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elles foient cenfées avoir contrévenu audit Traité; parce qu'en effet, autres font les obligations, auxquelles leurs Majeftez font tenues comme Electeurs & Princes Germaniques en vertu des Conftitutions Impèriales, & autres celles qu'elles ont contractées, ou peuvent contracter, par leurs Alliances en qualité de Rois, & de Princes Souverains, ou indépendants de l'Empire.

Vaines échapatoires. Loin que cette Dif tinction puiffe fervir à juftifier l'Alliance de Hanovre, c'est par-là même qu'on peut en montrer l'infubfiftance, & l'opofition aux Lois de l'Empire. Oui, le Roi de la Grandre Bretagne, comme tel, eft un haut & Puif. fant Souverain, qui a tout le Droit imagina-' ble de faire des Alliances, & de les exécuter independamment des Loix de l'Empire, & l'on ne contefte, pas les mêmes avantages au Roi de Pruffe. Mais ces deux Roix, fuffentils encore plus grands, & plus puiffants, qu'ils ne font, en ces qualitez, ils n'en feroient pas moins tenus, comme Electeurs & Princes de l'Empire, aux mêmes Dévoirs & Obligations, que le font tous les autres Electeurs & Prin

ces.

Or ces Dévoirs, quels font ils? Croiroiton bien les pouvoir reduire à la fimple Prestation du Contingent matriculaire, en cas d'une Guerre déclarée, ou d'un Armement commun de l'Empire? Cette pensée séroit excufable dans un Etranger, peu ou point inftruit de la Conftitution de l'Empire, & qui n'auroit point d'intérêt à s'en informer. Mais on ne la doit point fupofer dans aucun Etat ou Membre de cet Augufte Corps, & moins en

core

core dans un Electeur, qui réçoit l'Inveftiture de fes Etats des mains de l'Empereur, car ces Devoirs font clairement exprimés, dans le Serment, qu'il fait en cette occafion folemnellement par la bouche de fes Miniftres, & que leurs Majefté Britannique & Pruffienne y ont elles mêmes fait & prêté, dans la manière accoutumée. En voici le Formulaire tout entier.

Nous ci-deffous nommés N. Baron de N. N. N. de N. & N. N. Mandataires pleinement authorifés de nôtre-très-gracieux Seigneur le Sereniffime Prince, & Seigneur N. N. Duc de N &Comte N. Electeur au faint Empire, promet tons, & prêtons ferment au nom, en l'ame du fufdit nôtre très-gracieux Seigneur, en vertu du plein pouvoir, qui nous a été donné par S. A. E. fur le faint Evangile, que nous touchons ici corporellement, que nôtre dit très-gracieux Seigneur à l'avenir, & dès à préfent fera fidelle, devoué, & obeisant à vous très Séréniffime, très-puifant & invincible Prince, & Seigneur Empereur des Romains, & à tous les Succef feurs de V. Majefté Imp. auffi Empereurs, & Rois Romains: & à l'Empire & qu'il ne fera, ni ne devra être du Confeil, où l'on entreprendroit quelque chofer contre la perfonne, dignité, & bonneur de Votre Majesté Imperia le, & qu'il n'y confentira en aucune manièrez mais que S. A. E. envisagera, & procurera toujours les intérêts, l'honneur, & l'avantage de Sa Majesté Imperiale, & du faint Empire felon toutes les forces; & quand S. A. E. s'az percevroit, qu'on negocieroit, on entreprendroit quelque chofe contre la perfonne de Votre Majefté Imperiale, ou contre le faint Empire, S.

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A.

A. E. en avertira fidelement fans delai Votre Majefte Imperiale & fera d'ailleurs tout ce qu'il Se doit faire, par un fidele Electeur, & Feudataire du faint Empire, felon le droit, & la coutume, le tout fidellement, & fans fraude; ainfi Dieu & fon Evangile aide le fufdit nôtre très-gracieux Seigneur.

Ces paroles n'ont pas befoin d'explication; elles font claires, & tout hommes, qui les lit, ou qui les entend lire, peut aifément comprendre, fi les Devoirs d'un Electeur, ne confiftent qu'à fournir fes Contingents dans les Cas requis, & fi moyennant cela, il peut conferver fes Alliances, avec un Ennemi declaré de l'Empereur, & de l'Empire, entrer dans fes Confeils, favorifer les Deffeins & fes armes, & lui fournir enfin, comme Prince étranger, tous les fecours d'Hommes & d'Argent, qui feroient en fon pouvoir. Quelle monftreufe jurifprudence feroit celle là, qui, à la faveur d'une Principauté étrangere, grande ou petite, affranchiroit un Electeur de tous fes Devoirs envers l'Empereur, & l'Empire, hors la fourniture des Contingents, & le mettroit en état de tenir fa place dans le College Electoral, & dans celui des Princes, d'y donner fes Voix, & d'exercer le Directoite dans les Cercles, pendant que peut-être fes Armées, jointes à celles d'un autre Prince étranger, ravageroient les Provinces de l'Empire, & y commettroient toutes les hoftilités, qui accompagnent néceffairement les Guerres déclarées. On ne peut s'empêcher de le dire encore une fois, afin qu'on n'en prétende point Cause d'ignorance. On ne difpute nullement aux Couronnes é

tran

trangeres les Droits de Paix & de Guerre, qui leur appartiennent, & on ne prétend point les atirer ni directement ni indirectement fous les Loix de l'Empire. Mais on croit, que quand un Electeur, ou un autre Prince y parvient, foit par Election, ou autrement, l'Empereur & l'Empire ne perdent rien du Droits, qu'ils avoient fur ces Etats? Que l'Independance, d'un Roi étranger, & la Fidelité d'un Prince de l'Empire peuvent fort bien s'accorder dans une même Perfonne, parce que la Raison & la Justice font de tous Païs, mais que fi le contraire arrivoit, ce que Dieu veuille détourner, & que le Prince de l'Empire devenu Roi étranger, voulut en vertu de fa nouvelle independance, attaquer l'Empire, ou fe joindre par des Alliances à fes Ennemis déclarés, il ne pourroit pas éviter de tomber, pour les Etats Germaniques, fous les peines portées par les Conftitutions Imperiales.

Il faut efperer que les Rois de la Grande Bretagne & de Pruffe y feront réflexion, avant de pouffer plus loin les engagements de leur nouvelle Alliance. 11s poffedent l'un & l'au tre dans l'Empire des Etats, des Dignités, & des Prerogatives, qui meritent bien de n'eftre pas legerement harzardées. On voit clairement ce que les deux Rois pourroient perdre, en cas de non-Succez, dans une Guerre entreprise contre les Loix de l'Empire; mais on n'aperçoit pas de même ce qu'ils pourroient y gagner, quand même elle reuffiroit au gré de leurs deffeins. Quoi qu'il en foit, ce ne fera jamais à l'Empereur, ni à fes Miniftres que l'on dévra fe prendre des malheureuses confequences qu'elle pourroit entrainer. Les Trai

tez

tez de Vienne, qui femblent avoir innocemment occafionné celui-ci, font faints. Tout y refpire l'amour de la Paix, du Repos, & du bien public. Les fameux Differents de la Suc-. ceffion d'Espagne, qui interreffoient fi confiderablement toute l'Europe, y font definitivement terminés, & ceux qui pouvoient s'élever dans la fuite, au fujèt des Réglements faits pour celles de l'Augufte Maison, de la France, de l'Efpagne, & de la Grande-Bretagne, y font prevenus par les fages Garanties, qu'ils contiennent; l'Empereur y renonce à la plus grande partie de fes Prétentions mais il y acquiert la Gloire, & la fatisfaction d'avoir mis le fceau à la Paix de l'Europe en général, & à celle de l'Empire, en particulier. L'Efpagne eft contente; l'Italie y trou ve fa Paix, & fa feureté; les Droits de l'Empire y font maintenus, & les Peuples de part & d'autre, beniffent le Ciel du rétablissement du Commerce, & de la bonne Correfpondance, fi long-tems interrompue entr'eux. Le Roi de Sardaigne n'y perd rien non plus. Un échange de la Sicile, à l'alienation de laquelle P'Empereur n'auroit jamais confenti, lui affeure la Poffeffion paifible, ceftaine, & incontesrée d'une autre Couronne, pour lui & pour tous les Mâles de Sa Royale Maifon à perpétuité. Enfin les Cours de France & de la Grandefujèt de s'en plaindre, : puifque leurs Droits n'y font point touchés, & qu'au contraire la Quadruple Alliance, qu'elles ont crue fi néceffaire à leur propre feureté, & au bonheur de leurs Peuples, y eft entièrement confirmée.

.

Bretagne, n'ont pas

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Voilà tout ce qui fe peut dire des Traitez

de

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