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La Commission de jugement était composée de MM. DAMOISY, Emmanuel LEMAIRE, JAMART, J. HACHET, Capitaine V. LECOMTE, Charles POETTE, Th. Eck, membres titulaires; H. CARDON et Aimé LEFEVRE, membres associés; l'abbé Léon DELORME, membre titulaire, rapporteur.

MESSIEURS,

S'il nous est impossible de définir la patrie, elle a cependant des traits que nous reconnaissons toujours au tressaillement de nos cœurs. La patrie, vous la voyez dans le pan du ciel qui, depuis votre enfance, déploie sur vos têtes son paysage d'étoiles familières; vous la vénérez dans cette terre que vos aïeux ont foulée avant vous; dans ces lignes harmonieuses qu'ils aimaient, dans ces champs qu'ils ont fécondés de leurs sueurs ou arrosés de leur sang au jour des batailles. La patrie, c'est encore, et c'est surtout l'écrin des souvenirs qu'ils vous ont laissés, des joies

et des tristesses qui les ont unis, des vertus et des exploits dont ils ont donné l'exemple, des victoires qu'ils ont remportées et des bienfaits qu'ils ont reçus du Ciel. Composée de ces traits glorieux, la physionomie de la patrie s'enlève en grand relief sur le fond de vos âmes et sa personnalité se meut en pleine lumière. Elle a son histoire ; elle a son âme. Comment ses fils ne l'aimeraients-ils pas ? Comment ne seraient-ils pas fiers de son nom? Et lorsque ce nom est celui de la France, ne vous semble-t-il pas qu'il demande deux fois plus d'enthousiasme et d'amour?

Ils l'ont compris, Messieurs, ceux qui, répondant à votre appel et voulant contribuer pour leur faible part au beau renom de cette patrie, se sont mis à l'étudier pour mieux l'aimer et l'aimer plus que les autres. Tel est le sens des devises que nous lisons en tête de leurs travaux : « Nosce patriam ; Connais ton pays; Savoir c'est aimer; J'aime mon village plus que ton village. »>

Sept concurrents ont, cette année, brigué l'honneur d'être couronnés par vous; leurs travaux, de valeur inégale, dénotent un effort sérieux, sont la preuve d'une grande bonne volonté, et plus d'un, vous l'allez voir, a été jugé digne de récompense.

NOTICE SUR LE CHATEAU DE VIVIÈRES

La notice sur le château de Vivières, à 6 kilomètres de Villers-Cotterêts, fort intéressante sans doute, mais trop sommaire (elle ne compte que cinq pages, où rien de nouveau n'apparaît), n'a point paru mériter de mention.

MONOGRAPHIE DE SERMAIZE

Votre Commission en a jugé de même au sujet de la

monographie de Sermaize, petit village du canton de Guiscard, dans l'Oise. C'est une suite de documents sans lien, qui dénote l'inexpérience absolue de l'auteur. Il est impossible de descendre dans des détails plus minutieux il donne la liste des gardes champêtres de la commune, de 1798 à nos jours, au grand complet; le montant de la quête faite en faveur des incendiés du département en 1828, qui a rapporté 76 francs. Il ajoute enfin que « la seule lacune au point de vue agricole est - je cite textuellement une machine à battre que personne ne possède ». Les incorrections de ce genre sont fréquentes dans ce travail qui semble n'être que la réponse à un questionnaire, probablement de l'autorité académique.

NOTICE SUR LE MONASTERE DE SAINT-PAUL-AUX-BOIS

Saint-Paul-aux-Bois, dont le monastère fait l'objet du mémoire qui porte le numéro 3, est un village de 600 habitants, faisant partie du canton de Coucy-le-Château. Il est peu de localités dont le passé ait été l'objet de tant de recherches; l'auteur cite d'ailleurs consciencieusement les travaux de ceux qui, avant lui, ont écrit sur le monastère ou sur le village. Martin, Melleville, l'abbé Carlet, dans la « Semaine du Vermandois », ont laissé, en effet, peu de choses à dire, et cette notice, qui eut dû affirmer sa supériorité sur les autres, ne nous apprend rien de nouveau; mêmes détails sur les origines, le développement et la décadence de ce monastère.

Le prieuré de Saint-Paul-aux-Bois est une des nombreuses colonies que fondèrent, dans le diocèse de Soissons, les bénédictins du monastère de la Sauve-Majeure de Bordeaux. Les auteurs de la Gallia Christiana, qui font mention de cette fondation, n'entrent dans aucun détail; rien

de précis non plus sur la date. Ce qui est certain, c'est qu'en 1096 un châtelain de Coucy, Raynaud et sa femme Elinde donnèrent aux moines la forêt du Grand-Concis, le village de Saint-Paul, la moitié du village de Lappion, les autels de Terny et de Neufville, un franc alleu à Monsen-Laonnois avec tous ceux qui y demeuraient et vignes et prés, le village et le territoire de Vaux, près Verzy, et d'autres lieux. Les siècles s'écoulèrent sans qu'aucun événement remarquable se passât au prieuré; comme partout où ils se fixèrent, les moines de Saint-Benoît défrichèrent le sol, créèrent des fermes et des vignobles, enfin mirent intelligemment les bois de leur prieuré en valeur. En 1652, on ne sait par suite de quelle circonstance (l'auteur luimême ne peut nous le dire), le monastère passa aux Oratoriens. C'est là qu'en 1690 fut exilé, par ordre de Louis XIV, Abel Louis de Sainte-Marthe, savant distingué, supérieur général de l'Oratoire, l'un des auteurs de la Gallia Christiana, soupçonné de jansénisme. Il y mourut en 1697. Ses ossements furent exhumés en 1880 par la Congrégation de l'Oratoire. L'auteur du mémoire aurait pu nous faire grâce des longs détails de cette cérémonie, et le discours prononcé par le P. Ingold, reproduit in-extenso, est un hors-d'oeuvre qui n'ajoute rien à ce que nous savions déjà.

A la Révolution, le prieuré de Saint-Paul subit le sort de tous les établissements du même genre. Il était riche et les finances de la France en déficit sans cesse croissant: il fut mis en vente et passa par les mains de plusieurs propriétaires, pour devenir en 1876 la propriété des Bernardines ou Cisterciennes. En 1878 la communauté fut affiliée définitivement à la congrégation des Cisterciennes réformées de Notre-Dame de la Trappe, appelées communément Trappistines.

En résumé, ce mémoire est un peu confus: l'ordre, la clarté, la précision font défaut et dans la mise en œuvre des matériaux pourtant abondants, relativement à l'importance du sujet, et dans l'indication des sources. L'auteur s'est donné la peine d'ajouter à son mémoire des documents inutiles le panégyrique du Père de Sainte-Marthe, les notions sur la vie et la règle des Cisterciens, etc. Toutefois, c'est un travail estimable, mais qui gagnerait à être retouché ; l'auteur semble avoir oublié le conseil :

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse et le repolissez.

Pour l'encourager dans cette refonte de son œuvre, la commission vous prie, Messieurs, de lui décerner une mention honorable avec médaille de bronze.

MONOGRAPHIE DU RONSSOY

L'auteur du mémoire qui porte le n° 4 nous a envoyé une monographie du Ronssoy.

Cette notice un peu sommaire se divise en deux parties, l'une historique, l'autre descriptive. La partie historique est faible et n'offre qu'un médiocre intérêt. L'auteur semble n'avoir fait aucune recherche; la question des origines du Ronssoy est traitée en quelques lignes et rien dans l'ensemble de la notice ne vient jeter un peu de lumière sur les mystères du passé. L'auteur s'est contenté de puiser dans les ouvrages publiés jusqu'à présent : aucun document, aucun titre nouveau n'a été mis au jour, et pourtant des lacunes sont à combler dans ces ouvrages, des faits à éclairer, des dates à préciser. Il ne parle point des droits seigneuriaux de Jean de Bourgogne, comte

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