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Parie centrale."

1er étage. Salle des Croisades. No 128.

<< cun retard, il accorda le même honneur à tous les grands
« de sa suite et à ses parents.... Après que du haut de son
<< trône il les eut embrassés chacun dans l'ordre prescrit, le
<< Prince parla au duc en ces termes : J'ai appris que tu es
« chevalier et prince très-puissant dans tes terres, et de
« plus, homme très-sage et d'une parfaite fidélité. C'est
« pourquoi je t'adopte comme fils, et je remets en ta puis-
«sance tout ce que je possède, afin que mon empire et
«mon territoire puissent être délivrés et préservés par toi
« de la présence de cette multitude rassemblée et de celle
<< qui viendra par la suite. Apaisé et gagné par ces paroles
« de bonté, le duc ne se borna pas à se reconnoître pour
«fils de l'Empereur, conformément à l'usage de ce pays;
<< mais, mettant la main dans la sienne, il se déclara son
<< vassal, et tous les premiers seigneurs, présents à cette
«< cérémonie, et ceux qui vinrent plus tard, en firent
<< autant (1).... >>

34. BATAILLE SOUS LES MURS DE NICÉE (1097).

Par M. SERRUR en 1839.

Les Croisés, ayant passé le Bosphore, allèrent mettre le siége devant Nicée, capitale de l'ancienne Bithynie et du nouvel empire des sultans de Roum. C'était la première fois que se déployaient toutes ensemble ces milliers de bannières qui, avec la diversité de leurs emblèmes et le signe commun de la croix, offraient une représentation si vivante du grand corps de la chrétienté. Les récits contemporains évaluent à plus de cinq cent mille combattants ce que renfermait alors le camp des Croisés. Cependant le sultan des Turcs, KiligArslan, fils de Soliman, n'en fut pas effrayé. Plein de confiance dans les fortes murailles de sa capitale, il y avait laissé sa famille et ses trésors, et était allé rassembler dans les montagnes cette formidable cavalerie des Turcs dont les cimeterres avaient, l'année précédente et dans le mème lieu, moissonné les bandes indisciplinées de Pierre l'Ermite. Mais ils trouvèrent ici d'autres hommes et une autre résistance. L'impétueux effort de leur avant-garde se porta vainement du côté de la ville, où le comte de Toulouse, récemment arrivé, venait à peine de dresser ses tentes. Une foule de guerriers, et parmi eux les deux Robert, Tancrède et Baudouin, « empressés de porter secours à leurs frères en Jésus-Christ, « s'élancent au milieu des rangs, portant des coups aussi

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< prompts que la foudre, et courant de tout côté de toute la « rapidité de leurs chevaux. » Kilig-Arslan arrive alors avec les cinquante mille cavaliers qui forment son corps de bataille; T'armée chrétienne à son tour s'eugag e tout entière, et la mêlée devient épouvantable. « On voyait partout brila ler les casques, les boucliers, les épées nues; on entendait « au loin le choc des cuirasses et des lances qui se heurtaient << dans la mêlée; l'air retentissait de cris effrayants; les « chevaux reculaient au bruit des armes, au sifflement des « flèches; la terre tremblait sous les pas des combattants, et « la plaine était couverte de javelots et de débris (1), » La bataille dura depuis le matin jusqu'à la nuit. Les Turcs vaincus s'enfuirent dans les montagnes, laissant dans la plaine quatre mille morts. Mille têtes, coupées par les vainqueurs, furent envoyées au monarque de Constantinople, comme un premier et sanglant tribut de ses vassaux. 35. BAUDOUIN S'EMPARE DE LA VILLE D'ÉDESSE (1097).

Par M. ROBERT-FLEURY en 1839. Partie centrale.

1er étage. Salle

No 128.

Pendant que l'armée chrétienne, à travers mille périls, marchait sur Antioche, plusieurs des chefs croisés des Croisades. se détachèrent de leurs compagnons d'armes pour aller au loin courir les aventures. L'ambitieux Baudouin, frère de Godefroy de Bouillon, ne craignit pas de se hasarder dans les montagnes de l'Arménie et de traverser l'Euphrate, avec une poignée de chevaliers décidés à suivre sa fortune. Il arriva sur le territoire d'Edesse, grande ville devenue en ces temps la métropole de la Mesopotamie. A la vue de la bannière de la croix, tout le peuple se porte à la rencontre de Baudouin, tenant à la main des branches d'olivier, et chantant des cantiques. Habile à profiter de l'enthousiasme populaire, Baudouin se fit aussitôt adopter par le prince arménien qui gouvernait Edesse, et quelques jours après, lorsqu'une révolution de palais eut mis fin à la vie du faible et malheureux Thoras, il fut proclamé le libérateur et le maître d'Edesse. Promenant de là sur tout le pays d'alentour son ardeur guerrière, Baudouin s'empara de la ville de Samosate, étendit sa domination jusqu'au pied du mont Taurus, et, maître des deux rives de l'Euphrate, il offrit le singulier spectacle d'un gentilhomme françaisjrégnant sur les plus belles provinces de l'ancien empire d'Assyrie.

(1) Mathieu d'Édesse, cité par Michaud.

Partie centrale.

1er étage. Salle

des Croisades.* No 128.

Partie centrale.

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des Croisades. No 128.

36. PRISE D'ANTIOCHE PAR LES CROISÉS (3 juin 1098).

Par M. GALLAIT en ..

Les Croisés, vainqueurs à Nicée, étaient entrés en Syrie et avaient mis le siége devant Antioche. Ce siége, commencé aux approches de l'hiver, fut long et fertile en désastres pour l'armée chrétienne. Elle y souffrit les plus cruelles extrémités du froid et de la faim, et y prodigua sa bravoure en d'inutiles exploits. Huit mois s'étaient écoulés, et la ville tenait encore: l'heure même approchait où Kerbogah, général du sultan de Perse Barkiarok, allait arriver avec une armée formidable pour la délivrer. C'est alors que Bohémond, prince de Tarente, découvrit au conseil des chefs croisés l'habile intrigue qu'il avait nouée avec un renégat, qui commandait trois des tours de la ville. La souveraineté d'Antioche lui fut cédée, d'un commun accord, par ses compagnons d'armes, s'il parvenait à s'en assurer la conquête. Tout se fit comme il l'avait annoncé une échelle, suspendue aux créneaux de l'une des tours, introduisit dans la ville chefs et soldats, et le cri Dieu le veut! retentissant dans les rues au milieu de la nuit, annonça aux Musulmans leur dernière heure. Il y en eut dix mille d'égorgés.

37. BATAILLE SOUS LES MURS D'ANTIOCHE (1098).

Par M. SCHOPIN en 1839.

Cependant les Croisés, trois jours après la prise d'Antioche, y furent assiégés à leur tour. L'armée de Kerbogah était arrivée, et elle couvrait toutes les hauteurs qui dominaient la ville, en même temps que les rives de l'Oronte. La famine fut affreuse parmi les chrétiens: la désertion et la mort réduisirent leur puissante armée à n'être plus qu'une faible image d'elle-même ; et Kerbogah se croyait vainqueur, au moment d'achever par le glaive ce reste misérable d'hommes exténués, de fantômes, comme il les appelait dans son orgueilleux langage. Un miracle d'enthousiasme vint tout changer on publia dans Antioche que la lance dont fut percé le côté du Sauveur sur la croix avait été retrouvée, et, à la vue de ce fer sacré, une ardeur susnaturelle enflamma toutes les âmes. Ces hommes, qui naguère attendaient la mort dans un muet découragement, - sortirent de la ville avec la sainte confiance des martyrs, se jetèrent sur le camp de Kerbogah, et en une heure anéantirent sa superbe armée,

38. COMBAT SINGULIER DE ROBERT, DUC DE NORMANDIE, AVEC UN GUERRIER SARRASIN SOUS LES MURS D'ANTIOCHE (1098).

Par M. DASSY en 1839.

Pendant le siège d'Antioche plusieurs chefs de la croisade signalèrent leur bravoure dans des combats particuliers. Les chroniqueurs citent entre autres Godefroy de Bouillon, Tancrède, Hugues de Vermandois, le comte de Flandre et Robert, duc de Normandie, qui frappèrent des coups mémorables à la vue de toute l'armée.

Le duc de Normandie, dit Michaud, soutint seul « un combat contre un chef des infidèles qui s'avançait au a milieu des siens; d'un coup de sabre ii lui fendit la a tète jusqu'à l'épaule et l'étendit à ses pieds, en s'é« criant: « Je dévoue ton âme impure aux puissances de

« l'enfer. »

39. TANCRÈDE PREND POSSESSION DE BETHLEEM (6 juin 1099).

Par M. RÉVOIL en 1839.

Les Croisés venaient d'entrer dans la petite ville d'Emmaus, presque aux portes de Jérusalem: « Au milieu de « la nuit, raconte Guillaume de Tyr, une députation des a fidèles qui habitoient à Bethleem vint se présenter devant « le duc Godefroy, et le supplia avec les plus vives instances d'envoyer dans cette ville un détachement de ses troupes... Le duc accueillit avec une tendre pitié la de<mande de ces fidèles, et leur témoigna une bienveillance toute fraternelle. Il choisit dans sa troupe cent cavaliers << bien armés, et leur ordonna de se rendre à Bethleem pour porter secours à leurs frères. Tancrède fut mis à la tête de cette expédition... Les habitants le recurent en chantant des hymnes et des cantiques sacrés. Ils entrèrent dans la ville escortés par le peuple et par le clergé. On « les conduisit à l'église : ils virent avec des ravissements de « joie le lieu où habita la bienheureuse mère du Sauveur « du monde et la crèche où il reposa... Puis les citoyens « de la ville, pour célébrer leur victoire, firent arborer « au-dessus de l'église la bannière de Tancrède (1). »

(1) Histoire des Croisades, par Guillaume, archevêque de Tyr, liv. XII.

Aile du Nord. Pavillon du Roi. R.-de-chaussée.

Aile du Nord. Pavillon du Roi. R.-de-chausser.

Aile du Nord. Pavillon du Roi. R-de-chaussée.

Aile du Nord. Pavillon du Roi. R.-de-chaussée.

40. TANCRÈDE AU MONT DES OLIVIERS (1099).
Par M. SIGNOL EN ...

Le jour même où l'armée chrétienne arrivait devant Jérusalem, Tancrède se distingua par un des faits d'armes les plus prodigieux de la croisade. Nous laissons parler ici le poëte historien de sa vie, Raoul de Caen:

« Après avoir planté sa bannière dans le voisinage de la « tour de David, et donné l'ordre de dresser ses tentes, << Tancrède, s'éloignant seul, sans compagnon, sans écuyer, «monte sur la montagne des Oliviers, d'où il avoit appris « que le fils de Dieu étoit retourné vers son père... Du haut «de la montagne il porte ses regards sur la ville, dont il « n'est séparé que par la vallée de Josaphat... C'est surtout sur le Calvaire et le temple du Saint;Sépulcre que ses yeux s'arrêtent, et en les contemplant il pousse de profonds soupirs; il se prosterne à terre; il voudroit donner sa vie « au même moment, s'il lui étoit permis à ce prix d'impri«mer ses lèvres sur ce Calvaire dont le sommet se présente «‹ à sa vue. » C'est au milieu de cette pieuse contemplation que Tancrède est attaqué par cinq musulmans. « Îls s'a«vançoient, continue Raoul de Caen, avec toute la con<< fiance que peuvent avoir cinq hommes en allant attaquer « un seul... Mais le fils de Guiscard prépare au combat son « visage, son cœur son coursier, sa lance de frêne, et le « premier de ses ennemis qu'il voit arrivé au sommet de «la montagne, il le force à rendre son âme aux profon« deurs des enfers, son corps aux abîmes de la vallée. » Des quatre autres Sarrasins, deux sont couchés par terre, deux prennent la fuite, et Tancrède victorieux retourne sous les murs de la ville, à l'endroit du camp où flotte sa bannière.

41. ARRIVÉE DES CROISÉS DEVANT JÉRUSALEM (1099). Par M. SIGNOL en ....

Après une marche longue et pénible, l'armée des Croisés arriva enfin sous les murs de la ville sainte. Lorsque, au lever du soleil, elle se découvrit à leurs regards, le cri de Jérusalem! Jérusalem! fut répété à la fois par soixante mille bouches, et retentit au loin sur le mont de Sion et sur celui des Oliviers. Puis une sorte de pieux délire s'emparant de toutes les âmes, on les vit se jeter à genoux, se prosterner dans la poussière, et baiser avec respect cette terre consacrée

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