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fourni 20837. hommes trop peu, nila Reine de la Grande Bretagne 13892. hommes trop, pour la Guerre de Flandres. Et certes left étonnant de voir une telle conclufion tirée d'un état, par lequel au contraire, il paroît fort clairement que l'Etat des Provinces-Unies, tout inferieur qu'il eft en forces & en puiffance à la Grande-Bretagne, n'a pas laiffé de fournir & d'entretenir depuis le commencement de la Guerre jufqu'à cette heure, non feulement autant de Troupes que cette Couronne; mais beaucoup d'avan tage. De là on peut comprendre, que ce n'eft pas d'une maniere naturelle, qu'on a pu en tirer cette étrange Conclufion. Ila falút pour cela fuppofer deux chofes.

L'une, qu'au commencement de la Guer re, l'Etat s'eft obligé de fournir en Flandres foisante mille hommes en Campagne, contre quarante millé que fourniroir de GrandeBretagne, & que par-deffus cela, il entretiendroit quarante-deux mille hommes pour Jes Garnisons.

L'autre, que l'Etat eft tenu de contribuer felon cette proportion de foixante contre qua Jante, ou de trois contre deux, à toute la dé penfe des Troupes, qui ont été prifes depuis en fervice par Sa Majesté Britannique & les Erats Généraux.

On ne voit point, par cet état de Trou pes, furquoi on prétend établir la feconde Propofition. Pour la premiére, elle s'y trou ve fondée fur un Meffage Verbal que le Roi Guillaume de glorieute memoire, auroit envoyé 1702. au Parlement, par le Sieur Vernon Secretaire d'état, & dans l'Adreffe de la Chambre des Communes, on fuppofe qu'il y a fur ce fujet un accord conclu, en agréement, & il eft à prefumer qu'on prétend que la feconde Propofition foit une fuite de la premiére.

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11 eft affurément fort étrange de voir qu'on ne faffe point de difficulté de charger un état à fon infceu, d'un manquement fi confiderable, fans en avoir d'autres preuves qu'un Meffage Verbal, ou un Accord qu'on fuppofe gratis avoir été conclu, & qu'on avoue même un peu au-dessus qu'on ne trouve pas avoir été ratifié. Il eft vrai, que l'Etat fût obligé de voir la Grande-Bretagne, au commencement de la Guerre, ne fournir que quarante mille hommes aux Païs Bas, avec une fi grande difproportion, à ce qui fut fourni par l'Etat; mais il est vrai auffi que l'état a été obligé de le voir, non en vertu de quelque Accord ou Convention, ou parce que cela étoit raisonnable; mais parce que le Parlement n'en avoit pas accordé d'a

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vantage. Les raifons n'en font pas inconnuës à tout le monde, & plufieurs Perfonnes pouront encore s'en fouvenir. On fe plaignoit affez du côté de l'Etat de cette difproportion; mais il faloit prendre patience, & fe confoler dans l'efperance que fi la Guer re continuoit, elle feroit redreffée dans la fuite.

Maintenant, pour faire voir combien ces deux Propofitions font mal fondées, on fe contentera de dire que la part de la GrandeBretagne, on eft bien affuré, qu'on ne poura jamais prouver que les Etats Généraux ; fe foient obligez à entretenir foixante mille hommes en Čampagne, & quarante deux mille en Garnifon; ni qu'ils ayent reconnu, ce qui pourtant eft le point effentiel, que la Grande-Bretagne pût fatisfaire à tous les engagements, en fournissant seulement quarante mille hommes, contre les cent deux mille de l'état; ni enfin qu'ils foient convenus d'obferver à l'avenir cette inégale proportion dans l'entretien des Troupes, dont on pouroit renforcer dans la fuite l'Armée des Païs Bas

Auffi n'y avoit il pas la moindre raifon pour celà. La Grande-Bretagne & cet Etat font également obligez par le 3. Article du Traité du 3. Mars 1678. & par le 7. Arti

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cle du Traité du 11 Novembre 1701. de s'affifter reciproquement de toute leur Puisfance, & de tous leurs Forces par Mer & par Terre, & par le IV. Artiele du Traité de la Grande-Alliance, on s'eft pareillement engagé à fe foutenir Fun l'autre, omnibus viribus, de toutes fes forces. La Grande-Bretagne étoit alors, ce qu'elle eft à préfent, fans contredie, bien plus-puiffante, que cet Etats & comme elle ne pouvoit pas, au commencement de la Guerre, bonifier en Espagne ou en Italie, ce qui manquoit ailleurs à fes forces, ainfi qu'elle la pû faire depuis, il eft évident que pour fatisfaire aux fufdits Traitez du 3. Mars 1678, du 11. Novembre 1701. & de la Grande-Alliance, elle auroit du néceffairement augmenter confiderablement fes Troupes en Flandres, & y entretenir un Corps d'Armée bien plus nombreux que ce Jui de l'Etat. C'étoit l'unique endroit où les deux Puiffances avoient alors des Armées, & fi l'on vouloit obferver quelque raifonnable proportion, c'étoit là qu'elle devoit paroître.

Touchant la nature de cette proportion, fi on avoit voulu prendre par Terre celle qu'on avoit établie pour la Mer, & qui avoit été fuivie dans le dénombrement du Secours matuel ftipulé par le fuidit Traité du 3. Mms

1678., au premier des Articles feparez, ik auroit du être de cinq contre trois, c'est-àdire que la Grande-Bretagne, auroit dû four. nir cent septante mille hommes, contre les cent deux mille, qu'on prétend que l'Etat fe foit obligé d'entretenir en Flandre pour la Campagne & pour les Garnifons. Quand on dit cent feptante mille hommes, on y comprend les Gardes & Garnifons néceffaires dans la Grande-Bretagne, autrement la proportion auroit pû être reduite à cent mille hommes, contre les foixante mille de l'Etat, qu'on pretend devoir entrer feuls dans le compte de la proportion, quoi que fans fondement, ainfi qu'on le fera voir ci-après.

Que fi l'on vouloit fuivre la proportion de deux contre un, laquelle à été gardée pendant la Guerre en diverfes autres occafions, en ce cas la Grande-Bretagne auroit du met tre en Campagne cent vingt mille hommes, contre les foixant mille, ou pour mieux dire elle auroit dû fournir deux cens quatre mille hommes, contre les cent deux mille de l'Etat, y compris les Gardes & Garnifons.

Enfin fi au lieu de chercher la proportion dans l'augmentation des Troupes de la Grande-Bretagne, par raport à celles de l'Etat. on aimoit mieux la prendre dans la Redu

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