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Là cessa le rôle politique de Fouché; il avait achevé la révolution qu'il avait entreprise. Le tableau de sa conduite, du 21 juin au 3 juillet, est tout entier dans la recommandation que le duc de Wellington adressa en sa faveur à Louis XVIII, lorsqu'il fut banni. La voici : « Sire! je suis bien « fâché de ce qui arrive au duc d'Otrante, à lui seul « vous devez d'être rentré dans votre capitale et « remonté sur votre trône. Blücher ni moi n'étions capables de vous rendre votre couronne. Nous <«< avions affaire à une armée de quatre-vingt mille enragés, qui nous auraient écrasés. Nous ne pou« vions éviter une bataille, si on nous l'eût offerte, << ou nous étions obligés de battre en retraite pour << attendre la coopération des autres puissances; « et V. M. sait quelles étaient alors leurs disposi«tions. Le duc d'Otrante a empêché que la ba« taille n'eût lieu, et c'est à lui que vous devez « d'être remonté sur le trône de vos pères. »

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La chambre des représentans était en séance, délibérant sur la constitution. Elle avait reçu un message du pouvoir exécutif, qui garantissait sa sûreté. Peu après, elle apprit que le Luxembourg était occupé par les Prussiens, et envoya un des sccrétaires au gouvernement provisoire, pour hâter le message qu'elle attendait sur cet événement. Vers cinq heures après midi elle reçut enfin celui (*) qui lui annonçait la dissolution

(*) Voyez Pièces justificatives, No XLII.

forcée du gouvernement. A six heures, le président, malgré les réclamations de quelques membres qui demandaient la continuation de la permanence, ajourna la chambre au lendemain huit heures du matin. Le 8, à l'heure indiquée, lorsque les représentans voulurent se rendre en séance, ils trouvèrent les portes fermées. M. Decazes y avait placé des piquets de gendarmerie et de volontaires royaux en habit de gardes nationaux, qui leur présentèrent la baïonnette pour les empêcher d'entrer. Tel est le fait qu'on a dénaturé dans la chambre des pairs du parlement d'Angleterre, au mois de février 1816 (*).

(*) Il est impossible de passer sous silence une phrase du discours de lord Castlereagh, à la même époque et à l'occasion du traité de paix (séance des communes, du 19 février 1816). « L'un des derniers actes << de Bonaparte, fut d'ordonner aux préfets de la France de lui envoyer « des listes descriptives des femmes, de leurs fortunes, etc., dans leurs « départemens respectifs, ayant évidemment l'intention de les sacrifier à « la luxure et à la rapacité de cette armée, avec laquelle, en lui don<«< nant ce stimulus, il espérait vainement se maintenir sur le trône de « France, et porter la désolation dans les états environnans. »

Que doit-on le plus admirer, ou de celui qui avança des calomnies aussi atroces, non pas seulement contre le chef d'un gouvernement, mais contre l'armée française tout entière, ou de ceux qui l'écoutèrent sans jeter un cri d'indignation? Quelle opinion peut-on se former d'un ministre qui emploie de pareils moyens? et d'un parlement qui l'approuve?

CHAPITRE III.

Les

Mouvemens des Bavarois et de l'armée française du Rhin. Bavarois passent la Sarre, le 23. juin. Mouvemens du quartiergénéral des souverains alliés. - Opérations de l'armée du Rhịn. Les Wurtembergeois passent le Rhin, le 23 juin. -Combat de Sarbourg et de Seltz, le 26.. Combat de Strasbourg, le 28. — Combat de Hausbergen, le 9 juillet. Convention pour l'armée du Rhin, et révolte de la garnison de Strasbourg. Opérations de l'armée du Jura. — Combat de Dannemarie, le 27 juin. — Combats de Chavanne et Faussemagne, le 29. Combats de Besoncourt et de Chevremont, le 1er juillet. Combats d'Anjustin, d'Offemont et ..de Pérouse, le 4. Combat d'Essert et de Bavilliers, le 5. — Convention pour l'armée du Jura. Marche de l'archiduc Ferdinand et de l'armée russe.

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LORSQUE Napoléon eut réuni la masse de ses forces dans le nord, la défense des frontières orientales fut confiée à l'armée du Rhin, sous les ordres du général Rapp, et à l'armée du Jura commandée par le général Lecourbe. Nous avons donné dans le livre I, chapitre 1", la force de ces deux corps. Sur la Moselle et la Sarre il n'y avait qu'une division de gardes nationales sous les ordres du général Rouyer.

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Le 18 juin, l'armée du Rhin occupait les lignes

de la Lauter, entre Lauterbourg et Weissembourg L'armée du Jura, appuyée à Huningue, s'étendait vers Ferette: tous les postes jusqu'au fort l'Écluse dépendaient à la vérité de cette armée, ainsi que les places du Rhin de celle du général Rapp; mais ces postes isolés se replièrent, ou furent bloqués par l'ennemi.

Les armées russe et autrichienne occupaient, le 18 juin, les positions suivantes. ARMÉE AUTRICHIENNE. Corps de Colloredo et de Hohenzollern, le long du Rhin, depuis Bâle jusqu'au lae de Constance. Corps de Wurtemberg, à Rastadt, Durlach, Bruchsal et Wiesloch. Corps de Wrede, autour de Mannheim et de Spire, ayant son avantgarde à Kayserslautern et Birkenfeld: il occupait Germersheim, par deux mille hommes d'infanterie et quarante-cinq bouches à feu de gros calibre, sous les ordres du général Zweyer. Réserve de l'archiduc Ferdinand, cantonnée dans le Wurtemberg. ARMÉE RUSSE. Elle était encore en marche vers le Rhin, excepté l'avant-garde, commandée par le général Lambert, qui était arrivée à Mannheim (*).

En attendant les événemens qui devaient, se passer dans le nord, le prince de Schwarzenberg se contenta d'ordonner au corps bavarois de

(*) Cette avant-garde était composée de douze escadrons de hussards de la brigade Wassilczikow, de la division Lambert, de deux régimens de cosaques, et des douze bataillons de la division Udom, du corps; en tout douze mille quatre cents hommes, et 42 canons.

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