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Samedi 25, à huit heures du foir, M. Durofoy, auteur de la Gazette de Paris, a perdu la tête, place du Carroufel, par jugement du tribunal criminel.

La fection des Quinze-Vingts vient de prendre un arrêté dans lequel elle rend hommage aux écrivains patriotes de l'empire, & leur vote des remercimens. Au numéro prochain nous ferons connoître cet arrêté..

Il eft parti de Paris, famedi matin, trois mille hommes, avec huit pièces de canon, pour Orléans. On ne fait pas encore quelle eft leur miftion.

Extrait de l'interrogatoire des gens de la fuite de Louis XVI, fa femme & fon fils.

Madame Lamballe a dit n'avoir aucuns renseignemens à donner fur la journée du 10, & avoir, comme parente, fuivi le roi à l'affemblée nationale. Interrogée sur ce qui s'étoit passé au château dans la nuit du 9 au 10, a répondu que voyant qu'il pouvoit y avoir du bruit, elle s'étoit rendue à une heure du matin chez le roi, qui n'y étoit pas, mais dans l'appartement duquel il y avoit du monde. Elle a dit que le roi étoit allé voir les troupes à fix heures, & qu'il étoit defcendu chez elle; qu'elle n'a aucune connoiffance de canons, &c. Qu'elle ne connoît aucune iffue fecrète, qu'elle n'a vu ni Mandat, ni d'Afry, ni aucun officier général, mais feulement M. Rhoderer.

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Lorimier de Chamilly, premier valet de chambre de Louis XVI. Il n'a rien, abfolument rien vu; seulement il a entendu crier vive le roi lorfqu'il eft defcendu la première fois au jardin vers fix heures. Lorimier, grenadier des Filles Saint-Thomas, eft fon neveu. Quant à la teneur d'une lettre fufpecte, où il recommande au blanchiffeur de n'apporter que de petits paquets, afin d'avoir lieu de revenir plus fouvent, il a répondu que c'est pour plus de commodité.

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Hue, valet-de-chambre du prince royal. Celui-ci, hahitant le château depuis huit jours & étant à minuit à fon fervivice, a vu au château des fuiffes & de la gendarmerie. Le roi, a-t-il dit, s'eft rendu à fix heures à la falle du confeil, où étoient, autour d'une table, monfieur Rhoderer & plufieurs officiers municipaux. Il n'a pas entendu ce qu'on y difoit; mais il préfume qu'on,

délibéroit fur les ordres à donner relativement à la force publique, le roi a été enfuite paffer en revue la garde nationale & les fuiffes, que l'un & l'autre ont crie vive le roi. Lui valet-de-chambre a fauté par une fenêtre de madame de Lamballe, donnant fur la terraffe du jardin; il s'eft fauvé par une porte du jardin du prince royal, & eft all é fe baigner. Il a vu plus de cent perfonnes for. tir de la chambre du roi fous toute forte d'habits, & armés de piftolets & d'épées. Il a vu MM. de Backmann & Witinkof. Il a dit n'avoir pas reconnu tous ces gen's armés de toutes armes, & qui font partis de la galerie. Il n'a pas vu M. Thierry de toute la journée du 10. Il n'a pas vu M. de Narbonne avec MM. Mandat, la Chenaie, de Poix, de Brienne, l'ancien ministre, ni avec M. de Mailly. Il n'a pas vu non plus M. Pétion au château. Il a avoué qu'il étoit de fervice chez le roi, & qu'il avoit feint le coucher le foir du départ pour Varennes; M. de Liancourt étoit à fe coucher; mais il n'y pas vu Lafayette.

Madame Thibault, première femme-de-cha bre d'Antoinette. Elle attefte qu'elle n'a aucune connoiffance du raffemblement au château, non plus que du ferment prêté par les troupes, non plus que la porte fecrète par où les gens armés fe font enfuis. Elle a avoué que le roi eft defcendu vers les fix heures fur la terralle, & que c'eft alors que les fuiffes fe font rangés dans le château. Elle convient qu'il y avoit des canons de la garde nationale fur la terraffe. Elle dépofe que MM. Chameloz & Julien étoient venus chercher le prince royal. Elle n'a pas vu MM. Manduit & d'Afry fils tenant confeil. Elle n'a pas eu connoiffance du vin & de l'argent donnés aux fuifles.

Madame Tourze le, gouvernante des enfans de Louis XVI. Elle ne peut donner aucuns Tenfeignemens fur cette journée; elle n'a 'vu le roi qu'à fix heures du matin, & lui a conduit fon fils dans fon appartement; elle a feulement entendu dire qu'il y auroit du bruit ce jour-là, & a vu M. Rhoderer confeiller au roi, en préfence de M. de Poix, d'aller à l'affemblée nationale; elle n'a vu ni juges de paix, ni officiers - généraux, ni membres du directoire. Le 21 juin 1791 elle eft fortie par la porte du duc de Villequier, & n'a point vu ceux qui accompagnoient

fa voiture.

Madame Saint-Brice, femme-de-chombre du prince royal. Elle n'a rien vu, rien entendu dans la nuit du 10, n'étant defcendue qu'à fept heures chez le prince royal; elle n'a aucune connoiffance des iffues fecrètes, ni du projet d'évasion à Rouen: en entrant au château par la

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cour des princes, elle avoit vu très-grand nombre de gardes nationales & de fuiffes fur l'efcalier.

Madame Bazire, femme-de-chambre de la fille du roi, n'a rien vu, n'a connoiffance de rien.

Tous ces interrogés ont attesté que depuis que Louis XVI eft au Temple aucunes lettres ni paquets ne lui font par

venus.

Adreffe des juges & commiffaire du roi du diftri& de MauLéon, à Louis XVI.

« Sire, pénétrés de la plus vive indignation, & les ceeurs pleins des détails affreux du 20 juin, nous cédons au befoin de faire parvenir à votre majefté l'expreflion de la plus profonde douleur. Non, fire, ce peuple qui habite le fond des Pyrénées, ces Bafques toujours jaloux du titre de vos fidèles fujets, n'ont pu, fans frémir d'horreur, entendre le récit de cet attentat facrilége; mais le ciel protége vos vertus & nos défirs, puifque ces factions n'ont fervi qu'à vous rendre plus cher, qu'à électrifer, à enflammer l'amour de vos fujets, enfin à mettre dans le plus grand jour la magnanimité) de votre ame. Que nous aimons, fire, à répéter dans les élans de notre admiration ces fublimes paroles ! L'honnête homme qui fait fon devoir, n'a ni crainte, ni remords: oui, ce fentiment délicieux devoit vous retracer toutes vos vertus, & il ne le pouvoit pas, fans vous convaincre de l'amour de vos fujets, fans vous dire que ces braves citoyens qui étoient à vos pieds, prêts à verfer leur fang pour vous défendre, étoient l'image de tout votre peuple. Dignes Français qui confervez ce noble dévoûment, cette fidélité fainte, attribut antique de la nation, recevez le témoignage de notre éternelle reconnoif fance.

» Daignez, fire, agréer, quoique tardive, l'expreffion refpectueuse de nos fentimens. Nous n'avons pu vous la faire parvenir fitôt que nous l'aurions défiré, & ce n'est pas la feule fois que nous avons dû gémir en filence fur des événemens qui ont affligé votre majefté & cette augufte reine, fi digne d'être heureufe; mais bientôt, s'il refte fur la terre un prix pour la vertu, les Français dans une fituation plus tranquille, confoleront ce cœur fenfible & généreux, par les épanchemens de leurs regrets & les hommages de leur jufte admiration. Nous tâcherons, fire, de concourir à l'accompliffement d'un vœu fi cher, en nous dévouant (foutenus de cette fermeté dont votre majesté nous a donné un fi bel exemple) au maintien de loix, de la sûreté des perfonnes, des propriétés, & à tout ce que peut & doit infpirer le plus ardent amour

& la plus inviolable fidélité pour notre roi. Nous fommes avec le plus profond refpect, fire, de votre majefté, les très-humbles, très-fidèles fujets & ferviteurs, les juges & commi aire du roi compofant le tribunal du diftrict de Mauléon, département des Baffes-Pyrénées. Signés, SUNHARY, préfident; LANCEL, commiffaire du roi; ETCHECUPAR, CASENAVE, LANDRETLOY. Le 9 août 1792.

Réponse du miniftre de la juflice.

« Les détails du 20 juin vous ont, meffieurs, pénétrés d'indignation; mais que direz-vous donc des détails du 10 août ? Qu'avez-vous dû dire des détails du 14 juillet 1789 ?

»Je conçois bien qu'à Coblentz on s'indigne au récit de tous ces hauts faits, qui, en illufirant la nation française, ont affuré à jamais fon bonheur; mais qu'en France des délégués du peuple, des organes de la loi, c'est-à-dire de la fouveraineté de la nation, tiennent encore ce langage, c'est ce que je ne puis concevoir. Si Vous n'étiez que de vils efclaves, fi votre adreffe au roi ne déshonoroit que vous-mêmes, ou je ne répondrois point, ou je me contenterois de vous exprimer le mépris qu'infpirent naturellement les fidèles fujets d'un roi; mais quand je confidère que vous avez voulu rendre complice de votre ignominie ce peuple qui habite le fond des Pyrénées, ces Baiques, fi jaloux de la liberté, je ne puis m'empêcher de prendre ici leur défense, je ne puis m'empêcher de leur faire connoître les hommes qui les ont accufés d'être des efclaves.

» Vous avez, meffieurs, indignement calomnié une grande nation; elle fera généreufe, elle vous pardonnera cette offenfe; mais je veux qu'elle fache au moins le nom de fes calomniateurs.

» Allez, fidéles fujets d'un roi, allez, méprifables adorateurs d'une reine, apprenez que depuis long-temps vos concitoyens n'adorent que la liberté, fe glorifient de n'être fujets que de la loi !

»Voilà les fentimens de tous les membres de la grande famille; voilà les fentimens que j'ai toujours portés dans mon cœur ; voilà les fentimens que le temps & le remords laifferont peut-être un jour pénétrer jufqu'à vous: à ce titre, & feulement à ce titre, vous pouvez espérer de vous réconcilier avec les citoyens d'un empire, qui, depuis quatre ans, ne compte plus de fujets, qui déformais ne comptera plus que des hommes.

Le minifire de la juftice; Signé, DANton.

Nous avons donné, pages 288 & fuivantes du No. 162, copie des pièces trouvées dans le fecrétaire du roi. La collection de ces pièces & de beaucoup d'autres trouvées dans les papiers de mer hears Montmorin, Laporte d'Abancourt, &c., a été ordonnée par l'affemblée nationale. Nous continuerons de les donner toutes dans l'ordre qu'on aura fuivi.

Diverfes pièces inventoriées chez M. Delapore, adminiftra teur de la lifte civile, lues à l'affemblée nationate & im primées par fon ordre.

Confeil à la garde nationale parifienne, relativement aux événemens des Champs-Elysées, & à la déclaration du duc de Brunswick, au nom de LL. MM. l'empereur & le roi de Pruffe.

Gardes nationales parifiennes, laiffez-là toutes vos affaires vons n'en avez plus qu'une dont vous devez vous occuper uni quement pendant huit jours; celle de vous défendre de l'armée de brigands introduite dans vos murs, & accrue prodigieufement depuis un mois, & celle de défendre votre roi & fon augufte famille, pour fauver vos propriétés & vos vies de la fureur des puiflances voisines qui vous enfeveliront fous les ruines de votre ville, fi vous fouffrez qu'il foit fait la moindre infulte à vos maîtres.

»Ne quittez plus vos armes; établiffez des camps dans le Cars rouzel, à la place Vendôme, à celle de Louis XV, & fut les quais du Louvre & des Tuileries; couchez fous la tente, & que tous les honnêtes citoyens s'empreffent de vous y fervir, de vous y porter les choses nécessaires à la vie, celles même qui peuvent contribuer à votre aifance,

» Établiffez un GOUVERNEMENT MILITAIRE & demander un chef intelligent, expérimenté & plein de zèle; c'eft le feul confeil qui me refte à vous donner. Vous ne m'avez pas cru jufqu'à préfent; je vous ai cependant annoncé tous les malheurs dont vous vous plaignez déjà, & ceux qui vous menacent encore.

» Vous n'avez pas voulu reconnoître vos plus dangereux ennemis; vous avez faiflé groffir l'orage qui s'amaffoit fur vos têtes, vous avez eu la lâcheté de fouffrir que des Génois, des Piémontois, des brigands entraflent armés dans votre ville, & euffent l'audace de vous y faire la loi, & d'affaffiner vos camarades ; vous avez reconnu alors la fageffe de mes avis, Encore une fois ne quittez plus vos armes, ne vous féparez plus; & fi vous avez parmi vous des partifans de l'anarchie, challez-les & mettez-les dans l'impoffibilité de vous faire du mal".

Extrait d'une lettre en date du 16 février.

« Voici, mon très-cher, une anecdote que vous pouvez faire inférer dans le journal.

Venteuil eft un village affez confidérable, à deux lieues d'E No. 163. Tome 13:

E

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