le département de Versailles n'ait rien dit sur cette corporation montrueuse. Il n'est pas hors de propos d'observer que le sieur Gueroult ne coùtoit au gouvernement que 2400 liv. tous les ans, et que pour lui substituer le sieur Prioreau, il en a coûté près de 30 mille liv. tous les ans, tant pour indemniser l'un, que pour bien payer la barbare intrépidité de l'autre Nous n'assurerons pas que ce soit cette même compagnie qui remplace à Saint-Cloud le service des gardes du corps, mais il y a lieu de présumer que cela est; rous invitons les bons citoyens à s'en informer et à réclamer contre ce service très- dangereux. La garde nationale ne doit pas souffrir que la garde du roi soit confiée, en ces circonstances, au ministre des vengeances et des caprices d'un Lambesc, à un Prioreau, qui depuis la révolution a commis des actes de violence contre le peuple, avec l'archarnement d'un esclave furieux. Tous les papiers publics ont annoncé la réception de M. de Chartres à la société des amis de la constitution, dite des Jacobins; son discours a été imprimé tout au long, et on a scrupuleusement compté les applaudissemens. Il paroît que le club des Jacobins, qui vante si haut son attachement aux vrais principes, n'a pas encore fait un grand pas vers l'égalité, et qu'il met plus d'importance à des formes de réception qu'il n'y regarde de près pour caresser un ci-devant prince, à qui il eût été beau, dans cette occasion, de donner une leçon. A l'égard de l'affectation des journalistes à publier cette petite féte, nous aimons à croire qu'ils ont voulu faire une ironie. L'espagne et l'Angleterre viennent de conclure un arrangement définitif qui assure la paix entre ces deux puissances. Louis XVI en a été informé le premier de ce mois, par l'ambassadeur d'Espagne. (192) Un des principaux articles du traité porte que Le domestique soupçonné d'avoir assassiné M. de Vitray, capitaine au régiment de la Couronne, vient d'être arrêté à Valenciennes ; la fille qui avoit refusé de le suivre, et qui la dénoncé, avoit reçu de lui une montre et une bague appartenantes à M. de Vitray, ce qui ne laisse plus de doute qu'il ne soit l'assassin. Une partie de la ville de Namur vient d'être détruite par l'explosion d'un magasin à poudre: on ne sait pas encore le nombre des morts; mais on a déjà trouvé près de 200 cadavres. La question du renvoi des ministres, agitée dans l'assemblée nationale, a eté un tocsin sonné sur eux dans tout le royaume. Paris vient de donner lexemple aux provinces de demander leur proscription. Les sections se sont assemblées ces jours derniers ; elles ont délibéré sur l'arrêté de celle de Mauconseil, qui forme une dénonciation précise et circonstanciće des ministres, dont nous avons parlé dans notre n°. 67. La matière a été discutée avec toute la chaleur, avec tout le patriotisme qu'elle mérite, et elles ont nommé des députés pour porter le résultat do leur vien à l'hôtel de ville. C'est hier 5 que la réunion de ces députés a eu lieu. Il se trouve que, sur 48 sections, 35 ont voté pour le renvoi absolu des ministres, sauf à leur faire leur procès sur les faits dénoncés par celle de Mauconseil. Nous observons que le vœu des 13 autres sections n'est pas encore connu. Le sicur de la Luzerne avoit pris l'épouvante d'avance;. comme un des plus coupables, il a donné sa démission la semaine dernière, et il a été remplacé par M. Fleurieu, homme connu dans la marine, mais très peu pour ses opinions sur la révolution. Il faut espérer que la conduite hono:able de la commune de Paris donnera l'éval à toutes celles du royaume, qui nous débarrasseront sans doute du reste des anciens visirs. VARIÉTÉS. VARIÉTÉ S. On nous écrit de Suisse que les aristocrates de tous les cantons s'évertuent en cent manières pour conserver les restes d'une autorité qui leur échappe. Les Français qui ont l'audace de parler avec éloge de la révolution de leur patrie, sont impitoyablement emprisonnés. Sur les confins de France et de Berne, on a fait mettre un cordon de troupes composé de 5000 hommes qui exercent l'inquisition la plus minutieuse sur les voyageurs ec sur les lettres. A Fribourg, les chefs du gouvernement poursuivent avec acharnement les frères Sudan, ces vertueux Fribourgeois, qui, en 1781, avoient tenté de rendre la liberté à leur patrie. L'un d'eux étoit un de ceux que l'assemblée nationale a fait élargir du bagne de Brest. Ces trois victimes de l'aristocratie vivoient retirées dans le comté de Neuchâtel, lorsque des émissaires du gonvernement de Fribourg sont entrés à main armée sur le territoire de la république pour les enlever. Ces infortunés étoient alors avec leur père, qui, âgé de plus de 80 ans, étoit allé les voir pour les serrer encore une fois dans ses bras, et leur donner sa bénédiction avant de terminer sa carrière. Heureusement qu'ils ont été avertis à temps; ils ont gagné au large, et ils ont échappé aux recherches de leurs persécuteurs altérés de sang. Cependant le territoire de Neuchâtel a été violé, et personne ne se plaint; y auroit-il donc une conjuration des gouvernemens contre la liberté des peuples! Dans notre n°. 55 nous avons parlé de M. AlexandreSabin Pignol, lieutenant des vaisseaux de la nation, (ci-devant du roi) qui, accusé par le sieur Albert de Rioms d'un vol de six francs dans la malle d'un charpentier, avoit été indignement dégradé de son état, selon les usages de l'ancien régime, c'est-à-dire, sans forme de procès. M. Pignol, jugé enfin selon les nouvelles loix de la marine, vient d'être déchargé de toute accusation. Nous nous faisons un devoir de publier son jugement d'absolution. << Vu par le conseil martial assemblé à bord du vais N”. 69. E seau Amiral, &c. le conseil martia a déchargé ledit sieur Alexandre-Sabin Pignol, de l'accusation contre lui portée, d'après le prononcé qu'en a fait le président. » Ledit conseil martial arrête en outre que le présent jugement sera imprimé au nombre de cent exemplaires, publié et affiché par-tout où besoin sera. Fait à bord du vaisseau l'Amiral, le douze octobre mil sept cent quat e-vingt dix. Signés, le commandeur de Glandèves, Possel, Florte, d'Orsin, Venel, Soqui, le chevalier de Dumas, Pas de Beaulieu, Brueys, chevalier Boyer d'Eguille, Gavoty." Pour copie, Baudeuf, greffier. Il vient de se former à Lyon une société patriotique, sous le nom de société populaire et philantropique des amis de la constitution. Son but est d'expliquer au peuple les décrets de l'assemblée nationale, d'instruire les citoyens pauvres de leurs droits et de leurs devoirs. Il seroit bien à souhaiter que cette institution aussi utile que sublime fût imitée dans toutes les villes du royaume ; ce seroit un moyen infaillible de déjouer toutes les spéculations anti-patriotiques des aristocrates. Extrait d'une lettre écrite d'Artonne, district de Une chose indigne vient de se commettre dans la ville d'Artonne, département du Puy - Dôme, district de Rioms. La société des amis de la constitution a arrêté que tous les dimanches un membre expliqueroit les décrets de l'assemblée nationale au peuple. En conséquence, M. Rozier, curé de Saint-Mion, membre de la société, a ouvert ce cours patriotique par un style simple, où il prouvoit évidemment que l'assemblée nationale, bien loin de roucher à la religion, l'avoit rappelée à son origine en lui donnant toute sa force. Ce vénérable pasteur étoit animé de cet amour de la patrie qui embrâse tous les esprits et y porte la conviction. Les ennemis du bien public qui inondent notre ville furent désolés de voir que les nuages d'ignorance qui enveloppoient l'esprit du peuple alloient être dissipés. Les prêtres sur-tout se coalisèrent, et les confesseurs poussèrent la scélératesse jusqu'à défendre à leurs pénitens d'assister à nos instructions publiques; le dimanche suivant on n'y vit que les habitans de Saint-Mion, parce que M. Rozier, leur curé, les avoit invités d'y venir. Voilà les moyens qu'emploient les ennemis du bien public pour égarer ce peuple. J'espère, monsieur, que vous voudrez bien insérer ceci dans vos révolutions de Par ris, et vous obligerez celui qui est avec fraternité, votre serviteur, &c. Nous recevons de tous les départemens du royaume des plaintes contre les prêtres, dont les uns ne veulent pas lire au prône les décrets de l'assemblée nationale; d'autres refusent l'absolution à ceux qui sont dans le dessein d'acheter les biens du clergé. Ailleurs, ils em ploient toutes les ressources du fanatisme pour soulever les peuples; en Languedoc, ils courent les rues le crucifix à la main, prêchant la croisade contre les protestans, et vorissant les imprécations les plus atroces et les plus dégoûtantes contre la nouvelle constitution. Nous nous chargeons volontiers de faire connoître les machinateurs de toutes ces con urations pieuses; nous invitons les bons citoyens à nous faire passer leurs noms (1), nous les livrerons à l'indignation publique. Affaire de quatre officiers du régiment de Bretagne. Le sieur d'Honières, lieutenant au régiment de Bretagne, en garnison à Briançon, il y a à peu près trois ans, fait une chanson badine. Le sur Moref, officier dans le même corps, croit s'y reconnoître dans l'épithète de géant informe. Il en porte ses plaintes au major Chabrol, son oncle, le major au colonel Ccerlosquer. Le colonel prend feu, et le sieur d'Horières est perdu; on lui arrache sa démission. Telle est à peu près l'introduction d'une affaire, exemple mémorable de l'odieux despotisme qui régnoit dans (1) Nous prions nos correspondans d'affranchir les lettres, sans quoi elles ne seroient pas reçues. E a |