forme caséeuse qui suivit une marche fort lente et dura environ deux années. Au cours de la maladie, se développèrent des accidents de péritonite chronique, et une leucorrhée dont la malade se plaignait avec insistance.

Vers le commencement de l'année 1880, M. X... constata

animaux étant réfractaires à la syphilis, il n'y aurait aucun doute si l'inoculation rendait l'animal tuberculeux. Depuis plus d'un an, nous recherchons l'occasion de faire cette expérience très simple, et malgré l'obligeance et le concours de M. le professeur Fournier, et de plusieurs autres de nos collègues, nous n'avons pu rencontrer un phtisique avancé ayant un chancre simple de la verge. De même, une femme phtisique ayant un chancre peut-elle du même coup transmettre à la fois la syphilis et la tuberculose? Nous avons cité une observation où une phtisie galopante, survenue à la suite d'un chancre mou contracté avec une femme phtisique chez un jeune homme d'excellente constitution, pourrait bien avoir eu cette origine. Ce n'est là assurément qu'une hypothèse et nous avons fait toutes nos réserves; mais on voit quelle pourrait être à la rigueur la gravité du danger. A la même occasion, M. le Dr Richard (Bulletin de la Société, p. 63, séance du 27 février 1885) a présenté deux observations qui lui paraissent appuyer à la transmissibilité de la tuberculose par la voie génitale. On voit que la question est soulevée; nous faisons appel à tous ceux de nos collègues qui auraient des observations capables de la résoudre c'est à ce titre que nous publions l'observation ci-jointe de M. le Dr Bories, de Montauban. .V.

REV. D'HYG.

VII.

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un écoulement par le canal de l'urètre, en même temps qu'un gonflement indolent des deux testicules. Il consulta un spécialiste qui, croyant sans doute à une affection d'origine syphilitique, prescrivit l'iodure de potassium. L'écoulement par l'urètre cessa, mais le gonflement testiculaire augmenta considérablement, et le malade commença à se plaindre de violentes douleurs constrictives au niveau des régions dorsale et épigastrique.

Effrayé de son amaigrissement, privé d'appétit, tourmenté par ces douleurs, le malade consulta plusieurs médecins, qui, faute d'un examen complet, crurent à des accidents dyspeptiques et conseillèrent les alcalins, la diète lactée, etc. L'état, loin de s'améliorer, se compliqua de nouveaux symptômes; le malade qui, jusque-là, n'avait jamais été enrhumé, se mit à tousser et à cracher.

C'est vers la fin de 1880 que je vis M. X... pour la première fois. A ce moment, il n'était malheureusement pas difficile d'établir un bon diagnostic.

Le malade présentait une épididymite tuberculeuse double très volumineuse, sans aucune trace de ramollissement; les vésicules séminales renfermaient isolément des noyaux tuberculeux. Quant au diagnostic de la cause qui provoquait les douleurs dorsales et épigastriques, il s'imposait de lui-même. En examinant le torse, il était facile de voir que la colonne vertébrale avait subi une déviation très prononcée. L'apophyse épineuse de la 12° vertébre dorsale faisait une saillie considérable; nous étions en présence d'un mal de Pott tuberculeux qui avait déjà déterminé un affaissement du corps de la 12° vertèbre dorsale. A ce moment, M. X... marchait difficilement; tout mouvement de la colonne occasionnait des douleurs vives; il ne pouvait monter en voiture, sans que chaque caillou, comme il le disait, n'eût son écho douloureux dans la colonne vertébrale.

L'auscultation de la poitrine révélait des craquements humides du sommet gauche; et au sommet droit, ces craquements accompagnaient une caverne du volume d'une noix. Il y avait une matité évidente aux deux sommets tant en avant sous la

clavicule, qu'en arrière dans les fosses sus-épineuses; murmure vésiculaire absolument normal dans les deux tiers inférieurs

des deux poumons.

J'instituai un traitement des plus énergiques: huile de foie de morue iodée, arsenic, phosphate de chaux, eau de Labassère, inhalation constante de vapeurs de goudron, etc., pointes de feu tous les 12 jours sur la colonne vertébrale et sur les deux sommets du thorax; mais surtout, suralimentation, admirablement supportée d'ailleurs.

Je montrai le malade à M. Charcot, professeur agrégé au Valde-Grâce, qui confirma le traitement, et porta un pronostic fâcheux.

Je dois dire que, dans ce cas, notre sentiment commun se trouva en défaut. Il n'est pas possible, en effet, de trouver un tuberculeux chez qui un traitement rigoureusement suivi ait donné de meilleurs résultats. La lésion de la colonne vertébrale guérit parfaitement, sauf la déviation; bientôt le malade ne ressentit plus aucune douleur.

L'état local des poumons s'était tellement amélioré qu'en décembre 1881 il n'existait plus ni cavernes ni craquements, ni matité bien appréciable aux sommets des poumons; toutes les lésions étaient merveilleusement réparées, et celui qui n'aurait pas connu les antécédents du malade aurait déclaré cette poitrine absolument saine. Le malade avait pris un embonpoint considérable, et avait augmenté de 30 livres !

Il ne restait plus au malade, quand je l'ai quitté en octobre 1882, pour le confier aux bons soins de mon collègue et ami le Dr Djiewonski, que l'épididymite double qui était restée absolument dans le même état. M. X... avec qui je suis resté en correspondance, a continué de se bien porter, et est parti pour l'étranger en août 1884, à l'occasion de la mort de son vieux père.

Je me propose d'étudier ailleurs la question de la curabilité de la phtisie; je crois que l'on peut beaucoup attendre du traitement indiqué plus haut, qui exige autant d'énergie et de persévérance de la part du médecin que de celle du malade. Mais

ce que je tiens surtout à faire remarquer ici, c'est la filiation des lésions chez M. X...

Cohabitation pendant deux ans avec une femme tuberculeuse, ayant très probablement des lésions utérines de nature tuberculeuse; la pelvi-péritonite, la leucorrhée chronique permettent du moins cette hypothèse. Chez M. X..., écoulement chronique particulier, non blennorragique, du canal de l'urètre.

Tuberculose des vésicules séminales, et successivement envahissement des deux épididymes, de la colonne vertébrale, des deux poumons. Et ce qu'il y a de bien remarquable, c'est que cette marche de bas en haut du processus tuberculeux, envahissant des organes importants, n'atteint pas la constitution du malade d'une façon irrémédiable, puisqu'il est arrivé, en quelque sorte, à une véritable guérison. Il semble que son mi> lieu organique ait été réfractaire à la pullulation du bacille.

Il y là, si je ne me trompe, une preuve que le bacille spécifique n'avait pas évolué spontanément chez M. X... Entré par la porte de l'inoculation directe, introduit en quelque sorte de force, le bacille avait cheminé lentement, péniblement, luttant contre la résistance du milieu organique.

C'est bien dans ces sortes de tuberculoses qu'un traitement bien dirigé doit rationnellement donner les meilleurs résultats. On conçoit en effet qu'en modifiant dans un certain sens le milieu organique, on puisse arrêter la genèse parasitaire.

Je le répète, cette observation, bien qu'ayant pour elle toutes les apparences d'une véritable démonstration, ne permet pas plus que celles qui ont été déjà publiées, de trancher la question et il faudra en accumuler encore un grand nombre; il faudrait surtout arriver à surprendre sur le fait l'acte même de l'inoculation; car tout est là, et le point de départ de toutes les observations est dans une hypothèse. Si cette hypothèse peut être un jour expérimentalement ou cliniquement démontrée, toutes ces observations prendront corps, et l'inoculation de la tuberculose par la voie génitale se trouvera alors définitivement établie.

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La science de l'éducation est celle qui met en pleine valeur le corps et l'esprit.

L'homme, en effet, ne se développe pas spontanément tel que la civilisation le réclame, ni même tel qu'il doit être pour supporter l'existence collective et occuper utilement dans la société une place qui lui est incessamment disputée. De plus, l'existence sociale elle-même, en le dispensant d'un grand nombre d'efforts et de dangers, l'affaiblirait singulièrement si l'on ne parait à cet affaiblissement par une éducation corporelle spéciale.

1. Voir page 645.

2. Ce mémoire de M. le Dr Dally fait partie de la série d'Instructions relatives à l'hygiène scolaire que la Société a prié l'une de ses commissions spéciales de rédiger. Ont déjà paru Instructions relatives à l'examen de la bouche et des dents dans les écoles, par M. Magitot (page 558); Instructions concernant les soins à donner anx dents et à la bouche chez les enfants, par M. Galippe (page 571); Instructions concernant les maladies contagieuses du cuir chevelu chez les enfants à l'usage des parents, instituteurs, institutrices et directrices dans les écoles, par M. Lailler (page 575); Instructions sur l'audition à l'école, par M. Gelle (page 654).

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