faite aux commiffaires chargés des pouvoirs du général français. 5. Les malades qui fe trouvent dans les hôpitaux, y feront traités aux frais de leurs corps. 6°. La porte du Rhin fera gardée par des foldats de la république. 7° Le haut & bas-clergé, & toutes les perfonnes attachées à l'électeur, pourront fe retirer avec leurs effets par-tout où bon leur femblera. Il leur fera délivré des Paffe ports. 8. Les propriétés particulières des individus feront refpectées conformément aux principes de la nation française.. Le général Cuftines, en annonçant à la convention na tionale la nouvelle de la prife de Mayence, ne donne point encore l'état de ce qui a été trouvé dans les magafins de cette ville, qui font fûrement bien fournis. Une lettre du citoyen Baru, écrite de Mayence, le 21, nous apprend qu'on a arrêté cinq émigrés, qui fuyoient:/ dans ce nombre font un comte de Rochefort, & un marquis de la Fare; tous ont été remis entre les mains de la gendarmerie de l'armée. Beaucoup fe font fauvés à l'approche de Cuftines, munis de paffe-ports du gouverneur de la ville. Chacun a fait fon devoir dans l'expédition de Mayence: foldats, officiers, général, la patrie eft contente de vous. Geneve eft évacuée par les Suiffes, & le général. français doit fortir dans peu du territoire de Genève, Le roi de Pruffe s'eft emparé de Luxembourg, & prétend n'en point fortir que l'Autriche ne lui ait payé les frais de la guerre. On affure qu'il y a eu une fufillade entre des avant-poftes pruffiens & un parti d'émigrés. Suite des leures trouvées chez M. Delaporte, intendant de la lifte civile. Lettre de M. Morizot à M. Delaporte, Paris, 23 mars 1792, Monfieur, des officiers conftitutionnels de la police font ve nus chez moi, & m'ont dit que vous les aviez chargés de termi per avec moi l'objet pour lequel j'ai donné dimanche dernier un placet à notre infortuné fouverain. Je suis affligé, monfieur, que vous ne m'ayiez pas fait la grace de me mander à vos pieds, Je m'y ferois rendu avec tout l'empreffement qu'infpire la réputation de probité dont vous êtes en poffeffion, & à laquelle j'ai rendu hommage, fans avoir l'honneur de vous connoître, même de vi fage. Vous auriez évité de me compromettre avec des gens que je ne puis eftimer, dont les uns font régicides, les autres confpirateurs, tous enfin ou rebelles, ou complices, ou coquins. "Je me plais à croire que vous avez fuivi un fyftême de prévention fuggéré, parce que fi j'avois l'honneur d'etre connu de vous, vous n'auriez pas hésité à me donner vos ordres & à me traiter comme tous les honnêtes gens, dont le plus grand nombre a paflé la frontière. " Vous ne connoiffez ni l'affaire qui eft l'objet de mon placet, ni les onze mémoires imprimés que j'ai donné à l'infortunée fa mille royale. Vous en avez feulement oui parler vaguement par des gens qui étoient mal intentionnés; & les actes courageux de mon défefpoir, mal interprétés, ont achevé de vous prévenir. Mais fi vous êtes homme de bien, comme on me l'affure & comme je n'en doute aucunement, vous ne vous refuferez pas de vous éclairer pour revenir de votre erreur. »Je puis vous affurer que les couronnes étrangères en penfent très-différemment. La lettre des émigrés, inférée dans les papiers publics au mois de janvier dernier eft un monument de leur opinion fur mon perfonnel & mon affaire. Je pourrois même vous en produire un de S. A. S. Mgr. le prince de Condé, qui vous garantiroit fes fentimens pour moi; & fi vous vouliez parler de moi à S. A. S. madame la princeffe de Lamballe, je crois que cette bienfaifante princefle ne me defferviroit pas auprès de vous, monfieur, à moins que depuis peu mes ennemis ne m'euffent deffervi auprès de vous. "Il y a mieux, monfieur; jetez un coup d'oeil, je vous en prie, fur la page 101 du mémoire ci-joint, & vous y verrez les noms des quatre perfonnes que je demandois pour commiffaires. Ce choix vous donnera une idée de la pureté de mes intentions, de la confiance en mes droits, & du défintéreffement à les faire valoir. Ce n'étoient pas des perfonnes fufpectes de faveur que je demandois; elles ne me connoiffent pas plus que vous ne me connoiffez ; & quoique j'euffe quelques liaifons anciennes avec M. l'abbé de Bertrand, je n'avois encore vu de ma vie M. de Moffeville. Il y a plus; j'ai ceffé toute relation avec M. l'abbé à l'inftant que M. fon frère eft entré dans le miniftère, parce que je défapprouvois qu'il ne donnât pas au monarque une preuve différente de fon attachement. » Souffrez donc que je vous fupplie de me mettre à même de vous convaincre que je fuis digne que vous traitiez directement avec moi, par mon attachement inviolable & défintéreflé pour mon infortuné maître, dont j'ai donné des preuves que vous ignorez, dans un inftant fur-tout où tous fes fujets, fans exception, l'avoient abandonné. Vous verrez, monfieur, que je mérite cette diftinction par cinquante ans d'une vie laborieufe & irréprochable, laquelle m'a conduit, fous un gouvernement tyrannique & corrompu, à être le plus malheureux des hommes quoique fait pour les premières places de la magiftrature. Mais oublie que je m'éteins dans la douleur, le défefpoir & le befoin quand je penfe que ma mère, la dernière de fon nom, a fini fes jours d'inanition au mois de novembre dernier, elle dont la famille, pendant quelques fiècles, avoit fi bien fervi la maison royale! Je fuis avec respect manfieur votre très-humble & trèsobéiffant ferviteur, Morizot, avocat, rue Saint-Thomas-du-Louvre, Autre lettre. Paris, 25 mars 1792. Monfieur, je fuis très-fenfible à votre invitation. Dès aujour d'hui j'aurai l'honneur de m'y rendre entre une & deux heures, autant par reconnoistance que parce que je fuis extrêmement empreffé de favoir à quoi m'en tenir fur les démarches des officiers de police auprès de moi, qui n'ont eu encore d'autre effet que de me tenir aux arrêts dans mon cabinet, depuis mercredi dernier, pour les attendre avec les propofitions qu'ils m'avoient annoncées avant dimanche. Ces petits hommes de police s'imaginent, dans leur civifme rebellionnaire, imiter Fabius le temporifcur, en me retardant par des défaites coquines; mais le Romain" avoit les vertus qui juftifient les délais & entraînent le fuccès; au lieu que ces magiftrats, promus par les poignards, n'ont que les vices qui enfantent les crimes. J'attends de vous feul; monfieur, la vérité fans fraction ni déguisement, & des actes dignes d'un homme de bien & du monarque que la vertu la plus pure n'a pu fauver des malheurs auxquels les rois juftes & puilians, comme les citoyens obfcurs & honnêtes, font exposés. »Je fuis avec reípect, monfieur, votre très-humble & trèscbéiffant ferviteur, Morizot, avocat. Autre lettre. Paris, 26 mars 1792. Monfieur, il eft encore temps de réparer un oubli effentiel que j'ai fait, puifque vous ne parlerez que demain matia au roi: ça été de vous donner les noms de ceux que je fupplie fa majesté de nommer pour examiner mon affaire & lui en rendre compte. Si je ne les défignois pas à fa majefté, il en résulteroit deux grands inconvéniens le premier, le roi feroit infailliblement un mauvais choix, car, à l'exception de vous, monfieur, quel eft T'honnête homme que le roi a mis en place depuis qu'il eft fur le trône? Ci-devant les intrigues de la cour déterminoient les promotions que la horde jacobite détermine à préfent; en 'forte qu'il eft vrai de dire avec Sancho, que nous fommes aufk bien mordus d'un chien que d'une chienne. » Le fecond, il m'arriveroit ce qui arrive à des militaires qui ont obtenu des confeils de guerre. Je fuis témoin que la bureaucratic influence les commiffaires, de manière que ceux-ci ne font rien, ne décident rien, & éternifent l'affaire. » Il faut que la mienne ait une fin; elle peut être terminée pour dimanche, fi le roi le veut, moins que la cabale des cour tifans., dirigée par Jean de Briffac, ne réuffille à circonduire la droiture & la juftice du monarque, pour lui faire nommer des commiflaires à leur dévotion, Suppliez le roi, monfieur, je vous en conjure, de nommer M. Richard, confeiller d'état, ancien adminiftrateur - général des poftes; » M. Burte, premier commis des finances; » M. Mallet, avocat; M. Jendy du Monteix, avocat ; » M. Pommageot, avocat. » Si quelques-unes de ces perfonnes, que je ne connois que fur parole, refufent d'accepter, je demande qu'elles foient remplacées par M. de la Tour, brigadier des armées du roi ; » » M. d'Houffier, ancien premier commis de la marine; " M. Comparet, inspecteur-général des poftes; » M. l'abbé de Bouillé, "M. Jacob de Saint-Hilaire. » Le roi connoît particuliérement M. de la Tour. Daignez, monfieur, parler au roi de ma cruelle situation; & fi j'ai été fidèle à mes devoirs, pour mon prince, que mon prince foit donc fidèle aux fiens envers moi le contrat eft fynallagmatique. La conduite qu'on a forcée le roi de tenir depuis quatre ans à mon égard, eft celle d'un tyran; on ne laiffe pas un homme fans pain, quatre ans entier ; on ne le dépouille pas pour fatisfaire une catin. Si, malgré vos efforts généreux, monfieur, vous ne réuffiffez pas, & que la cabale de Jean de Briffac l'emporte, j'en fais mon affaire tout feul, & je ne vous en aurai pas moins d'obliga tion; mais ayez, je vous en fupplie, l'extrême bonté de m'avertir, le plus tôt poffible, de la résolution du roi, afin que j'aille en avant. Il est urgent que je parte pour les eaux de Bourbonne ou qu'on me tire donc un coup de fufil: d'ailleurs, j'ai des créan ciers qui font tombés, par la révolution, dans le befoin, & qu'il eft preffant que je fatisfafle. » Sauvez au roi, monfieur, les reproches que je fuis fondé à lui faire fur l'empire des courtifans; la police eft impuiffante pour m'en empêcher; elle n'excite que mon mépris, & c'eft pour la dernière fois qu'elle vient de m'abufer au furplus, ce feroit un grand avantage pour moi d'être mis en prifon, j'y ferois nourri, & je ferois autorifé à dévoiler tout ce que, par pru dence & par égard pour le roi, je n'ai pas encore dit. Je doute qu'il en résulte rien de bon pour ceux qui m'oppriment. " Je fuis avec respect, monfieur votre très-humble & trèsobéiffant ferviteur, Morizot,' avocat rue Saint-Thomas-du-Louvre, n°. 41. Autre lettre. Paris, 27 mars 1792. » Monfieur, j'ai le plus grand empreffement de favoir la ré ponfe du roi; car, malgré vos bons offices & vos vertus Vous ne l'emporterez pas fur la cabale qui m'opprime fous les yeux de fa majesté depuis quatre ans, fans en avoir reçu le plus léger secours, que l'offre que vous avez eu la bonté de m'en faire di◄ manche dernier, laquelle offre eft venue trop tard pour que je daigne l'accepter après l'avoir fi long-temps & fi vivement follicitée fans l'obtenir. Je défirerois bien que vous vouluffiez m'en faire part, car je me trouve dans des circonftances bien contrariantes. mon plan étant arrêté fans vouloir m'en écarter, parce qu'il faut une fin prompte à mes douleurs. Demain je compte voir à neuf heures du matin M. de Brif fac; & fi je fors vainqueur de chez lui, je me propofe de donner un placet au roi, à fon paffage, relatif principalement à la trom perie que vient de me faire Perron de la Police & Soëtho. Si je n'en fors pas vainqueur, je n'aurai plus befoin de quof que ce foit, & j'emporterai la reconnoiffance que je vous dois des témoignages extérieurs que vous m'avez donnés de votre intérêt. "Il feroit poffible cependant que je manquaffe demain matin ma vifite à M. de Briffae, parce que, comme je veux des té moins de ma loyauté, il pourroit le faire que, malgré les précautions que j'ai prifes, ceux que j'attends manqualient; mais alors, fans autre délai, j'y ferai jeudi, & je donnerai néanmoins mon placet demain à une heure au roi. Ainfi vous voyez, monfieur, mon embarras à concilier les circonftances, & je vous parle comme à un père. ". Vous leveriez, monfieur, cet embarras, fi vous pouviez me donner avant neuf heures, demain, la réponse du roi, foit par écrit, foit de vive voix. Je fuis à vos ordres à toute heure du jour & de la nuit, & la proximité de nos demeures est favorable à un prompt rapprochement. » Faites ce qu'il vous fera poffible, monfieur ; j'ai toute confiance en votre candeur & bienfaisance. Je fuis avec respect, monfieur, votre très-humble & trèsobéiffant ferviteur, Morizot, avocat, rue Saint-Thomas du Louvre, no. 41, devant l'églife » Autre lettre. Paris, 28 mars 1792. Monfieur, je reçois avec reconnoiffance & refpect les avis que vous voulez bien me donner. Si mes projets font des coups de tête, fi mes actions font répréhenfibles, il faut en reprocher l'indifcrétion à ceux qui les néceffitent & les provoquent. Ceux-là feuls font criminels; mais malheureusement vous ne connoiffez abfolument pas mon affaire; & ce n'eft pas en parcourant par-ci par-là quelques feuillets de mes mémoires, que vous pourriez la connoître les chofes font liées de manière que rien n'en eft fuperflu. Vous connoissez encore moins les intrigues fecrètes qui me travaillent; car votre ame eft sûrement trop honnête pour ne pas en être pénétré d'horreur. La mienne en eft aujourd'hui tranfportée de rage, & l'attachement que je porte à mon infortuné maître, en eft la feule caufe. On le perd quand on abuse de fon autorité pour commettre & foutenir le crime. "Perfonne n'eft naturellement plus de fang froid & plus modéré que mois mais vous connoiffez comme moi le précepte d'Horace: Sunt certi denique fines, &c. Certes, depuis quatre ans que mon eftemach murmure contre ma modération, il a fallu en avoir une forte dofe pour réfifter à la juftice & à l'activité de fes murmures. J'y vais céder, monfieur, & feconder leur énergie avec une telle rapidité, que je réuffirai à les appaifer & à les fatisfaire. Je n'en conferverai pas moins une éternelle reconnoiffance de votre procédé. "Je fuis avec refpect, monfieur votre très-humble & très obéiffant ferviteur. Signé, Morizot, avocat », Autre lette. Monfieur, en rentrant chez moi hier au foir, j'y ai tronve une lettre qui m'a donné le fecret de la perfidic de M. de Briffac, fecondé de Soëtho & Perron, |