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de Menin, l'Etat n'a tiré des Conquêtes, qu'on prétend lui avoir porté tant de richeffes, que 1590916 livres: Somme fi petite, en comparaifon des dépenfes qu'il a falu faire pour rétablir les Fortifications & remplir les Magafins de Menin, Lille Tournay Douay, Bethune, Aire, St. Venant & Bou-chain, & pour les autres reparations faites pendant le temps de fix années à toutes les Places, Forts & Citadelles de ces Païs, qu'affeurément on ne pourroit foûtenir avec justice qu'elle n'y a pas été employée.

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Il paroît qu'on s'eft fait en Angleterre une idée du revenu des Conquêtes de Flandres qui eft bien peu conforme à la verité. La Ville & Châtellenie de Lille, avec Douay, Orchies & fes autres dépendances, eft fans contredit la plus riche Conquête que l'on ait faite aux Païs-Bas. Cependant le Roi Très-Chrêtien n'en a jamais tiré, en temps de Paix, au delà de trois ou quatre cent mille livres, argent de Flandres, (qui en va leur eft de douze pour cent moindre que celui de Hollande ;) foit fous le nom des Aides, Domaines, Fortifications, ou autres Impofi tions ordinaires, de quelque nature qu'elles foient; excepté feulement les Droits d'En trée & de Sortie, dont on ne peut faire une jufte eftimation, parce qu'ils étoient com

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pris dans la ferme générale des Païs conquis, mais qu'on peut affurer être préfentement fur un pied fort médiocre. Les Subfides extraordinaires, & la Capitation, par lesquels on a groffi, à l'occafion de la Guerre, les Revenus du Roi de France, ne lui ont pas produit 400 mille livres par an, argent de Flandres, depuis le commencement de cette Guerre, jufqu'à l'an 1704. auquel temps il fut augmenté de 82540 livres par an, mais fous condition expreffe de la part des Etats & promefle de la part de la Cour, que moyennant cette augmentation, la Province feroit libre de toute autre forte d'impofitions, & qu'elle cefferoit, auffi-bien que la Capitation, & les autres Aides extraordinaires, le jour de la publication de la Paix. C'eft là tout ce que le Roi de France a pû tirer annuellement de ce Païs. Ce n'eft pas qu'en divers temps, il n'en ait effectivement tiré plufieurs autres fommes confiderables, par la création d'un grand nombre d'Offices, fort onereux aux Etats, Magiftrats & Communautez du Païs, Ids uns ayant été rendus héréditaires, & les autres ayant été rachetez par les Etats & autres Communautez. Mais fans examiner fi ces moyens peuvent être lé gitimement employez, dans un Païs où le Souverain ne peut faire aucune levée d'argent

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fans le confentement des Etats, il fuffira de dire, que pour le prefent ils ne peuvent être mis en compte; parce que ce font des moyens qui ne fervent qu'une fois.

On voit par là, fi c'eft avec fondement que la Chambre des Communes fuppofe en fon Adreffe, que l'Etat tire de fes Conquê tes aux Païs-Bas, une augmentation de Revenus, dont il pourroit entretenir un grand nombre de Troupes; mais qu'il l'aplique pour fon propre foulagement, dans le fourniffement de fa quote-part.

Le troifiéme Article n'eft pas mieux fon dé que les deux précedens. On s'y plaint que l'Etat n'a pas fourni ce qu'il devoit pour la Guerre d'Espagne & de Portugal, & l'on en donne des états, qui fe trouveront atta chez à la fin du present Memoire fous les Nombres 3 & 4.

Pour peu qu'on foit équitable, & qu'on false réfléxion à ce qui a été dit ci-deffus des confiderables efforts de l'Etat aux Païs-Bas, on conviendra, fans doute. qu'il n'auroit

pas été raisonnable de prétendre, que les Etats Généraux contribuassent encore à cette autre Guerre, par un' égale portion avec Sa Majesté Britannique, & que même cela ne leur étoit pas poffible. La Grande-Bretagne étant, comme elle eft, beaucoup plus S &

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flante que cet Etat, & 1 Etat ayant nean moins contribué beaucoup plus qu'elle à la Guerre du Païs-Bas, il étoit raifonnable & jufte qu'il s'en fit ailleurs quelque compenfation. Si donc la Grande Bretagne a plus contribué que l'Etat aux affaires de Portugal & d'Espagne ce furplus doit être confideré comme un fupplément aux manquements de ce qu'elle a dû contribuer aux Pais-Bas, & non comme un manquement de l'Etat en Espagne ou en Portugal.

Par le Traite conclu en 1703. avec le Portugal, l'Etat s'obligea d'y envoyer, & d'y entretenir quatre mille hommes mille hommes, faifant la troifiéme partie d'un Corps de 12. mille hommes, promis par ce Traité. On les y a effectivement envoyez & tenus complets jufques en 1796. que le Theatre de la Guer re fut changé, & tranfporté des Frontieres de Portugal, dans le Royaume de Valence & en Catalogne. Ce changement fe fit à Linfçû de l'Etat, & la feule part qu'il y eut, fut un redoublement de dépense, pour en voyer en Espagne les Renforts qui avoient été deftinez pour le Portugal. Le nombre des Troupes que l'Etat a envoyez en Portu gal ou en Catalogne, depuis la conclufion du Traité, fe monte à 15724. Fantafins, 3120. Cavaliers, & 4563. Recrues, en tout

23807. hommes, ainfi qu'il fe voit par la Lifte ci-jointe fous le nombre 5. Les Recruës. qu'on a envoyé d'ici aux Troupes de l'Etat & celles qui fe font faites dans le Païs, par. des enrôlemens de Flamands, de Wallons, & d'Allemands, qui fe font venus rendre de l'Armée Ennemie, ont eu ce fuccès, que les. Troupes de l'Etat fe font trouvées ordinairement plus complettes, & plus en état de fervice, qu'aucune des autres.

On convient que par le Traité, la Grande-Bretagne n'étoit pas obligée à plus d'un tiers en ces douze mille hommes, & que. L'Empereur devoit fournir l'autre tiers: mais. il eft connu que dès le commencement, Sa Majefté Britannique a pris fur foi la portion. entiere de l'Empereur, fans aucune concu rence de la part de l'Etat, & c'eft fans raison que cet Article eft préfentement mis contre l'Etat en ligne de compte, entre les efforts que Sa Majefté a fait hors du Païs. Le Trai té de Portugal n'oblige les Etats Généraux qu'à un tiers des 12. mille hommes, & ils y ont fatisfait. Après cela, ils ne font tenus a aucune autre proportion qu'à celle de la Grande-Alliance, & des Traitez du 3 Mars 1678. & 11. Novembre 170. lefquels les obligent à faire la Guerre de toutes leurs forces, & à procurer de tout leur pouvoir à Sz l'Em

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