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Duhoux. Voilà ce qui allume en premier lieu fa bile, & l'on voit percer dans ce reproche le petit eprit de nos ci-devant. Il accufe Duhoux d'être intimement lié avec les Polignac. Voilà une imputation grave. Si elle eft vraie, elle retombe fur le ministre de la guerre. Comment peut-on avoir laillé pénétrer dans nos armées, un homme qui avoit la moindre liaifon avec cette famille dévaftatrice? on vouloit donc perdre la France: toute négligence à cet égard eft unn crime.

L'indignation n'empêche pas de rire lorfqu'on entend Labourdonnaye parler de fes difpofitions pour fecourir Lille. Il falloit done bien du temps pour les faire. Apparemment que Labourdonnaye fe difpofort à la fecourir quand elle feroit prife, ou ruinée. Difons le mot Labourdonnaye et Duhoux ne s'aimaient pas; ils ne vou loient pas avoir affaire l'un avec l'autre, ils ne vouloient pas fe trouver en face. L'amour propre de Dulioux fe trouvoit mortifié de rendre le commandement. Labourdonnaye ne fe foucioit point d'être dans le cas de continuer certaines opérations de Duhoux. Et cependant fous leurs yeux Lille tomboit en ruines.

Ce Labourdonnaye fait déjà le petit Lafayette, comme lui il veut donner des loix à l'affemblée nationale: il faudra hientôt que pour admettre aux honneurs de la féance l'affemblée confulte préliminai rement nos généraux. La convention a eu tort; nous le croyons. If ne falloit point inviter à la féance un homme accufé & non encore juftifié, mais il ne falloit pas que le général Labourdonnaye le lui reprochât fi durement, fi impérieufement. Quand nos généraux au ront raifon, s'ils ne s'accoutument pas à être modeftes, s'ils ofent donner des leçons à l'affemblée nationale, ils lui en donneront bientôt quand ils auront tort. De façon ou d'autre la liberté eft perdue: quand l'armée domine, un peuple eft efclave.

P. S. Dillon vient d'être deftitué par le confeil exécutif; c'est le . général Valence qui a pris le commandement de fon armée.

CONVENTION NATIONALE.

Seance du vendredi 12 octobre 1792:

Le fecrétaire Guadet lit un arrêté de la fection de Marseille , qui, invitée par la fection du Marais à nommer des commiffaires pour obtenir la révocation du décret qui ordonne que les nominations feront faites par voie de fcrutin, a déclaré que, perfiitant dans fon premier arrêté, elle teroit tes nolainations par appel nominal; & que fi un décret contraire lui étoit notifié officiellement, elle prendroit, dans fa fageffe, les mesures néceffaires pour en obtenir la révocation. Plufieurs membres ont demandé un décret d'accufation contre Momoro, préfident, & Peyre, fecrétaire, tous deux fignataires de l'adreffe. Décrété qu'ils paroîtront à la barre.

Une lettre des commiffaires envoyés à l'armée du Midi,

a appris que le général Montefquiou avoit licencié plufieurs bataillons de volontaires. Ĉes coinmiffaires demandent une prompte explication du décret qui permet aux volontaires de fe retirer après la campagne. Des lettres du confeil-général de l'Isère ont appris que les trois bataillons licenciés é:oient de ce département, & qu'ils avoient été réquis extraordinairement par Montefquiou, qui n'en ayant plus befoin les avoit renvoyés, Lẻ confi-général demande qu'on leur indique leur poste.

Décrété que la caiffe de l'extraordinaire verfera 145,370,627 livres dans celle de la trésorerie nationale, pour la mettre au pair.)

Le miniftre des affaires étrangères a fait part d'une lettre de Berlin, qui annonce le mécontentement des habitans de cette ville, & leur mauvaife opinion de la querre.

Sur le rapport du comité de légiflation, le premier article du renouvellement des corps acminiftratifs a été décrété en ces termes :

Article premier. Il fera, dans la forme & les délais ci-après fixés, procédé au renouvellement de tous les corps apminiftratifs, judiciaires, municipaux, juges de -paix, allefleurs des juges de paix, tribunaux de combureaux de conciliation, ainfi que de leurs fecrétaires & greffiers, & des fuppléans des juges.

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Dumourier a paru à la barre, il a rapidement rendu compte de fa conduite; la convention l'a beaucoup applaudi, & l'a admis aux honneurs de la féance.

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Samedi 13. Le général Cuftine fe louant beaucoup de la tenue & de la difciplice de fon armée, a envoyé l'état des munitions & approvifionnemens trouvés dans Spire & Worms; il confifte en 36co tonneaux de farine 12,000 facs d'avoine, plufieurs milliers de quintaux de foin, une grande quantité de guêtres & de fouliers, & beaucoup d'effets de campement. La recette des impofisions qu'il a mifes fur le chapitre & le bourguemeftre se monte à un million.

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Le préfident & le fecrétaire de la fection de Marfeille, mandés à la barre par un décret, y ont été introduits. Le préfident a dit que la fection avoit conformément à la loi, procédé à la nommarion du maire de Paris par fcrutin fecret; l'affemblée, fur cette décla ration vérifiée fur les regiftres de la fection a paffé à l'ordre du jour, en accordant aux président & fecrétaire les honneurs de la féanee.

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On a lu des lettres du général Arthur Dillon, qui annoncent que les Pruffiens évacuent Verdun, nous entrons dans cette place. La fommation faite par Dillon au général pruffien, & la réponse de celui-ci, qui étoient jointes à la lettre de Dillon, ont été renvoyées au comité chargé d'examiner la conduite de ce général. Des lettres d'Allemagne, envoyées à la convention par le ministre de la guerre, ont appris que l'électeur de Trèves avoit pris la fuite, & que l'armée française avoit été reçue avec de grandes démonftrations d'amitié à Ramftad & à Francfort,

La municipalité de Courbevoie a préfenté à la convention des drapeaux trouvés enfouis dans la caferne des Suiffes à Courbevoie. ( Accepté.)

Après avoir entendu un rapport au nom du comité de la guerre, l'affemblée a decrété ce qui fuit :

1o. A compter du jour de la publication du présent décret, dans toutes les manufactures nationales d'armes il ne pourra être fabriqué d'armes que pour le compte de l'état, & en vertu de commandes ordonnées par le miniftre de la guerre, ou de marchés paffés par lui.

Le miniftre de la guerre eft fubrogé dans tous les marchés & commandes qu'auroient pu faire les corps adminiftratifs & municipaux, ou autres autorités.

2o. A compter du même jour, aucune administration, aucune municipalité, aucun particulier ne pourront faire de commandes ni aux manufactures nationales, ni avec les entrepreneurs particuliers chargés d'exécuter des fournitures commandées par le miniftre.

3°. Le confeil exécutif provifoire eft feul chargé de procurer des armes aux armées & aux citoyens armés des départemens.

4°. Il ne fera fabriqué des fufils qu'aux deux modèles de 1777 & 1763. Toute autre fabrication eft provifoirément défendue.

5°. Chaque fufil du modèle de 1777 fera payé 22 liv., & chaque fufil du modèle de 1763 fera payé 35 livres; le tout comptant fans indemnité, après la livraison & l'épreuve.

Dimanche 14. Un fecrétaire a lu une lettre des commiffaires près l'armée du Nord, datée de Cambrai; elle apprend que les gendarmes de la première divifion, & après eux ceux de la feconde, ont fait donner la liberté à plufieurs prifonniers détenus dans la citadelle de Cambrai; que le commandant de la citadelle ayant voulu

s'opposer à cette violence, en a été la victime, ainsi que le fieur Legros, capitaine du fixième régiment de cavalerie ; leurs têtes ont été promenées dans la ville. La convention renvoie cette lettre au comité pour en faire promptement le rapport.

On lit la note d'un grand nombre d'adreffes d'adhésions & de dons patriotiques, que l'affemblée configne honorablement en fon procès-verbal.

Le comité de la guerre avoit été chargé de faire un rapport fur les événemens arrivés à Cambrai. Chabot rapporteur de ce comité, après avoir obfervé qu'il eft important de ne jamais anéantir la refponfabilité des agens miniftériels, a propofé un fimple renvoi au pouvoir exécutif. Ce renvoi a été décrété.

Lundi 15. Le citoyen Amelot a écrit que la fomme des affignats brûlés fe monte à 632 millions.

On a lu une pérition qui demande la fuppreffion de l'impôt des patentes. Chabot a appuyé cette pétition. (Renvoyé au comité. )

A l'occafion du don fait par quelques officiers de leur croix de Saint-Louis, les commiffaires à l'armée des Alpes, qui faifoient paffer ces croix à la convention, ont rappelé la demande faite par le miniftre Servan de fupprimer cette décoration militaire, & la convention a décrété la fuppreffion de la croix de Saint-Louis, voyant au comité la queftion de favoir quelles feront les marques diftin&tives pour les militaires.

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Les mêmes commiffaires demandent inftamment que, la convention révoque ou modifie le décret qui permet aux volontaires de quitter l'armée au premier décembre. Sur cette demande,& après un rapport fait par le comité militaire qui a démontré la néceffité d'abroger cette loi, l'affemblée a décrété l'envoi d'une adréffe à l'armée pour retenir les volontaires nationaux fous leur. drapeaux.

La convention nationale avoit chargé le comité militaire de lui faire le rapport des travaux du camp fous Paris. Ce rapport a été fait, & le comité propofoit la continuation de ces travaux; Kerfaint l'a attaqué, & a prouvé l'inutilité des travaux de ce camp. L'affemblée a décrété la fufpenfion de ces travaux.

On a lu des lettres du général Anfelme, qui annoncent la rife de Villefranche dans le comté de Nice, & de cent pièces de canon avec une frégate, une corvette, & tous les magafins de la marine. Anfelme fe loue

dement de fon armée.

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Le miniftre des affaires étrangères a fait paffer à l'af femblée une déclaration du confeil de la république de Genève, qui protèfte de la plus parfaite neutralité, mais qui demande à conferver fon indépendance, & à garder les feiz: cents Suiffes qu'il prétend avoir eu le droit de requérir en vertu des traités. A cette déclaration étoit jointe une délibération du confeil exécutif de la république, qui garantit aux Génevois leur indépendance, mais qui demande la prompte évacuation des 1600 Suiffes. La convention a applaud à cette délibération.

Mardi 16. La féance s'eft ouverte par la lecture d'un grand nombre d'adreffes d'adhéfion au décret qui abolit la royauté.

Le miniftre de l'intérieur a juftifié de l'emploi des cinq millions mis dernièrement à fa difpofition; trois ont été diftribués aux habitans de Lille & des communes voifines; les deux autres aux départemens frontières où l'ennemi a pénétré.

Les commiffaires envoyés aux armées réunies, ont écrit de Verdun que les troupes françaises y étoient entrées le 14, & y avoient trouvé beaucoup de provifions laiffées par les Pruffiens; ils ont envoyé copie de la capitulation demandée par le roi de Pruffe & les généraux français. Nous en avons parlé dans ce numéro, & nous l'avons fait connoître en détail.

A l'occafion de l'avis donné par Rulh, que neuf émigrés pris les armes à la main étoient en chemin, pour arriver à Paris, un membre a demandé que la convention s'occupât promptement du jugement de Louis XVI. Après une allez tongue difcuffion fur cette propofition, la convention l'a renvoyée, aini que toutes celles fubfequemment faites, au comité de législation. Manuel demandoit qu'avant tout le comité de conftitution préfentât un mode pour foumettre à la fanction du peuple les bafes décrétées de l'abolition de la rovauté & de la conftitution de la France en république. On a paffé à l'ordre du jour.

Mercredi 17. left décrété que les gendarmes qui feront choifis pour remplacer ceux qui font aux frontières, feront tenus de préfenter un certificat de civilme, figné par le confeil-général de la commune où ils auront leur domicile.

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Organe du comité des finances, Cambon a propofé une nouvelle création d'affignats; favoir, 100 millions en affignats de 10 livres, 200 millions en affignats de 25 livres, 40 millions en affignats de 10 fous, & 60 mil

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