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d'après nature, par M. Karpff, me semble un morceau capital, sous le rapport de l'art et de l'exécution). »

En 1805, il fit le portrait du général Rapp, son ami. M. Desportes, alors préfet du Haut-Rhin, le communiqua à l'impératrice Joséphine qui fit appeler Casimir à Plombières, où elle prenait les eaux et où elle lui donna quelques séances. En 1806, elle l'appela à Saint-Cloud pour achever son œuvre, et, depuis lors, il ne revint plus à Colmar; mais il s'attarda trop sur ce portrait. Il fut, il est vrai, admis et même récompensé d'une médaille d'or à l'exposition de 1809, mais le Divorce suivit de près, puis la chute de l'Empire, et, à la Restauration, il était encore dans l'atelier de l'artiste. Le général Rapp le lui acheta 7000 fr., et l'on suppose qu'il doit appartenir aujourd'hui à Madame Hope, fille de Rapp et épouse du banquier de ce nom, ou à quelqu'un de sa famille.

A l'époque de ses premières études chez David, Casimir avait été accueilli dans une famille que fréquentait aussi le poète Ducis, et dont faisait partie Mme Victoire Babois (née à Versailles en octobre 1760). Elle avait dix ans de plus que lui, était restée veuve de bonne heure, avait perdu une fille adorée à la mémoire de laquelle elle avait consacré, sous le titre d'Élégies maternelles, diverses poésies qui frappèrent le Chantre des jardins qui la rangea parmi les femmes d'élite qu'il appelait ses nièces. Il lui écrivait un jour, à propos de ces productions : « Vous ne mourrez pas toute entière; vous serez la Sapho des mères. »

Karpff avait connu Mme Babois dès 1792. Il avait 22 ans, elle dix de plus; une liaison d'une nature indécise s'établit entre eux. Fut-il son amant? On pourrait le croire d'après ces vers qu'elle lui adressait, à propos

de vignettes composées par lui et destinées à la troisième édition des Élégies maternelles :

«Que tes heureux crayons embellissent mes chants;
Unissons à la fois notre âme et nos talents.

On néglige souvent la gloire pour soi-même,
Mais jamais pour l'objet qu'on aime. »

On devrait le nier d'après ces lignes qu'elle écrivait, quelque temps après la mort de Karpff, au docteur Gaudichon qui l'avait soigné dans sa dernière maladie :

« Ce que vous avez vu, je le vois toujours, ce que vous avez entendu, je l'entends toujours : « Ensemble! » m'a-t-il dit, et mon nom est sorti de sa bouche avec son dernier soupir. J'ai reçu ce soupir, et je vis encore..... oh! plaignez mon supplice! Je m'efforce de retenir mon âme pour éclairer sa mémoire, pour orner son tombeau, et puis je l'y suivrai. Mais je ne souffrirai pas qu'on souille notre amitié. Hé! l'amitié, n'est-ce pas la vertu ? »

Quoi qu'il en soit, il est constant que de 1806 à 1829, époque de sa mort, Casimir partagea le logis et l'existence de Mme Babois (Avenue de Saint-Cloud, no 1) à Versailles. Il fut enterré à Paris, au Père-Lachaise, et son amie alla demeurer rue de l'Ouest, 24, où elle mourut en 1839, à l'âge de 79 ans.

Le Musée des Unterlinden, à Colmar, possède de Karpff :

1o Un portrait au crayon de son père, dessiné en 1789;

2o Deux amans au milieu d'un paysage, sujet mytho logique, dessin aux deux crayons;

3o Sujet semblable autrement disposé.

Chacun de ces tableaux porte l'inscription suivante : << Composition par J.-J. Karpff, dit Casimir, exécutée

dans un dessin que je possède. Je l'envoie, comme souvenir de lui; à sa bonne et chère élève.

Signé VICTOIRE BABOIS. >>

4o Le portrait de l'auteur, c'est-à-dire la lithographie, par Mauzaisse, d'un portrait au crayon fait par Casimir pour son ami M. Reiset, receveur général à Rouen;

5o Le Serment civique, prêté devant la statue de la Liberté (1789), sans signature, catalogué comme attribué à Karpff.

Note rédigée sur des documents et souvenirs locaux par

PAUL HUOT,

conseiller à la cour de Colmar,

ancien avocat du barreau de Versailles.

Colmar, 14 août 1867.

PIÈCES RELATIVES AUX PORTRAITS

DU SCULPTEUR

EDME BOUCHARDON

DES PEINTRES

ANTOINE FAVRAY,

ALEXANDRE ROSLIN ET LOUIS HAMON CONSERVÉS DANS LA GALERIE DE FLORENCE

1776-1867.

Documents communiqués et annotés
par M. Eugène Muntz.

On a déjà vu dans le volume de 1874-5 les articles relatifs au portrait de Lebrun (p. 225), à ceux de Rigaud (p. 227), de Mme Lebrun (p. 449), de Constantin (p. 475) et de M. Ingres (p. 445). Les pièces suivantes qui se rapportent, pour le xviire s., aux portraits de Bouchardon, de Favray, de Roslin, et, pour le XIX s., au portrait d'un peintre un peu cherché, un peu maniéré, mais élégant et ingénieux, viennent s'ajouter aux précédents.

<< Il cavale Gio. Dick, dovendo partire da Livorno per la sua patria, domanda a S. A. R. la grazia per collocare nella sua Reale Galleria due quadri delli Pittori denominati in piedi, e fatti da essi medesimi, i quali furono acquistati dal sir Barone Stosck:

Ritratto di Bouchardon, scultore Francese, che incide il Busto del soprad Barone Stosck;

Ritratto d'Alessandro Boslin (sic), Suedese. »

Arch. de la Galerie des Offices, filza 1776, n° 54.

Dans le dossier contenant cette note, probablement rédigée par un employé de la Galerie, se trouve aussi l'acte d'acceptation de l'offre du chevalier Dick, en date du 30 octobre 1776.

On peut voir, de nos jours encore, le portrait de Bouchardon, dans la collection des portraits des artistes, sous le n° 557.

Illmo Sigre, Sigre Padron colmo,

Essendomi giunto da Malto il ritratto di Monsieur Antoine Favray, Parigino, servente d'Armi nell' Ordine Jerosolimitano, fatto da lui medesimo in eta di anni 72, lo indirizzo a V. S. Illmo come Direttore della Real Galleria, pregandola a renderne inteso S. A. R., accio si degni di ordinare che sia collocato in una delle stanze de' Ritratti de Pittori, essendo questo il desiderio del sud Favray, e mio.

Scusi l'incomodo che ho recato a V. S. Illmo con questo foglio, mentre ansioso de' suoi comandi l'onore, etc. Di casa, 22 gennaio 1779.

Comre Fra Bettino de' Ricci.

Arch. de la Gal. des Offices, filza 1779, n° 9.

Une communication, en date du 18 février suivant, annonce que l'offre est acceptée. Le portrait de l'artiste, au sujet duquel on peut consulter M. Dussieux, les Artistes français à l'étranger, p. 293, et M. Lecoy de la Marche, l'Académie française à Rome, pp. 226, 228, 232, 239, figure à la Galerie des Offices sous le n° 484.

Le Louvre possède de Favray un petit tableau spirituel qui représente des dames maltaises en conversation et qui est son morceau de réception. Il avait été reçu de l'Académie le 30 octobre 1762. Puisqu'il avait 72 ans en 1779, il était né en 1707 et avait cinquante-cinq ans en 1762.

La France a été la patrie d'adoption d'Alexandre Roslin, ce qui lui donne place dans ce recueil spécialement consacré aux artistes d'origine française.

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