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à la Couronne de Suede de fon amitié & confideration en lui envoiant une Ambaffide folemnelle, & en choififfant pour cette fonction une perfonne de diftinction & un Miniftre de longue experience, n'a pû qu'être trèsagreable à Sa Majefté Suedoife, & à toute la Nation: Sa Majesté l'ayant regardé avec raifon comme une preuve antenrique de la fincere intention de Sa Majefté l'Imperatrice, de cultiver avec foin, & d'affermir de plus en plus la bonne intelligence, qui fubliste entre Leurs Majeftez & leurs Etats, également falutaire aux Peuples de part & d'autre, & qui ne fauroit manquer de les rendre heureux en les faifant jouir paifiblement des fruits d'une longue paix après une Guerre fatale & ruineuse.

C'est dans la même vûë, & pour s'affurer la jouiffince d'un bien fi precieux, que Sa Majefté le Roi & la Couronne de Suede fe font empreffez de prevenir Sa Majefté l'Imperatrice par une pareille miffion folemnelle, d'abord après fon élevation fur le Trône de Ruffie, & de relever par cette demarche l'éclat du commencement de fon Regne.

En cultivant d'un côté avec tant de foin l'amitié de la Ruffie, Sa Majefté le Roi & la Couronne de Suede ont jugé que de l'autre il étoit également neceffaire & conforme à leurs interêts, auffi-bien qu'à la justice, de menager les autres Puiffances, fes Amis, dont l'intention & les mefures tendent au même but, à favoir, au maintien de la tranquilité publique dans l'Europe, & particulierement dans

le Nord.

C'est ce qui a fait que Sa Majefté le Roi &

la Couronne de Suede n'ont pû se dispenser d'écouter favorablement l'invitation amiable que les Puiffances alliées du Traité de Hanovre lui ont fait faire d'y vouloir acceder & d'entrer fur cela avec elles pour en parler, jugeant avec raison, & après une difcuffion exacte & meure, qu'en cela elles ne faifoient rien qui bleffat le moins du monde les Traitez & engagemens avec la Ruffie.

Cependant Sadite Majefté le Roi, & la Couronne de Suede ont apris contre toute attente, que Mr. l'Ambaffadeur de Ruffie, bien loin de goûter ces fentimens, & ces vûes fi équitables & pacifiques, n'a pas feulement continué à faire toutes fortes de Remontrances pour détourner S. M. & la Couronne de Suede, de cette acceffion, mais la representa même comme une contravention manifefte aux Traitéz & d'un deffein formé de rompre la bonne intelligence & l'amitié avec la Ruffie.

Mais il plaife à Monfieur l'Ambaffadeur de confiderer que les Traitez de 1721. & 1724. qu'il allegue, font des Traitez de Paix & d'amitié, dont le but étant fans contredit la confervation de la tranquillité publique, toute Convention tendant au même but n'y fauroit être contraire. Sa Majefté ayant fait examiner long tems & avec foin celui de Hanovre, bien loin d'y trouver le caractere de reprobation, dont Mr. l'Ambaffadeur l'a bien voulu charger, n'y a remarqué qu'un deffein formé & bien fuivi d'affurer la Paix à l'Europe contre des attentats qui pourroient un jour la troubler, elle ne trouve point la moindre raison de foupçonner les Puiffances alliées d'un deffein contraire.

La

La mefintelligence qui dure encore entre les Cours de Ruffie & de la Grande-Bretagne eft une autre raifon de laquelle Mr. l'Ambas fader tâche d'interer que tous nouveaux engagemens entre la Suede & cette derniere Couronne feroient contraires à ceux dans lefquels la Suede fe trouve avec la premiere. Sa Majesté & la Couronne de Suede font. bien fachez de voir continuer ces brouilleries, & fouhaiteroient de pouvoir contribuer à leurs compofitions amiables, mais Mr. l'Ambaffadeur conviendra lui-même que la Ouronne de Suede ne fauroit participer à des differens qui ont pris naiffance dans ces tems malheureux de Guerre, dont Mr. l'Ambaffadeur a bien voulu lui-même faire mention, au contraire elle voudroit plutôt en pouvoir effacer pour jamais la trifte Memoire, en fatisfaifant à l'obligation qu'elle s'eft impofe elle même par l'amniftie generale. Si Sa Majesté Britannique a envoyé l'Eté paffé une Efcadre dans la Mer Baltique, elle s'eft expliquée elle-même fur le fujet de cet envoi envers S. M. l'Imp.

On a donné fur cela d'abord au Ministre de Sa Majefté l'Imperatrice Monfr. le Comte Gallowin une declaration réelle & pofitive, & on eft perfuadé que cette circonstance doit convaincre Mr. l'Ambaffideur de la conduite innocente de la Suede. Se repofant avec une entiere confiance fur la foi des Traités, elle croyoit n'avoir rien à craindre des armemens confiderables qui fe faifoient de part & d'autre, bien loin d'armer à fon tour.

Il a plû à Monfieur l'Ambaffadeur d'alleguer un plan qu'on lui communique, cette Piece fans date ne peut point servir de

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preu

preuve aux confequences qu'il lui plût d'en tirer, elle paroit être plutôt une invention de quelque efprit malin attentif à répandre des femences de defiance & de defordres. Bien loin d'entrer dans de telles vûes, fupofé qu'il y en eut de pareilles, Sa Majefté le Roi & la Couronne de Suede feroient les premiers à s'y opofer de toutes leurs forces.

Avec quel fondement peut-on donc le foupçonner du deffein de vouloir contrevenir manifeftement aux Traitez de Paix & d'Alliance avec la Ruffie.

Qu'on parcoure d'un bout à l'autre les Annales du tems paffé, on y verra toujours la Suede occupée à fe defendre avec courage, à fecourir genereufement fes Amis & Alliez, les uns dechirez par des foulevemens inteftins, & attaquez par des voifins avides, les autres oprimez par raport à ce qu'il y a de plus precieux au monde, à favoir la Religion & la liberté.

Enfin on allegue comme un argument demonftratif des deffeins violens des Alliez de Hanovre, les ftipulations qu'ils font pour avoir certains corps de Troupes à leur folde en payant des fubfides.

Jamais on n'a mis en doute encore, qu'il ne foit permis de s'armer pour fa propre defenfe. La precaution & la prudence le demandent. Tous les Souverains de l'Europe exercent ce Droit, fans qu'on les foupçonne pour cela de mauvais deffein.

Et fi de pareils foupçons devoient avoir lieu, quel jugement la Suede n'auroit - elle point fujet de faire?

Par ce qu'on vient de dire, on ne doute au

cune

cunement que Mr. l'Ambaffadeur ne foit fufffamment convaincu de la compatibilité de l'acceffion de la Suede au Traité de Hanovre, avec les engagemens où elle se trouve avec la Ruffie, lefquels elle aura toujours foin de garder religieufement.

Sa Majefté ayant fait examiner, & pefer avec la derniere exactitude pendant plufieurs mois, tous les articles & claufes de ce Traité, n'y a rien trouvé que d'innocent & conforme aux regles d'une jufte defenfe. Ce n'est qu'après un examen fi long & fi meur, qu'elle s'eft determinée à y acceder, ayant trouvé auffi defobligeant qu'injufte de refuser une invitation fi amiable faite par deux puiffantes Couronnes de l'Europe, & qui ont été fes Aldiez de tout tems.

L'acceffion s'eft faite à des conditions qui laiffent les Alliances & Conventions enterieures dans leur entiere vigueur, & la marque au coin de l'impartialité, qui eft le vrai caractere des Alliances defenfiues, imaginées pour le bonheur & la tranquilité du genre humain.

On n'a point negligé pendant cette longue Negociation les interêts de Son Alteffe Royale Mr. le Duc de Holftein, & de difpofer les Couronnes de France & de la Grande Bretaà les prendre à cœur.

gne

On a même pouffé les inftances auffi loin qu'il a été poffible; Sa Majefté a lieu d'efperer d'en voir les effets, lorfque par ce nouveau noeud d'amitie on aura gagné la confiance de ces Puiffances, & que Son Alteffe Royale voudra bien s'aprocher d'eux, pour une fin fi defirable & falutaite.

Ainfi bien loin que cet évenement doive don

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