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Ministère Bassano dit Ministère des Trois Jours
(10-18 novembre 1834).

Le nouveau ministère a été formé par ordonnances du

10 novembre 1834, sous la présidence du duc de Bassano.

Présidence du conseil et intérieur. | Marine et colonies. Bar. Ch. Dupin.

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Démission du ministère Bassano (14 novembre 1834).

Le Moniteur n'eut pas plutôt fait connaître les noms des nouveaux ministres qu'on entendit retentir partout comme un immense éclat de rire. Bien que le cabinet du 10 novembre renfermåt des hommes d'un mérite incontestable, la moquerie fut universelle, la moquerie fut sans pitié. Dès le lendemain, les nouveaux ministres ont lâché pied devant la risée publique, les uns par crainte du ridicule et par conviction de leur impuissance; les autres, et M. Passy à leur tête, par dégoût des honneurs serviles auxquels on prétendait les condamner1.

Le Journal des Débats du 15 novembre publie à la date du 14 que « le président du conseil, ministre de l'intérieur, le ministre de la guerre, chargé de l'intérim des affaires étrangères, et les ministres de la marine, des finances et du commerce ont remis leurs démissions au roi qui les a acceptées ».

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Ministère Mortier (18 novembre 1834-12 mars 1835).

Le nouveau cabinet a été constitué par ordonnances du 18 novembre 1834 sous la présidence du maréchal Mortier, duc de Trévise.

Présidence du conseil et guerre.
Maréchal Mortier.

Intérieur. Thiers.

Affaires étrangères. Vice-amiral comte de Rigny.

Finances. Humann.

Mar. et col. Amiral baron Duperré1.
Commerce. Duchâtel.

MM. Persil, justice et cultes et
Guizot, instruction publique,
des cabinets précédents, con-
servent leurs portefeuilles.

Démission du ministère Mortier (20 février 1835).

Homme de cœur, mais d'une incapacité parlementaire sur laquelle il ne se faisait pas illusion, le maréchal Mortier n'avait accepté la présidence du conseil que par dévouement au roi.

Les amis du duc de Broglie manœuvraient pour le faire rentrer au conseil. Cette rentrée était, du reste, favorisée par la complète nullité du maréchal Mortier, qui n'était guère autre chose qu'un mannequin respecté. L'interpellait-on, à la Chambre, il se dressait de toute la hauteur de sa taille gigantesque, promenait sur l'Assemblée des regards pleins d'une anxiété douloureuse, ouvrait la bouche et ne pouvait que balbutier. Il y avait là, pour le cabinet, une cause de défaveur et presque de ridicule. Le maréchal Mortier le sentait luimême. Brave soldat et homme d'honneur, sa dignité en souffrait cruellement, et il était bien décidé à ne pas pousser plus loin le sacrifice arraché, en novembre, à son zèle monarchique. Aussi, le 20 février 1835, il donne sa démission de président du conseil et de ministre de la guerre 2.

1. Nommé seulement le 22 novembre suivant.

2. Le maréchal Mortier a été tué le 28 juillet suivant, aux côtés de Louis-Philippe, lors de l'attentat commis par Fieschi, boulevard du Temple, 50, pendant la revue qui avait lieu en l'honneur de l'anniversaire des journées de juillet 1830.

F

L

Depuis longtemps, une rivalité s'était établie dans le sein du conseil entre M. Thiers et M. Guizot. Cette rivalité avait pris des proportions inquiétantes au moment de la retraite du maréchal Mortier. Pour mettre fin à cet état de choses, Louis-Philippe confie la présidence du conseil au duc de Broglie, le 12 mars 18351.

Ministère de Broglie (12 mars 1835-22 février 1836).

Ce cabinet, présidé par le duc de Broglie (Achille), est le même que le précédent, sauf deux changements: le maréchal Mortier, dont le portefeuille est confié par intérim au vice-amiral comte de Rigny, qui lui-même est remplacé aux affaires étrangères par le duc de Broglie.

Modifications au ministère du 12 mars 1835.

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Démission du ministère de Broglie (5 février 1836).

Le 14 janvier 1836, en présentant à la Chambre des députés le projet de budget de 1837, M. Humann, ministre des finances, sans s'être entendu, au préalable, avec ses collègues, déclare, dans son exposé des motifs, que le moment est favorable pour réduire l'intérêt de la dette publique (réduction des rentes 5 0/0) 2.

1. Louis Blanc. - Histoire de Dix ans.

2. A ces mots, un étonnement inexprimable éclate sur le banc ministériel. Le duc de Broglie indique par un geste expressif sa stupéfaction et sa colère, tandis que, se penchant vers lui, M. Thiers lui dit tout bas: « Mettez la main dans votre poche, mon cher duc, vous allez y trouver un événement. » (Louis Blanc. Histoire de Dix ans.)

Le 18 janvier, M. le duc de Broglie, président du conseil, informe la Chambre par lettre que par une ordonnance royale de ce jour, « le roi a accepté la démission de M. Humann et a nommé M. le comte d'Argout ministre des finances ».

M. Humann, qui avait repris sa place à son banc de député, monte à la tribune pour expliquer les raisons qui l'ont déterminé à proposer la conversion des rentes. M. le président du conseil dit alors que personne plus que lui ne regrette que l'incident soulevé à la séance de jeudi dernier ait amené la retraite de M. Humann dont il approuve hautement l'intégrité, le savoir et le dévouement pour le prince et pour le pays.

Mais, poursuit-il, le gouvernement représentatif en particulier est sévère et rigide; il a ses conditions d'existence que l'on doit subir bon gré mal gré. Dans le nombre de ces conditions, l'une des plus importantes, c'est l'unité dans le ministère. Cette unité, le maintien m'en est confié. Lorsqu'un dissentiment éclate, chacun a le droit de m'en demander compte et j'en suis responsable.

Le budget a été arrêté en conseil; la rédaction de l'exposé des motifs a été confiée, comme elle l'est toujours, au ministre des finances; il n'a reçu du cabinet aucune mission de traiter la question de la réduction des rentes, et personne d'entre nous ne lui a demandé communication de l'exposé des motifs, parce que cela est sans exemple, parce qu'on s'en remet toujours au ministre chargé de proposer la loi, du soin d'exposer la pensée commune...

Des explications étaient alors devenues nécessaires; l'honorable préopinant a préféré les donner à cette tribune comme simple député; il a craint qu'on ne lui imputât des motifs qui assurément étaient bien loin de sa pensée, et il a mis son désintéressement à l'abri de toute atteinte en quittant le ministère; on ne peut qu'honorer cette détermination.

Quant au fond même de la question.., si la proposition naissait dans la Chambre, le conseil est unanimement d'avis qu'il doit la repousser.

Malgré cet avis du chef du cabinet, M. Gouin dépose le 1** février 1836, à la Chambre des députés, une proposition de loi ayant pour objet la conversion des rentes 5 0/0 en rentes 4 ou 3 0/0. Il la développe le 4 février. M. Thiers, ministre de l'intérieur, la combat dans un long et brillant dis

cours.

Le 5 février, plusieurs orateurs sont entendus sur la prise en considération, entre autres MM. Berryer, B. Delessert, Dufaure, Humann, de Lamartine, Passy et Sauzet. Les ministres de Broglie, Duchâtel, Guizot et Thiers la combattent dans des termes éloquents et par de puissants arguments. Après la clôture de la discussion, deux propositions sont en présence: la prise en considération et l'ajournement de la proposition. Sur la demande de M. Hébert, la priorité est accordée à la question d'ajournement. L'ajournement est ensuite rejeté au scrutin par 194 voix contre 192.

Le soir même, la Chambre des députés votait, par assis et levé, la prise en considération de la proposition relative à la conversion des rentes.

Le Moniteur du lendemain 6 février publiait la note sui

vante :

Au sortir de la séance de la Chambre des députés, tous les ministres se sont rendus aux Tuileries, où ils ont déposé leur démission entre les mains de Sa Majesté1.

Premier ministère Thiers (22 février-6 septembre 1836).

La crise ministérielle a duré jusqu'au 22 février. Par ordonnances de ce jour, Louis-Philippe a constitué comme suit son ministère sous la présidence de M. Thiers:

Présidence du conseil et affaires

étrangères. Thiers. Justice et cultes. Sauzet.

Intérieur. Comte de Montalivet.
Instruction publique. Baron Pelet
(de la Lozère).
Commerce et trav. publ. H. Passy.

MM. le comte d'Argout, finances. le maréchal Maison, guerre, et l'amiral baron Duperré, marine et colonies, du cabinet précédent, conservent leurs portefeuilles.

1. C'était justement le résultat que cherchaient à obtenir les partisans de M. Thiers. Ils s'étaient coalisés dans ce but avec le tiers parti pour renverser les doctrinaires Guizot et de Broglie. (Louis Blanc. de Dix ans.)

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