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E T

LE COMMERCE

DES GRAINS

EN

FRANCE,

Avec des Obfervations fur le Commerce
qu'en fait la Ville de Marfeille.

EN TROIS PARTIES.

La premiere traite jufqu'à l'heureuse époque de
l'Edit du mois de Juillet 1764.

La feconde, depuis l'Edit de 1764 jufqu'aujour
d'hui.

La troifieme traite du Commerce des grains que
fait la Ville de Marfeille.

TOME PREMIER.

145

A AVIGNON,

Et fe trouve A MARSEILLE,

Chez JEAN Mossy, Imprimeur du Roi, & de la
Marine, & Libraire, au Parc.

M. DCC. LXXVI

EX LIBRIS
V M.P. ARMELLINI

DID BIBLION GANDI

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ET

LE COMMERCE

DES GRAINS

EN FRANCE,

Avec des Obfervations fur le Commerce
qu'en fait la Ville de Marfeille..

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PREMIERE PARTIE.

E n'aime pas les préfaces; je n'en

;

1

d'obferver qu'en parlant de la fertilité
des terres de la Louifiane dans le fe
cond tome du Commerce de l'Améri-
que par Marseille, j'avois fait quelques
réflexions fur l'importance de notre
agriculture, qui languit par le peu.de

cas que nous en avons fait. Je ne craignis pas de dire naïvement ce que j'en penfois, quoique je préviffe bien que mon fentiment déplairoit à bien des gens, qui, par un préjugé des plus ridicules, s'imaginent que les travaux de la terre aviliffent, & font incompatibles avec l'honneur dont les François font fi jaloux. La plupart, dans la fauffe idée que le bonheur fuit néceffairement le vil prix du pain, voudroient que dans les récoltes les plus abondantes, on fît venir encore de bled étranger, pour que la valeur n'en pût pas augmenter nos principes font fi oppofés, qu'il faut néceffairement que nos fentimens fe contredifent,'

J'ai toujours cru, & (après avoir examiné, lu & relu tout ce que les Economistes & leurs adverfaires ont écrit fur l'agriculture, & fur les encouragemens qu'on devoit lui accorder ou lui refufer) je crois encore que bien loin de favorifer & de récompenfer l'importation des grains étrangers R France, fi ce n'eft dans le malheur d'une difette, qu'un manque de récolte pourroit occafionner, toutes nos faveurs & nos gratifications ne doi

1.

vent tendre qu'à encourager l'exportation du fuperflu des productions de nos terres. Je fuis perfuadé, & tous ceux qui voudront faire un bon ufage de leur raifon, le feront comme moi, que ce font les fruits de la terre qui font la premiere, la principale & véritable richeffe, qui feule doit proportionner la valeur de tout ce qu'il nous a plu d'appeller auffi richeffe. L'argent même n'eft que la repréfentation des valeurs des fruits de la terre ; & il perdroit tout fon prix, ou du moins il ne le conferveroit pas long-temps, s'il n'étoit proportionné avec les premieres valeurs qu'il représente ; d'où l'on doit conclure affirmativement que toutes les efpeces de richeffes que l'industrie femble créer pour rendre les ufages de la vie plus commodes, ou pour fomenter un luxe dont le moindre mal eft de rendre l'homme incapable de tout travail utile, ne font que des richeffes fecondaires & fouvent arbitraires. Leur valeur dépend & doit couler comme d'une fource féconde de la valeur des fruits de la terre, feuls & véritables moyens de fubfiftance, fans lefquels tout le reste devient inutile.

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