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nie, fi c'est par le Droit Turc, contre lefquels il a porté les Tranffylvains à prendre les Armes comme contre des Tyrans. Par quel Principe de Religion & de Piété, dit-il, la Cour de Vienne a-t'Elle détâché par fon Alliance les Tranffylvains de la focieté des Turcs pour les rendre fes Sujets, en les affranchiffant d'une efpéce de Protection des Turcs, & pour leur impofer, comme l'expérience l'a fait voir, un Joug infiniment plus dur que celui dont les Infidéles accablent des Peuples Conquis.

En répondant au 3. Article, l'on cherche avec curiofité, dit cet Auteur, où font les Etats de Tranffylvanie dont on allegue le Confentement & l'Approbation. Rien ne peut préjudicier à la liberté des Etats qui n'ont jamais confenti aux Transactions faites avant ou après la Paix de Carlowitz par quelques Seigneurs particuliers & Penfionaires de la Cour de Vienne. On ne défavouë pas que cette Cour ne tâche de prou ver de vive voix & par Ecrit, que fon Droit fur la Tranffylvanie à pour fondement le confentement libre des Etats de cette Principauté; mais les critiques ne fçavent comment s'y prendre pour accor

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der cette Liberté avec la dureté & les Prieres Armées, pour ainfi dire, que la Cour a toûjours été obligée de mettre en ufage, pour avoir ce qu'Elle fouhaitoit, fans néanmoins avoir pû obtenir par au cun Acte authentique, de la part des Etats, ce qu'Elle avance avoir été accordé par Eux.

Ils fouffroient toûjours Gubernium violentum fans ofer s'y oppofer quoiqu'ils ayent toûjours demandé à la Cour de Vienne l'exécution du Diplome de l'Empereur Leopold de l'an 1691., par lequel la confervation de leurs Libertez & du Droit des Elections leur avoit été promife & allurée.

La prétendue Contradiction folennelle & univerfelle des Tranffylvains contre l'Election libre que les Etats ont faite en faveur du Prince Rakoczi en 1704. cft nulle, & on ne peut pas dire que cette Election a été violente, puifque le Prince Rakoczi n'a jamais eu affez de For ces Etrangères pour contraindre les Etats de Tranffylvanie; ce furent eux mêmes qui fe fouleverent pour fecoüer le Joug qui leur avoit été impofé, & auffi tốt qu'ils virent les Troupes de l'Empereur

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ferrées dans les Villes d'Hermanftadt, Kronftadt, & dans le Château de Fogaras, ils s'affemblerent à Albe Royale, lieu ordinaire de la Refidence des Princes, & de la tenue des Diétes, & dans la vûë d'affermir leurs Loix & leurs Libertez ils procederent à l'Election d'un nouveau Prince en 1704., fans que perfonne fe trouvât de la part du Prince Rakoczi à leur Affemblée, & l'élurent tous unanimement, à la referve de peu de particuliers que le Général Rabutin tenoit comme Prifonniers dans lesdites Places; ceux ci étoient reduits au filence, & n'avoient que le pouvoir de parler contre les Loix; ainfi il n'y a eu que ceux-ci qui n'ofant refufer de fatisfaire à la volonté de ces Maîtres impitoyables ont oppofé cette prétendue formalité à l'Election faite par tous les Etats de Tranffylvanie.

Ces mêmes Etats inaugurerent l'an 1707. le Prince Rakoczi à Marot Vafarhely dans une Diéte également libre, vû qu'aucunes Troupes Etrangères ni les propres Forces du Prince Rakoczi n'y intervinrent; ce qui auroit pû donner quelque air de violence ou de contrainte à cette procedure; Qu'elle a été auffi libre que legiti

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me, & qu'on ne peut pas donner atteinte aux Droits dudit Prince fur cette Princi pauté, qu'en le convainquant par des preuves claites & manifeftes, qu'il a manqué à fa Capitulation.

Finalement on foutient, que fupofé, ce qui eft néanmoins très faux, que Sa Majefté Imperiale ait acquis des Turcs quelque Droit fur la Tranffylvanie, ce ne peut être tout au plus que le Droit de Protection, puifqu'ils n'en ont jamais eu d'autre, & qu'ainfi le Turc n'a pas pû donner plus de Droit qu'il n'avoit, & plus qu'il n'a jamais prétendu, & que par conféquent Sa Majefté Imperiale ne peut pas fur aucun fondement ôter à la Tranffylvanie fes Libertez & Priviléges, & encore moins la priver du Droit d'élire des Princes.

L'Auteur répondoit au 4. Article, qu'il étoit honteux à la Cour de Vienne d'avoir ftipulé avec les Turcs de renverser la Liberté de ceux qui l'avoient servi comme Alliez contre les Infidéles, au lieu des les conferver en leurs Droits & Immunitez felon la parole qu'Elle leur en avoit donnée dans le Traité d'Alliance fi fouvent mentionné; Que ce n'étoit pas

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une chofe nouvelle à l'Autriche que de traiter avec la Porte à l'infçu & aux dépens des Etats; qu'Elle avoit tenu cette conduite en 1664. pour accabler les Hongrois, & qu'Elle venoit d'en ufer de même à Carlowitz pour mettre les Tranffylvains fous le Joug.

Au refte, ajoûte le même Auteur, par ce qu'on dit dans le Traité de Carlowitz, de laiffer la Tranffylvanie in ftatu quo, c'està-dire dans l'état où elle fe trouve, on ne peut pas fans forcer le fens de ces mots, entendre aucun autre état que l'extérieur qui intéreffe les parties Belligerantes, car l'état intrinfeque du Gouvernement étant changé de quelque maniére que ce pût être, les Turcs ne s'embarafferont pas du Gouvernement de cette Principauté, s'inté reffant uniquement à l'exacte observation des Conditions de Paix, & de ce qui avoit été reglé touchant les Frontiéres, ce que les Tranffylvains prétendent auffi obferver religieufement.

Ainfi on conclut avec beaucoup plus de juftice & d'équité, qu'on n'enfreindra pas la Paix de Carlowitz en déclarant cette Principauté libre & Elective, comme elle a été fous les Turcs, & que la Tranffylvanie s'étant Alliée à l'Empereur pour le délivrer du

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