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Le 19 novembre :

Quand un mari et une femme sont mariés suivant la coutume de Neufchâtel, les enfants que le mari a eus avec sa première femme ne peuvent en aucune manière participer aux biens qui sont en propre à la seconde femme.

Et quand des frères de divers lits survivent leur père et mère, leur bien ne se confond aucunement; mais ce qui dépend du paternel doit retourer aux paternels et le maternel aux maternels, et ainsi les enfants utérins ne se peuvent aucunement hériter.

Le 2 novembre:

1691 Les biens paternels et maternels ne se confondent point.

Enfants utérins ne peuvent s'hériter.

Les plus proches parents paternels héritent les biens paternels, et les plus Paterna paternis proches parents maternels héritent les biens maternels.

Les oncles sont préférables et plus habiles à succéder que les cousins-germains et autres parents plus éloignés.

La récolte de cette année fut encore chétive. On fit la vente du vin 125 livres le muid, et l'abri du grain se fit, le froment à 17 batz l'émine, l'orge à 10 batz et l'avoine 6 batz.

materna maternis.

Les oncles préferés aux cousins.

Chétive récolte. Vente du vin et abri.

1692 Difficulté entre les bourgeois internes et les

Chablaix.

L'an 1692, il y eut une difficulté entre la ville de Neuchâtel et les bourgeois externes de la châtelainie de Thielle au sujet des pâturages de Chaumont et du Chablaix. La ville prétendait que ces renoncés sur les pâturages de pâturages appartenant aux bourgeois, les externes n'y avaient plus chaumont et du de part à cause de leur renonciation faite l'an 1599. Mais ceux-ci soutenaient qu'ils n'avaient pas renoncé aux bénéfices qu'ont les bourgeois, mais seulement aux droits et aux commandements que les Quatre-Ministraux avaient sur eux, outre que le prince les leur avait confirmés par un acte. On leur répondait qu'on ne pouvait pas Raisons des renoncer aux charges et conserver les bénéfices, qu'il n'y a aucune bourgeoisie ni communauté où il n'y ait des charges et des bénéfices, que ces deux choses composent un tout qui est indivisible et inséparable, et qu'on ne peut conséquemment quitter l'une sans renoncer à l'autre.

bourgeois.

députés à Paris et à Berne.

Le refus que firent Messieurs les Quatre-Ministraux d'accorder à Les externes ces renoncés ce qu'ils exigeaient, fit qu'ils eurent recours à leurs envoyent des leurs confrères de la mairie de la Côte, lesquels s'étant joints à eux envoyèrent des députés à Paris et à Berne pour renouveler leurs vieilles querelles du siècle passé; mais comme ils avaient fait cette démarche sans la permission de la seigneurie, on suspendit de leurs charges ceux qui y étaient allés, et ce fut là tout l'effet de leur députation. On exhorta les uns et les autres à la réunion; mais cela demeura indécis.

Ils sont suspencharges pour

dus de leurs

avoir agi sans le consentement de la seigneurie.

Jardin

du Donjon.

On fit cette année le beau jardin du Donjon avec le parterre, le jet d'eau et les pavillons. La place n'était auparavant qu'un terrain vague et inculte. Outre quelques réparations qu'on fit également au château, on y peignit dans le grand Poile les armoiries des princes Les armoiries et des gouverneurs.

peintes au grand Poile du château.

1692

Mort de l'ancien gouverneur F.-L. de Sta

M. François-Louis-Blaise de Stavay-Mollondin, qui avait été gouverneur pendant la curatelle de Madame de Nemours, mourut dans

vay-Mollondin. Sa terre de Barbarêche le 26 octobre.

Point de cou- Le 7 janvier, le conseil de ville donna le point de coutume qui

tume.

Les frères uté- suit:

rins sont les plus proches parents maternels.

Année stérile.

Vente du vin et

abri.

1693

La ville de

mande le renou

combour

geoisie avec Berne.

Les frères utérins sont les plus proches parents maternels.

Cette année fut encore stérile. On fit la vente du vin 160 livres le muid, et l'abri du grain fut fait le froment 21 batz l'émine, l'orge 13 batz et 2 gros et l'avoine 8 batz.

Les Quatre-Ministraux continuant à avoir quelques difficultés avec Neuchâtel de la seigneurie au sujet des quinze articles dont il est fait mention vellement de la en l'an 1690, crurent que pour les terminer heureusement, il convenait de renouveler la combourgeoisie perpétuelle avec LL. EE. de Berne, ce qui n'avait pas eu lieu depuis l'an 1616. Ils adresadressèrent à ces fins une lettre à Leurs dites Excellences, qui leur répondirent conformément au désir qu'ils avaient manifesté. Elles La bourgeoisie écrivirent même à la bourgeoisie de Valangin qu'elles souhaitaient de Valangin que la leur se renouvelât aussi en même temps. Ces lettres sont prendre part. datées du 13 mai 1693. Sur quoi les bourgeois de Valangin en

invitée à y

Solennités ob

renouvellement

geoisie.

voyèrent une députation à LL. EE. pour les remercier de leur invitation. La journée pour recevoir leur serment fut fixée au 18 septembre.

Voici comment la combourgeoisie de la ville de Neuchâtel avec LL. EE. de Berne fut renouvelée. Comme c'est ici une action fort célèbre et qui ne se verra peut-être pas d'un siècle, on a estimé qu'il convenait d'en retracer toutes les circonstances.

Le conseil de ville ayant été averti que les députés de Berne servées pour le devaient arriver le 29 mai, envoya dix-huit personnes du conseil de la combour- pour les recevoir au Pont de Thielle. Les députés de Berne étaient au nombre de six, savoir: MM. Jean-Bernard de Muralt, trésorier du pays allemand, Steiger, seigneur de St-Christophe, et Alexandre de Watteville, tous deux sénateurs, et trois des Deux-cents, MM. de Diesbach, ancien baillif, Béat Fischer, ancien baillif de Wangen, et N. de Willading. Et comme ces six députés eurent la liberté de choisir chacun deux hommes des Deux-cents pour les accompagner, ils se trouvèrent dix-huit au Pont de Thielle, outre le secrétaire, la livrée et les trompettes.

Ils partirent du Pont de Thielle en observant cet ordre, savoir, qu'à la gauche d'un député de Berne, il y en avait un de la ville de Neuchâtel. En passant par St-Blaise, ils reçurent la salve de la Les bourgeois mousqueterie des bourgeois renoncés, tant de la châtelainie de Thielle que de la mairie de la Côte, qui étaient sous les armes. La ville avait aussi un corps de militaires de 350 hommes comman

renoncés font la salve à StBlaise.

Bourgeois de les armes au

Neuchâtel sous

Cret et sur le

Tertre.

lices.

dés par M. Fréderic Chambrier, major de ville, et qui étaient cam- 1693 pés sur le Crêt. Sur le Tertre on avait braqué des canons, qui firent des décharges dès qu'on eut aperçu le cortège à la descente du Saar près de la Maladerie. Ensuite M. le major fit défiler sa troupe, qui occupa les avenues de la ville, et borda la rue de St-Maurice Les rues sont et celle des Halles, autant que les 350 hommes pouvaient s'étendre. bordées de miC'est par là que les députés de Berne entrèrent dans l'ordre suivant : Deux messagers de LL. EE. et deux de Neuchâtel ouvraient la Ordre de l'enmarche, chargés des livrées de leurs maîtres; après eux deux trom-trée des députés pettes et six Oberreuters avec six hommes de la livrée de Neuchâtel; puis venaient les députés de Berne ayant à leur gauche chacun un député de Neuchâtel. Les valets fermaient le cortége.

en Ville.

Les députés de Berne mirent pied à terre devant le logis des Députés de Treize Cantons, où ils soupèrent avec ceux de la ville qui étaient Berne logés aux allés les recevoir au Pont de Thielle.

Treize Cantons.

au temple.

Le lendemain, qui était un dimanche, quelques personnes du conseil Le dimanche allèrent prendre les députés de Berne dans leur logis pour les con- on les conduit duire à l'église, et de là ils furent reconduits à leur auberge où ils dînèrent ensemble. A souper, d'autres conseillers de ville leur tinrent compagnie.

Le lendemain, lundi matin, jour de la solennité, les mêmes qui avaient accompagnés les députés de Berne à l'église, les allèrent prendre dans leur logis pour les conduire au temple.

Au sortir de la prédication que fit M. Abraham Perrot, pasteur de la ville, Messieurs les Quatre Ministraux et ceux du conseil qui avaient été désignés à cet effet, les conduisirent sur la terrasse ; l'on avait dressé un marche-pied entre les deux portes du temple, où les dits députés montèrent et s'assirent sur des fauteuils. Les gentilshommes qui les avaient accompagnés restèrent de bout derrière eux. Le conseil de ville était assis sur des bancs à leur droite, les pasteurs, le conseil d'Etat et les officiers du prince étaient aussi assis sur des bancs à leur gauche, et tous les bourgeois qui étaient sur la terrasse faisaient face.

Cérémonie vellement de la

pour le renou

combourgeoisie avec Berne.

Comment le siége où le ser

ment fut prêté

était occupé.

et d'autre.

M. Jonas-Pierre de Montmollin, maître-bourgeois en chef, fit Discours prol'ouverture de la cérémonie par un discours qui se rapportait au noncés de part sujet pour lequel on était assemblé. M. le trésorier de Muralt, chef de la députation de Berne, y répondit par un discours fort éloquent et pathétique, dans lequel il fit connaître l'utilité et les avantages qui résultaient de la combourgeoisie. Après quoi il ordonna à un secrétaire d'ambassade qu'ils avaient amené avec eux et qui était assis à table avec le secrétaire du conseil de ville de Neuchâtel, de monter sur l'estrade et de lire la lettre de combourgeoisie en français. M. de Muralt lut ensuite le formulaire de serment ancien que tous les bourgeois de Neuchâtel, tant ceux qui résidaient en ville que

1693

Formule de

l'ancien ser

ment.

Cette formule

ceux du Val-de-Travers, de Boudevilliers et de tous les pays devaient jurer à main levée contre le ciel, et qui contenait ces paroles: Vous jurez à Dieu Tout Puissant, notre créateur, pour vous, vos successeurs et après venants à perpetuité, de garder, observer et ensuivre entièrement, fidèlement, inviolablement, de point en point, le contenu de l'Acte de Bourgeoisie dont lecture présentement a été faite, sans jamais vous en départir pour quelque cause que ce soit, faire, dire, ni aller au contraire, ainsi que vous désirez que Dieu vous soit en aide!

On apporta quelque changement au formulaire ci-dessus dont on est changée en avait usé par le passé, et voici les propres termes dont on se servit cette année:

quelque chose.

Serment tel Je jure et promets pour moi et mes successeurs, par la foi que j'ai au Dieu qu'il fut prêté. vivant, mon souverain créateur et rédempteur, de ponctuellement observer et ensuivre l'acte dont lecture vient de m'être faite en tout son contenu et de n'y jamais contrevenir en aucune manière, le tout de bonne foi sans aucun dol, fraude ni barrat. Ainsi Dieu me soit en aide!

Décharges de de canon et mousqueterie.

On donne à

diner aux dépu

tés à l'hôtel-de

ville.

Leur départ

On fit ensuite une décharge du canon et de la mousqueterie qui était rangée sur le bord du lac, et on sonna toutes les cloches pendant qu'on reconduisait les députés et leur suite jusqu'au grand Poile de l'hôtel-de-ville, sur la boucherie, où on leur donna un splendide dîner, dont ceux qui les avaient conduits le matin furent de la partie, aussi bien que plusieurs conviés de distinction. Le repas dura jusques dans la nuit.

Le lendemain, 1 juin, les députés de Berne partirent et sortirent de Neuchâtel. de la ville par la même porte et avec les mêmes cérémonies dont on avait usé à leur arrivée. On fit plusieurs décharges de canons et de la mousqueterie.

Alliance re

Blaise avec les

rains.

En passant par St. Blaise, les députés de Berne renouvelèrent nouvelée à St-l'alliance avec les bourgeois renoncés de la châtelainie de Thielle et bourgeois fo- de la mairie de la Côte; mais ceux de Peseux n'ayant voulu la renouveler qu'à condition que LL. EE. s'engageassent de les maintenir dans toutes les concessions et octrois que les princes leur avaient accordées depuis l'an 1599, et les seigneurs députés leur ayant déclaré que cela outrepassait leurs pouvoirs, ceux de Peseux s'en allèrent.

Renouvelle

Le 22 septembre, les députés de Neuchâtel allèrent à leur tour mention à Berne pour recevoir réciproquement le serment de combourgeoisie

de la combourgeoisie à

Berne.

putés.

Départ de LL. EE. Le conseil de ville avait choisi comme députés MM. des députés de Neuchâtel. Henri Chambrier, banneret, Samuel Marval, Jean Petitpierre et Jean Nom des dé- Ostervald du conseil étroit, Jean-Jacques Peter et Jonas Chambrier du grand-conseil et maîtres des clefs. Ces six s'en étaient adjoints six autres du conseil pour les accompagner, savoir Frédéric Chambrier, Henri Petitpierre, Louis Ostervald, Guillaume Tribolet, Abraham Boive et Abraham Mouchet. Etant partis le susdit jour, ils

allèrent coucher à Arberg, et le lendemain 23, jour de dimanche,

ils arrivèrent à Berne.

1693

de Berne les

Dès qu'ils eurent passé le Pont neuf, ils rencontrèrent un nom- Une députation breux cortège de députés de LL. EE., qui les attendaient pour attend au Pont les recevoir. Ces seigneurs étaient précédés par six trompettes et six hommes de la livrée de LL. EE.

neuf.

M. Sinner était le chef de la députation qui complimenta ceux de Neuchâtel en allemand. Le banneret Chambrier lui répondit en français; les trompettes se firent entendre avant et après les compliments. Le cortége se rangea ensuite deux à deux, en mettant les députés de Neuchâtel à la droite. Il y avait en tout environ cent Ordre de leur cavaliers. C'est dans cet ordre qu'ils entrèrent dans la ville de Berne entrée dans la par la porte d'Arberg, où il y avait environ quarante jeunes gens sous les armes habillés en uniforme, qui formaient une haie jusqu'à la seconde porte. On côtoya les fossés et le cortège entra par la porte de Morat, où il y avait environ soixante hommes habillés comme les précédents, lesquels leur présentèrent les armes.

Les députés de Neuchâtel descendirent au Faucon, et une heure après, M. le trésorier de Muralt, à la tête d'une députation, vint les complimenter. Après quoi ils se rendirent chez M. l'avoyer d'Erlach, et lui ayant remis leur lettre de créance, ils retournèrent dans leur logis, où ils soupèrent seuls ce soir-là.

ville.

Ils sont logés
Compliment

au Faucon.

et cérémonies.

Le lendemain matin, M. le chancelier Roth alla les voir pour régler la cérémonial, et en leur annonçant qu'à onze heures une députation viendrait les prendre pour les conduire sur l'hôtel-de-ville. C'est ce qui arriva. M. Sinner, qui était le chef de la députation, fit un compliment auquel Monsieur Chambrier répondit. Ils défilèrent deux à deux, ceux de Neuchâtel à la droite de chaque député de LL. EE. Ils se rendirent dans cet ordre à l'hôtel de ville; là Ils se rendent ils furent reçus dans la grande salle, où l'on fit asseoir les six députés de Neuchâtel, leurs suivants étant debout derrière eux.

à l'hôtel-de

ville.

Lecture de

bourgeoisie.

Monsieur l'avoyer ordonna alors au chancelier de lire l'acte de combourgeoisie; ce qui étant fait, chacun se leva et M. le banneret l'acte de comChambrier lut le formulaire du serment en allemand, que tout le sénat prêta à main levée et qui est le même que ceux de Neuchâtel avait prêté à la ville de Berne. Ce formulaire que le petit et grand conseil prêtèrent est conçu en ces termes: Wie die Gschrift weiset, Serment prêté so mir vorgelesen ist, deren will ich nachgahn und vollbringen in par le petit et allem Guten, so wahr mir Golt helft ohn allen gefehrd.

grand conseil.

ceux de Neuchâtel.

Ceux de Neuchâtel firent, après ce serment prêté par la bouche Compliment de de leur chef, un compliment de remerciement à tout le sénat, qui fut très favorablement reçu. Ils s'en retournèrent ensuite dans leur logis dans le même ordre où ils s'étaient rendus à l'hôtel-de-ville. Les seigneurs qui les avaient conduits et plusieurs autres dînèrent Diner en leur

honneur.

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