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5°.Si MM. Van Berckel & de Gyzelaer avoient quelque intérêt au commerce de bois de conf truction pour la France?

RÉPONSE

MONSIEU

A la Lettre précédente.

A Amsterdam, le 11 Avril 1788.

ONSIEUR LE COMTE,

Je ferois honteux d'avoir tant différé la réponse que je dois à la lettre dont vous m'avez honoré le 9 de ce mois, fi je n'étois perfuadé que votre excellence a favorablement reçu les excuses que je donnai au moment de fa réception.

Maintenant, monfieur le Comte, que votre départ eft fixé, je fens plus vivement que jamais le regret de n'avoir pu profiter de tous les momens que vous auriez pu me facrifier: mais fi quelque chofe peut l'adoucir; c'est de favoir que je n'en jouis pas moins & de votre estime & de votre attachement.

J'aurois bien défiré répondre à l'opinion favorable que Votre Excellence a de moi; en lui procurant tous les éclairciffemens qu'elle défire: ainsi que les remarques hiftoriques dont j'ai eu l'honneur de lui parler: mais les uns tiennent à des chofes auxquelles on n'ofe pas beaucoup toucher, & à certaines qui ne font parfaitement con

nues que des élus (dont je n'ai pas le glorieux danger de me dire du nombre). Vous connoiffez, monfieur, trop de perfonnes de la régence pour ne pas en trouver qui fe faffent un plaifir de fatisfaire à vos défirs. Quant aux remarques elles font le fruit d'une correspondance longue & fuivie avec S. A. S. monfeigneur le prince Frédéric, tendant à répandre des vérités utiles & très-effentielles au développement de nos circonstances. Lorsque vous ferez, monfieur le Comte, à Berlin, fon alteffe fe fera certainement un plaifir de vous les communiquer, car je n'ai tenu de tout cela que des copies informes que je me propofe cependant de mettre un jour au net, & peut-être de les publier. Ainfi, dans le cas où je ne pourrois vous en remettre à temps des fragmens, il me fera toujours facile de vous les faire paffer. Ce fera un motif de plus pour me rappeler à votre gracieux fouvenir, & vous affurer que perfonne n'eft avec un plus refpectueux dévouement, monfieur le Comte, votre très-obéiffant ferviteur.

P. S. Voici tout ce que je puis dire fur les questions que vous avez foumifes à mon examen.

1o. Je ne connois aucun acte de confédération contre monfeigneur le STADHOUDRR; ainsi, aucuns perfonnages qui puiffent l'avoir figné. Celui dont V. E. fait mention fous le nom d'acte des Septante, contient expreffément un article tendant au contraire à maintenir le Stadhoudérat.

Il eft facile de vérifier cela en confultant la gazette de Leyde, d'août ou de feptembre 1786.

,

2o. On peut attribuer généralement la caufe de l'établiffement de la commiffion de défense de Woerden aux conféquences que fit naître dans l'efprit de la nation l'attaque du prince d'Orange contre Hatem & Elburg. Je ne me rappelle pas pour le moment le nom de ceux qui compofoient cette commiffion, mais ce font tous ceux que madame la princesse a fait profcrire, & dont la lifte eft furement à Berlin. J'ai également oublié quels font ceux qui ont fucceffivement fiégé pendant les troubles, ainfi que la vraie cause qui produifit les troubles de la Haye. Ce font de ces faits dont on ne s'occupe que paffagèrement, de ces détails qui affectent foiblement la mémoire, quand des objets plus effentiels la captivent.

3o. A l'égard de la dernière question, il est certain & très connu que MM. Van Berckel & de Gyzelaer, n'étant point dans le commerce, n'ont en aucun intérêt dans celui de bois de conftruction. Si dans cette affaire ils ont eu quelque part, ils n'ont pu fuivre en cela que les ordres de leurs commettans, conformément aux devoirs de leur charge,

SUPPLÉMENT

SUPPLÉMENT

Aux Mémoires & autres Pièces fur la
Révolution de Hollande.

LA France étant devenue l'unique reffource des patriotes hollandois, ils fondèrent en elle toute leur espérance, & fe réfugièrent en grande partie dans fon fein. Semblable à un ami qui ne peut faire beaucoup, & cependant fait de fon mieux, pour montrer ce qu'il voudroit faire, la France offrit, en attendant, un afile à la milice patriote & à leurs officiers, fournit, fur la demande des régens républicains, réfidens à Bruxelles, la fubfiftance aux uns, affura un traitement aux autres, accorda des pensions à plufieurs, & promit de les feconder tous plus efficacement dans la fuite. Ces fecours efficaces, qui tenoient au rétablissement des finances du royaume, & fur-tout à fon entière régénération, ne pouvoient éprouver que de très-longs délais auxquels l'impatience ou la crainte donnoit chaque jour de nouveaux motifs. De-là tous ces calculs, ces raifonnemens & ces bruits exagérés ou faux repandus fouvent à deffein pour attiédir le patriotisme en Hollande & dénigrer la France;

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de-là cette fécurité apparente dans nos oppreffeurs, cette morgue puérile dans nos arif tocrates fans ceffe condamnés par leur conduite à rester, comme je l'ai déjà dit, les jouets du defpotifme & le mépris de la nation.

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Maintenant que les féances régulières de l'Assemblée nationale juftifient les caufes forcées de l'inaction de la France envers la Hollande; prouvent la confiance qu'on doit accorder à la loyauté françoise, les patriotes ont une raifon de plus pour compter un jour fur fon appui, C'est pourquoi nous avons vu nos régens vraimens républicains, conftamment empreffés à modérer l'impétuofité des uns ou empêcher les démarches imprudentes des autres pour folliciter de prompts fecours, fe contenter de ranimer & de maintenir le courage de tous en tâchant, de concert avec quelques agens diftingués près des miniftres, de confirmer les affurances d'une future révolution en faveur de la liberté.

Quoique les miniftres n'ignorent pas les avantages qui font attachés à notre alliance, il eft cependant néceffaire de leur rappeler ces avantages, & de montrer combien il importe à la France de nous enlever à l'Angleterre, & de fe hâter, dès qu'elle le pourra, de profiter du défir que la plus faine partie de la nation témoigne pour former avec elle un traité de commerce & d'amitié fur des bafes affez folides

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