Page images
PDF
EPUB

MONSIEUA LE PRÉSIDENT "

[ocr errors]

J'ai l'honneur de vous envoyer copie de la lettre que M. d'Aumont premier gentilhomme de la chambre du roi, vient de m'adresser. Je vous serai obligé d'avoir la bonté d'en faire part à l'assemblée nationale. Je suis avec respect, &c.

Depuis quelques jours le roi est incommodé d'une fluxion occasionnée par une douleur de la dent incisive supérieure. Sa majesté a le visage gonflé. Il s'est joint quelque mouvement de fièvre & un peu de chaleur d'entrailles; les symptômes continuent aujourd'hui la fiévre nous paroît plus modérée le dentiste juge qu'il y a un peu de fluxion autour de la gencive.

[ocr errors]

:

A Saint-Cloud, le premier août 1790.

Signé, le Mounier, Vicq d'Azir.

[ocr errors]

par

&

M. Alquier a fait ensuite lecture d'une lettre de M. Necker, à laquelle il joint un mémoire en réponse aux deux inculpations principales faites contre lui dans la séance de dimanche dernier, savoir : les sommes payées aux créanciers de M. d'Artois, & les 30 mille livres données à madame de la Marck. Sur la première, il dit que dans tous ses comptes imprimés, dans tous les étas qu'il a remis à l'assemblée cet article a été compris & garanti aux créanciers la parole formelle du roi. Les états imprimés par le comité des pensions lui-même, en font mention à raison de 16 cent mille livres par an. Le paiement de 1789. avoit été fait à l'avance en assignations; & personne ne s'est opposé à ce qu'il fût compris parmi les remboursemens. La présentation des tableaux spéculatifs à l'assemblée ne seroit qu'un piége pour les ministres, si, au lieu d'en ordonner la suspension, on prenoit note de certains articles pour les censurer lorsque le paiement en seroit effectué. Mais à quoi on ne s'attend pas, continue M. Necker c'est que depuis mon retour au ministère, il n'a été rien payé pour cet objet, malgré les vives solicitations des intéressés ; & ces intéressés sont des pères de famille pour la plupart qui comptant sur la parole du roi, ont fait des avances au trésorier de M. d'Artois. Cette inculpation se trouve

encore erronée par le fait. Je ferai seulement remárquer la fatalité inconcevable avec laquelle je suis accusé d'un côté de m'être prêté avec trop de facilité à des paiemens qu'on me taxoit de l'autre de refuser avec injustice.

pu

Sur la seconde inculpation, je réponds que je n'avois aucune connoissance d'un paiement fait à madame de la Marck. J'en ai demandé l'expliquation à M. de Thierry. Il m'a répondu que ces 30 mille livres avoient été réellement comptées à madame de la Marck; voici pourquoi: Cette dame occupoit un appartement aux tuilleries, qu'elle avoit meublé à grands frais, & dont plusieurs mémoires n'étoient pas encore payés. Le roi arrivant à Paris, le 6 octobre sans avoir " rien faire préparer, s'est accommodé des meubles qu'il a trouvé dans l'appartement qu'occupoit madame de la Marck. C'est aujourd'hui en partie celui de la reine : les petits cabinets du roi en font aussi partie. Le roi a pris l'engagement de payer 120 mille livres à madame de la Marck en 10 ans, dont 30 mille livres la première année, & 10 mille livres les suivantes, à condition que si madame de la Marck, âgée de plus de 70 ans, noit à mourir, le roi seroit déchargé de tout paiement ultérieur. Enfin, le premier paiement a été effectué non par le trésor public, mais par le produit de la vente de quelque vieux meubles du garde-meuble. Je suis fàché d'entrer dans tous ces détails; mais je n'y vors rien de surprenant que l'obligation où j'ai été de les donner. Ainsi le doge de Gènes, malgré les statuts exprès & les loix, se trouvant transporté dans la cour fastueuse de Louis XIV, n'y trouva rien d'extraordinaire que sa présence.

[ocr errors]
[ocr errors]

ve

[ocr errors]

Ma santé continue le ministre, s'affoiblit de plus en plus. Des libelles se succèdent rapidement pour me déchirer & m'accabler de dégoûts. Je desire savoir bientôt le résultat de l'examen de mon compte, pour pouvoir me retirer loin du monde & des affaires.

Quelques applaudissemens épars ont prouvé que dans un an on perd beaucoup.

Sur la motion de M. Goupil, la question de savoir si le paiement des dettes de M. d'Artois sera à la charge du trésor public, a été ajournée au moment

du rapport sur les apanages qui vient d'être imprimé & distribué à domicile.

M. Périsse a annoncé que tous les bruits qui se répandent des massacres arrivés à Lyon, sont absolument faux.

Le nouveau comité diplomatique nommé hier avec avec le président & les secrétaires, est composé de MM. Fréteau, Riquetti l'aîné, du Châtelet, Barnave, de Menou, d'André.

On est passé à l'ordre du jour, mais des difficultés sont survenues pour savoir à quelle somme se monteroient les frais de la masse sur laquelle on prendroit la fourniture des chevaux aux lieutenans & sous lieutenans de cavalerie : on a ajonrué le traitement des individas de ce grade. D'ajournement en ajournement l'assemblée se traîne trèslentement. Voici sur quel grade elle à prononcé. Décret relatif aux appointemens des troupes françoises.

[ocr errors]

« ART. VII. Le colonel aura 6,000 livres d'appointement par année; les quartiers-maîtres, 1, 400 livres; les capitaines de la premiere classe auront 2,700 livres ; ceux de la seconde, 2,400 livres ; ceux de la troisième, 2,200 livres; ceux de la quatrième 1,700 livres ; & ceux de la cinquième, 1,500 livres ; les adjudans auront 668 livres ; les tambours-majors, 443 livres; les caporaux-tambours, 335 livres; les musiciens, 353 livres : les sergens-majors de grenadiers auront 461 livres, de chasseurs 452 livres de fusiliers 443 livres: les sergens de grenadiers auront 413 livres, de chasseurs 386 livres, de fusiliers 377 livres : les fourriers de grenadiers auront 341 livres, de chasseurs 332 livres de fusiliers 323 livres ; les caporaux de grenadiers 323 livres, de chasseurs 314 livres, de fusiliers 305 livres ; les tambours de grenadiers auront 305 livres, de chasseurs 296 livres, de fusiliers 287 livres; les grenadiers auront 269 livres ; les chasseurs, 260 livres ; les fusiliers, 251 livres, toute masse comprise.» 6 SULLIVAN, Prêtre, CoSTARD, secrétaires.

RANNES, Chez R. VATAR, fils, libraire, 1790.

N. 18.

6 Août 1790.

(185)

JOURNAL DES DÉPARTEMENTS, DISTRICTS ET MUNICIPALITÉS

DE LA CI-DEV. PROVINCE DE BRETAGNE Par une Société de Patriotes.

BULLETIN

DE LA CORRESPONDANCE DE RENNĖS. Suite de la séance du Ter Août 1790.

La séance alloit se lever lorsque M. de Robespierre s'est mis à dire Après avoir nommé une députation pour vous informer de la santé du roi, je crois qu'il est convenable d'en nommer une autre pour honorer la mémoire des hommes généreux qui se sont dévoués à la prise de la bastille, & qui vous ont aidé à conquérir la liberté au dépend de leur vie.

M. de Frondeville & M. de la Chaisse s'y sont opposés sous différens prétexte; l'opposition étoit assez forte parce que dans le billet d'invitation quelques journalistes assez mal famés étoient également invités d'assister à cette cérémonie. MM. Duport & Barnave ont trouvé un moyen fort sage de sortir d'embarras en proposant le projet de décret suivant : aussi a-t-il été adopté.

Décret relatif aux vainqueurs de la Bastille.

» L'assemblée nationale décrète qu'il sera fait un service solemnel pour tous ceux qui sont morts à la prise de la bastille pour la cause de la liberté; que la municilité sera chargée des détails, & qu'il sera sursis à celui qui avoit été ordonné pour demain ».

6 SUILIVAN, prêtre, CoSTARD, secrétaires. B. tom. VI. J. tom. I. Abonnement d'août. 5:

DEPARTEMENT des Côtes du Nord.

L'assemblée électorale du département des côtes du nord ouvrit ses séances le 25 mai. Un de ses membres demanda si en exécution du décret qui ordonne que chaque district fournira deux membres au moins à l'administration du département, on se borneroit à voter d'abord sur deux membres de chaque district, ou si l'on voteroit sur un plus grand nombre ; il présenta ensuite le vœu de la ville de Quintin, pour que chaque cantou fournit un membre à l'administration de son district, & il pria le président de mettre la matière en délibération. L'assemblée considéra que tous les citoyens sont frères, qué tous ont un droit égal aux fonctions honorables de l'administration publique, & que c'est à ce principe que doivent se rallier les amis de la constitution afin d'associer tous les cantons au succès d'une révolution de la stabilité de laquelle dépend le salut de l'état. Déterminée par ces motifs, elle arrêta que chacun des districts fourniroit quatre membres à l'administration du département, & chaque canton en fourniroit un à l'administration de son district.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

que

Dans notre No. VI., pag. 53 nous avons regardé une délibération semblable comme une nou velle loi ajoutée au décret, & tendante à donner à la confiance & à la liberté des suffrages, des bornes que ce décret ne leur a point assignées. Notre opinion est fondée sur l'obligation de rester attachés à la loi sans l'étendre ni la limiter 9 lorsqu'elle n'a même pas besoin d'explication. Nous savons que si l'adoption de ce parti peut entraîner des inconvéniens il peut aussi produire des avantages. Un patriote administrateur de ce département des côtés du nord cite principalement la propagation de l'esprit public. « Cet esprit, nous dit-il › que l'assemblée »nationale a soufflé sur la France, a fait la révo» lution; lui-seul peut la maintenir; étendez le >> propagez le dans les campagnes : c'est là que Ja:

« PreviousContinue »