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QUESTIONS POLITIQUES.

1840.

ATTENTATS.

1.

15 octobre 1840.

Le roi, pour la cinquième fois, a miraculeusement encore aujourd'hui échappé à une nouvelle tentative d'assassinat. Ce soir à six heures, au moment où il traversait le quai pour se rendre à Saint-Cloud, un coup de feu a été tiré sur lui par un homme àgé d'environ trente ans, qui s'était aposté non loin du corps-de-garde qui est situé à l'extrémité de la terrasse du bord de l'eau, presqu'en face le pont de la Chambre des députés. L'assassin n'avait sans doute choisi cette position que parce qu'il était informé que le roi ne passe jamais devant un poste sans mettre la tête à la portière de la voiture et saluer. Le roi, qui occupait le devant, s'est empressé d'avertir par un signe qu'il n'avait pas été atteint. La voiture a continué sa route sur Saint-Cloud sans s'arrêter.

On ajoute, mais c'est une version dont l'exactitude ne nous est pas garantie, que l'arme de ce nouvel Alibaud aurait éclaté dans sa main et lui aurait emporté plusieurs doigts. Ce qui est certain, c'est que la place où il a été arrété était tachée de sang. L'arme dont il s'est servi, si l'on en juge par la baguette, doit être une carabine ou un pistolet d'arçon. Le meurtrier a été arrêté ; il a avoué son crime.

Cet attentat nous désespère et nous humilie sans nous surprendre. Comment n'en serait-il pas ainsi, lorsque le roi est tous les matins désigné à la fureur des partis, nonseulement par les journaux qui se sont donné pour tâche de détruire ce que la Charte de 1830 a fondé, mais encore par les journaux qui appuient le plus vivement le ministère?

Ce nouveau coup de feu va retentir au loin! Puisse-t-il être un salutaire et dernier avertissement qui fasse réfléchir tout ce qu'il y a, en France, d'esprits honnêtes et faibles qui se précipitent aveuglément au devant de la guerre et de l'anarchie, en croyant n'obéir qu'à des inspirations de nationalité et de liberté! Malheureusement, nous devons le dire dans notre sincérité, c'est moins une espérance qu'un vœu que nous exprimons, car précipitée dans une voie funeste par les journaux radicaux, légitimistes et ministériels, l'opinion publique égarée est déjà loin du sommet et près de l'abîme; elle n'entend plus les cris qui l'avertissent, elle n'écoute plus que ceux qui la poussent.

II.

17 octobre 1840.

Le Siècle et le Courrier français ne veulent pas permettre que nous usions envers eux de la liberté qu'ils se donnent avec le National. Ils sont furieux qu'en apprenant l'attentat de Darmès, nous ayons dit : « Comment n'en >> serait-il pas ainsi, lorsque le roi est tous les matins » désigné à la fureur des partis, non-seulement par les >> journaux qui se sont donné pour tâche de détruire ce » que la Charte de 1830 a fondé, mais encore par les jour»naux qui appuient le plus vivement le ministère? »

Quand nous avons écrit ces paroles, ce n'est pas une polémique indigente et banale qui nous les a dictées, mais une conviction profonde et sincère. Oui, nous pensons que les journaux qui ont porté à la royauté de 1830 les plus funestes atteintes, qui ont déchaîné contre elle le plus de dé

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