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vouloient que tout le peuple fût heureux, qui ne vous comptoient pas plus qu'un de ces miférables jans-culottes du faubourg Saint-Antoine allez, meffieurs, vous allez vivre en paix, vous aurez la paix

vous mourrez

en

paix; rendez des actions de graces à votre bon roi & à fa majeft pruffienne, & à fa majefté impériale, qui s'honorera toujours de vous commander fous le nom de Marie-Antoinette d'Autriche, fon augufte tante.

Mais admirez la bonté de M. le duc, qui, au lieu de prendre, de ruiner, d'incendier Paris, veut bien appeler tous Is Parifiens, même tous les Français, à retourner fans délai aux votes de la taifon, à ouvrir leurs portes, à recevoir des maîtres, à rétablir l'ordre prix de l'esclavage.

au

«C'est dans ces vues que, moi fouffigné, général ≫ commandant en chef des deux armées, déclare, 1°. qu'en» traînées dans la guerre préfente par des circonstances » irréfiftibles, les deux cours alliées ne fe proposent d'au» tre but que le bonheur de la France, fans prétendre » s'enrichir par des conquêtes ». Les honnêtes gens que ces deux cours! elles fe trouvent fi bien du bonheur. qu'on goûte à Berlin & à Vienne, que charitablement & officicufement elles veulent le propager jufque dans les murs de Paris: c'eft ainfi que chaque fecte a fa pro pagande.

2. Qu'elles n'entendent point s'immifcer dans le » gouvernement intérieur de la France; mais elles veu» lent uniquement délivrer le roi, la reine & la famille

royale de leur captivité, & procurer à fa majefté très» chrétienne la sûreté néceffaire, pour qu'elle puiffe » faire, fans danger, fans obftacle, les conventions qu'elle » jugera à propos, & travailler à affurer le bonheur de

fes fujets, fuivant fes promeffes & autant qu'il dépend » d'elle ». Rien de plus pofitif que cet article: les Autrichiens & les Pruffiens ne veulent pas s'immifcer dans notre gouvernement que, fans obftacle, Louis XVI foit à même de faire avec fes fujets telles conventions qu'il jugera à propos. N'eft-ce pas comme fi Frédéric-Guillaume & François difoient: Votre gouvernement actuel nous déplaît, nous n'en voulons pas; mais lorfque notre confrère de Versailles l'aura organifé lui-même, comme il le jugera à propos, nous promettons une parfaite neutralité cela eft ingénu & nullement équivoque. Mais

lecteur !

lecteur! n'avez-vous pas remarqué cette phrafe : fuivant SES PROMESSES, & autant qu'il dépendra d'elle (de Louis XVI)? Louis XVI a donc fait des promeffes aux deux cours alliées? Il eft donc d'intelligence avec elles? Falloit-il cette preuve de plus pour le juger?

«3°. Que les armées combinées protégeront les villes, » bourgs & villages & les biens & les perfonnes de tous » ceux ceux qui le foumettront au roi, & qu'elles con>> courront au rétablissement instantané de l'ordre & de la police dans toute la France ». Pour prouver combien cette promeffe eft fincère, nous nous contenterons de rappeler un fait qui eft à la connoiffance de tous les Français. Les Autrichiens ayant pénétré dans le bourg de Joug, & y étant en force, ont maffacré le maire, la municipalité & la garde nationale; ces tigres ont arraché la langue aux malheureux gardes nationaux, ils la leur ont clouée fur la tête. Voilà comme les Autrichiens protégent les perfonnes.

4°. Que les gardes nationales font fommées de veil»ler provifoirement à la tranquillité des villes & des » campagnes, à la sûreté des perfonnes & des biens de

tous les Français, jufqu'à l'arrivée des troupes de » leurs majestés impériales & royales, ou jusqu'à ce qu'il

en foit autrement ordonné, fous peine d'en être per» fonnellement refponfables; qu'au contraire ceux des » gardes nationales qui auront combattu contre les trou» pes des deux cours alliées & qui feront pris les armes » à la main, feront traités en ennemis & punis comme » rebelles à leur roi & comme perturbateurs du repos

public». Un autre fait fert de réponse à cet autre article. On fait qu'à la prife momentanée de la ville d'Or chies, les Autrichiens ont maffacré huit perfonnes. Or quelles étoient ces perfonnes? L'un d'eux étoit un riche hôtelier, qui avoit le privilége exclufif de loger tous les émigrés qui fe rendoient à Tournay; cet homme avoit conftamment infulté à la révolution, il avoit conftamment refusé de faire le fervice de la garde nationale; enfin, il partageoit bien fincérement toutes les opinions, tous les crimes de Coblentz; mais fa maifon étoit garnię de meubles précieux, & les foldats de l'armée du duc de Brunswick l'ont réputé jacobin, il a été égorgé par

eux.

5°. Que les généraux, officiers, bas - officiers, lẹ No. 160. Tome 13.

B

foldat des troupes de ligne françaises, font également » fommés de revenir à leur ancienne fidélité, & de fe » foumettre fur le champ au roi, leur légitime fouverain ». Ces lignes font déjà dans l'adreffe que Charles Lameth colportoit dans l'armée de Luckner, & que Lafayette à fait figner dans fon camp.

«6°. Que les membres des départemens, des districts » & des municipalités feront également refponfables fur » leur tête & fur leurs biens, de tous les délits, incen » dies, assassinats, pillages & voles de fait qu'ils laiffe »ront commettre, ou qu'ils ne fe feront pas notoire»ment efforcés d'empêcher dans leur territoire ». Voilà qui s'adreffe à Pétion pour la journée du 20 juin. M. le duc ne promet de faire grace aux autorités conftituées, qu'à condition qu'ils déploieront fouvent le drapeau rouge, afin d'empêcher le peuple de fe raffembler & de délibé rer ou d'agir de manière à mettre bon ordre à l'invasion des Autrichiens.

«7°. Qu'ils feront également tenus de continuer pro» vifoirement leurs fonctions jufqu'à ce que fa majesté » très-chrétienne, remife en pleine liberté, y ait pourva » ultérieurement, qu'il en ait été autrement ordonné en » fon nom dans l'intervalle ». On affure que cette dernière propofition eft concertée avec la majorité de ces directoires corrompus, fi fort affectionnés à la personne du roi, qui leur a promis de les maintenir à vie dans leurs places, s'ils pouvoient, conjointement avec les Autrichiens, opérer la contre-révolution.

«8°. Que les habitans des villes, bourgs & villages » qui oferoient fe défendre contre les troupes de leur majefté impériale & royale, & tirer fur elles, foit en » rafe campagne, foit par les fenêtres, portes & ouver »tures de leurs maifons, feront punis fur le champ fui»vant la rigueur du droit de la guerre, ou leurs mai» fons démolies ou brûlées. Tous les habitans au con» traire defdites villes, bourgs & villages qui s'empreffe »ront de fe foumettre à leur roi, en ouvrant leurs portes > aux troupes de leurs majeftés, feront à l'inftant fous » leur fauve-garde immédiate, leurs perfonnes, leurs » biens, leurs effets, feront fous la protection des loix, » & il fera pourvu à la sûreté générale de tous & chacun » d'eux ».

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Nous répondons à ceci par un fait notoire dans toute l'Europe. Le général Brunswick & tous les géné

raux qui fervent fous fes ordres ne retiennent leurs foldats que par la promeffe folennelle du pillage de la France. Et voudroit-on bien nous dire comment, dans un pillage général, il feroit poffible de faire diftinguer à une foldatefque effrénée les maifons & les propriétés de ceux qui auroient eu la lâcheté d'ouvrir leurs portes à l'ennemi. Encore un coup, il en feroit des patriotes modérés, même des plus ardens contre révolutionnaires comme il en fut à Orchies de cet aubergifte imbécille. « 9°. La ville de Paris, & tous fes habitans fans dif»tinction, feront tenus de fe foumettre fur le champ » & fans délai au roi, de mettre ce prince en pleine » & entière liberté, & de lui affurer, ainfi qu'à toutes » les perfonnes royales, l'inviolabilité & le refpe&t aux» quels le droit de la nature & des gens obligent les fu» jets envers les fouverains; leurs majeftés impériales & >> royales rendent perfonnellement refponfables de tous » les événemens, fur leurs têtes, pour être militaire»ment, fans efpoir de pardon, tous les membrés de » l'affemblée nationale, du district, de la municipalité & de la garde nationale de Paris, les juges de paix, & tous autres qu'il appartiendra; déclarent en outre leurs» dites majeftés, fur leur foi & parole d'empereur & roi, » que fi le château des Tuileries eft forcé ou infulté, que s'il eft fait la moindre violence, le moindre ou» trage à leurs majeftés le roi, la reine, & la famille royale, s'il n'eft pas pourvu immédiatement à leur sû»reté, à leur confervation & à leur liberté, elles en ti»reront une vengeance exemplaire & à jamais mémo>> rable, en livrant la ville de Paris à une exécution » militaire, & à une fubvention totale, & les révoltés

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coupables d'attentats aux fupplices qu'ils auront mérités. » Leurs majeftés impériales & royales promettent au con» traire aux habitans de la ville de Paris d'employer » leurs bons offices auprès de fa majefté très-chrétienne, » pour obtenir le pardon de leurs torts & de leurs er

reurs, & de prendre des mefures les plus rigoureuses » pour affurer leurs perfonnes & leurs biens, s'ils obéif» fent promptement & exactement à l'injonction ci» deffus ».

Cet article, qui d'abord femble n'être qu'une répétition des précédens, mérite cependant une attention particulière. Où M. le duc de Brunswick a-t-il vu que la

droit de la nature, c'eft-à-dire, le droit de l'égalité; obligeoit les fujets envers les fouverains? Qu'est-ce qu'un fujet, qu'est-ce qu'un fouverain dans le droit naturel? On diroit à cette phrafe que le droit naturel des Allemands n'eft pas le droit naturel des Français. Nous remarquons encore que M. le duc a fuppofé gratuitement qu'il y eût un district, ou des diftricts à Paris. Or, cette cette erreur de localité nous prouve affez ce que nous difions plus haut que le manifefte impérial & royal est bien réellement de la fabrique de Coblentz, où l'on connoît peu nos nouvelles inftitutions. La fuppofition de l'invafion populaire du château des Tuileries nous fournit matière à une troifième réflexion. Louis XVI fauroit-il que, foit que fa déchéance foit prononcée par l'affemblée nationale ou non, elle eft prononcée par le peuple? Sauroit-il que ce qu'il nomme fon palais pourroit bien dans peu ne l'être plus? Auroit-il en conféquence envoyé fes notes à Coblentz? Et le fatras pompeux du général de Coblentz n'auroit-il pas été imaginé, publié uniquement dans la croyance qu'on peut en impofer aux Parifiens comme à des enfans?

Ce qui fuit de la proclamation eft trop ridicule, tróp abfurde, trop extravagant, pour que nous nous en occupions davantage. Nous ne le tranfcrivons ici qu'afin de configer dans nos annales ce monument incroyable de l'excès du délire & de la folie.

«Enfin leurs majestés ne pouvant reconnoître pour loix en France, que celles qui émaneront du roi, jouiffant d'une liberté parfaite, proteftent d'avance contre l'authenticité de toutes les déclarations qui pourroient être faites au nom de fa majefté très-chrétienne, tant que fa perfonne facrée, celle de la reine, & de toute la famille royale, ne feront pas réellement eu sûreté, à l'effet de quoi leurs majeftés impériales & royales invitent & follicitent fa majefté très-chrétienne de défigner la ville de fon royaume, la plus voifine de fes frontières, dans laquelle elle jugera à propos de fe retirer avec la reine & fa famille, fous bonne & sûre escorte qui lui fera envoyée pour cet effet, afin que fa majefté très-chrétienne puiffe en toute sûreté appeler auprès d'elle les miniftres & les confeillers qu'il lui plaira défigner, faire telles convocations qui lui paroîtront convenables, pourvoir au ré

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