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& fa navigation, comme il paroit par fes loix m ritimes, encore à-préfent en ufage chez les nations commerçantes. Ce projet a plufieurs partifans; mais d'autres remarquent que fon exécution feroit très-préjudiciable au commerce en général.

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Il s'eft formé en cette capitale une fociété, qui a pour chef le Duc de Sudermanie, & pour devife ces mots : pro patriá. L'objet de cette affocia tion, digne d'intéreffer tous les cœurs fenfibles eft de porter les fecours les plus prompts aux ha I itans des provinces défolées par la difette. Ceux qui la compofent, s'engagent à payer chacun ua fol par jour. On ouvrit la foufcription, le 9 de ce mois, & la légere rétribution d'un fol par tête a déjà rapporté 3631 écus, & quelques centaines de tonnes de grains en nature. On vient d'en envoyer à Wefteras 300 tonnes, qui feront diftri buées dans la Dalecarlie, où la mifere fe fait le plus fentir.

L

DANEMARCK.

COPENHAGUE (le 19 Décembre.) Le colle ge des finances annonça, le 5 de ce mois, pour la feconde fois, les primes accordées par S. M. à tous ceux qui tranfporteront par mer des grains en Norwege, & déclara ces importations exemptes de tous droits. Les habitans de ce royaume fe reffentent enfin des foins que prend le gouvernement pour pourvoir à leurs befoins; ils ont fait parvenir à la cour, à ce sujet, les témoignages de leur reconnoiffance.

Les nuages qui paroiffoient s'être élevés entre cette cour & celle de Suede, font entierement diffipés; les troupes danoifes & fuédoifes, qui s'étoient formées en corps fur les frontieres de Norwege, fe font féparées, & font rentrées refpectivement dans l'intérieur du pays, pour y prendre leurs quartiers d'byver. Avant que le Prince Charles

de Heffe arrivát à Chriftiania, le Roi de Suede avoit dépêché à Mofz, le Baron de Lilienholm, Capitaine & Chevalier de l'Ordre de l'Epée, pour fçavoir quels étoient les projets de ce Prince; S. A. R. répondit qu'elle n'en avoit 'aucun qui pût troubler la paix & la tranquillité, & renvoya le Baron de Lilienholm, accompagné du Capitaine dancis Wilfter; celui-ci eut une audience de S. M. Suédoife, qui le chargea d'affurer également le Prince de Heffe de fes fentimens pacifiques.

Le 13, le Général de Hauch revint ici, & rendit compte au Roi de la commiffion dont il avoit été chargé. Il confirma les difpofitions pacifiques de S. M. Suédoife, qui lui a fait préfent d'une tabatiere d'or, ornée de fon portrait.

Le Comte de Bernstorff prit féance, le 14, pour la premiere fois, dans le college des finances dont il avoit été nommé Député. Il a reçu, en même tems, la commiffion de faire immédiatement à S. M. le rapport des affaires de cette chambre, dont le Sr. de Schack-Rathlou, Miniftre intime d'état, étoit auparavant chargé. Le Roi a donné au Sr. de Scheel, ci-devant Député au college des finances, la place de Sénéchal dans le comté de Pinneberg, vacante par la démiffion du Comte d'Ahlefeld, qui s'eft retiré avec une penfion de 2 mille écus.

On a fait le calcul des vaiffeaux qui ont paffé & repaffé le Sund dans le courant de cette année ; leur nombre eft de 6880, dont 2145 hollandois 1894 anglois, 973 danois, 85 fuédois, 826 pruffiens, 211 de Dantzick, 170 de Brême, 38 de Lubeck, 32 de Hambourg, 28 ruffes, 21 de RofStock, 13 autrichiens, 13 françois, 7 de Courlande, 2 efpagnols & 2 portugais. Ce tableau peut donner une idée du commerce de l'Europe dans la Mer-Baltique,

POLOGNE.

WARSOVIE (le 16 Décembre.) Le Roi a conféré aux Sieurs Sornowski, Vaivode de Smolensko & Wielopoloki, Grand-Ecuyer de la couronne les starosties vacantes par la mort du Général Prince de Lubomirski. Le Prince - Evêque de Plocko, étant à toute extrémité, on croit que S. M. difpofera de ce riche Evêché en faveur du Prince Abbé de Poniatowski, fon frere.

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C'est prématurément qu'on avoit annoncé l'envoi des lettres - circulaires pour la convocation d'un nouveau confeil du fénat; elles n'ont été expédiées que le 3 de ce mois mais comme elles fixoient cette affemblée au 15 Mars, les Miniftres des trois puiffances ont protesté contre ce délai, & ont prétendu que l'ouverture devoit s'en faire, au plus tard, le 8 Février, afin d'accélérer la tenue d'une diete nationale, qu'ils regardent comme indifpenfablement néceffaire pour achever de calmer les troubles de ce royaume; ouvrage qu'ils ont fi bien commencé, en s'appropriant nos plus belles provinces. Ils ont menacé de faire avancer les troupes de leurs Souverains vers cette capitale, pour protéger ceux qui entreront dans leurs vues, & ramener à l'obéiffance ceux qui oferoient s'y oppofer. Pour donner encore plus de poids à ces réfolutions, ces trois Miniftres fe font rendus, le 4, chez le Grand-Chancelier de la couronne, & lui ont remis, chacun, déclaration de leurs Souverains, datée du même jour. Ces déclarations, qui ont été concertées, font, par-conféquent, conçues dans les mêmes termes, Voici celle du Roi de Pruffe.

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S. M. le Roi de Pruffe a vu avec un étonnè◄ ment inexprimable, le peu d'impreffion que la déelaration remife à S. M. Polonoife par fon fouf

Figné Miniftre, ainfi que celles de S. M. l'Impér. Reine de Hongrie & de Bohême, & de l'Impér. de toutes les Rufies, ont fait pour l'accélération de l'arrangement définitif de la république avec les trois puiffances voisines, relativement à leurs prétentions; prétentions, que l'intérêt essentiel de leur couronns ne permet point d'abandonner au hazard des événemens & des troubles qui continu ent d'agiter ce royaume : il eft un terme à la modération que la juflice & la dignité des cours prefcrivent, cette vérité ne pouvant échapper aux lumieres de S. M. Polonoife, ni être indifférente à fon cœur, fi le cri de la patrie y a confervé fes droits; S. M. le Roi de Pruffe efpere que le Roi ne voudra pas expofer la Pologne à des événemens qui feroient le résultat de la lenteur avec laquelle S. M. Polonoife fe porte à la convocation de la diete & à une négociation, qui feule pourra fauver Ja patrie, remettre en vigueur la forme du gouver nement de la république, qui a reçu tant d'atteinttes dangereuses, & finir les d graces que l'intérêt particulier, l'ambition, la haine & les diffentions y ont fait naître, Signé, BENOIT.

Ces déclarations, qui reffemblent plus à des ordres abfo us qu'à des follicitations amicales, ont ébranlé la fermété du miniftere, qui s'eft déterminé à indiquer le confeil général du fénat au tems prefcrit par les trois puillances. C'est alors que l'on difcutera la matiere épineufe du démembrement de ce royaume, que le dernier Senatús Confilium, compofé d'environ 30 Sénateurs, n'a pu mettre en délibération. C'est envain qu'en vertu des décisions de cette affemblée, les Avocats & Procureurs-Généraux des deux nations polonoife & lithuanienne, viennent d'inférer dans nos archives une proteftation contre l'ufurpation des provincés de la république ; quelque illégale & violente que foit cette étonnante prife

de poffeffion, on voit, tous les jours, les puif fances co-partageantes perfifter & s'affermir dans le deffein de la conferver; mais ce qui eft encore. plus affligeant, c'eft la réfolution de faire légitimer leurs prétentions dans une diete, dont ils s'efforcent de hâter la convocation. En attendant leurs troupes ont paffé les limites qu'elles s'étoient prefcrites elles-mêmes, dans les manifeftes publiés par leurs ordres. Les avant-poftes des Pruffiens, du côté de la Viftule, ne font plus qu'à 18 lieues de cette capitale, & le cordon qui enveloppe le Palatinat de Pofnanie, s'a-" vance de plus en plus dans l'intérieur de la Grande - Pologne. Les Autrichiens ont paffé la Viftule au-deffus de Cracovie; ils ont pénétré, d'un autre côté,'dans le Palatinat de Lublin & dans la Podolie. Le ruiffeau de Szburucz les fépare des Ruffes, qui couvrent encore Kaminieck & lesfrontieres de la Volhynie. Enfin, le cordon Ruffe qui marquoit les nouvelles limites de la Ruffie, a paffe la Dwina. On conjecture cepenant, que ces. mouvemens concertés entre les tro puiffances n'ont pour objet que de donner plus de poids aux titres qu'elles doivent faire valoir auprès du. fénat de la république, fur les provinces dont elles fe font emparées, en lui prouvant que, par le droit de conquête, elles pourroient augmen ter ces démembremens.

On dit que les Sénateurs polonois, eccléfiaftiques & féculiers, qui font prifonniers en Ruffie feront remis en liberté pour se trouver à la diete prochaine.

Le retour du Général de Bibikow eft différé parce qu'il s'eft arrêté en route, pour affifter à Pétrikow, aux nôces du Général-Major Prince Gallitzin, qui a époufé la Demoiselle Dzierzbicka fille du Chambellan de Lenczy. Malgré les troubles que l'entrée des Ruffes dans ce royaume y

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