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Rélation de Mrs. Buys & Vander Duffen, de ce qui s'étoit paffé avec les Plénipotentiaires de France dans le mois de Mars en une conférence, qu'il y eat a la Haye entre le Duc de Marlboroug, le Vicomte de Townshend, le Conte de Sinzendorf & Mr. le Grand Penfionaire.

Ue les François avoient tâché de leur

Qperfuader, qu'il étoit de l'intérêt der

Alliez de faire une Paix féparée avec la Fran ce, à l'exclufion de l'Espagne que pour en venir à bout, & éloigner les ombrages que les Alliez pourroient prendre, dans la crain te que le Roi de France n'alliftât fon petic Fils fous main, Sa M.T.C. étoit difpofée à entrer dans les engagemens les plus folen-> nels, & leur donner même des Villes en Otage pour la fûreté de fa promeffe, qu'Elle ne lui fourniroit jamais aucun fecours : Qu' eux, Députez des Etats, leur avoient répon du, que ces offres de la France n'étoient pas fuffifantes; que les Alliez avoient fur tour entrepris cette Guerre, pour rétablir la Mo narchie d'Espagne dans la Maifon d'Autriche ; qu'ils ne pouvoient ainfi traiter avec le Roil de France, (qui avoit placé fon petit Fils for le Trône de ce Royaume,) fans exiger qu'il

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l'abandonneroit; Que d'ailleurs les Hauts Alliez feroient fort furpris d'entendre, qu'après les folicitations réiterées des François, pour obtenir ces Conférences, leurs Plénipotentiaires n'étoient venus que pour ofrir ce qu'on avoit déja rejetté, & qu'ils regarderoient fans doute cette démarche comme une preuve que leur Cour n'agiffoit pas de bonne foi, & qu'elle ne cherchoit qu'à les amufer: Que Mrs. d'Uxelles & de Polignac avoient prétendu ignorer qu'on cut fait de pareilles offres ; mais qu'eux, Députez, leur avoient dit làdeffus, Que bien qu'il fût permis quelque fois aux Miniftres de diffimuler, l'occafion n'étoit pas bonne, pour fe fervir de ce privilége, & qu'ils devoient dire ouvertement leur penfée: Que ces Plénipotentiaires avoient repliqué alors, qu'on ne devoit pas revoquer en doute leur franchife, & qu'ils s'é toient fort étendus fur l'inclination fincére de: leur Maître pour la Paix, mais qu'on ne pour roit jamais engager Sa Majesté à déclarer las Guerre à fon petit-Fils, ni à prendre aucunes mefures violentes contre lui; que les Espa gnols avoient une grande affection pour ce Prince que le feul moien de procurer la Monarchie d'Espagne au Roi Charles, étoit d'en donner une partie au Roi Philippe ; Que fles Alliez vouloient confentir à laiffer à ce

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dernier Prince Naples & Sicile, on pourroit l'engager à céder le refte à l'Archiduc: que c'étoit l'unique expedient qu'il y eut pour prévenir une plus grande éfufion de fang Chrétien, pour délivrer les Alliez de beaucoup d'embarras, & affûrer la Monarchie d'Espagne à la Maifon d'Autriche; au lieu que le fort des armes étoit toûjours incertain, & qu'il pourroit bien arriver encore que les Alliez feroient obligez de faire la Paix à d'autres conditions. Qu'eux, Députez, avoient refuté fans peine ces raisons, & fait voir qu'un tel Partage étoit incompatible avec les Traitez que les Alliez avoient entr'eux, aufli bien qu'à toute la teneur des Ar ticles Préliminaires, que les François euxmêmes reconnoiffoient pour le fondement du Traité; que d'ailleurs ils étoient envoiez pour entendre quel Equivalent ils avoient á proposer au lieu du XXXVII. Article de ces Préliminaires, auquel ils trouvoient à redire, mais non pas pour difcuter aucun autre Point ; & que là-deffus ils s'étoient féparez.

Lettre des Miniftres de France à Mr. Pettecum après la rupture des Conférences de Ge truydenberg le 4. de Mai 1710.

Ous fouhaiterions que nos Conférences cuffent produit la Paix; mais comme

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nous

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nous n'avons pas ordre de faire aucun autre Propofition que celles que nous avons déja faites, nous atendons en patience que les Députez nous viennent trouver, pour s'ex. pliquer plus ouvertement qu'ils n'ont fait jufques ici, ou pour nous congedier, ou que du moins Mr. le Grand Penfionaire nous envoie un ordre de nous retirer.

Réponce de Mr. Pettecum aux Plénipoten-
tiaires de France.

MESSIEURS,

Accliances m'ont fait l'honneur de m'éPrès avoir reçu la Lettre, que Vos Ex

crire le 4 de ce Mois, je l'ai communiquée à ceux qui font chargez de l'Affaire. On l'a donnée enfuite, non feulement aux Etats, mais auffi à tous les Miniftres des Alliez, qui l'on avoit déja communiqué tout ce qui s'eft paffé dans la derniere Conférence que yous avez cuë avec les Députez. D'ailleurs, puis que vous déclarez dans cette Lentre, que vous n'avez pas ordre de rien propofer de nouvea;, & que les Alliez ont dit de leur côté tout ce qu'ils pouvoient dire là-deffus, on m'a chargé d'avertir Vos Excellences, qu'il est inutile de renvoier les Députez Gertruydenberg, pour continuer une Négo

ciation qui n'aboutit à rien. Mrs. Buys & Van der Duffen m'ont prié de vous faire leurs Complimens, & de vous affûrer qu'ils vous font tres-obligez de toutes les Civilitez qu' ils ont reçues de Vos Excellences. Pour moi, je me flate que vôtre départ ne me priverà pas de l'honneur de vôtre bienveillance. Je fuis avec un profond respect, &c.

De la Haye le 9 Mai 1710.

Le lendemain Mrs. les Plénipotentiaires de France envoierent cette Réponse à Mr. Pette.

cum:

MONSIEUR;

Nous

Ous avons reçu la Lettre que vous avez pris la peine de nous écrire le 9 de ce Mois, par la direction du Grand Penfionaire des Etats, & même de tous les Miniftres des Alliez, & dans laquelle vous nous dites qu'ils ne veulent plus donner de Réponfe à aucune de nos Propofitions, ni conferer avec nous. Nous fommes fort chagrins de voir, que, malgré toutes les avances que le Roi, nôtre Maître, a faites pour procurer la Paix, ils la refufent fi opiniâtrément. Puis que ces Meffieurs ont jugé à propos de rompre les Négociations, nous nous difpo

fons

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