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mettre avec ces hardes. Cy elle ne vient, je m'en retourneray en Avignon. Je vous feray scavoir cy l'on trouve de beau vélin icy pour Mons' de la Fleur; il me dit tousjours qu'il vous fera quelque chose, mais je les vois tous si fort afféré que je ne say ce que c'en sera; c'est un étrange tracas que Paris, ce qui ne me plaist nullement. Il vous salue très humblement, comme faict aussy Mons. Ebrard, et moy je salue de tout mon cœur, et avec vostre permission, Mademoiselle vostre femme, et toute la belle famille, et Messieurs vos frères. Voilà tout ce que je puis vous escrire pour le présent, et fort pressé de vous asseuré que je suis et ceray toute ma vie

Vostre très humble et obéissant serviteur

MIGNARD.

Toutes les meilleures nouvelles que je vous saurés donner de ce pays, c'est que nostre grand Roy prand grand soin de toutes ces affaires et faict merveilles, voulant avoir cognoissance de tout.

La lettre est accompagnée de cette note, de la main de M. Calvet :

« Nicolas Mignard à M. de Félix. Nicolas Mignard avoit envoyé à Avignon un double de sa main de ce superbe tableau, que j'ai vu mille fois; en 1794, dans le moment le plus violent du terrorisme, Mad. de Prilly, fille de M. Mignard d'aujourd'hui et arrière-petite-nièce de Nicolas, brûla ce beau portrait du Roy. Il y auroit eu bien des moyens de le conserver sans courir des risques. >>

C'est sur une copie prise autrefois par M. Niel au musée Calvet à Avignon, copie qui nous est communiquée par M. Fillon, que nous imprimons cette curieuse lettre. M. Niel y avait ajouté comme note: « La lettre ne serait-elle pas plutôt de Pierre Mignard » et nous sommes de son avis. La liste de ses portraits,

1. S'agit-il du peintre Charles Errard?

d'après l'abbé de Monville (Voir le volume des Archives de 1874-5, p. 133-4), parle du portrait du cardinal Mazarin « fait plusieurs fois », ce qui conviendrait avec cette perte de deux cens pistolles, et aussi des portraits du duc d'Epernon et du maréchal de Grammont vers la date de 1660-1661. Pierre Mignard avait une maison à Avignon acquise en 1659 (p. 27) et revendue à la fin de 1662 (p. 97). — Sa femme a pu s'arrêter à Avignon et y demeurer un certain temps entre son départ de Rome et sa venue à Paris. De plus, ce qui nous paraît décider la question, Nanteuil, Poilly et Van Schuppen ont gravé un portrait de Louis XIV d'après Pierre Mignard. M. Niel nous paraît par là avoir raison contre M. Calvet, et la lettre doit être de Pierre et non pas de Nicolas.

A. DE M.

DEUX TABLEAUX

DE

SIMON VOUET

1664.

Document communiqué par M. B. Fillon.

Aujourdhuy dix neufviesme jour d'apvril mil six cens soixante et quatre, moy Emmanuel de Crussol, comte de Crussol, espoux de haulte et puissante dame Marie Julye de Saincte Maure1, ay repceu de haulte et puissante dame Julye d'Argennes, marquize de RambouilletMontauzier, agissant au nom de haulte et puissantedame Catherine de Vivonne-Savelle, marquize de Pizany, sa mère, troys tableaux garnys de leurs bordures, sçavoir un, le Mariage de Saincte Catherine avecques Nostre Seigneur Jesus-Christ, peinct par M. Symon Voet; Saincte Julie par le susdict Voet, et ung Crucifix d'argent doré, du poids de onze marcqs; de tout quoy donne la présente quittance et descharge à ladicte dame marquize de Pisany.

EMMANUEL DE CRUSSOL.

1. Emmanuel de Crussol était marié depuis peu à Marie-Julie de Sainte-Maure; le contrat de mariage, que je possède, est du 15 mars 1664. La quittance qu'on vient de lire est tirée des papiers de M. de La Boutière. B. F.

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QUITTANCE DU PRIX

D'UN FLAMBEAU

PAR

CLAUDE BALLIN

(Mars 1665).

Communiquée par M. B. Fillon.

Je soubzsigné, Claude Ballin, Orfebvre du Roy, recognois avoir reçeu de Monsieur Ierosme Duboys, mandataire de Monsieur le Conte de la Rochefoucauld, la somme de deux cens dix livres tournoys, que le dict Monsieur le Conte me debvoit pour la fasson d'un flambeau de main, que j'ay faict conforme au patron à moy remis; de laquelle somme de deux cens dix livres. je tiens quipte le dict Duboys, au dict nom, et m'en tiens content et satisfaict, et n'en auray plus rien à requerir. En vérité de quoy ay signé la présente quiptance de mon seing manuel, à Paris, le vije jour de mars 1665.

BALLIN.

M. Jal, dans son Dictionnaire critique, a consacré à cette illustre famille d'orfèvres un long article rempli de faits nouveaux et de dates. Nous y renvoyons nos lecteurs, en constatant qu'il s'agit ici de Claude Ballin, nommé par M. Jal Claude I, né en 1615, mort en 1678.

TRAITÉ DE PERSPECTIVE

MANUSCRIT INÉDIT DE

SÉBASTIEN LE CLERC

vers 1680.

Document communiqué par M. Meaume.

La nomination de Sébastien Le Clerc, comme professeur titulaire de perspective à l'Académie, est antérieure à l'année 1680. On le voit en effet figurer en cette qualité, et à cette date, dans la liste chronologique des professeurs et des professeurs adjoints de l'Académie de peinture et de sculpture publiée par M. Dussieux (Archives de l'Art français, t. I, p. 417). Toutefois, le document cité ne fait pas connaître la date à laquelle Le Clerc a été pourvu de la chaire de perspective. Celle qu'on y trouve se rapporte à la nomination de Louis Joblot comme adjoint à Sébastien Le Clerc, professeur titulaire, et cette nomination est du 24 février 1680. Pourquoi le titulaire désira-t-il avoir un adjoint peu d'années après son entrée en fonctions? La raison en est, selon toute vraisemblance, dans la multiplicité de ses travaux qui absorbaient alors tout son temps. Sans doute il ne renonça pas immédiatement à professer; il resta titulaire jusqu'en 1699 et ne résigna définitivement ses fonctions que le 4 juillet de cette année, époque à laquelle Louis Joblot devint titulaire de cette chaire qu'il conserva jusqu'à sa mort, arrivée le 27 avril 1723. On doit conclure de ce qui précède que Sébastien Le Clerc

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