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ximes? Sera-ce enfin de la part de ces Puiffances, dont on exige pour préalable, que les offres fur fa fatisfaction qu'elles s'engagent de procurer, foient hautement rejet

tées ?

Quel doute resteroit-il donc à la République fur les véritables Amis à reconnoitre? Les nouveaux Traitez, qui forment aujourd'hui l'attention de l'Europe entière, ne nous les montrent-ils pas, en nous faifant voir les uns auffi occupez de procurer le redreffement de nos Grièfs, que les autres à les accroitre ? Nous prêterons-nous aux infinuations du Miniftre Imperial, qui en demandant notre acceffion au Traité de Vienne, ne l'a pas efperée fans doute? Remplirons-nous fes vâtës, en nous faisant un point de bienféance, de ne point refufer de prendre part à un Traité, qui a confirmé toutes nos allarmes, fans fufpendre en même tems notre acceffion à un` autre qui affure tous nos intérêts? Nous livrerons-nous fur un tel principe à une Letargie, qui mette les Villes du Païs-Bas, déja fi heureufement fituées, en état de fe prévaloir du progrès de la Compagnie d'Oftende pour ramener chez elles l'ancien Commerce, qui ne pourra y revenir fans y attirer notre argent & nos habitans ? Dans de telles circonstances enfin la République mettra t elle fa fureté à vivre deftituée d'Amis contre les vûës d'une Cour dont les entreprises fur notre Commerce annoncent tant d'autres dangers à prévoir, & par la proximité des Etats, & par les auciennes prétenfions à votr reuivre? Je fuis, &c.

Seconde

Seconde Lettre du même au même.

MA

A premiere lettre n'étoit fondée que fur des conjectures & des raifonnemens: Ils me paroiffoient à la verité former une demonftration. Aujourd'hui tout fe verifie par les nouveaux Memoires du Comte de Konig

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La Republique toujours difpofée à écouter, ce que Sa Majesté Imperiale voudroit propofer pour une veritable reparation de fes Griefs fur le Commerce d'Oftende ne fe montre pas plûtôt ferme, cependant à ne vouloir point faire dependre fes deliberations fur l'acceffion au Traité d'Hanovre de l'artivée du Ministre d'une Couronne à qui cette affaire eft étrangere, que tout à couple Miniftre Imperial change de langage; la prefence du Marquis de St. Philippe n'eft plus neceffaire, un pretendu courier arrivé à point nommé de Vienne avec un plein pouvoir, met le Comte de Konigsegg en état de tout terminer. Ce Plein-pouvoir eft produit avec emphase, mais quel eft le but de cette nouvelle tentative? La chofe s'explique d'elle même. On eft bien muni d'un Plein-pouvoir, mais l'ufage s'en reftraint, au cas où la Republique proposera non fes Griefs fur un Commerce élevé contre la foi des Traitez, en vûë d'absorber le notre, mais les temperamens dont nous devrons nous contenter touchant un établissement, fur lequel il n'est plus deformais de la dignité Imperiale de reculer, bien attendu encor qu'un prealable fera de ne point prêter l'oreille à la propofition. d'acceder à l'Alliance d'Hanovre

fans

fans la quelle nous n'aurions jamais eu la fatisfaction de voir Monfieur le Comte de Konigsegg.

Leurs Hautes Puiffances dans leurs reponfes aux premiers Memoires de ce Miniftre ont beau emploier les termes les plus capables de convaincre la Cour de Vienne du cas qu'elles ont toujours fait, & feront toujours de l'amitié & affection de Sa Majesté Imperiale: en vain en rapellent-elles les preuves fuffifantes tirées de tant de fang repandu & de tant de millions facrifiez. Čes reponses deviennent odieufes, dès que la Republique ne prend. point le change, & perfifte a demander l'obfervation exacte des Traitez, & la fuppreffion en confequence d'un Commerce qui y eft contraire: cette demande eft pour le Miniftre Imperial le fignal de la production d'un Troizième Memoire, qui montre la foudre prête a tomber: là on ceffe de feindre; Le Comte de Konigsegg livré aux premiers transports d'une paffion en mécompte, fe developpe, & nous aprend le detail de ce que nous ne pouvions pas foupçonner. Il nous aprend donc (a) & il le declare, declarat que les Cours de Vienne & de Madrid inftruites du Traité conclu à Hanovre, & de ce qu'on y avoit statué fur le Commerce en vûë des Interêts de la Republique, font auffi-tôt convenus de joindre toutes leurs (b) forces conjunctis viribus pour vanger comme une infraction aux Traitez & contre quelques Puiffances que ce puiffe être, le moindre trouble, le moindre empêchement, que Leurs Hautes Puiffances don

(4) Troisième Memoire du Comte de Koniglegg (6) Idem.

neront

neront à la libre Navigation de la Compagnie de Commerce établie dans les Païs-Bas. Fortiter fe vindicandi minime offenfionis aut damni &c., minimum inpedimentum, quod Celfa, & Potentes Dominationes Veftræ dabunt libera Belgii Cæfarei Commerciorum Societatis Navigationi. Nous avons donc au Miniftre Imperial même l'obligation de nous ouvrir les yeux, s'il eut été poffible de les fermer fur les funettes fuites à envifager d'un établissement dont la Cour de Vienne attend un tel acroiffement de puiffance, que fon foutien devient l'objet, qui doit armer l'Espagne, & tous les vaftes États de la Maifon d'Autriche, & allumer le feu de la Guerre dans l'Europe entiere Une telle declaration nous laifle-t-elle encor quelque fujet de doute fur les vaftes idées qui ont donné lieu aux ftipulations du Traité de Commerce conclu à Vienne, & fur l'interpretation à prevoir des articles, qui fous une obfcurité affectée, ont été rendus fufceptibles de toute l'extenfion, dont il n'étoit pas encor tems de s'expliquer plus clairement.

Voilà donc les heureufes difpofitions dont le Marquis de St. Philippe nous doit aporter tant des preuves éclatantes, & qui devront nous dedommager fi abondamment de fa longue attente.

Il eft vrai que le Miniftre Imperial n'a Pas tardé a reconnoitre qu'il en avoit trop dit, revenant fur fes pas, & d'un ton plus humble, il prie dans un nouveau Memoire Leurs Hautes Puiffances qu'elles veuillent bien con fiderer, combien (a) il leur feroit plus falutai

(4) 4 Memoire

re

re, plus fur, enfin plus glorieux gloriofius, qui l'auroit cru? d'acceder au Traité de Vienne, mais que cependant fi par hafard elles croioient devoir s'en abftenir pour quelque tems, pro aliquo tempore (a) elles veuillent au moins fufpendre toute refolution fur le Traité d'Hanovre jufques à l'arrivée du Marquis de St. Philippe faltem; (b) en forte qu'on eft difpofé à retirer la foudre prête à partir, pourvû que nous renoncions à prendre part à l'Alliance d'Hanovre, fondant à l'avenir toutes nos efperances fur l'arrivée d'un Miniftre venant du fonds d'Italie, & fur les favorables intentions de deux Cours, qui font convenuës. d'avance de vanger, conjunctis viribus, le moindre empêchement au Commerce qu'il s'agit d'abolir.

Le Miniftre Imperial avoit encore un dernier argument à produire, mais il le refervoit à la langue Françoife. Il veut donc bien revenir à l'ancien l'ufage, & nous avertir, en François, que les trois Couronnes, qui ont contractés l'Alliance d'Hanovre, n'ont d'autre but que de fuppléer au défaut de tout fujet legitime pour pouvoir troubler la tranquillité publique, furquoi il nous infinue (c) que le feul moien de tromper l'attente de ces trois Puiffances inquiétes eft que la Republique, au lieu de fournir le pretexte qu'elles cherchent, veuille donner les mains à l'effet des bonnes intentions des Cours de Vienne & Madrid; mais quelles font-elles ces bonnes intentions? On nous l'a apris, en nous fignifiant le concert formé de vanger

(4) 4. Memoire. (6) Idem.
()s. Memoire le prémier en François.

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