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quelque façon sur le vuide. Celui que l'on pourra élever sur notre chapelle de la Vierge ne sera pas de cette espéce.

J'ai reçu les deux caisses, qui contenoient la pendule que j'ai achettée l'année dernière et j'ai fait remettre à leurs adresses les petits paquets que j'y ai trouvés.

J'ai l'honneur d'être bien sincèrement,

Monsieur,

Votre très-humble et très-obéissant serviteur,

VANDENDRIESCHE.

Saint-Michel-lez-Arras, le 20 janvier 1774.

Monsieur,

Saint-Michel. 21 février 1774.

J'ai reçu les lettres de dispense d'âge en faveur du nommé David; je vous suis très-obligé des soins que vous avez pris à ce sujet; j'aurai celui de vous remettre les treize livres quatorze sols que vous avez avancés, comme aussi ce que vous avez paié pour le renouvellement de l'abonnement de la Gazette de France. Depuis quelque temps la Gazette de santé ne m'est pas adressée exactement; je n'en ai pas reçu les numéros 4 et 6. Je vous prie d'avoir la bonté de travailler à me les faire envoyer.

Sans doute, Monsieur, vous pourrez être trompé par rapport aux fruits que je vous ai demandés; la curiosité que j'ai d'avoir ces espèces, me porte à m'exposer à cet inconvénient.

En recevant votre lettre du dix de ce mois avec la dispense

pour David, j'ai appris qu'elles étaient arrivées à Arras avec les plans de M. Contant. L'on m'a dit hier que les sieurs Linque et Marville, et peut-être M. Boubai, ont fait contre ce plan des observations, qui vous ont été adressées le dix-huit; M. Lucas m'en a même fait passer une copie, et après les avoir lues je lui ai fait dire que celles qui concernent le péristyle sont, selon moy, fausses, et que celles qui regardent l'élargissement de la croisée ne sont d'aucune considération.

Le péristyle (1) en avant du grand portail, c'est ainsi que les observations commencent, et qui sert de porche, est impossible: 1° parce que les fondations qui sont faites ne le peuvent supporter, n'ayant pas assez d'épaisseur. Cette proposition est juste; ces fondations n'ayant été faites que pour porter le grand pallier de l'escalier. Mais l'on peut sans doute faire pour ce péristyle de nouvelles fondations, qui ne seront pas bien couteuses ni aussi profondes qu'ils veulent le faire croire; et l'on pourra trouver le moyen d'y remploier la belle graisserie, qui est en cette partie hors d'aplomb. Je m'amuse, Monsieur, cet hiver à lire le soir l'architecture françoise du sieur Blondel, et j'y trouve en plusieurs endroits que l'on ne doit rien négliger, afin que lorsqu'il est possible, il y ait devant les églises un péristyle qui serve de porche, ainsi que les anciens en mettoient devant leurs temples.

2o Parce que le terrain, portent les observations, où sont établies celles en avant qui devroient porter les colonnes, est tout à fait mauvais, étant dans une partie de l'ancien lit du Crinchon, et si profond, que dix-huit à vingt pieds plus bas, que le fond sur lequel on a établi les fondemens de l'église, on a été obligé de fonder à pierres perdues, et l'extrémité de l'angle droit du frontispice a été fondé de cette façon.

Si le péristyle est dans l'endroit où je le crois, tout ce qui est dit ici est entièrement faux. Ce péristyle seroit environ trois toises, même hors d'œuvre, en avant du frontispice suivant le

(1) Ce péristyle n'a jamais été construit. En 1807, l'architecte Verley reprit cette disposition dans les projets qu'il exécuta sur l'ordre de M. de la Chaise, préfet du Pas-de-Calais.

plan que j'ai porté à Paris, signé: Linque, Marville et Brissy. Si ceux-ci ont cru que le fond où doit être le frontispice selon ce plan étoit suffisant pour en soutenir le poids, celui trois toises en avant l'est à plus forte raison pour porter le péristyle, qui sera d'un poids beaucoup moindre que celui du frontispice; car le fond en ces deux parties est entièrement de même nature, et le lit du Crinchon n'y a jamais été, il en est même éloigné d'environ cent cinquante pieds.

L'on a à la vérité fondée dans l'eau une partie de l'escalier, mais l'on y a senti le bon fond, le fond solide: cette partie assez petite est à l'entrée de l'escalier contre le Crinchon et la maison du charpentier. Il est vrai que depuis cette partie jusqu'à l'angle de la droite du frontispice et même beaucoup au-delà, les fondations sont très-profondes, elles sont faites probablement dans le terrain de l'ancien fossé du château, creusé après les ravages des Normands; mais si les observateurs ont trouvé que l'on pouvoit y élever l'extrémité du frontispice, et le mur extérieur de l'église vers la rue de l'Abbaye, pourquoi n'y pourroit-on pas établir l'extrémité du péristyle.

Je ne dirai rien de la raison que les observateurs apportent tirée de l'optique, parce que je n'ai pas vu les plans; en outre cela regarde M. Contant, ainsi que tout ce qui est dit touchant les platte bandes. Je n'en parle même ici que parce qu'en cet endroit ils établissent un principe que je n'ai lu dans aucun architecte, sçavoir que la hauteur d'une église doit contenir au moins deux fois et demie la largeur de la nef.

Selon M. Blondel, la largeur de la nef de Saint-Sulpice est de sept toises et sa hauteur de quinze toises sous clef. Ainsi la hauteur contient deux largeurs et un septième. Selon le même la nef de Saint-Roch a en largeur trente-cinq pieds et en hauteur cinquante-neuf pieds sous clef. Si cette hauteur étoit portée, comme à Saint-Sulpice, à deux largeurs et un septième, elle seroit de soixante-quinze pieds. Trouvera-t-on, Monsieur, un architecte qui n'est pas épris du goût gothique, qui diroit que la hauteur de l'église de Saint-Roch portée à soixante-quinze pieds ne seroit pas proportionnée à sa largeur.

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Je vois par les observations que la hauteur de la nef de notre église a deux largeurs et six pieds. En mettant, comme je le crois, la largeur à quarante pieds, je trouve quatre-vingt-six pieds, c'est-à-dire deux largeurs et près d'un sixième; elle est donc par proportion un peu plus haute que celle de SaintSulpice, et que celle de Saint-Roch portée à soixante-quinze pieds. Au reste, que l'on donne un peu plus de hauteur à l'attique, je veux croire qu'il n'y auroit aucun inconvénient à craindre.

Quant à ce qui est dit contre l'élargissement de la croisée, je ne dirai rien, Monsieur, sur ce que les observateurs ont exagéré l'étendue des fondations, qu'il faudrait faire; je me contenterai de vous marquer par rapport à l'inconvénient tiré des fondemens anciens et nouveaux, qu'à raison de notre dernière transaction avec les magistrats d'Arras, avant que l'on puisse travailler à l'élévation de l'église, s'écouleront au moins cinq à six années, et que si alors il y auroit encore quelque chose à craindre, l'on pourroit encore différer, sans cependant cesser de travailler : l'on pourroit entreprendre la chapelle de la Vierge. Comme la tour, qui sera d'un poids immense, est au-dessus de cette chapelle, il semble qu'il seroit à propos de l'élever à une certaine hauteur et de l'abandonner ensuite pendant tout le temps que l'on travaillera au reste de l'église, afin que, quand on enlèvera la tour, la maçonnerie inférieure étant bien séchée et consolidéé il y ait sur cette partie moins de pression et que le poids de la tour ne fasse pas impression sur les parties de l'église qui y sont jointes, l'inconvénient provenant de ce que les nouvelles parties de la croisée ne seroient distanctes du quartier des gardes d'église et d'une fenêtre de notre chapitre, que d'environ dix pieds, n'est pas suffisant pour que l'on se détermine à faire une croisée imparfaite. Ce qui est dit au sujet des maisons, qui recevroient un petit rétrécissement, peut être objecté par M. Roubai, mais il ne devoit pas l'être par Linque et Marville. Enfin, ce qui est dit du peu de longueur de la croisée, paroît ridicule. Avezvous vu, Monsieur, à Paris, avez-vous vu dans quelque autre endroit une église dont la croisée déborde autant sa largeur, les

bas-côtés et les chapelles comprises, que la croisée de notre église? Notre croisée a environ cent quatre-vingt pieds, et la croisée de l'église de Notre-Dame à Paris, qui est un bâtiment immense, n'en a que cent cinquante. J'excepte ici l'église gothique de Notre-Dame à Arras, et je parle des églises bâties en croix latine.

Chaque bras de notre croisée est pour la longueur proportionnée à celle du chœur; abstraction faite du point rond ou de l'abside, il y a dans chaque bras de notre croisée autant de vitraux et d'entrecolonnemens que dans le chœur. Ce qui fait que notre église fera une belle croix latine.

J'avais oublié, Monsieur, de vous marquer que j'étois surpris que les observateurs assuroient si fortement que la meilleure pierre de notre pays n'étoit aucunement suffisante pour être mise en platte bande et être en état de le soutenir sur la longueur de dix-huit à dix-neuf pieds, tandis surtout que M. Contant nous a proposé de faire ces platte-bandes en briques. Ils croient sans doute, ces observateurs que cette pierre placée en platte-bande sur les chapiteaux des colonnes est en état de porter le grand poids de l'attique et de la voûte; le projet du sieur Linque le fait ainsi connaître. Si cela est ainsi, pourquoi cette pierre ne pourroit-elle pas se soutenir entre deux colonnes, où elle n'auroit à porter que le poids de l'entablement fort alégé par M. Contant, ou le poids des petites voûtes en briques des bas-côtés. Je veux croire que le projet singulier des platte-bandes en bois pour un tems du sieur Linque, pourroit avoir motivé cette observation. Au reste, je vous répète que je n'ai pas vu les plans. Je suis rhumatisé, mais je me porte bien. Je souhaite que votre santé soit bonne. Adieu.

VANDENDRIESCHE. (1)

(1) Archives du Pas-de-Calais. Fonds de Saint-Vaast.

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