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CHAPITRE V.

DES CANARDS.

$ Ier. Des espèces de Canards domestiques.

Ces oiseaux, qu'il est facile d'élever pourvu qu'on les tienne dans des lieux où ils trouvent de l'eau, exigent peu de soins et sont toutefois d'une grande importance dans une exploitation rurale.

Deux espèces sont particulièrement destinées à peupler nos basses-cours : ce sont le canard commun ou barboteux, et le canard musqué ou de Barbarie, ou des Indes.

On y voit quelquefois encore un canard métis, qui résulte de l'accouplement du canard musqué et de la cane commune. Nous en parlerons plus loin.

Le canard barboteux a pour type le canard sauvage, qui se mêle assez volontiers à l'espèce domestique. Son plumage varie beau

coup; on en voit de noir et blanc, de tout blanc, quelques-uns avec une huppe, mais le plus grand nombre ont la tête et la partie supérieure du cou d'un vert à reflets luisans, au-dessous un collier blanc, la poitrine et le reste du cou d'un beau brun, le dos, les flancs et le dessous du corps gris rayé de noirâtre ; les ailes grises avec une bande d'azur éclatant, accompagnée d'une autre bande de gros bleu bordée de blanc, le croupion noir à reflets verts, la queue grise lisérée de blanc, le bec d'un vert jaunâtre, l'iris brun, les pieds orangés.

La femelle a le plumage varié de brun et de gris; le bec rougeâtre et la bande des ailes, qui chez le mâle est d'azur, tire chez elle sur le violet.

Cette espèce paraît devoir le nom qu'elle porte aux dispositions qu'elle montre à fouiller la vase avec son bec; elle recherche les ruisseaux bourbeux, les bords des étangs et des marais. Elle est plus féconde, exige moins de soins et de nourriture que l'autre espèce, et n'a pas, comme elle, le défaut de déserter la ferme, et de devenir par cette raison la proie des renards, des fouines et autres animaux destructeurs. Cette espèce offre deux

variétés, l'une grosse et l'autre plus petite; c'est toujours la grosse espèce qu'il convient d'entretenir.

Le canard musqué doit son nom à une forte odeur de musc qu'exhale une humeur que secrètent des glandes placées près du croupion. Il est plus grand que le barboteux; il a une large plaque de peau nue, d'un rouge fort vif et semé de papilles, qui couvre la plus grande partie des joues, s'étend derrière les yeux et forme à la base du bec un caroncule rouge; il a aussi derrière la tête un petit bouquet de plumes étroites. Il est bas sur jambes; son plumage est tantôt noir, tantôt blanc, cependant le plus souvent il est brun, varié de di

verses nuances.

La femelle n'a point de caroncule rouge sur le bec, ni de bouquet de plumes derrière la tête ; du reste elle diffère peu du mâle, excepté qu'elle a moins de grosseur.

Cette espèce, plus sauvage que le barboteux, s'éloigne davantage de son habitation, et lorsqu'elle trouve de l'eau à sa portée, elle s'avance aussi loin qu'elle le peut, et quelquefois elle ne sait plus retrouver le chemin de la ferme. On a conseillé de lui lier les ailes, ou d'en couper une pour la retenir; mais ces moyens

qui nuisent à l'individu doivent être rejetés. Le canard musqué mangeant davantage que l'espèce commune, s'éloignera rarement des lieux qu'il habitera, si on a soin de lui fournir une nourriture convenable et suffisante.

Les canards barboteux ne s'accouplent qu'avec les femelles de leur espèce; mais les canards musqués s'accommodent très bien des femelles communes. C'est de cet accouplement que résultent les canards métis dont nous avons parlé plus haut, et que dans quelques provinces de France on nomme canards malards.

Ces canards ont un plumage d'un vert trèsfoncé, et leur grosseur tient le milieu entre le musqué et le barboteux. Ils sont rarement féconds entre eux, mais, accouplés avec des canes communes, ils produisent diverses variétés assez estimées. Ils n'ont plus le caroncule des canards musqués, et conservent à peine de leur odeur.

§ II. Du logement des Canards, de leur nourriture et des soins ди ils exigent.

Les canards ne juchent point, et n'aiment pas à pondre dans des nids disposés par la

main des hommes. En conséquence, leur logement, que l'on nomme canardier on toit à canards, n'est autre chose qu'un lieu couvert et abrité, et d'une grandeur proportionnée au nombre que l'on veut entretenir. Il sera disposé de manière à être à l'abri des incursions des fouines et autres animaux destructeurs, et fermé avec une porte garnie d'une trape pour le passage de ces oiseaux. On aura soin de fermer cette dernière chaque soir austôt qu'ils seront rentrés.

Comme ces oiseaux se salissent beaucoup, on aura soin de leur mettre de la paille fraîche deux ou trois fois par semaine, et d'enlever leur fumier au moins tous les huit jours: on veillera alors à nettoyer leur étable à fond, et on devra en renouveler l'air souvent et le purifier de temps en temps en y brûlant de la paille.

On leur donne à manger deux fois par jour, matin et soir. On a soin de le faire toujours au même lieu et aux mêmes heures, ce qui les habitue à revenir et les empêche de s'égarer. Tout est bon pour les canards, grains et légumes cuits, criblures de grange, pain, débris de substances animales cuites ou crues, eaux grasses, vers, limaces, grenouilles, etc.

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