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Le Sr. Robert Adair, premier chirurgien de la Cour d'Angleterre, qui accompagna le duc de Glocefter dans fon voyage en cette capitale, a fait préfenter au pape, par le Sr. Thomas Jenkis, gentilhomme anglois, pour l'ufage du grand hôpital du St. efprit, 14 caiffes, renfermant 154 pieces d'anatomie des plus rares, exécutées par les plus habiles maitres de la Grande-Bretagne, ainfi qu'une fuite d'inftrumens de chirurgie les plus importans, entre lefquels il y en a d'une nouvelle invention, & d'une utilité finguliere pour la taille de la pierre. Le St. pere, dont le zele eft connu pour le progrès des fciences qui contribuent au foulagement de l'humanité, a-aggréé ce préfent, & a ordonné qu'on en fit l'ulage prefcrit par cet habile maitre.

Le Sr. Nicolas Leoni, Napolitain, a trouvé le fecret de faire avec notre terre une compofition qui reffemble au caillou, & en a toute la dureté; on en a déjà fait un bufte qui repréfente le fouverain pontife. On prétend que le Sr. Leoni eft en marché avec la ville de Rieti pour faire toute la partie du chemin qui eft à fa charge avec une pareille compofition.

Le pape a nommé une commiffion particuliere qui eft chargée d'examiner fi l'on a eu foin de faire acquitter, depuis deux ans, les fondations à la charge de la fociété fupprimée.

L'ex-jéfuite Favre étoit à peine forti du châ teaú St. Ange, & réuni à ceux de fes confreres qui habitent l'ancienne maifon profeffe, qu'il fe permit de débattre indifcrettement des matieres fur lefquelles il auroit dû garder un profond filence. Le miniftre de Portugal, informé de cetre conduite, en porta des plaintes à la congrégation, qui, après l'avoir févérement reprimandé, lui enjoignit de fortir de la maifon profeffe, & même de Rome. Il fe difpofe à fe retirer à Civi

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ta-Caftellana. L'ex-jéfunte Gautier a jugé à propos de ne pas profiter de la liberté qui lui étoit offerte, à condition qu'il fe tiendroit éloigné de Rome à la diftance de 40 milles; il réfare, fans doute, fa détention au château de St. Léon à une liberté refreinte. Le St. pere eft inftrui; du refus de l'abbé Gautier, à qui il ne fera peut-être pas une meilleure capitulation. On n'a pas encore repris l'examen du procès de l'abbé Ricci & de fes affiftans; & c'eft prématurément qu'on les a condamnés ici à une prifon perpétuelle.

Ua valet de chambre du cardinal de Bernis qui eft en même tems courier de fa cour, ayant tenté dernierement de paffer entre les rangs d'un régiment qui étoit en marche, en fut empêché par les foldats auxquels il fit quelque réfiftance. Alors le comte Sorbolonghi, qui commandoit le régiment, donna ordre de l'arrêter & de le con duire au corps de garde; ce qui ne s'exécuta pas, fans que le valet de chambre eut été maltraité. Le cardinal de Bernis s'en plaignit, & ayant prou vé que l'officier étoit dans fon tort, le St. Pere a enjoint à ce dernier de garder les arrêts, & a fait mettre au cachot les foldats coupables. Le cardinal de Bernis a témoigné qu'il étoit fatisfait de cette punition.

Sur la nouyelle qu'on reçut à Civita-Vecchia. qu'une frégate & une galiote de Tunis avoient enlevé dans les parages de Paolo une barque de Procida & une félouque partie de Ripa Grande ; un galere du pape fe mit à la pourfuite des corfaires, qu'elle ne put atteindre, parce qu'ils avoient l'avantage du vent. Le chevalier Rocchis, qui la commande, néanmoins a repris la félouque & l'a ramenée dans le port. La galere pontificale a remis enfuite en mer pour garantir nos plages de pareilles furprifes.

On apprend d'Ancone qu'on y a reffenti trois

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fecouffes de tremblement de terre, qui n'ont occafionné aucun dommage.

NAPLES (le 30 Août.) Le roi a difpofé de la charge de grand-veneur du royaume, vacante par la mort du duc de Bovines, en faveur du prince de Tarfis.

S. M. a déclaré le duc de la Pouille, fon fils, colonel du bataillon de Royal Ferdinand; & ce jeune prince porte déjà les couleurs de l'uniforme de ce corps.

On mande de Sicile qu'une efcadre tunisienne, composée de 4 galiotes & d'un chebec de 30 canons, qui a établi fa croifiere fur le Cap Paffaro, a donné la chaffe à plufieurs bâtimens de différens pavillons, & qu'une petite tartane napolitaine, allant à Malte chargée de bois, en a été pourfuivie fi vivement jufqu'à la vue de Syracufe, que l'équipage a pris le parti de fe fauver dans fa chaloupe & d'abandonner le bâtiment, dont ces corfaires fe font emparés.

Les commandans des trois châteaux de Meffine, qui avoient eu jufqu'à-préfent la permission de demeurer dans la ville, viennent de recevoir l'ordre de se rendre à leur pofte & de ne pas s'en écarter. On a doublé en même tems les gardes & renforcé le détachement du fort qui défend l'entrée du port; mais rien ne transpire encore du motif de ces précautions.

Un bâtiment françois qui eft arrivé dans ce port, venant de Civita-Vecchia, a rencontré dans fes mers de Rome deux chebecs algériens, qui, après en avoir exigé une pipe de vin, l'ont laif fé continuer fa navigation.

Les dernieres lettres de Ragufe portent qu'il y a beaucoup de fermentation dans la régence de cette ville, en général, il faut peu de chofe pour la troubler; il s'agit dans cette occafion, du

conful qui doit y réfider au nom de la Ruffie; la république veut que ce foit un Ruffe; le comte d'Orlow, avant fon départ, avoit deftiné à cette place un fujet d'une autre nation. Les Ragufois l'ont trouvé mauvais, & ont expédié un courier à Moscou pour inftruire l'impératrice de ce nouveau différend, & la prier de le terminer.

FLORENCE le 30 Août. ) Le grand duc, notre fouverain, vient de faire adreffer à tous les chefs & fupérieurs des couvens de ses états, une lettre circulaire, par laquelle S. A. R. leur défend d'exécuter aucun ordre émané de la cour de Rome, même concernant les objets peu importans fans avoir préalablement obtenu l'exequatur de la jurifdiction royale.

Le Sr. François Agostini, conful de L. M. I. & du grand-duc en Egypte, eft revenu ici, & a été admis à l'audience de S. A. R., à qui il a pré enté une collection complette de toutes les monnoies qu'Ali-bey avoit fait frapper, depuis qu'il avoit levé l'étendard de la rebellion, & ufurpé le titre de foudan d'Egypte. Cette collection a été dépofée à la galerie royale.

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On dit que le prince Edouard Stuart, connu fous le nom de prétendant, a deffein de fe rendre en Flandres, où la princeffe de Stolberg, fon époufe, poffede des biens très confidérables.

LIVOURNE (le 8 Septembre. ) Les nouvelles reçues des côtes d'Espagne font incertaines ou contradictoires. Deux capitaines de navires avoient rapporté dernierement qu'ils avoient rencontré la flotte efpagnole faifant route vers Alger; un autre bâtiment arrivé ici le 24 du mois dernier, & parti le 14, de Palafos, fur la côte d'Espagne, a dit que le lendemain de fon départ, la flotte confidérablement renforcée devoit met

tre à la voile pour la Barbarie. Un quatrieme nivire commandé par le capitaine Sloret, Catalan a confirmé cette derniere nouvelle, & a ajouté que les vaiffeaux efpagnols qui étoient reftés devant Alger ont arrêté & conduit à Alicante deux bâtimens chargés de munitions & d'attirails. de guerre, destinés pour cette régence barbaref que. D'un autre côté, des lettres d'Alicante, en date du 15, portènt qu'on va défarmer la flotte; que les bâtimens de tranfport ont déjà été renvoyés, & que les gardes Walonnes font parties par mer pour Barcelone. Suivant les mêmes avis, Don Barcelo a mis à la voile avec quelques chebecs pour s'oppofer au tranfport d'artillerie defliné par les Maures à former les fieges d'Oran & de Melille, & les vaiffeaux qui croifoient fur la côte d'Alger, font rentrés en Espagne, ayant beaucoup de malades à leurs bords.

L'arrivée de deux frégates tofcanes fixent enfin les incertitudes fur les opérations ultérieures de la flotte espagnole. Ces deux bâtimens, commandés par le chevalier Acton, font rentrés dans ce port le 4 de ce mois'; elles ont ramené les 18 officiers qui ont fervi, en qualité de volontaires, dans l'expédition contre Alger.

On mande de Pietra-Santa en Toscane, qu'un ferpent énorme étant entré dans un jardin où il y avoit beaucoup de ruches, s'étoit mis fur l'une d'elles, la langue tirée, & qu'à mesure que les mouches s'y raflembloient en affez grandnombre, il la retiroit & les avaloit. Le jardinier s'en étant apperçu, s'arma d'une faux & d'un bâton pour le tuer; mais il ne lui fit d'abord qu'u ne bleffure affez légere. L'animal fe fentant frappé entra en fureur, fiffla d'une maniere horrible, & mit en fuite le jardinier, fur lequel il cherchoit à s'élancer. Celui-ci s'arrêta cependant fur une petite éminence, d'où il le frappa fi violem

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