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res nécessaires pour son exécution. Vous sentez trop bien l'importance d'une école, qui peut procurer de si grands avantages, pour que j'aie besoin d'exciter votre zèle. Je vous dirai seulement qu'il importe d'autant plus de mettre de l'intérêt à sa réorganisation, qu'on s'occupe en ce moment d'un projet de loi et d'un projet d'ordonnance sur les écoles de ce genre. Il sera naturel de conserver et de développer de préférence celles qui se trou. veront sur un bon pied.

Agréez, je vous prie, Messieurs, l'assurance de ma parfaite considération. AUG. SORDE.

Dès le 26 du même mois, les professeurs, réunis sur l'invitation.de M. Bilon, l'un d'eux, (1) procédèrent à l'élection des deux candidats qui devront être présentés au Recteur pour remplir les fonctions de Directeur. «La majorité des suffrages se porta d'abord sur M. Silvy et ensuite sur M. Bilon. »

Les professeurs arrêtent, en outre : « 1° Que l'ouverture solennelle de la reprise des cours, qui se professent depuis plus de vingt ans à l'Hôpital de Grenoble, aura lieu le 11 décembre.

« 2o Que l'ordre suivant lequel les différents cours seront faits, sera réglé ainsi qu'il suit :

Anatomie M. FOURNIER;
Prysiologie: M. BILON;

Pathologie chirurgicale: M. SILVY ;

Cours de (mot en blanc): M. Billerey;

Cours de clinique interne et externe, par les professeurs en exercice, à l'issue de leur visite » ;

3o Il est décidé, dans la même séance : « Qu'une lettre sera écrite à M. le Recteur pour le remercier de la communication qui a été faite aux professeurs par sa missive du 23 novembre dernier, lui témoigner combien les professeurs attachent de prix aux liens qui vont les unir à l'Université de France, et particulièrement à son estimable Chef et lui assurer qu'ils ne négligeront rien pour justifier les espérances du gouvernement et mériter son approbation ».

Peu de jours après, le Recteur envoyait à Silvy sa nomination de chef de l'Ecole avec la lettre suivante :

Le Recteur de l'Académie de Grenoble

à Monsieur le Doyen de l'Ecole secondaire de médecine de Grenoble (2).

Monsieur,

J'ai l'honneur de vous adresser une copie du procès-verbal de la séance

(1) Registre des délibérations de l'Ecole secondaire de médecine de Grenoble. (2) Registre des délibérations de l'Ecole.

On remarquera que le Recteur emploie dans la mêmo lettre les mots doyen et chef.

du conseil royal de l instruction publique du 26 décembre dernier, portant votre nomination à la place de chef de l'Ecole secondaire de médecine de Grenoble.

Agréez, je vous prie, Monsieur, la nouvelle assurance de ma parfaite considération.

AUG. SORDE.

Enfin, le 11 décembre 1820, « MM. les professeurs de l'Ecole secondaire de médecine de Grenoble, réunis dans une des salles de l'Hôpital militaire de cette ville, ont fait l'ouverture de la reprise de leurs cours, en présence de MM. les administrateurs de l'Hospice et d'un grand concours d'étudiants de l'Ecole, de docteurs en médecine et de savants distingués de toutes les classes » (1).

Après un discours de Fournier, professeur d'anatomie, sur l'origine, les progrès et l'utilité de cette science, M. Bilon donne lecture de la lettre du Recteur et du règlement du conseil de l'instruction publique ; enfin le Directeur Silvy termine la séance par une instruction aux élèves, et les engage « à mériter l'estime du conseil royal, à repondre à la confiance de MM. les administrateurs de l'Hospice et justifier les espérances du bien aimé Monarque qui gouverne la France » (2).

Il ne restait plus qu'à complétér l'Ecole par la nomination d'un secrétaire, «M. le Recteur ayant informé M. le Doyen, qu'il lui paraît convenable de désigner l'un de MM. les professeurs, pour remplir les fonctions de secrétaire de l'Ecole ». Fournier, dans la séance du février 1821, fut nommé secrétaire.

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Tout s'annonçait bien; mais l'enseignement n'était pas en bonne voie à Grenoble; notre ville avait été trop liée au retour de l'empereur, le souvenir de la conspiration de Didier était encore trop vivace, pour que nous fussions bien vus par Louis XVIII: le 2 avril 1821, la Faculté de Droit était supprimée. Or, dans une ville comme la nôtre, tous les corps enseignants sont plus ou moins solidaires (3). Plusieurs circonstances

(1) Parmi les étudiants de l'Ecole, à cette époque, on doit citer Achille Comte, qui en 1823, était reçu interne à Paris et devait plus tard conquérir une grande réputation comme naturaliste didactique.

(2) Registre des délibérations.

(3) Le considérant du décret qui supprime l'Ecole de Droit est ainsi libellé :

« Plusieurs étudiants de la Faculté de Droit de Grenoble ont constamment figuré dans les troubles dont cette ville a été agitée à diverses époques; en dernier lieu, un grand nombre ont fait partie des attroupements qui ont arboré des signes de rebellion ».

diverses concoururent sans doute à arrêter l'essor de l'Ecole. La plus importante et la plus humaine était l'absence de traitement fixe pour les professeurs. Toujours est-il qu'en 1822 le Recteur dut inviter les professeurs de l'Ecole à reprendre leurs cours. Le 14 avril 1822 (1), « les professeurs de l'Ecole secondaire de médecine, réunis chez l'un d'eux, à l'effet de délibérer sur la proposition qui leur a été faite par M. le Recteur de reprendre les cours de l'Ecole, qui n'avaient été interrompus que par suite de quelques circonstances particulières qui n'existent plus, ont unanimement délibéré de présenter à M. le Recteur le mémoire suivant »;

<< Depuis quelque temps, diverses causes ont découragé les professeurs, éloigné les élèves et fait languir les cours; et même il ne se fait plus, en ce moment, qu'un enseignement clinique. Toute fois les principales de ces causes ont cessé d'exister; les professeurs, les élèves, les administrations civiles et celle de l'Hôpital désirent vivement que l'établissement reprenne toute son activité, et, pour arriver à ce but, il ne faut qu'un concours de moyens peu difficiles à réunir et dont le succès serait assuré. << Jusqu'ici le salaire des professeurs n'a été qu'éventuel, puisqu'il n'est fondé que sur les inscriptions des élèves. Or, il serait d'abord nécessaire qu'ils eussent un traitement fixe, qui, quelque modique qu'il fut, suffirait pour soutenir leur zèle, encourager leur travail et répondre de leur exactitude.

«Il est juste, en second lieu, que la ville de Grenoble et le département de l'Isère, qui doivent en retirer les premiers avantages, votent, à ce titre et pour cet objet, une somme annuelle, qui ne serait qu'un article bien faible de leur budget.

<< D'une autre part, l'admisistration de l'Hospice fournirait, comme elle l'a fait jusqu'ici, aux dépenses de localités, aux frais de dissection, aux achats d'instruments, ce dont elle est d'ailleurs bien dédommagée par la certitude d'avoir toujours un nombre d'élèves suffisant pour faire les pansements, suivre les visites et monter les gardes, tant dans l'Hôpital militaire qu'à l'Hôpital civil ».

L'administration de l'Hôpital s'exécuta de bonne grâce; elle comprenait évidemment qu'il était de son intérêt d'avoir des élèves; elle tenait aussi à garder la haute main sur l'Ecole qui, même depuis son entrée dans l'Université, n'en demeurait pas moins sa vassale. Une délibération du (1) Registre des délibérations.

conseil d'administration prend la résolution suivante (1): « Relativement au rétablissement de l'enseignement médico-chirurgical, qui avait été créé pour l'Hospice de Grenoble par décret de 1806, et dont la suspension avait eu lieu par suite de divers événements, l'administration décide que, pour contribuer autant qu'il est en elle au rétablissement de cet enseignement, il sera payé, pour 1823, aux professeurs, une somme de 2.400 fr. Le produit des inscriptions auxquelles seront soumis les élèves, en conformité des règlements existants (2), appartiendra, en outre, à l'Hospice, qui en fera la perception. >>

« Néanmoins, dans le cas où le produit des inscriptions excéderait la somme de 2.400 fr. à payer par l'Hospice, l'excédent tournera au profit des professeurs et sera divisé entre eux par portions égales, et cela de la même manière que les 2.400 fr. accordés. »

<< Les frais d'amphithéâtre et autres, relatifs aux cours, seront acquittés par l'Hopice, sans nulle distraction sur les 2.400 fr. accordés aux profes

seurs ».

En somme, à peu de frais, l'Hôpital s'annexait complètement l'Ecole. La situation mal définie et par conséquent fausse de deux institutions qui doivent rester séparées et amies, mais non fusionnées, l'Ecole et l'Hôpital, apparaît clairement dans la façon dont l'Hôpital et l'Ecole font, chacun de leur côté, le procès-verbal de la séance de rentrée du 13 janvier 1823. Voici le procès-verbal de l'Hôpital (3):

Ce jourd'hui 13 janvier 1823, la commission administrative et le conseil de charité de l'Hospice civil de Grenoble se sont réunis au lieu ordinaire des séances de l'administration, sous la Présidence de M. le Maire de la ville, en l'absence de M. le Préfet, qui devait présider l'assemblée, mais qui ne put s'y rendre par suite d'une indisposition. Le secrétaire général de la Préfecture. le Recteur de l'Académie et Messieurs les médecins et professeurs de l'Ecole secondaire de médecine..

Il était temps de citer les professeurs, car on eût pu croire qu'on avait négligé de les inviter. Nos prédécesseurs ne se formalisaient pas d'ailleurs; il leur suffit de rédiger leur procès-verbal à leur façon. Le voici (4):

Le 13 janvier 1823, à deux heures de relevée, Messieurs les Professeurs de l'Ecole secondaire de médecine, réunis dans la salle du bureau de l'administration de l'Hospice, ont fait l'ouverture de la reprise de leurs cours, en présence de Mgr l'évêque, du lieutenant général de la 7e division, de M. le Premier Président, du Procureur général, de M. le Maire de la ville et des

(1) Archives de l'Hôpital, E E, 2.
(2) Archives de l'Hôpital, EE, 2.
(3) Archives de l'Hôpital, E E, 2.
(4) Registre des délibérations de l'Ecole.

membres composant le conseil municipal, de M. le Maréchal de camp commandant du département de l'Isère, de MM. les intendants et sous intendants militaires, des administrateurs de l'Hospice civil et du bureau de charité, du conseil académique, etc........ ».

Dans l'un de ces comptes rendus, il s'agit d'une simple séance du conseil d'administration; dans l'autre, d'une séance solennelle d'ordre académique.

Peu importe, après tout: les discours du Directeur et de l'Inspecteur d'académie faisant fonction de recteur, donnèrent à la séance sa véritable couleur, et, au surplus, je n'insisterais pas sur ces détails relatifs à la situation administrative et hiérarchique des professeurs de l'Ecole secondaire, si les deux manières de comprendre le procès-verbal d'une même séance n'avaient pas pour conséquences, selon qu'on adoptera l'une ou l'autre, de faire de l'Ecole une Ecole d'enseignement supérieur dans le premier cas, et dans le second, une simple Ecole professionnelle.

Quel que soit, pour le moment, le caractère assez ambigu de l'Ecole, son Directeur Silvy fait tous ses efforts pour développer l'enseignement. Dans la réunion des professeurs du 3 février 1823 (1), « le Directeur appelle l'attention de ses collègues, sur la nécessité d'adjoindre au professeur d'anatomie un docteur en médecine de cette ville, avec le titre de chef des travaux anatomiques, dans le but de diriger les dissections, de faire des répétitions d'anatomie aux élèves ». « MM. les professeurs ont unanimement désigné pour occuper la place de chef des travaux anato-miques, M. Joseph Gérard, docteur en médecine, voulant, par cette nomination, lui donner un témoignage de l'estime qu'ils ont pour ses connaissances et pour la manière honorable dont il exerce la médecine ». « M. le Recteur approuve cette nomination, qui est dans l'intérêt de l'Ecole secon.daire et conforme aux règlements de l'Université de France ».

Il était, depuis quelque temps, question de réorganiser certaines Ecoles secondaires; mais ces projets ne se réalisaient pas et la situation financière de l'Ecole de Grenoble était toujours peu brillante.

Silvy écrit en 1823 au maire de Grenoble, M. le marquis de la Vallette, député, pour lui demander de faire voter quelques subsides à l'Ecole sur le budget de 1824. De son côté, la commission administrative de l'Hospice émet le vœu de voir remettre en activité les cours d'enseignement médicochirurgical de Grenoble et demande à la municipalité de voter une somme de 2.000 fr. pour les professeurs. La ville accorde 1.500 fr. Enfin, Silvy

(1) Registre des délibérations.

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