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ger de la soutenir, la maxime devenant un principe du droit des gens, qui n'a jamais été avoué; s'il a été pratiqué, ce n'est pas à la France à en donner l'exemple. L'Angleterre peut nous surprendre dans une discorde avec les Bretons, avec les parlements, et avec ces mêmes expressions elle justifiera les plus graves préjudices qui pourraient être portés à l'autorité royale.

Il ne m'appartient pas, d'ailleurs, de toucher aux engagements que le ministère anglais peut contracter secrètement avec les membres du parlement. Il faut ôter cet article.

«La cour de Londres a depuis bien longtemps pour maxime, qu'elle doit dominer exclusivement sur toutes les mers. >>

OBSERVATION DE LOUIS XVI.

Les Anglais nous reprochent les mêmes vues dans le continent, et nous ont souvent déclaré la guerre pour tenter de les réprimer.

« Que l'on examine tous les traités depuis Cromwell, on trouvera dans tous des traces aussi subtiles que révoltantes de la politique altière, envieuse et avilissante de la cour de Londres. »

OBSERVATION DE LOUIS XVI.

Je préférerais d'effacer le mot Cromwell, et de substituer la date de son gouvernement; les Anglais nous reprochent aussi d'avoir reconnu le pouvoir de cet homme odieux. J'ôterais toute la phrase; car depuis Cromwell nous avons acquis bien des provinces et des possessions. Cette politique de notre part est appelée, dans le cabinet britannique et dans les manifestes, l'ouvrage de l'ambition de la maison de Bourbon.

« Les Américains ne sont point les sujets du roi; il n'est ni le juge ni l'arbitre des querelles domestiques de l'Angleterre; il avait adopté la neutralité, et il l'aurait enfreinte de la manière la plus odieuse en prononçant sur l'état des Américains. »>

OBSERVATION DE LOUIS XVI.

Il est bien évident que nous n'avons pas été neutres, alors surtout que nous avons combiné nos forces avec celles des Anglo-Américains insurgés, pour réprimer celles du gouvernement d'Angleterre. Il est nécessaire en général, de combiner ce mémoire présent, de telle manière, que les objets en litige soient tus, et que nous présentions seulement, à la France et à l'Europe, le grave inconvénient pour la sûreté générale, de laisser prendre à la Grande-Bretagne le ton qu'elle s'ar

roge envers toutes les puissances maritimes et continentales. Il est donc nécessaire de montrer qu'elle a abusé de ses forces par des voies de fait qui lui ont attiré l'animadversion et la haine secrète des États dont la politique est plus douce, plus conforme à l'humanité; ces moyens et ces expressions me paraissent compatibles avec la dignité de la France.

OPINIONS PERSONNELLES

DE LOUIS XVI

SUR LE SYSTÈME DES ADMINISTRATIONS PROVINCIALES, DÉVELOPPÉ D'ABORD SOUS LOUIS XV, PAR M. D'ARGENSON DANS SES CONSIDÉRATIONS SUR LA FRANCE, ET DEPUIS PAR LES ÉCONOMISTES, PAR MM. TURGOT, MALESHERBES, ET PAR M. NECKER; ET NOTES MARGINALES DE SA PROPRE MAIN, APPOSÉES SUR LE MÉMOIRE DES ADMINISTRATIONS PROVINCIALES INSTITUÉES PAR M. NECKER.

M. Necker. Une multitude de plaintes se sont élevées dans tous les temps contre la forme d'administration employée dans les provinces: elles se renouvellent plus que jamais; et l'on ne pourrait continuer à s'y montrer indifférent, sans avoir, peut-être, de justes reproches à se faire.

REMARQUE DE LOUIS XVI.

De tous les temps aussi il s'en est élevé de bien fortes contre la forme d'administration des pays d'État.

M. Necker. A peine en effet peut-on donner le nom d'administration à cette volonté arbitraire d'un seul homme, qui tantôt présent, tantôt absent, tantôt instruit, tantôt incapable, doit régir les parties les plus importantes de l'ordre public..... qui ne considère sa place que comme un échelon à son ambition..... De tels hommes doivent être timides devant les puissants, et arrogants envers les faibles; ils doivent se parer sans cesse de l'autorité royale.

REMARQUE DE LOUIS XVI.

Dans les pays d'État, il est peu de membres des assemblées administratives qui ne regarde sa place comme un échelon.

M. Necker. Il n'y a dans les pays d'élection aucun contradicteur légitime du commissaire de parti, à moins qu'on ne soit averti par des injustices éclatantes, ou par quelque scandale public; on est obligé de voir par yeux de l'homme même qu'on aurait besoin de juger.

REMARQUE DE LOUIS XVI.

Cette observation mérite des réflexions.

les

M. Necker.

Votre Majesté peut se faire aisément

une idée de l'abus et presque du ridicule de cette pré

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