Page images
PDF
EPUB

électorale. Les bailliages de Kranichfeld & de Vockeroda, qui, quoiqu'ils faffent partie de cette principauté, en font néanmoins détachés, ne font point compris dans les limites, dont il vient d'être parlé.

Le pays produit fuffifamment de bleds & d'herbes potageres de toutes efpeces. Sa partie méridionale contient des mines & une partie de la forêt de Thuringe. La riviere de Leine, que le landgrave Balthafar fit diriger vers Gotha en 1369, & qui fe perd dans la Neffe au-deffous de Goldbach, prend naiffance. Celles d'Apfelftætt & de Gera y naiffent pareillement; la premiere fournit un coulant d'eau à la Leine, & fe jete dans la fecon de; celle-ci dirige fon cours vers Erfort en fortant de la principauté, & va mêler ses eaux avec celles de l'Unftrut. La riviere de Neffe prend fa fource dans le territoire d'Erfort; elle traverse la principauté de Gotha du levant au couchant; reçoit la Harfel dans la principauté d'Eifenach & fe perd enfuite dans la Werra.

Cette principauté contient fept villes & cinq bourgs. Ceux qui ont rang dans les états, font divifés en 3 claffes; la premiere eft composée des comtes & des feigneurs, favoir les princes de Schwarzbourg & les comtes de Hohenlohe; la nobleffe forme la feconde, & les villes de Gotha & de Waltershaufen, comme relevant de la chancellerie, la troifieme. Ceux qui y ont encore féance, font : les vaffaux nobles de la feigneurie de Tonna, ceux de la ville de Themar, & la ville de Themar même, fituée dans le comté princier de Henneberg. Le prince fixe la tenue des états, & en convoque les membres, qui, tant ceux de la nobleffe, que les repréfentants des villes, fe partagent en grand & en petit comités. Il arrive des cas quelquefois, où le prince ne convoque qu'un feul comité, compofé des trois claffes. La religion luthérienne eft celle que profeffent tous les fujets de la principauté. Il existe une ordonnance des ducs Ernefte & Frédéric II, qui regle parfaitement bien tout ce qui peut concerner le fervice divin, & même l'instruction de la jeuneffe. Il eft voulu par un des articles, qui la compofent, que les églifes & les écoles, autres cependant que celles de la capitale, foient vifitées par un infpecteur de la province, qui eft tenu de faire à cet effet, des tournées régulieres. Ceux au refte, qui font chargés de veiller particuliérement fur le fervice divin & fur l'inftruction de la jeuneffe, font le furintendant général, 8 autres furintendants particuliers & 7 adjoints. Il y a dans cette principauté au-delà de 200 églifes.

:

Les colleges fupérieurs du prince font le confeil privé, la régence, dans laquelle la chambre fupérieure des tutelles & des curatelles a été incorporée, & qui cependant a confervé fa chancellerie particuliere; le confiftoire fupérieur, duquel dépendent celui de Kranichfeld, celui de Grafentonna, celui d'Ohrdruf & celui d'Arnftatt, & en outre 24 autres jurifdictions eccléfiaftiques inférieures; le college de la chambre, la recette fupérieure des fubfides, le confeil & la direction fupérieure de la police.

Le duc entretient deux régiments de province, compofés chacun de 800

hommes; l'un eft en garnifon dans la principauté de Gotha, & l'autre dans celle d'Altenbourg. Il entretient encore 150 hommes pour sa garde, & en outre un corps d'artillerie.

La principauté de Gotha eft divifée en 12 bailliages, auxquels préfident des baillis tirés du corps de la nobleffe, & qui font adminiftrés par des lieutenants-baillis, foit nobles, foit roturiers.

Gotha, ville capitale de la principauté, eft fituée à mi-côte d'une élévation, qu'arrofe la riviere de Leine. Le landgrave Balthafar en fit diriger un bras vers la ville, que le duc Ernefte fit partager dans toutes les rues, faifant couler l'eau dans des canaux de pierre. Elle eft une des plus belles & des meilleures villes de la Thuringe; on comptoit en 1715, 1031 maisons contribuables, en y comprenant celles qui fe trouvent hors des portes; celles renfermées dans l'enceinte de fes murs fe montent à 906, outre celles qui font bâties fur le boulevard, telles que font l'hôpital militaire deux écoles de foldats, les baraques, dans les plus grandes defquelles les cadets font l'exercice, & reçoivent différentes fortes d'inftructions analogues à leur état ; la fonderie de cloches & de canons &c. Il fe trouve dans l'intérieur de la ville l'hôtel-de-ville, deux églifes principales, un bon college, appellé Gymnafium illuftre, que le duc Frédéric III améliora confidérablement; la maifon de force, celle dans laquelle peuvent fe retirer de pauvres veuves, & celle enfin, dans laquelle font élevés les orphelins. Le furintendant de cette ville eft en même temps furintendant général de toute la principauté de Gotha. Il fe trouve également dans cette ville une juftice inférieure eccléfiaftique. Outre les moyens de fubfiftance, que la réfidence du prince procure aux habitans, ils en trouvent encore d'autres dans les "manufactures de laine, l'agriculture, la culture de la garance, dans la biere, qu'ils braffent, dans le commerce, & dans le paffage continuel de Leipfic pour la haute Allemagne, que la chauffée droite & élevée entre Gotha & Eifenach facilite extrêmement. Les incendies firent de cruels ravages en cette ville en 1207, 1545, 1632, 1646 & 1665. Ceux des bâtiments, que ce dernier incendie réduifit en cendres, fe trouvent rebâtis généralement en pierre & à égale hauteur.

Le château, dans lequel les princes font leur réfidence, eft fitué fur une montagne en-delà de la ville; il eft nommé Friedenftein. Le duc Ernefte, furnommé le pieux, en jeta les premiers fondements, & choifit à cet effet le même emplacement, qu'occupoit autrefois le château fortifié de Grimmenstein, qu'Augufte I, électeur de Saxe, fît démolir à grands frais en 1567, lorfque pour mettre à exécution le ban de l'empire décerné contre le duc Jean Frédéric II, il s'en étoit emparé, ainfi que de la ville de Gotha. Le château de Friedenftein fut fortifié de l'agrément de l'empereur Ferdinand III. Il renferme un arfénal pourvu de quantité d'armes, une bibliotheque de grand prix, un cabinet enrichi de curiofités naturelles & artificielles, un des plus beaux médaillers de l'Europe, que le duc Frédéric

chargea de fubftitution en 1612, une églife avec une belle chapelle, une monnoie, un laboratoire pour des feux d'artifice, dans lequel eft une machine inventée par un nommé Baufe, qui tourne par le moyen d'un ouvrage d'horlogerie, qu'il faut monter chaque jour, & qui représente la conftruction du monde felon le fyfteme de Copernic; une falle de comédie, & finalement un jardin pratiqué fur le rempart.

La maison de plaifance, nommée Frederichfthal, & le jardin, qui y eft attenant, font fitués hors de la porte de Siebeleben.

Les fauxbourgs de la ville de Gotha fe font étendus confidérablement pendant le cours de ce fiecle, foit par les nouveaux bâtiments, qui y ont été conftruits, foit par les jardins, qui y ont été ajoutés. On y voit l'églife militaire, deux cimetieres, une maifon pour des fabriques, qui fervoit autrefois pour les pefiiférés ; une autre pour les manufactures, la fabrique de porcelaine, le manege, la machine hydraulique, la maladrerie avec une églife pour les gens décrépits, un jardin orné d'orangers, une belle & longue allée plantée de châtaigners & de tilleuls.

GOTHIE, Grande contrée du royaume de Suede.

LA Gothie eft bornée au feptentrion par la Suede proprement dite, à l'orient & au midi, par la mer Baltique, & à l'occident par le Sund, la mer d'Allemagne & la Norwege. Fameux par la multitude, le goût & les conquêtes des peuples qui en fortirent, il y a treize à quatorze fiecles, ce pays formoit lui-même autrefois un ou plufieurs royaumes à part; fi tant eft qu'à raison du pouvoir abfolu de celui qui gouvernoit, l'on doive titrer de royaumes, des diftricts de peu d'étendue & de peu d'influence, des diftricts que la force & non le droit établiffoit précairement, & dont les maîtres momentanés, payoient tribut pour l'ordinaire, au prince le plus à portée de l'exiger. Mais enfin, ou feudataires ou fouverains, ces royaumes ne paroiffent pas avoir fourni par leurs annales, aucune matiere un peu certaine à l'hiftoire, ni par conféquent aucun fujet intéreffant à l'étude. Des recherches fur l'origine du nom de ce pays ne feroient peut être pas plus fatisfaifantes. Objet de certitudes bien moins que de conjectures, ce nom, fuivant quelques-uns, venoit de Goethe, fils d'Odin, l'un des dieux du Nord; & fuivant d'autres, du mot Gieta, lequel en vieux gothique, vouloit dire, engendrer, enfanter. Sans fe déclarer ni pour l'une ni pour l'autre de ces étymologies, & fans les rejeter, non plus qu'aucune de celles que les favans peuvent leur adjoindre encore l'on peut obferver, que la derniere a pour elle une vérité de fait, c'eft que de toutes les contrées feptentrionales, la Gothie a paru celle où l'efpece-humaine fe multiplioit davantage, foit parce que la divifion du pays en nombre d'Etats

diftin&s, en favorifoit la population, foit parce que la nature lui avoit accordé plus d'avantages qu'aux autres. Et à ce dernier égard il eft de fait encore, que pour la bonté du fol & la beauté du climat, la Gothie l'emporte fur toutes les autres portions du royaume de Suede. Elle n'a ni les brouillards, ni le froid, ni les vents de la Suede proprement dite, du Nordfand, de la Finlande, & de la Laponie ; & elle a plus qu'aucune de ces contrées, des plaines riantes, des champs fertiles, des prés émaillés de fleurs, & des lacs & des fleuves poiffonneux : elle a de même de vaftes forêts, des mines riches & des carrieres abondantes. Le nombre de ses villes eft aujourd'hui de 48.

L'on ignore à quelle date précife les rois particuliers de la Gothie commencerent en reculer le temps fur la foi de quelques chroniques, jufques à celui de Gethar, fils de Magog, & petit-fils de Japhet, c'eft avoir peutêtre trop de complaifance pour la vanité des hommes; & ne le placer au contraire, comme le font d'autres, qu'au regne de Dygue, qui descendoit du grand Odin, & qui vivoit 400 ans après Jefus-Chrift, c'eft peut-être auffi fe borner avec trop de timidité, à l'époque où l'hiftoire du Nord paroît recevoir en effet les prémices de fon authenticité. Quoiqu'il en foit on fait que ces rois particuliers prirent fin l'an 1132, à la réunion que Suercher fit alors du royaume de Suede avec celui des Goths : l'on fait auffi qu'à la fuite de cette réunion, la couronne des deux royaumes, fut alternativement portée pendant un temps, fans beaucoup de bonheur à la vérité, par des princes originaires de l'un & de l'autre pays. De part & d'autre, il y avoit des familles royales; elles n'héritoient pas du fceptre, mais on étoit dans l'ufage de le donner par choix à l'un de leurs membres; & il y eut dès l'an 1162 à l'an 1222, tantôt un roi Goth, & tantôt un roi Suédois. Cette conftitution ne pouvoit pas durer long-temps: l'on vit bientôt que pour monter fur un trône fi bifarrement électif, il y auroit toujours du fang à répandre, & que même pour s'y maintenir, il faudroit ufer fans ceffe ou de violence ou de foupleffe; extrêmités trop dangereuses, pour pouvoir fervir folidement, foit à la gloire des princes, foit au bonheur des fujets. Dès l'an 1222, il ne fut donc plus queftion en Suede de la famille royale des Goths: mais la Gothie n'en perdit pas fon titre de royaume, & l'on fait qu'encore aujourd'hui il fait partie de ceux que porte le roi de Suede.

L'on divife la Gothie, en orientale, en occidentale & en méridionale. L'orientale comprend, 1°. l'Oftrogothie, où font entr'autres les villes de Norrklæping, de Sæderkiaping, de Linkiœping, de Wadftena, &c. 2°. Le Smoland, où font les villes de Calmar, de Wefterwick, de Wexic Jankiæping &c. 3°. L'ifle d'Eland où eft Borgholm. 4°. L'ifle de Gottland, où eft Wifby.

de

L'occidentale comprend, 1o. la Weftrogothie, où font les villes de Gothenbourg, d'Alingfæhs, d'Ulrichamn, de Scara, de Falkiœping &c. 2°. Le Warmeland,

Wermeland, où font Carlftadt, Chriftinehamn &c. 3°. La Dalie, où eft Amal. 4°. Le fief de Bohus, où font Kongshell, Marftrand, Karftein &c. La méridionale enfin, jadis fréquemment envahie par les Danois, mais absolument abandonnée à la Suede par le traité de Rofchild de l'an 1658, comprend, 1. la Scanie, où l'on trouve Malmoe, Lunde, Landfcrone Hellingbourg, Chriftianstadt, &c. avec l'ifle de Ween. 2°. Le Halland, où font Laholm, Halmstadt, Falkenberg, Wardberg &c. 3°. Le Blecking, où font Carlscrone, Carlshamn, &c.

GOTHLAND OU GOTTLAND, ifle de la mer

CETTE

Baltique.

ETTE ifle eft vers les 57 & 8 degrés de latitude & le 36 de longitude on lui donne 18 milles d'Allemagne de longueur, & 5 à 6 de largeur; elle porte le furnom d'il de la Baltique, à caufe de l'importance dont elle eft pour la navigation de cette mer; & elle eft environnée de vingt autres petites ifles, qui compofent avec elle une des quatre divifions de la Gothie orientale, & forment conféquemment une des dépendances de la couronne de Suede. Les plus remarquables d'entre ces petites ifles font Fær-c, Sand-ce, & les Carolines. Quant à l'ifle de Gothland en ellemême, l'on croit qu'elle fervoit autrefois de rendez-vous à la flotte des Goths, lors de leurs premieres courfes dans la Baltique, & que ce fut à cette occafion qu'elle reçut le nom qu'elle porte l'on croit auffi qu'elle avoit alors des rois propres & particuliers, lefquels cefferent apparemment à l'époque où les autres portions de la Suede fe réunirent, c'est-à-dire, dans le courant des XIII. & XIV, fiecles. Le droit de conquête l'a mife enfuite plufieurs fois entre les mains des Danois, & ils l'occupoient depuis près de deux cents ans, lorfqu'ils la rendirent en 1645 par le traité de Bromfebro vingt ans après ils s'en emparerent encore, mais pour peu de temps. Elle fe divife en trois parties générales, & en vingt diftricts particuliers; & elle eft aux ordres d'un capitaine ou gouverneur, qui fait fa réfidence à Wifby, la feule ville qu'on y trouve. Le fol de cette ifle n'eft point ingrat; l'on y cultive avec fuccès cultive avec fuccès plufieurs fortes de grains & de légumes les pâturages y font auffi très-bons, fur-tout pour les brebis : il y a de belles forêts de chênes & de fapins, des carrieres de pierres fort eftimées; une abondante pêche fur les côtes, & du gros gibier, en quantité d'autant plus grande que l'on n'y voit ni loups ni ours. Les paysans de Gothland ne font point dans l'ufage de vendre leurs denrées aux habitans de Wifby, ni d'acheter d'eux quoi que ce foit, & cependant ils vivent trèsbien les uns avec les autres quand le campagnard fe rend en ville pour se pourvoir des chofes dont il a befoin, & qu'il ne peut trouver que chez Tome XX.

[ocr errors]
« PreviousContinue »