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fait pour la défenfe de tous les droits, tant de Com merce qu'autres, des parties Contractantes, cons tre quiconque vaudra les troubler, une claufe qui y faffe comprendre les Algériens, & autres Peuples de la Barbarie ?

Conftamment la Justice ne permet pas de faire une Alliance offenfive contre un Prince ou Peuple, qui ne donne pas de jufte Sujet pour cela, & qui ne refufe pas de réparer le tort & dommage que l'on en a fouffert; mais il n'en eft pas de même des Alliances purement defenfives, & qui ne tendent à offenfer perfonne.

Jamais Prince n'a pouflé la délicateffe au point de pretendre que c'eft une offenfe ou Contravention au Droit naturel, ou à celui des Gens, de faire des Alliances de cette derniere efpece, quoiqué directement opolées à fes defleins.

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Les Rois de France, de la Grande Breta gne & de Pruffe ne penfent nullement de donner un jufte fujet d'offense à l'Empereur en avoüant, que le but principal du Traité d'Hanovre, eft de fe précautionner, par des fecours mutuels, contre les fujets de crainte, que leur donnent fes engagements inopinez a vec l'Espagne.

Et après tout, perfonne ne s'avifera de fou tenir, que la conduite des Peuples de la Bar barie n'ait donné depuis fort long-tems un juf te fujet à tous les Princes & Etats, intereffez, à maintenir le libre ufage de la Mer; de prendre ensemble des mesures innocentes pour cette fin & pour se tirer une bonne fois, eux & leurs Alliez, de la fujetion où les Barbares les tiennent, en piratant tour à tour, tan K. 2

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tôt fur les uns, tantôt fur les autres; artifice groffier, dont il est surprenant que les Européens foient depuis fi long-tems les Dupes, par une jaloufie de Commerce.

L'Affaire d'Alger n'a, à la verité, rien de commun avec le but particulier & principal, que fe font propofés les trois Rois dans le Traité d'Hanovre; mais puisque l'affaire d'Alger par fa nature est l'objet d'une Alliance défensive, & qu'elle n'a rien d'oposé au but de celle d'Hanovre, qu'au contraire elle entre directement dans les vuës de cette Alliance, qui contient une garantie plus exprefle des Droits du Commerce, qu'aucune autre Alliance precedente de pareille nature, les Etats Generaux auroient eu grand tort de ne pas fe prévaloir d'une occafion fi naturelle de faire comprendre l'affaire d'Alger dans l'Acte de leur acceffion ou Traité d'Hanovre, ou dans un Article feparé.

D'autant plus que non feulement l'affaire d'Alger les intéreffe, peut-être autant, & plus que celle de la Compagnie d'Oftende, mais (ce qui merite fur tout d'être confideré) qu'après avoir tenté tout pendant deux années pour la terminer, jusqu'à s'être adreflez à la Porte Ottomanne, mais fans fuccès, ils ne yoyent abfolument d'autre moyen d'en fortir que d'engager à des mesures communes les deux Rois, qui dans le fond y ont le même interêt qu'eux, quoique pour le prefent leurs fujets profitent de l'interruption ou plûtôt de la ruine totale d'une des principales branches du Commerce des Provinces Unies: Si l'on ajoute à cela; que la Compagnie d'Oftende eft un objet, qu'on ne peut pas

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mettre uniquement fur le compte des Provinces-Unies, & que l'Angleterre eft peutêtre autant ou plus Intereffée qu'elles à l'aneantir, on efpere que ceux qui examineront toutes fes confiderations fans prevention, n'auroient point de peine à avouer que ce feroit une preuve fi non plus reëlle, du moins plus marquée de confideration pour les Etats. Generaux, fi la France & la GrandeBretagne faifoient autant de reflexions, à l'interêt des Provinces Unies dans l'affaire d'Alger, que dans celle de la Compagnie d'Oftende.

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Mais ce n'eft pas tout, ils feront encore forcez d'avouer que les demarches les plus preffantes de la France & de la Grande-Bretagne, auprès du Gouvernement d'Alger, pour le retabliffement de la Paix avec les Hollandois, feront infructueuses, fi ces deux Couronnes ne s'obligent d'avance à rompre avec les Algeriens, après un certain terme & -même qu'à moins de cela la promeffe de faire cause commune contre les Algeriens, après le retabliffement de la Paix, fur laquelle les Etats Generaux insistent avec tant de Justice, bien loin de leur être avantageufe, ne fervirà qu'à perpetuer la Guerre.

Rien n'est capable d'opérer fur ces Corfaires, que la crainte que l'on unira contre eux & contre leur infame Brigandage, les Puiffances, qui peuvent les chaffer de la Mer, & cependant ils n'auroient cette union à craindre qu'après le retabliffement de la Paix, ce qui, par une fuite neceffaire, ne les engageroit pas feulement, mais les forceroit en quelque maniere, à la continuation de la prefente Guer

re contre les Hollandois, lefquels fur ce pied là leur feroient laiffés en proye, pendant que les François & les Anglois jouiroient d'une fureté parfaite.

Dans le tems que ceci se passoit à la Haye on fignoit à Vienne un Acte d'Acceffion à quoi perfonne ne s'attendoit. Il y avoit plus de deux ans que l'Empereur de Ruffie ayant conclu à Stokholm une Alliance * defenfive avec la Couronne de Suede; ces deux Puiffances avoient invité l'Empereur à y acceder; mais fi l'on n'avoit pas abfolument rejetté à Vienne cette invitation, on y avoit répondu fi froitement que ces Potentats n'avoient pas jugé à propos, en reiterant leur demande, de s'expofer à un refus abfolu. Tout d'un coup la Cour Imperiale remit cette affaire fur le tapis. On n'eut point de peine à penetrer par quel motif ni dans quelle vue. C'étoit en quelque manière lier les mains à la Suede & lui ôter la liberté d'acceder au Traité de Hanovre, c'étoit attirer adroitement l'Imperatrice de Ruffie dans les Interêts de l'Alliance de Vienne, ce qui étoit d'autant plus affuré, que l'Empereur s'obligeoit par-là à prendre en main les interêts du Duc de Holstein, en faveur du quel étoit l'Article fecret de l'Alliance de Stokholm. Cette acceffion fut conclue fi fubitement qu'on en aprit la fignature dans les autres Cours avant de favoir qu'elle fe négocioit. Mr. Lancinski ne craignoit pas d'être defavoué par l'Imperatrice de Ruffie,& le Comte de Teffin Miniftre de Suede agif

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Raportée ci-dessus. Tom. I. pag. 347.

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foit en confequence des anciennes instructions donnés fur ce fujet, mais il n'eut pas la même aprobation que le Miniftre Ruffien comme l'on verra ci après, auffi les Interêts étoient-ils très-differens. Voici cet Acte d'Acceffion.

Au nom de la Très-Sainte Trinité, le Pere, le Fils le St. Efprit.

» Soit notoire à tous & un chacun à qui il
apartient ou peut apartenir.

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Qu'un Traité d'Alliance defenfive entre les ,, Cours de Suede & de Ruffie, ayant été figné à Stokholm le 22. de Fevrier de l'an » 1724. les Miniftres de ces Cours refidans ,, alors à la Cour Imperiale ont invité Sa Sa» crée Majesté Imperiale & Catholique à en,, trer dans ce Traité d'Alliance & dans l'Ar

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ticle fecret, tendant à affermir & confirmer la tranquilité publique & la Paix; & d'af fifter lefdits Alliez de fes fecours & Confeils. Sa Majefté Imperiale & Catholique ,, ayant toûjours eu à coeur la tranquilité publique de l'Europe en géneral, & celle du Nord en particulier, avoit refolu il y a déja long-tems d'entrer dans cette Alliance défenfive; ainfi Sa Majefté Imperiale & Catholique portée par fon attachement & fon attention fincere aux interêts de l'Univers & en particulier du Nord, a reçu favorablement cette amiable invitation, enforte , que depuis long-tems elle a refolu d'acceder au ,, fufdit Traité comme fi elle avoit été dès le ,, commencement une des Hautes Parties con, tractantes, C'eft pourquoi Sa Majesté ImK 4

» peria

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