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wagons ainsi aménagés a donné, paraît-il, les résultats les plus satisfaisants, avec une vitesse de 55 à 60 kilomètres à l'heure Chaque train comprendrait 14 wagons à marchandises permettant de tenir couchés 110 à 114 blessés ou malades, plus 2 ou 3 wagons pour les approvisionnements, les vivres, le matériel chirurgical et pharmaceutique; enfin, un wagon pour les médecins et les fonctionnaires qui assurent le service du train. Il nous semble qu'on peut sans inconvénient porter le nombre des wagons à 20 ou 25, et le nombre des blessés à 180 ou 200.

L'on trouvera décrits et figurés dans le livre de M. Rédard, avec leurs moindres détails, les dispositifs adoptés dans chaque pays pour l'aménagement des trains sanitaires, ainsi que le texte des règlements concernant ce service dans tous les pays de l'Europe. La lecture en est facile et intéressante, la critique judicieuse, et nous sommes persuadé que ce livre rendra les plus grands services aux médecins de l'armée active et de la réserve, qui doivent ètre familiarisés en tout temps avec ce service difficile des évacuations.

E. V.

RAPPORT AU CONSEIL D'HYGIÈNE DE LA SEINE SUR LES ACCIDENTS CAUSÉS PAR LE SULFURE DE CARBONE, par le Dr DUJARDIN-BEAUMETZ; Paris, Chaix, 1885, in-4o de 41 pages.

La manipulation du sulfure de carbone est accusée de produire chez les ouvriers des accidents dont Delpech et Bouchardat ont donné une description classique, confirmée par les expériences plus récentes de Poincaré au début, excitation générale et génitale, insomnie, nausées, vomissements; plus tard, période d'affaiblissement, atonie de l'intelligence, des muscles, frigidité, atrophie des glandes séminales, paralysies, état cachectique. A l'occasion de plaintes contre la fabrique de ballons de caoutchouc exploitée par le sieur P..... à Paris, le Conseil d'hygiène et de salubrité de la Seine a chargé M. Dujardin-Beaumetz d'examiner non seulement la valeur des plaintes dirigées contre cette usine, mais encore de vérifier, par de nouvelles recherches, la description de Delpech et de M. Poincaré.

M. Dujardin-Beaumetz, dans un très intéressant rapport, donne le résultat d'expériences nombreuses qu'il a instituées sur des animaux au laboratoire de thérapeutique de l'hôpital Cochin, avec l'aide de M. le docteur Sapelier; en voici le résumé :

Le sulfure de carbone est beaucoup moins toxique qu'on ne l'a dit; un adulte peut en ingérer chaque jour par les voies digestives plusieurs grammes impunément; à très petites doses, c'est un bon désinfectant de l'intestin; la dose de 30 grammes en une

fois cause une irritation locale, mais sans intoxication. L'élimination se fait rapidement par les poumons; mais si ce sulfure de carbone est repris par les inspirations, des accidents peuvent survenir, en particulier dans une enceinte fermée, non ventilée; pour déterminer des phénomènes toxiques chez le cobaye et un jeune coq, il a fallu dégager plus de 50 grammes de sulfure de carbone par mètre cube et par vingt-quatre heures.

t

M. Dujardin-Beaumetz a montré que le sulfure de carbone développe au contact de l'air de l'hydrogène sulfuré, en quantité d'autant plus considérable que le sulfure de carbone est plus impur; c'est de ce dernier qu'on se sert encore dans certaines industries. On peut donc se demander si le gaz hydrogène sulfuré ne joue pas le rôle principal dans les phénomènes d'intoxication. L'élimination du sulfure de carbone se fait par le poumon et par le rein, la liqueur de Fehling donne avec l'urine un précipité brun noirâtre caractéristique.

Une enquête faite auprès des principales usines de l'Europe a produit des renseignements curieux. Dans 51 huileries (dont 18 en France), il se perd 325 kilogrammes de sulfure de carbone par jour, soit près de cinq millions par an, qui ont pu être respirés presque impunément par les 2,000 ouvriers employés dans ces usines. Les attestations des médecins attachés à ces établissements sont presque unanimes à déclarer qu'ils n'ont jamais vu d'accidents imputables à cet agent. Après son utilisation contre le phylloxera, qui, en 1884, en a consommé près de sept millions de kilogrammes pour 33,446 hectares de vigne, la plus importante application du sulfure de carbone est l'extraction des corps gras (marcs d'olives, tourteaux de graines oléagineuses, os, chiffons gras et déchets de laines).

Sous l'action d'une chaleur variant de 50 à +120, les dissolutions de sulfures gras distillent, la graisse est recueillie, et les vapeurs condensées reconstituent le liquide pour de nouvelles opérations. Les déperditions d'un corps aussi volatil sont considérables et égales à la fin de l'année au quart du liquide manipulé. La fabrication des caoutchoucs, l'extraction des parfums des fleurs n'utilisent que des quantités comparativement très faibles de cette substance, dont le prix est tombé de 2,000 francs à 50 francs les 400 kilogrammes.

Dans aucune usine, on n'a observé chez les ouvriers de paralysie, de frigidité, d'atrophie des testicules. Les rectifications incessantes que le sulfure de carbone subit par la distillation après chaque opération de dégraissage assurent à la fois sa pureté et son innocuité. C'est là ce qui explique la disparition progressive des accidents; Delpech et Hillairet observaient à une époque où le sulfure de carbone, corps nouveau, était mal fabriqué et employé dans des

usines mal agencées. Quand on emploie le sulfure en plein air, comme dans les vignes phylloxérées, il n'y a rien à craindre, rien à faire; dans les huileries, où le sulfure se purifie par des distillations successives, il suffit d'assurer une meilleure herméticité des appareils. C'est presque exclusivement dans les petits ateliers, dans les chambres où s'exerce l'industrie du caoutchouc, que les accidents sont à craindre; le Conseil (Rapport général de M. Bezançon, de 1872 à 1877) a spécifié les conditions qui doivent être imposées dans ces cas: aération des ateliers, travail sous des hangars non fermés, exclusion des enfants, etc.

L'intoxication par le sulfure de carbone tend donc à passer à l'état de légende; les cas deviennent si rares, que c'est à peine si l'on peut en montrer quelques cas dans les cliniques. Personne, assurément, ne s'en plaindra.

E. VALLIN.

REVUE DES JOURNAUX

Sur l'action désinfectante des solutions aqueuses d'acide phénique, par les Drs GAERTNER et KUEMELL (Semaine médicale, 22 avril 1885, p. 146 et 196).

Au congrès de la société allemande de chirurgie, tenue à Berlin du 8 au 11 avril dernier, le Dr Gaertner, de l'Office sanitaire impérial de Berlin, a donné le résultat d'expériences nombreuses qu'il a faites sur la résistance à l'acide phénique de divers organismes pathogènes obtenus à l'état de culture pure sur la gélatine. Il a expérimenté sur les coccus du pus, le micrococcus prodigiosus et tetragenus, les bacilles de l'érysipele, du sang de rate, de la fièvre typhoïde, de la morve, de la diphthérie, etc. Tous ces bacilles étaient détruits au bout de 1 à 5 minutes de contact avec une solution aqueuse d'acide phénique à 1 pour 100: seuls les micro-organismes de la fièvre typhoïde manifestèrent la plus grande résistance.

Gaertner frotta le poil de cobayes vivants avec des champignons de culture. En inoculant de la gélatine avec ces poils souillés, il vit que ceux-ci devenaient rapidement le centre des colonies nouvelles. Or, il faut pour se laver les mains sous la conduite d'eau environ 20 secondes (sic). Il lava donc pendant 20 secondes des cobayes ainsi souillés, le premier avec de l'eau pure, le second

avec de l'eau et du savon, le troisième avec la solution phéniquée ȧ 1 pour 100. Les poils lavés à l'eau simple ou au savon continuèrent à ensemencer les cultures; autour des poils lavés à l'eau phéniquée il ne se développa aucune colonie. L'auteur en conclut que le lavage à l'eau seule ou au savon ne suffit pas pour laver les mains des chirurgiens, et que le lavage dans une solution phéniquée à 3 pour 100, pendant 20 secondes au moins, est indispensable. Les instruments arrosés pendant 5 minutes par un courant d'eau, puis séchés avec un essuie-main, ne présentèrent plus un seul organisme, et les essuie-mains n'en contenaient eux-mêmes que fort peu. Donc, la solution phéniquée à 3 pour 100 tue tous les micro-organismes connus; seulement il faut avoir soin de mettre tous les micro-organismes en contact avec les désinfectants.

Indépendamment du truisme qui termine la conclusion, on peut se demander s'il existe un chirurgien qui ait jamais cru qu'il pouvait en 20 secondes faire un lavage antiseptique de ses mains.

D'un autre côté, le Dr Kuemell de Hambourg a montré que l'immersion des instruments doit durer au moins 10 minutes dans la solution phéniquée à 5 0/0 pour amener leur stérilisation; il en est de même pour le lavage des mains. L'air des salles n'est pas sûrement purifié par le dégagement des vapeurs d'eau bouillante, et cet air aspiré à travers des tubes de verre dont la paroi interne est recouverte d'une couche de gélatine de culture ensemence encore celle-ci. MM. Perrin et Marty avaient déjà constaté dans leurs expériences au Val-de-Grâce la difficulté qu'on éprouve à débarrasser par le spray l'air des germes qu'il contient.

E. V.

Wie soll der Arzt seine Hande reinigen (Comment le médecin doit-il se laver les mains?) par M. FORSTER, professeur d'hygiène à Amsterdam (Centralb. fur klin Medizin, 1885, n° 18.)

La pratique usitée jusqu'à ce jour dans les cliniques de chirurgie et d'accouchement consistait à se laver les mains avec une solution phéniquée à 2 1/2 pour 100. M. Forster a engagé un de ses élèves, M. Wassing, aujourd'hui médecin dans l'armée hollandaise, à rechercher expérimentalement si un pareil lavage suffisait réellement à stériliser la peau des mains. Les expériences ont porté sur des solutions d'acide phénique, d'acide borique, de chlorure de zinc, de perchlorure de fer, à divers degrés de concentration. Le sujet se lavait d'abord les mains avec du savon et une brosse neuve, les trempait ensuite dans le liquide antiseptique, et les enveloppait pour les sécher dans de l'ouate ou un linge préalablement stérilisés par une température de 120 à 140°; puis il plongeait un doigt dans un bouillon de peptone ou l'enfonçait dans de la gélatine préparée

par le procédé de Koch. Or toutes les fois, sans une seule excep→ tion, il se développait au bout de 24 à 60 heures dans les milieux de culture des schizomycètes de différentes espèces. Le seul désinfectant qui ait été reconnu apte à stériliser parfaitement les mains a été le sublimé à la dose de 0, 50 à 1 gramme par litre, c'est-àdire à la dose habituellement employée.

Dr R.

Distomes dans la viande de porc (Journal des connaissances médicales de Cornil; 1885, p. 79;) extrait de la Zeitschrift fur Mikroskopie und Fleischschau, Berlin, 1884, n° 5).

M. Dunker a trouvé ces vers en extrême abondance dans de la viande de porc qu'on examinait pour y rechercher des trichines. Il constata la présence dans les muscles, dans le tissu conjonctif, de petites nodosités d'un rouge intense qui, pressés entre deux lames de verre, permettaient de distinguer dans leur intérieur une espèce de kyste ovale, servant probablement de réceptacle au parasite. Ce dernier est un ver grisâtre, extrêmement tendre et mince, ressemblant à un kyste de trichine dont il a à peu près la grandeur. Au bord antérieur existe un appareil à succion très développé, qui conduit à un œsophage musculeux, puis à des sacs stomacaux d'un blanc luisant, doués de mouvements de contraction intermittents. La ventouse ventrale se trouve au milieu du corps, etc. L'examen fait par Dunker, Hess, Leuchart et Pajenstecher, montre que ce parasite inconnu jusqu'alors appartient au genre distomum. Sitôt signalé, ce ver a été retrouvé par plusieurs inspecteurs de viande, soit dans la partie charnue du diaphragme, soit dans les muscles du larynx. Ce parasite nage parfois dans le suc de la viande, avec des mouvements extrêmement vifs, qui durent au moins 24 heures; ce caractère a une grande valeur diagnostique, car à l'état de repos, il a beaucoup de ressemblance avec les psorospermies. Les distomes des muscles du porc se présentent sous divers aspects, soit enkystės, soit caudés, soit enfin dépourvus de queue; il est fort présumable qu'ils existent sous la première forme, de la fin de l'été à décembre, et sous les deux autres de janvier à avril.

Le mémoire ne dit pas quels désordres morbides ce parasite peut entraîner chez les porcs, ni s'il se transmet à l'homme et quelle maladie il détermine chez lui. Quoi qu'il en soit, c'est un ennemi de plus que devront dorénavant rechercher les inspecteurs de viandes, partout où existe cette utile institution.

E. V.

Contagion de la phtisie, par ZASETZKY, de Saint-Pétersbourg (Vratch, no 47, 1884).

Zasetzky rapporte le fait suivant: il s'agit d'une femme issue

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