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Etats de Tranffylvanie, a reconnu leur Souveraineté, & l'affure en ces Termes Que ce Traité ne préjudiciera rien aux Droits du Prince, à l'Election de fon Fils, & à toutes les libertez de Tranffylvanie qui feront maintenuës.

Sur le fecond Article l'Auteur foutient, qu'il n'y a rien de plus oppofé à la Piété Chrêtienne & à la liaison des Societez humaines que de s'approprier une Principauté laquelle à la Priére de l'Empereur avoit figné un Traité d' Alliance folennelle pour agir conjointement avec Elle contre les Turcs: En effet, on ne peut pas s'imaginer qu'en faisant ce Traité les Tranffylvains ayent eu pour but de devenir la proye de la Maison d'Autriche, puifqu'il devoit leur être fort indifférent d'avoir pour Maitre l'Empereur d'Orient ou celui d'Occident: Ils fe font donc uniquement proprofé, en contractant cette Alliance, de fe faire rendre en vertu du troifiéme Article ce qui fe trouveroit appartenir à la Prin cipauté, parmi les Conquêtes qu'on pourroit faire. Le même Auteur continue à demander fous quel couleur, fous quel prétexte, & avec quelle confcience l'Empereur prétend être maître de la Tranffylva

nie, fi c'est par le Droit Turc, contre lefquels il a porté les Tranffylvains à prendre les Armes comme contre des Tyrans. Par quel Principe de Religion & de Piété, dit-il, la Cour de Vienne a-t'Elle détâché par fon Alliance les Tranffylvains de la focieté des Turcs pour les rendre fes Sujets, en les affranchiffant d'une efpéce de Protection des Turcs, & pour leur impofer, comme l'experience l'a fait voir, un Joug infiniment plus dur que celui dont les Infidéles accablent des Peuples Conquis.

En répondant au 3. Article, l'on cherche avec curiofité, dit cet Auteur, où font les Etats de Tranffylvanie dont on allegue le Confentement & l'Approbation. Rien ne peut préjudicier à la liberté des Etats qui n'ont jamais confenti aux Transactions faites avant ou après la Paix de Carlowitz par quelques Seigneurs particuliers & Penfionaires de la Cour de Vienne. On ne défavouë pas que cette Cour ne tâche de prou ver de vive voix & par Ecrit, que fon Droit fur la Tranffylvanie à pour fondement le confentement libre des Etats de cette Principauté; mais les critiques ne fçavent comment s'y prendre pour accor

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der cette Liberté avec la dureté & les Prieres Armées, pour ainfi dire, que la Cour a toûjours été obligée de mettre en ufage, pour avoir ce qu'Elle fouhaitoit, fans néanmoins avoir pû obtenir par aucun Acte authentique, de la part des Etats, ce qu'Elle avance avoir été accordé par Eux.

Ils fouffroient toûjours Gubernium violentum fans ofer s'y oppofer quoiqu'ils ayent toûjours demandé à la Cour de Vienne l'exécution du Diplome de l'Empereur Leopold de l'an 1691., par lequel la confervation de leurs Libertez & du Droit des Elections leur avoit été promife & afsurée.

La prétendue Contradiction folennelle & univerfelle des Tranffylvains contre l'Election libre que les Etats ont faite ent faveur du Prince Rakoczi en 1704. eft nulle, & on ne peut pas dire que cette Election a été violente, puifque le Prin ce Rakoczi n'a jamais eu affez de For ces Etrangérés pour contraindre les Etats de Tranffylvanie; ce furent eux mêmes qui fe fouleverent pour fecoüer le Joug qui leur avoit été impofé, & auffi tôt qu'ils virent les Troupes de l'Empereur

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ferrées dans les Villes d'Hermanstadt, Kronstadt, & dans le Château de Fogails s'affemblerent à Albe Royale, lieu ordinaire de la Refidence des Princes, & de la tenue des Diétes, & dans la vûë d'affermir leurs Loix & leurs Libertez ils procederent à l'Election d'un nouveau Prince en 1704., fans que personne fe trouvât de la part du Prince Rakoczi à leur Affemblée, & l'élurent tous unanimement, à la referve de peu de particuliers que le Général Rabutin tenoit comme Prifonniers dans lefdites Places; ceux ci étoient reduits au filence, & n'avoient que le pouvoir de parler contre les Loix ainfi il n'y a eu que ceux-ci qui n'ofant refufer de fatisfaire à la volonté de ces Maîtres impitoyables ont oppofé cette prétendue formalité à l'Election faite par tous les Etats de Tranffylvanie.

Ces mêmes Etats inaugurerent l'an 1707. le Prince Rakoczi à Marot Vafarhely dans une Diéte également libre, vû qu'aucu nes Troupes Etrangères ni les propres Forces du Prince Rakoczi n'y intervinrent; ce qui auroit pû donner quelque air de violence ou de contrainte à cette procedure; Qu'elle a été auffi libre que legiti

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me, & qu'on ne peut pas donner atteinte aux Droits dudit Prince fur cette Principauté, qu'en le convainquant par des preuves claites & manifeftes, qu'il a manqué à fa Capitulation.

Finalement on foutient, que fupofé, ce qui eft néanmoins très faux, que Sa Majefté Imperiale ait acquis des Turcs quelque Droit fur la Tranffylvanie, ce ne peut être tout au plus que le Droit de Protection, puifqu'ils n'en ont jamais cu d'autre, & qu'ainfi le Turc n'a pas pû donner plus de Droit qu'il n'avoit, & plus qu'il n'a jamais prétendu, & que par conféquent Sa Majefté Imperiale ne peut pas fur aucun fondement ôter à la Tranffylvanie fes Libertez & Priviléges, & encore moins la priver du Droit d'élire des Princes.

L'Auteur répondoit au 4. Article, qu'il étoit honteux à la Cour de Vienne d'avoir ftipulé avec les Turcs de renverfer la Liberté de ceux qui l'avoient servi comme Alliez contre les Infidéles, au lieu des les conferver en leurs Droits & Immunitez felon la parole qu'Elle leur en avoit donnée dans le Traité d'Alliance fi fouvent mentionné; Que ce n'étoit pas

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