Page images
PDF
EPUB

mée : tout irait bien. La question ramenée sous le point de vue militaire, la commission prit un arrêté qui portait en substance: que le maréchal Davoust réunirait le soir, à neuf heures, à la Villette, un conseil de guerre, composé des généraux commandant les corps d'armée, qu'il voudrait choisir, des chefs de l'artillerie et du génie, et des maréchaux présens à Paris; que ce conseib de guerre se bornerait à répondre aux questions qui furent indiquées, et qui étaient les quatre que nous avons rapportées, et deux nouvelles, relatives, l'une à l'état des retranchemens autour de Paris, l'autre, à l'état des munitions (*).

[ocr errors]

Nous épargnerons au lecteur de longues observations sur l'absurdité de cette mesure. La tournure des questions posées, décidait évidemment leur solution. Leur circonscription avait été tracée, de manière à ce que les réponses dussent nécessiter la reddition de Paris. On avait évité d'y présenter la véritable position militaire des armées, qui aurait amené les questions suivantes. Les armées prussienne et anglaise sont séparées par la Seine et par un détour de six lieues; les autres coalisés ne peuvent arriver avant le 15: peut-on, à l'aide des retranchemens de la rive droite, contenir les Anglais, afin de pouvoir réunir la plus grande partie de l'armée contre les Prussiens? peut-on être assuré alors d'une vic➡

(*) Voyez Pièces justificatives, No XXXVI.

toire assez complète, pour obliger ensuite les Anglais à s'éloigner de Paris? Ces deux questions, les seules qu'il y eût à poser, auraient été répondues affirmativement, et ne pouvaient pas l'être autrement. Nous ne pouvons. passer sous silence une autre observation. Pourquoi avoir laissé à Davonst le droit d'écarter de la délibération les généraux, chefs de corps, qu'il voudrait, c'est-àdire, ceux qui seraient d'une opinion contraire à la sienne?

2

"

Le conseil de guerre se tint en effet à neuf heures du soir, à la Villette La discussion y fut animée. Les généraux se partagèrent d'opinions. La plupart de ceux qui avaient combatto à l'armée, étaient d'avis qu'il fallait attaquer les Prussiens qu'on était assuré d'anéantir. Lues autres, et ceux surtout qui n'appartenaient pas à Farmée, voulaient qu'on capitulât. Ils s'ap puyèrent sur l'impossibilité de résister à une double attaque, vu la presque nullité des retranchemens de la rive gauche. Ce fut pen dant ce conseil, qu'un messager de la chambre des représentans, vint apporter au maréchal Davoust la réponse à l'adresse de l'armée. Le maréchal Davoust, assez embarrassé de la présence. de quelques témoins, expliqua aux curieux le message qu'il recevait, en disant qu'il s'agissait d'une adresse, pour laquelle on avait surpris sa signature. Le général Haxo désavoua également la sienne. Enfin, le conseil de guerre se sépara,

[ocr errors]

dans la nuit, sans une délibération formelle et SANS AVOIR PRIS UN ARRÊTÉ. Après que la plupart des généraux employés à l'armée furent partis, pour retourner à leurs postes, il fut cependant dressé un procès-verbal, que signèrent individuellement les généraux qui partageaient l'opinion de Davoust. Ce procès-verbal, qu'attendait Fouché, ayant été envoyé au gouvernement, la capitulation fut décidée, malgré l'opposition de Carnot, seul.

Le 2 juillet, l'armée prussienne continua son mouvement en avant. Le corps de Thielemann s'avança jusqu'à Roquencourt, où il devait s'arrêter pour attendre celui de Ziethen. Alors ce dernier devait se diriger par Vaucresson, Sèvres et Meudon, sur Issy, et celui de Thielemann, par Versailles, Velisy et Plessis-Picquet, sur Châtillon. Le corps de Bülow devait s'établir en réserve à Versailles. Dans l'après-midi, le corps de Ziethen ayant dépassé Vaucresson, rencontra nos premiers avant-postes à Ville-d'Avré, et les poussa sur Sèvres. Ce bourg étant occupé par nos troupes, le général Ziethen fit ses dispositions d'attaque, vers trois heures. La division Steinmetz, soutenue par les divisions Pirch et Henkel, fut destinée à attaquer Sèvres, en débouchant par le parc de Saint-Cloud.: La division Jagow fut placée en observation, devant ce dernier endroit. Le faible corps français qui était à Sèvres, se défendit avec valeur et assez longtemps, pour qu'on pût détruire une arche de

ce pont et une de celui de Saint-Cloud. Après un combat de près de deux heures, nos troupes furent forcées à la retraite sur Meudon et Moulineau. Alors le général Ziethen, faisant occuper Sèvres par la division Henkel, rappela la division Jagow de Saint-Cloud, et dirigea la division Steinmetz sur Moulineau, et celle de Pirch sur Meudon. Ces deux villages furent emportés par l'ennemi. Le général Vandamme fit réattaquer Moulineau; mais l'ennemi, ayant reçu quelques bataillons de renfort, l'attaque échoua. Le général Ziethen, maître des hauteurs de Meudon, vers six heures du soir, fit ses dispositions pour attaquer Issy. Les divisions Steinmetz et Pirch s'avancèrent sur les hauteurs, près du moulin de Clamart; les divisions Jagow et Henkel restèrent en réserve, la première, près du château de Meudon, la seconde, à Moulineau. A sept heures, les deux divisions prussiennes attaquèrent Issy, défendu par la division....... Le combat fut long et sanglant; plusieurs fois les ennemis furent repoussés; mais enfin, vers minuit, le général Ziethen ayant fait entrer toutes ses troupes en ligne, le village fut emporté. Cette journée coûta près de treize cents hommes à l'ennemi. Le général Ziethen laissa la division Pirch à Issy; la division Steinmetz, qui avait le plus souffert, prit position, avec la cavalerie, au moulin de Clamart; celle de Jagow se réunit à Meudon, et celle de Henkel à Moulineau. de Thielemann avait continué son mou

Le

corps

[ocr errors]

vement pendant ce temps. La division Bork, qui était à l'avant-garde, arriva à la nuit devant Châtillon, et y prit position, après avoir échangé quélques coups de canon avec nos troupes. Le restant du corps campa plus en arrière, deux divisions en avant de Velizy, et une entre Sceaux et Chatenay'; la cavalerie avait été détachée à SaintCyr, pour couvrir le mouvement de l'armée par la droite. Le corps de Bülow s'établit à Versailles (*), où Blücher eut son quartier-général.

Le duc de Wellington, ayant fait jeter un pont à Argenteuil, fit occuper par des détachemens, Surêne, Courbevoye, Anières, Villeneuve-la-Garenne et Chatou.

L'armée française, laissant son aile gauche vers "Gentilly, et le centre à Montrouge, replia sa droite en arrière de Vaugirard; ce village continua néanmoins à être occupé.

Vers dix heures du soir, le maréchal Davoust 'envoya le général Revest, pour proposer au général Ziethen une suspension d'armes et la reddition de Paris. La réponse fut telle qu'on pouvait l'attendre: Ziethen dit qu'il ne voulait point entendre de suspension d'hostilités, que l'armée française ne posât les armes (**). Le gouverne

(*) La ville de Versailles paya cher le combat qui s'était livré la veille, et ressentit les effets de la colère de l'ennemi à qui elle avait affaire. Elle fut rançonnée par une contribution énorme, et livrée aux dévastations d'une soldatesque, la plus pillarde de l'Europe.

(**) Voyez Pièces justificatives, No XXXVII.

« PreviousContinue »