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même manière. Une conversion qui avoit fait beaucoup de bruit étoit celle de M. Barber, ministre anglican, âgé de 35 ans, homme fort instruit; il s'étoit fait catholique avec sa femme. Ils s'étoient ensuite séparés d'un commun accord, et en présence de M. l'archevêque de Baltimore. M. Barber étoit entré au noviciat des Jésuites, où il se distinguoit par son humilité; sa femme avoit été admise dans le couvent de la Visitation de Georges-Town, où elle faisoit, par sa ferveur, l'admiration de la communauté. M. Barber étoit allé, depuis peu, rendre visite à ses père et mère, et avoit eu la consolation de les décider à suivre son exemple, Ils ont renoncé l'un et l'autre au protestantisme, et avoient même témoigné le désir d'imiter en tout leurs enfans, et de se consacrer entièrement, comme eux au service de Dieu. La conduite de toute cette famille étoit un grand trait de la puissance de la grâce divine. Le collège de Georges-Town renferme plus de cin quante religieux et cent pensionnaires. Il y avoit de plus, à Baltimore un college tenu par une congrégation respectable. Le couvent de la Visitation de GeorgesTown, qui se livre à l'éducation dela jeunesse, comptoit cinquante religieuses. Il y avoit aussi, dans le Maryland, un couvent de Carmélites, venues de Liège au commencement de la révolution. Elles étoient vingt-trois religieuses. Deux ou trois maisons de Soeurs de la Charité s'occupoient du soin des malades, et principalement des orphelines. Un grand esprit de foi et de ferveur règne parmi les catholiques de ces contrées. Comme ils jouissent d'une liberté entière de culte, ils en profitent pour s'étendre. Ils construisent des églises; ils en ont hâti une belle à Boston, trois à Philadelphie, deux à New-Yorck savoir, une cathédrale et une église paroissiale; la première vient d'être achevée; elle. a coûté au moins 80,000 gourdes. Celle de Baltimore sera totalement finie cette année; c'est un très-bel édi-, fice, et celle du Kentuckey est finie depuis quelque temp

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. MADAME vient de faire présent à l'hospice des incurables de Chartres, d'une rente sur l'Etat de 450 fr., qui ser vira à la fondation d'un lit dans cet hospice.

Le Ror a autorisé deux legs, l'un de 15,000 fr., fait à l'hôpital de Dijon, par Mme. Dumorcy; l'autre de 12,000 fr., en faveur des pauvres de Malaussanne (Basses-Pyrrénées), par M. Carenne.

-M. le Bouthillier, préfet du Bas-Rhin, est remplacé par M. de Vanssay, préfet de la Manche, et celui-ci par M. de Riccé, préfet de la Meuse. M. Camille Perrier, frère du député, est nommé préfet de la Meuse.

-M. le maréchal-le-camp baron Dejean, nommé par S. M. Lieutenant de Roi à Lille, à la place de M. le comte de Foucher, a pris possession de son commandement, le 8 février.

-Une promotion a été faite parmi les officiers de marine; M. le comte Dumanoir, contre-amiral, passe au grade de vice-amiral, et M. Bergeret, capitaine de vaisseau, au grade de contre-amiral; quatre capitaines de frégates sont faits capitaines de vaisseaux. Il y a encore plusieurs promotions dans les grades inférieurs.

M. Thiculin est nommé sous-préfet de Dieppe; M. Prget, de Saint-Marcellin (Isere); M de Rosily, de Brest; M. Vatou, à Sémur, et M. Babut, de Libourne.

M. le vicomte Berthier, maréchal de camp, dernièrement colonel du 3. régiment de la garde, qui vient d'être nommé au commandement du département de la Corrèze, vient d'être mis à la reforme, ainsi que M. Colomb d'Arcine, son lieutenant-colonel, qui avoit été nommé pour commander la légion de l'Yonne.

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Il n'y a point eu de séances des chambres depuis le

lundi 8.

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Une ordonnance du Roi permet l'exportation des maïs et millets à neuf départemens voisins de la frontière d'Espagne.

Le Journal du Commerce avoit annoncé que M. de la Fayette avoit déposé, le 8 février, une pétition tendant à supplier le Roi d'ordonner la convocation immédiate des colléges électoraux dans les quatre départemens où la députa

tion est incomplette. M. de la Fayette n'avoit rien déposé a cet égard le jour indiqué; on annonce qu'il l'a fait depuis. Le I. volume du Supplément au Dictionnaire historique de Feller est terminé, et sera mis en vente sous deux jours.

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On trouve dans le Journal de la Librairie, du samedi 6, une notice sur les bibliothèques publiques de la capitale et de toute la France. A Paris, nous avons la Bibliothèque du Roi, qui renferme 800,000 volumes, dont 500,000 manuscrits ; la bibliothèque de MONSIEUR, à l'Arsenal, qui a 15,000 volames et 5000 manuscrits; la bibliothèque de Sainte-Geneviève, 110,000 imprimés et 2,000 manuscrits; la Bibliothèque Mazarine a 90.000 imprimés et 3437 manuscrits ; la Bibliothèque de Lyon possède 106,000 volumes, et Bordeaux 105,000. Le nombre des bibliothèques, dans tous les départemens, est de 274. On ignore le nombre des volumes contenus dans plus de 8o de ces bibliothèques. Le total de celles dont le nombre est connu s'élève à 3,345,287, dont 1,125,347 à Paris seulement.

Le 15, le nouveau marché de la place Maubert sera occupé par les marchands de comestibles qui occupent cette place et les rues adjacentes. Ce nouveau marché, qui est vaste et commode, est entièrement terminé.

On construit à Dreux une chapelle destinée à la sépuł – ture de la maison d'Orléans.

-

On va élever, à Reims, le monument qui y avoit été exécuté, en 1765, en l'honneur de Louis XV. La statue de ce Prince avoit été détruite, mais deux figures qui l'accompagnoient, et dont l'une représentoit la France et l'autre le Commerce, ont été conservées. On n'a eu à refaire que la statue du Roi, qui vient d'être exécutée, en bronze, par M. Car telier. Elle est terminée, et fait honneur au talent de l'artiste. Les figures de la France et du commerce seront rétablies aux deux côtés du piédestal.

Une lettre d'Alais réclame contre un article inséré dans la Minerve, où la garde nationale est représentée comme composée de brigands et de gens sans aveu. Cette lettre rétablit les faits qu'on avoit altérés à dessein. L'auteur est un habitant d'Alais, qui a vu les choses d'un peu plus près que M. de Jouy. Malheureusement son récit est trop long pour trouver place ici; on doit savoir d'ailleurs à quoi s'en tenir sur l'esprit et le but de ces déclamations, que l'esprit de parti en

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tasse dans un journal qui a pris soin d'afficher les couleurs de l'exagération.

-Les journaux anglois se sont amusés depuis quelque temps à fabriquer des bruits de conspiration en Espagne. Cela s'est réduit jusqu'ici à la tentative désespérée qui a eu lieu le 2 janvier à Valence. Un colonel, assisté de quelques soldats et laboureurs, vingt-deux personnes en tout, a voulu tuer le général Elio, commandant de la province; il a été arrêté avec ses complices.

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L'Observateur Autrichien, du 30 janvier, contient une critique longue et détaillée des lettres publiées dans la Minerve, sous la date de Francfort, et qui décèlent, dit l'auteur de l'article, une ignorance absolue des faits, et sont forgées évidemment à Paris.

Les nouvelles chambres sont formées en Bavière; leurs présidens sont, pour la première chambre, le prince de Wrede et le comte de Schoenborn, et pour la seconde, M. de Schrenck, conseiller d'appel. Le 3 février, il y a eu une messe solennelle dans l'église de Saint-Michel. Le 4, le roi a prononcé le discours d'ouverture.

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M. le baron Haller de Hallerstein, qui s'étoit voué à l'étude de l'architecture, et qui parcouroít la Grèce depuis plusieurs années pour en étudier les monumens, est mort à Ambelaki, dans la vallée de Tempé.

-Le chef des Wéchabites, Abdallah Ben Sund, pris dans un dernier combat, a été amené à Constantinople et présenté au grand-seigneur, qui l'a fait décapiter avec son iman et son trésorier. Ainsi se trouve terminée une guerre qui, dans quelques instans, avoit donné des alarmes sérieuses à l'empire ottoman.

Lors des dernières élections, on fit circuler dans le département de la Moselle un petit écrit destiné à ouvrir à un homme fameux les portes de la chambre des députés; cet écrit étoit une Notice biographique sur M. Grégoire, ex-sénateur, in-8°. de 8 pages. On l'a distribuée avec beaucoup de libéralité à tous les électeurs du département, et cette pièce d'éloquence a valu treize voix à l'honorable candidat. Il y a même eu du bruit à son sujet, et, malgré sa philanthropie, il a été l'occasion d'un duel, dans lequel son champion a eu le dessus, comme cela devoit être. Heureusement une légère blessure a mis fin au combat; mais ce qui est fâcheux, c'est que, malgré cet éclat, malgré la Notice, malgré le zèle des amis, l'ex-sénateur n'a point été élu. Il se dévouoit encore une fois à la chose publique; il renonçoit, comme

disoit cet autre, aux douceurs de la vie privée. Par quelle maladresse les électeurs de la Moselle se sont-ils privés d'un si digne interprète de leurs vœux? Ce n'est pas assurément la faute de la Notice. M. Grégoire y est représenté comme une colonne de la religion et de l'Etat; on exalte plusieurs de ses actions; on en dissimule adroitement quelques autres. C'est presque un Père de l'Eglise, quoiqu'il ait voté pour la destruction des ordres religieux, et qu'il ait travaillé, pendant dis ans, à établir le schisme. C'est un homme plein de douceur et d'humanité, témoin certaine lettre écrite de Chamberi, où il déclare condamner... Il y a bien une certaine séance du 7 novembre 1793, où on cite de lui quelques phrases assez mal sonnantes; mais c'est le Mọniteur qui s'est trompé, et l'auteur donne aujourd'hui une édition de son discours, revue et corrigée; c'est dommage que cela soit un peu tardif. Le prélat assure qu'il a toujours conservé le costume ecclésiastique, même pendant le régime de la terreur; il fut apparemment moins brave sous le régime impérial, où il paroissoit, dit-on, aux Tuileries avec l'épée au côté. Lui ou son apologiste, car on ne sait de qui est cette Notice, sent le besoin de parler souvent de sa vertu, de son courage, de sa science, etc. Aujourd'hui, dit-on, ce vénérable prélat vit paisiblement dans la capitale, entouré d'amis qui honorent ses précieuses qualités..... Il est aux yeux de l'Europe un des plus illustres évêques de la catholicité par les mœurs, par les vertus civiles et religieuses, par le zèle, la science et les talens Nous connoissons de fort honnêtes gens qui ne voudroient pas plus de son illustration que de så catholicité, Espérons qu'à cette époque importante la France jetera les yeux sur un homme qui sait réunir aux qualités les plus éminentes une vaste érudition, et offre pour garantie certaine de ses actions futures sa conduite passée. Il paroft que les électeurs de la Moselle n'ont pas trouvé la garantie suffisante, ou peut être ont-ils craint de troubler la vie paisible du vénérable prélat, et de nuire à ses travaux d'érudition. M. Grégoire parle aussi de ses ennemis; il n'est pas jusqu'à l'inquisition d'Espagne qui n'ait déchaîné contre lui ses libellistes. On se permettra de faire observer à l'auteur qu'il faut être juste envers tout le monde, et même envers l'inquisition: or, ce n'est pas elle qui a attaqué M. Grégoire, c'est ce vénérable prelat qui a commencé la guerre par sa lettre au grand inquisiteur, en 1798; lettre qu'il a envoyée, comme il le dit lui-même ailleurs, depuis Quebec jusqu'à Trébisonde. Il y auroit beaucoup d'autres observations à faire sur cette Notice, rédigée par une main amie; nous nous contentons de renvoyer le lecteur à un écrit publié, en 1814, sous ce titre : Réponse aux calomnies contre M. Grégoire, ou Extraits de ses discours et de ses écrits. Ces Extraits sont tirés des journaux du temps, et font mieux connoître leur auteur que toutes les apologies. Nous indiquerons aussi l'article inséré en son honneur dans la Biographie des vivans, où toute sa vie publique est rappelée en abrégé. Cet article n'est pas tout-à-fait aussi flatteur que la nouvelle Notice, et on peut croire que M. Grégoire ne le distribuera pas à ses amis, ni aux électeurs de son dépar

tement.

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