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Roi Charles fur le Trône. Cette esperance ne fe fut pas plûtôt évanouie que l'Angleterre s'engagea infenfiblement dans cette Guerre, malgré tous les defavantages que la distance des Lieux & les foibles efforts des autres AlFez lui pouvoient caufer. Tout ce que nous avons à dire là deffus à Vôtre Majefté, se reduit à ceci: Que bien qu'on entreprit cette Diverfion fur les inftances réïterées de la Cour Imperiale, & pour une Caufe, où il ne s'agiloit pas de moins que de la redution de la Monarchie d'Espagne à la Maifon d'Autriche, ni les deux Empereurs dé Funts, ni Sa Majefté Imperiale d'aujourd'hui, n'y ont jamais eu aucunes Forces à leurs propres fraix, jufques à l'année derniere, qu'il y eut un feul Regiment d'Infanterie, compofe de deux mille hommes: Quoi que les Etats Généraux aient contribué quelque chofe de plus pour cette branche de la Guerre, Leur Portion n'eft pas allée fort loin; car dans Felpace de quatre années, c'est-à-dire depuis 1705. jufqu'en 1707. inclufivement, toutes les Troupes qu'ils y ont envoiées, n'excedent pas le nombre de douze mille cent hommes; & depuis l'année 1708. jufques à ce jour, ils n'y ont envoié ni Corps de Troupes ni Recrues. Il femble ainfi qu'on ait laillé en quelque maniere à Votre Majefté le foin de

recouvrer ce Royaume & d'en payer les fraix, comme s'il n'y avoit que vous feule d'intereffée : En effet, les Troupes que Vôtre Majefté a envoyées en Efpagne, dans l'efpace de fept années, depuis 1705. jufqu'en 1711. inclufivement, ne reviennent pas à moins de cinquante fept mille neuf cens foixante treize hommes, fans parler de treize Bataillons & dix huit Efcadrons, pour lefquels Vôtre Majefté a payé des Subfides à l'Empereur. Vous n'ignorez pas qu'elle a été la dépenfe fixe pour l'entretien de ce nombre d'hommes, & Vos Communes en ont bien reffenti le poids: Mais ce fardeau paroîtra beaucoup plus grand, fi l'on fait at tention aux dépenses extraordinaires qui ont accompagné un Service fi éloigné & fi diffi cile; & qui ont toutes été foutenues par V. M:, à la referve de ce qu'il en a coûté aux Etats Généraux pour le transport & l'avitaillement de ce petit nombre de Troupes qu'ils y ont envoyées. Les Comptes délivrez à Vos Communes font voir: Que la dépense des Vaiffeaux de V. M., employez pour lefervice de la Guerre en Espagne & en Portugal, fur le pié de 4. liv. fterl. par mois pour chaque Matelot depuis leur départ dici jufque à leur retour, leur perte, ou leur emploi à quelque autre fervice, monte

à 6. Milions, cinq cens quarante mille, neuf cens foixante fix livres, quatorze Chelins. Les fraix des Tranfports, qui corcernent la Grande-Bretagne, pour foutenir la Guerre en Efpagne & en Portugal, depuis qu'elle a commencé jufques à prefent, reviennent à un Million, trois cens trente fix mille, fept cens dix-neuf pieces, dix-neuf Chellins, onze fols. L'avitaillement des Troupes de terre embarquées pour le même fervice, monte à cinq cens quatre vingt trois mille, fept cens foixante dix livres, huit Chellins & fix fols; & la dépenfe des extraordinaires pour le même fervice, revient à un million huit cent quarante mille trois cens cinquante trois livres.

Nous expoferions aux yeux de Vôtre Majefté, les différentes fommes qui ont été paiées fur le compte des extraordinaires en Flandres, & qui font enfemble un Million, cent fept mille, quatre vingt feize livres, fi nous pou vions les comparer avec ce que les Etats Généraux ont fourni pour le même fujet ; mais nous n'avons aucun détail de leur dépense à cet égard; ainfi nous n'en dirons pas d'avantage la-deffus. Il ne refte donc que l'Arti cle des Subfides, qu'on a fournis aux Princes Etrangers, & qui méritent l'attention de Vôtre Majefté: Au commencement de la Guerre, Vôtre Majefté & les Etats Géné

raux les payoient dans une proportion égale; mais depuis la Balance a panché à Vôtre préjudice: Car il paroit que V. M. a fourni au delà de fon jufte Contingent, trois Millions, cent cinquante cinq mille écus, fans les extraordinaires paiez en Italie, qui ne font point compris dans aucun des Articles précedens, & qui montent à cinq cens trenteneuf mille, cinq cens cinquante trois li

vres.

Nous avons détaillé tout ceci à V. M. de la maniere la plus courte qu'il nous a été poffible; Et par un Calcul appuié fur les Faits marquez ci-deffus, il fe trouve, qu'au delà du Contingent de la Grande-Bretagne, proportionné à celui de vos Alliez, V.M. a dépenfé, durant le cours de cette Guerre, plus, de dix-neuf Milions, & qu'aucun des Alliez n'a pas fourni la moindre chofe pour contrebalancer cette fomme.

C'est avec beaucoup de chagrin, que nous trouvons tant de fujet de représenter le mauvais ufage qu'on a fait du zêle de V. M. & de vos Peuples pour le bien de la Caufe commune, qui n'a pas été auffi avancé par-là qu'il feroit à fouhaiter, en ce que les autres ont abufé de cette ardeur pour se décharger à nos dépens, & qu'on a fouffert qu'ils aient mis leur portion du Fardeau fur ce Royau

me,

me, quoi qu'à tous égards ils foient autant ou plus intereffez que nous dans le fuccès de cette Guerre. Nous fommes perfuadez que V.M. nous pardonnera, fi nous témoignons du reffentiment fur le peu d'égard qu'ont eu pour les interêts de leur Patrie quelques-unsde ceux qui ont été employez au fervice de V. M., lors qu'ils ont fouffert qu'on lui en impofât d'une maniere fi déraisonnable, s'ils ne font pas eux mêmes en quelque forte la principale caufe de ces mauvais tours: Il y a eu quelque chofe de fi extraordinaire dans la fuite de ces mauvais tours, que plus les richesses de ce Royaume ont été épuifées, & plus les Armes de V. M. ont obtenu d'heureux fuccès, plus nôtre fardeau s'eft apefanti; pendant que de l'autre côté, plus vos efforts ont été vigoreux, & plus vos Alliez en ont retiré de grands avantages, plus ces mêmes Alliez ont diminué de la portion de leur dépenfe.

Dès qu'on cut entamé cette Guerre, les Communes en vinrent tout d'un coup à des efforts extraordinaires, & à donner de fi gros Subfides, qu'on n'a jamais rien vûde pareil, dans l'efperance de prévenir les malheurs d'une Guerre languiffante, & d'amener bien-tôt à une heureuse conclufion celle où nous étions néceffairement engagez; mais l'évenement

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