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Prince n'ayant pas pû donner ce qui apar-, tenoit aux Etats.

Après que les Autrichiens fe furent frayé par tant de voyes injuftes & violentes un chemin à l'ufurpation de cette Principauté contre la Foi d'un Traité fi folemnel, ils contrevinrent à tous les points du Diplome. Les Tranffylvains fe plaignoient inutilement à la Cour de toutes ces Contraventions; on leur envoya un Général qui par la force des Armes les tenoit en Efclavage & les faifoit foufrir tout le poids d'une Domination Defpotique. Cependant ils fouffroient tout cela le plus patiemment qu'il leur étoit poffible, dans l'efpérance que l'Empereur conformement à l'Article 18. du Traité conclu en 1686. avec le Princé & les Etats de Tranffylvanie, les feroit comprendre dans la Paix ou Trêve qui fe devoit conclure avec les Turcs, & les remettroit dans le même état où ils étoient au tems de la fignature dudit Traité; l'Article portoit: Que Sa Majefté Imperiale fera comprendre la Tranflylvanie dans le Traité prochain de Trêve ou de Paix avec les Turcs, & fera accepter les conditions qui feront proposées pour lors par les Tranffylvains conformement aux Articles du prefent Traité. Bien loin

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d'y penfer ou de fe. fouvenir de ces derniéres paroles du Traité, on ne leur communiqua rien, & on traita de la Transylvanie avec la Porte comme d'un Païs Conquis.

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Ce que je viens de dire fera connoître à toute perfonne qui voudra juger fans prévention le Droit inconteftable des Etats de Tranffylvanie, & l'injuftice criante qu'on leur a fait en les fubjuguant & en les dépouillant de leurs Droits & Libertez fous prétexte d'une Alliance Sainte & d'un Traité folemnel qui leur en affuroit la joüiffance. Mais quelques grandes que foient les vio lences qu'on leur a fait fouffrir, ces violences ne donnent aucun Droit legitime fur eux à la Maison d'Autriche; ils ont au contraire pour eux le Droit des Gens & celui de la Nature, dont une des Principales maximes eft; Que le Peuple eft toûjours en droit de réclamer contre une pareille oppreffion, & de rentrer dans la jouiffance de fes Anciens Droits quand il en trouve l'occafion favorable.

Cette occafion s'eft offerte aux Etats de Transylvanie, car le Prince Rakoczi ayant paru au fecours de fa Patrie opprimée, les Tranffylvains réprirent courage, & ne fongerent qu'à profiter de cette conjonctu

re pour fe tirer de l'Esclavage. Les Etats de Tranffylvanie uferent ainfi l'an 1704. de leur pouvoir & de leur droit pour se mettre en Poffeffion de ce qui leur appartenoit, & d'autant que le Prince Abaffi étoit descendu dû Thrône par une Renonciation indigne, ils y éleverent par une Election folemnelle conforme à leurs Droits & aux raifons folides qui les ont fait agir, & Proclamerent avec les folemnitez ordinaires & après les Sermens réciproques pour Prince de Tranffylvanie, le Prince François Rakoczi Prince du Saint Empire & Duc des Etats Confé derez de Hongrie, &c. &c. &c.

Les Etats de Tranffylvanie pour s'affurer d'avantage leurs Libertez s'affocierent avec les Hongrois Conféderez, & convinrent de ne pas traiter féparement, c'est pourquoi Sa Majesté Imperiale ordonnoit le 26. Mai 1706: au Prince de Lorraine & à fes Plenipotentiaires de travailler en fon nom à terminer les triftes effets de la Guerre avec les Confederez Hongrois & Tranffylvains leurs Chefs & leurs Principaux. Voici ce que ceux-ci joints ensemble demanderent par le fecond Article de leurs Propofitions: Que les intérêts de la Tranflylvanie foyent ajuftez en ce qui regarde la libre Election de fes

Princessfa feparation de l'obéiffance de la Maifon d'Autriche, & les autres points de fes Pretenfions & Libertez par une fatisfaction convenable en toutes chofes, tant à la fureté d'Hongrie qu'à l'Alliance des Transylvains avec ce Royaume.

Les Plenipotentiaires de Sa Majefté Imperiale y répondirent par des invectives qui

contenoient:

1. Que la Tranffylvanie n'avoit jadis été qu'un Palatinat dependant de la Hongrie, qui par l'injure du tems s'étoit infenfiblement érigé en Principauté.

En fecond lieu qu'Elle avoit été délivrée du Joug des Infidéles par les Armes victorieufes de S. M. I.

En troifiéme lieu, que S. M. I. étoit convenue avec les Etats de cette Principauté, foutenant qu'ils ont approuvé & font contens de la forme de leur Gouver nement prefent, qui s'y eft peu à peu établi de leur confentement, que d'ailleurs, ils ont annullé par une Contradiction folennelle & univerfelle les attentats de quel◄ que féditeux.

En quatrième lieu, que fi l'on y appor toit quelque changement, on donneroit Atteinte au Traité de Carlowitz,

En cinquiéme lieu, qu'il y avoit lieu de s'étonner que les Hongrois mêlaffent dans leurs Traitez fous le nom des Etats de Tranffylvanie, quelques féditieux qui cherchoient à fe fouftraire à la Domination de l'Empereur leur Seigneur & leur Maître, mais on offroit aux Tranffylvains Conféderez une Amriftie & Rétabliffement. A peine fut-on informé de cette Reponse qu'il parut un Ouvrage Latin qui avoit pour titre, Animadverfiones Apologetica, où l'Auteur preffant avec beaucoup de force la Commiffion de l'Empereur fur cette matiêre, faifoit remarquer

Sur le Premier Article de cette Reponfe, Qu'il importoit peu que la Tranffylvanie eut jadis été un Palatinat ou un Fief de la Couronne d' Hongrie, vû que depuis l'an 1530. jufques à nos jours, Elle avoit été reconnue pour Principauté par toute l'Europe, par l'Empereur même & par la Couronne d' Hongrie; que l'Empereur s'etoit obligé en vertu de la 12 Condition de fa Capitulation avec les Hongrois d'obferver la Conféderation faite avec la Tranffylvanie; que S. M. I. en convenant & ratifiant l'an 1686. & 1687. l'Alliance & les Traitez faits avec le Prince & les

Etats

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