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voit jamais donner à luy & à eux fur nôtre Couronne; Que reciproquement nôtre trèscher & très-amé Petit fils le Duc de Berry & nôtre très-cher & très amé Neveu le Duc d'Orleans, renonçaflent auffi pour eux & pour leurs defcendans mafles & femelles à perpetuïté, à leurs droits fur la Monarchie d'Efpagne & des Indes. Nôtre dite Sœur Nous a fait représenter que fans une assûrance formelle & pofitive fur ce point, qui feul pouvoit être le lien de la Paix, l'Europe ne feroit jamais en repos, toutes les Puiffances qui la partagent étant éga lement perfuadées qu'il étoit de leur interêt général & de leur fûreté commune de continuer une Guerre dont personne ne pouvoit prévoir la fin, plûtôt que d'être exposées à voir le même Prince devenir un jour le maître de deux Monarchies auffi puiffantes que celles de France & d'Efpagne. Mais comme cette Princeffe, dont nous ne pouvons affez louer le zele infatigable pour le rétablissement de la tranquillité générale, fentit toute la répugnance que nous avions à confentir qu'un de nos Enfans, fi digne de recueillir la fucceffion de nos Péres, en fût néceffairement exclu, fi les malheurs dont il a plû à Dieu K s

de

de nous affliger dans nôtre famille, nous enlevoient encore dans la Perfonne du Dauphin, nôtre très-cher & très-amé arrierePetit-Fils, le feul reftte des Princes que nôtre Royaume a fi juftement pleurez avec nous; Elle entra dans nôtre peine; & après avoir cherché de concert des moyens plus doux pour affûrer la Paix, Nous convinfmes avec nôtre dite Sœur de proposer au Roy d'Espagne d'autres Etats,inférieurs à la verité à ceux qu'il poffé de, mais dont la confidération s'accroîtroit d'autant plus fous fon regne, que confervant fes droits en ce cas, il uniroit à nôtre Couronne une partie de ces mêmes Etats, s'il parvenoit un jour à nôtre fucceffion. Nous employâmes donc les raifons les plus fortes pour luy perfuader d'accepter cette alternative; Nous luy fîmes connoître que le devoir de fa naiffance étoit le premier qu'il dût confulter; qu'il se devoir à sa Maison & à fa Patrie, avant que d'être redevable à l'Espagne; que s'il manquoit à fes premiers engagemens, il regretteroit peutêtre un jour inutilement d'avoit abandonné des droits qu'il ne feroit plus en état de foûtenir. Nous ajoutâmes à ces raisons les motifs perfonnels d'amitié & de tendreffe

que

que nous crûmes capables de le toucher; le plaifir que nous aurions de le voir de temps en temps auprès de Nous, & de paffer avec luy une partie de nos jours, comme nous pouvions nous le promettre du voisinage des Etats qu'on luy offroit; la fatisfaction de l'inftruire nous-mêmes de l'état de nos affaires, & de nous reposer fur luy pour l'avenir, en forte que fi Dieu nous confervoit le Dauphin, nous pourrions donner à nôtre Royaume, en la perfonne du Roy nôtre Frére & Petit-Fils, un Régent inftruit dans l'art de regner; & que fi cet enfant fi précieux à Nous & à nos Sujets, nous étoit encore enlevé, nous aurions au moins la confolation de laiffer à nos Peuples, un Roy vertueux, propre à les gouverner, & qui réuniroit encore à nôtre Couronne des Etats trèsconfidérables. Nos inftances réitérées avec toute la force & toute la tendreffe néceffaire pour perfuader un Fils qui mérite fi juftement les efforts que nous avons faits pour le conferver à la France, n'ont produit que des refus réïtérez de fa part, d'abandonner jamais des Sujets braves & fideles, dont le zele pour luy s'étoit distingué dans les conjonctures où fon Trône

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avoit

avoit paru le plus ébranlé; en forte que per fiftant avec une fermeté invincible dans fa premiére refolution, foûtenant même qu'elle étoit plus glorieufe & plus avantageufe à nôtre Maifon & à nôtre Royaume, que celle que nous le preffions de prendre, il a déclaré dans l'Assemblée des Etats du Royaume d'Espagne, convoquée pour cet effet à Madrid, que pour parvenir à la Paix générale, & affûrer la tranquilité de l'Europe par l'équilibre des Puiffances il renonçoit de fon propie mouvement, de fa volonté libre & fans aucune contrainte, pour luy, pour fes héritiers & Succeffeurs pour toujours & à jamais, à toutes prétentions, droits & titres, que luy cu aucun de fes defcendans ayent dès à présent ou puiffent avoir en quelque temps que ce foit à l'avenir à la fucceffion de notre Couronne; qu'il s'en tenoit pour exclu, luy, fes Enfans, Hé ritiers & defcendans à perpetuité; qu'il confentoit pour luy & pour eux que dès à préfent comme alors, fon droit & celuy de fes defcendans paffaft & fuft transferé à celuy des Princes que la Loy de fucceffion & l'ordre de la naiffance appelle ou appellera à heriter de nôtre Couronne, au défaut

de

de nôtre dit Frére & Petit-Fils le Roy d'Espagne & de fes defcendans, ainfi qu'il eft plus amplement fpécifié par l'Acte de renonciation admis par les Etats de fon Royaume: Et en conféquence il a declaré qu'il fe.defiftoit fpécialement du droit qui a pû être ajoûté à celuy de fa naiffance par nos Lettres Patentes du mois de Décembre 1700. par lefquelles nous avons dé claré que nôtre volonté eftoit que le Roy d'Espagne & fes defcendans confervaffent toûjours les droits de leur naiffance ou de leur origine, de la même maniére que s'ils faifoient leur réfidence actuelle dans nôtre Royaume, & de l'enregistrement qui a été fait de nofdites Lettres Patentes, tant dans nôtre Cour de Parlement que dans nôtre Chambre des Comptes à Paris. Nous fentons comme Roy & comme Pére, combien il eut été à défirer que la Paix générale euft pû fe conclure fans une renonciation qui faffe un fi grand changement dans nôtre Maison Royale & dans l'ordre ancien de fucceder à nôtre Couronne; mais nous fentons encore plus combien il eft de nôtre devoir d'affûrer promptement à nos Sujets une Paix qui leur eft fi néceffaire. Nous n'oublierons jamais les K 7

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