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de l'impossibilité de devenir un jour pair d'Angleterre ou quelque chose de ce genre: citons : 66 Qu'on me 66 permette de m'arrêter ici pour demander si c'est là "une position soutenable pour un homme bien instruit, "indépendant et fier de sa valeur ? et si on n'est pas de "mon avis quand je dis qu'il mérite cette dégradation, "s'il s'y soumet?-Nous disons que les colonies sont "un champ de promotion pour d'autres, tandis que les "colons eux-mêmes sont virtuellement exclus de toute "faveur et de tout emploi de la part du gouvernement "de l'Empire:-Que pendant les quelques années "dernièrement écoulées, des gouverneurs nous ont été "sans interruption envoyés, pour recevoir de gros "salaires et ne remplir aucun emploi quelconque-ils "n'ont pas, comme les gouverneurs américains un veto "à exercer; ils jouent tout simplement un rôle "dans un spectacle-et cependant, pour ce rôle de "figurant, quatre d'entre eux ont reçu pour recompense "le privilége de siéger dans la chambre des Lords, un " cinquième a été promu dans la pairie et un sixième a été "créé baronet, récompenses accordées pour n'avoir rien "fait, tandis que pas un seul colon n'a paru digne d'être "placé sur le même rang. On a cru que la mesquine "faveur d'une ou deux accessions au rang de chevalier "est une condescendance assez grande et une juste "appréciation des talents coloniaux. Mais qu'on ne se "méprenne pas jusqu'a croire que je veuille représenter

nos gouverneurs comme des hommes incapables et "indignes, tous ont été des hommes respectables et respec"tés,et deux d'entre eux, Lord Falkland et Lord Metcalfe, 66 qui ont inauguré le gouvernement responsable, ont "mérité par leur judicieuse et habile administration "l'approbation de toute la population. "

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L'auteur énumère ensuite de véritables griefs de l'ancien système, griefs qui ont disparus; mais il est évident que l'idée de promotion est celle qui maitrise la pensée de l'écrivain et que le reste n'est qu'accessoire, aussi propose-t-il, comme remède à tout ce dont il se plaint, l'accession de mandataires coloniaux aux chambres anglaises. La glorification de Lord Metcalfe laisse poindre assez chez M. le juge Haliburton les idées du vieux parti oligarchique. Nous avons cru devoir donner ces explications, avant de mettre sous les yeux de nos lecteurs les projets dont nous parlions au commencement de cet article, afin de pas perdre de vue la pensée dominante dans les écrits qui les contiennent: il ne faut pas non plus oublier que le rapport de Lord Durham date de 1839 et l'écrit de M. le juge Haliburton de 1856.

Lord Durham posait d'abord trois moyens d'obvier aux embarras de la politique coloniale à la suite des évênements de 1837 et 38 dans les deux Canadas: 10. Une union fédérale de toutes les provinces, chacune d'elles retenant sa législature séparée et la plupart des pouvoirs législatifs concernant son organisation locale, le pouvoir fédéral ne devant s'exercer que sur des matières d'un intérêt général, en vertu des droits cédés expressément par chaque colonie, tels que douanes, distributions du revenu général, postes, etc., etc. 2o. Une union législative, ou complète union de toutes les provinces sous une seule législature, exerçant sur toutes ces contrées un empire relativement semblable à celui du parlement d'Angleterre. 3o. Une union du Haut et du Bas-Canada qui aurait eu pour effet, dans une grande mesure, d'amalgamer la population française du Bas-Canada avec les anglo-saxons du Haut Canada, etc.

Après avoir commenté sur ces propositions, qui s'étaient d'abord offertes à son esprit, le noble Lord en venait à suggérer un moyen-terme, celui d'une Union entre le Haut et le Bas-Canada, avec pouvoir donné aux législatures des provinces du Golfe d'opérer leur adjonction dans cette union, du consentement des canadiens.

Avant d'entrer dans l'étude de ces différentes propositions, grosses d'importance, disons un mot des remèdes, (c'est le mot 'employé) suggérés par M. le juge Haliburton; mais d'abord énonçons de suite qu'il ne faut pas confondre, comme ayant une importance égale, l'habile et profond travail de Lord Durham, avec la spirituelle et légère lecture donnée par M. le juge Haliburton, aux bons bourgeois de Glasgow; car si nous faisons mention de ces prétendus remèdes de l'auteur de Samslick, c'est parceque cet écrivain représente en effet une certaine école, et que dans tous ces reproches et ces menaces adressés à l'Angleterre, le noble juge (bien qu'il ne soit ni pair ni barron) ne fait qu'exercer un droit inhérent à tout sujet britannique, le droit de grogner (it is the undeniable right of a british subject to grumble.) Il y a quatre remèdes, dit M. le juge Haliburton.-10. Annexion aux Etats-Unis (?) 20. Une union fédérale des colonies de l'Amérique du Nord, avec ce qui est appelé aux Etats-Unis représentation territoriale, c'est-à-dire le privilége d'envoyer au parlement anglais des délégués ayant le droit de délibération et de vote sur les seules questions relatives aux intérêts de ces colonies. 30. Incorporation avec la Grande-Bretagne, avec privilége d'une représentation proportionnelle. 4o. L'indépendance.

A la suite de cet exposé de moyens, l'orateur ajoutait. "L'époque est arrivées pour vous et les habitants de vos "colonies de vous consulter, tout mon désir et mon "espoir sont en faveur du maintien de l'union entre vous et eux, et dans ce sens, voici mes derniers mots : "esto perpetua.

M. le juge Haliburton sentait le besoin de faire comprendre à ses auditeurs que ce premier remède qu'il avait signalé, l'annexion, u'est pas un remède sérieux ; mais une drogue dangereuse dont il ne voudrait pas faire usage. Il est évident, en effet, qu'avec ses lumières, ses talents et dans sa position, l'orateur n'a voulu que se servir d'un épouvantail, en jetant à ses auditeurs, tous intéressés à ce que la chose n'ait pas lieu, ce mot d'annexion. Aussi, mettons-nous de suite de côté cette proposition isolée dont, au reste, nous avons déjà dit assez pour les bornes que nous nous sommes prescrites. Dans notre prochain chapitre nous dirons un mot des diverses propositions que nous venons de signaler et qui résument tout ce qui a été dit de la question dans le public et dans la presse.

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XVIII.

PROJETS PROPOSES CI-DEVANT.

On a vu que le premier projet qui frappa l'esprit de Lord Durham à la vue du vaste ensemble de toutes ces magnifiques provinces de l'Amérique du Nord, assez vastes pour constituer plusieurs royaumes, assez voisines pour ne former qu'un seul, mais immense empire; on a vu, disons-nous, que ce premier projet a été celui de réunir, dans une puissante confédération, tous ces éléments préparés par la nature et qui n'attendent pour former un grand tout que la conception d'une grande pensée, la main d'œuvre de l'exécution d'un grand dessein.

Quelles ressources n'offrent pas, dans leur ensemble si compacte et si diversifié, ces magnifiques vallées du Saint-Laurent et du Saint-Jean, ces iles de Terreneuve, du Cap-Breton et du Prince-Edouard, ce golfe aussi riche à lui seul qu'un superbe royaume ; ces territoires de l'Ouest et du Nord.-Au point de vue matériel, ajoutez, à cette belle route navigable de notre fleuve, une grande voie ferrée réunissant les superbes ports de mer d'Halifax de Saint-Jean et de Québec ; affranchissez, au moyen d'entreprises et d'institutions vraiment nationales, ces provinces de l'espèce de dépendance dans laquelle elles ont toujours été des Etats-Unis, en fait de commerce et de communications: établissez un

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