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commissaire au Châtelet, est comparu Thomas Moriceau, huissier commissaire priseur audit Châtelet, demeurant rue Saint-Denis, paroisse Saint-Jacques-de-la-Boucherie: lequel nous a fait plainte et dit qu'étant porteur de deux sentences contradictoires rendues au consulat de Paris le 23 mars 1716 et 26 avril dernier au profit du sieur Jules, bourgeois de Paris, portant condamnation contre le nommé Carton-Dancourt, comédien de la Comédie Françoise, d'une somme de 500 livres de principal sur laquelle somme ledit plaignant auroit reçu dudit Dancourt en deux différentes fois celle de 200 livres, et pour les 300 livres restant ledit plaignant se seroit transporté plusieurs fois pour en avoir le payement; ce que n'ayant pu faire, il auroit été obligé de se transporter ce jourd'hui, il y a environ une heure, chez ledit Dancourt avec Antoine Lemoine et Jean Vigneron, praticiens, ses deux assistans, à l'effet de saisir et exécuter les meubles dudit Dancourt; qu'étant entré dans la salle à manger, il auroit parlé au laquais dudit Dancourt qui lui auroit dit que son maître n'étoit pas encore levé; qu'ayant attendu l'espace d'une demi heure, ledit laquais seroit venu dire audit plaignant que son maître étoit éveillé et qu'il pouvoit entrer pour lui parler, ce qu'il fit; et, étant entré dans la chambre dudit Dancourt où il étoit couché dans son lit, ledit plaignant lui dit le sujet de son transport. Sur quoi ledit Dancourt lui auroit dit qu'il n'avoit pas d'argent et qu'il ne vouloit pas que l'on saisisse ses meubles; que si l'on le faisoit, qu'il les feroit bien sortir; qu'il savoit les conséquences de la rebellion, mais qu'il ne s'en soucioit pas. Ledit plaignant lui auroit fait réponse qu'il ne pouvoit se dispenser de faire l'exécution de ses dits meubles et dans l'instant se seroit retiré dans ladite salle où étoient ses assistans et auroient commencé ladite saisie; qu'en procédant à icelle, ledit Dancourt seroit sorti de sa chambre en robe de chambre comme un furieux et se seroit adressé audit plaignant en le traitant de bougre de gueux, de fripon et de voleur aussi bien que ses assistans, l'auroit pris par le collet en lui disant de sortir et que, s'il ne sortoit pas, il lui donneroit vingt coups de bâton et à ses assistans, et lui auroit, en le poussant dehors de la salle, poussé un coup de poing de toute sa force derrière le dos et plusieurs coups de poing à ses assistans en les mettant à la porte. En sorte qu'ils ont été obligés, pour éviter les violences dudit Dancourt, de se retirer de ladite maison sans avoir pu faire ladite saisie exécution. Et comme ledit Dan

court est un homme fort violent, qu'il lui a déjà fait plusieurs violences et à autres de ses confrères en voulant faire les fonctions de leur charge et qu'il est coutumier du fait, il a été conseillé de nous venir rendre la présente plainte.

Signé MORICEAU; BIZOTON1.

(Arch. nationales, Y 13204.)

AUBERVAL (Étienne-Dominique BERCHER d'), né le 9 janvier 1725, débuta à la Comédie-Française, le 11 mai 1760, par le rôle de Nérestan dans Zaïre, fut reçu en 1762, se retira le 1er juillet 1780 avec la pension de 1,000 livres et mourut vers la fin du siècle2.

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Le roi accorde une pension de 300 livres à Étienne-Dominique Bercher

d'Auberval.

Brevet d'une pension de 300 livres en faveur du sieur Étienne Dominique Bercher-Dauberval, né le 9 janvier 1725 à Paris et baptisé le lendemain dans la paroisse Saint-Nicolas-des-Champs de ladite ville, laquelle pension lui est accordée sur le trésor royal, sans retenue, en considération de ses anciens services en qualité de comédien du Roy, par décision de ce jour 17 décembre 1780, avec jouissance dudit jour.

(PIÈCES JOINTES AU BREVET.)

I. - Acte de baptême de D’Auberval. Extrait des registres baptistaires de la paroisse Saint-Nicolasdes-Champs, à Paris.

Le 10 janvier 1725 a été baptisé Étienne-Dominique, né hier, fils d'Adrien-Dominique Bercher, marchand, et de Catherine Bernard de la Juberdière, sa femme, demeurant rue Saint-Martin. Le parrein: Étienne Bercher, greffier et notaire à Monmorency,

1. Voy. AUVILLIERS (d'), pièce II, et BEAUBOURG.

2. Le Mazurier, dans sa Galerie historique du théâtre français, parle de ce comédien, peu connu aujourd'hui, comme d'un acteur froid, lent et maniéré. Son emploi consistait à jouer dans la tragédie les grands confidents et dans la comédie les raisonneurs; mais il se chargeait volontiers en outre de tous les rôles, si mauvais qu'ils fussent, pourvu que la Comédie-Française, pour laquelle il était plein de zèle, y eût quelque intérêt. Il avait une très-belle voix et de l'intelligence.

la marreine Marie Anne Ruffier, femme de François Parisot, marchand, demeurant rue des Petits-Champs Saint-Martin, paroisse Saint-Merri, lesquels ont signé, etc.

2.

- D'Auberval sollicite une pension de la bonté du Roi. Sire, Votre Majesté voudra t'elle bien permettre à Dauberval père de tomber à ses pieds pour la remercier de la bonté généreuse, avec laquelle elle a daigné tourner vers lui ses regards et s'informer de son sort. Attaché pendant vingt ans au service de Votre Majesté et à celui de votre auguste aïeul, il n'auroit point interrompu des travaux que son cœur et son zèle vous avoient consacré, sans une indisposition cruelle qui l'a forcé à la retraitte dans l'instant où le comédien commence à recueillir de quoi terminer sans inquiétude sa dernière carrière. Si Votre Majesté vouloit l'honorer et l'aider d'une petitte pension, il éprouveroit à son tour qu'il a eu le bonheur de vivre sous un roi dont les soins paternels s'occupent même de ses moindres sujets et dont les instants sont marqués par la bienfaisance'.

3. D'Auberval demande à un fonctionnaire des Menus-Plaisirs une expédition du brevet par lequel le Roi lui a accordé une pension.

Monsieur,

Relativement à mon incommodité, Sa Majesté a daignée m'accorder au mois de décembre dernier une pension de trois cent livres; comme je retourne incessament aux eaux de Bourbonne, je désirerois estre muni du brevet qui me fait jouir de ce titre honnorable.

S'il vous plaisoit, Monsieur, de vouloir bien le faire remettre à monsieur des Entelles, hotel des Menus-Plaisirs du Roy, rue Bergère, ou à votre serviteur, je vous en aurois beaucoup d'obligation. Monsieur des Entelles a eu la bonté de remettre à votre bureau quelques jours avant Noël mon extrait baptistaire avec mon nom, Étienne-Dominique Bercher, auquel est ajouté celui de Dauberval père qui est le nom que j'ay toujours porté depuis que j'avois embrassé l'état de la comédie.

La difficulté de monter, de descendre de voiture et de me transporter avec aisance d'un lieu à un autre, m'empêche de me rendre à Versailles.

1. Autographe.

Monsieur de la Ferté m'a fait espérer que vous voudriés bien avoir égard à ma prière.

Je sens, Monsieur, la peine et l'embarras que je vous donne, recevés en, je vous supplie, mes excuses et mes remercimens très humbles.

J'ay l'honneur d'estre très parfaitement, Monsieur, votre très humble serviteur.

BERCHER-DAUBERVAL père, pensionnaire du Roy.

De Paris, ce 31 de mars 1781.

A Bercher-Dauberval père, rue de Cléry, vis à vis l'ancien hôtel de Lhuberg, mesme maison de Dauberval, son fils'.

(Arch. nationales, 01 668.)

AUGÉ (François), né le 31 décembre 1733, joua d'abord la comédie à l'étranger, débuta au Théâtre-Français le 14 avril 17632, se retira en 17823 et mourut le 26 février 1783.

1782.11 mars.

Le duc de Duras, premier gentilhomme de la Chambre, accorde
à François Augé sa retraite avec 1,500 livres de pension.

Nous, maréchal duc de Duras, pair de France, premier gentilhomme de la Chambre du Roy,

1. Autographe. Le fils de d'Auberval dont il est ici question est le danseur bien connu de l'Académie royale de musique qui fut le rival de Vestris. Quant à l'hôtel de Lubert, en face duquel ils demeuraient, il avait pris son nom du président Louis de Lubert, amateur distingué de musique que Voltaire appelait « le meilleur violon du Parlement ».

2. Par le rôle de Dave dans l'Andrienne, comédie de Baron, et par celui de Labranche dans Crispin rival de son maître, comédie de Le Sage. A l'époque des débuts d'Augé, les Mémoires secrets attribués à Bachaumont et autres parlent (t. I, p. 238) en ces termes de ce comédien : « On voit à la Comédie françoise un acteur nouveau dans les Daves (les valets). Il se nomme Auger; on en dit beaucoup de bien on lui trouve de la noblesse, car il en faut partout, de l'intelligence et un masque très-bon. C'est un genre différent de Préville. »

:

3. Les Mémoires secrets (tome XX, p. 225) s'expriment ainsi lorsqu'Augé quitta le théâtre : « Le sieur Augé, acteur reçu depuis 1763, est le seul que le théâtre français ait perdu depuis sa rentrée. Il brilloit surtout dans l'emploi des valets qu'on appelle la grande livrée. Il avoit la taille svelte et bien prise, une démarche leste, un masque très expressif, un organe sonore et bruyant, beaucoup de gaîté et d'aisance; il plaisoit généralement... il est très regretté. »

Avons accordé au sieur Augé sa retraite qu'il nous a demandée avec la pension de quinze cents livres pour ses bons et anciens

services.

Du lundi 11 mars 1782.

Signé le maréchal duc DE Duras.

(Arch. nationales, O1 845.)

AUVILLIERS (Nicolas DoRNÉ, sieur d').

AUVILLIERS (Victoire-Françoise Poisson, mariée à Nicolas DORné, sieur d').

Nicolas Dorné, sieur d'Auvilliers, faisait depuis quelques années déjà partie de la troupe du Marais, lorsqu'en 1673, il passa au théâtre Guénegaud. Lors de la réunion des troupes royales en une seule en 1680, il fut conservé à la nouvelle Comédie-Française. Il est mort fou à Charenton le 15 août 1690'. Étant encore au Marais, le 27 avril 1672, il avait épousé une fille de Raymond Poisson nommée Victoire-Françoise, qui était sa camarade et qui le suivit en 1673 au théâtre Guénegaud. A la réunion de 1680 cette actrice ne fut pas conservée, selon les uns parce qu'elle était trop mauvaise, selon les autres parce qu'un cancer la défigurait. Elle se retira avec la pension de 1,000 livres et accepta l'emploi de souffleuse de la Comédie, fonction qu'elle remplit jusqu'au 16 novembre 1718. Elle alla alors habiter Saint-Germain-en-Laye où elle mourut le 12 novembre 1733.

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Arrêt du Parlement réglant un différend survenu entre les comédiens du théâtre Guénegaud et les sieurs d'Auvilliers et du Pin3.

Entre Nicolas Dornay, sieur d'Auvilliers; Victoire-Françoise

1. Dorné d'Auvilliers jouait avec talent les seconds et troisièmes rôles tragiques. Il était, dit-on, d'un caractère extrêmement jaloux.

2. Voici le récit des événements qui donnèrent lieu à cet arrêt. Ce fut le 9 juillet 1673 que s'ouvrit le théâtre de la rue Guénegaud dont la troupe, composée des débris de celle de Molière et de quelques comédiens venus du Marais, était loin de former un ensemble satisfaisant. Dès les premiers jours, des symptômes de division se manifestèrent surtout parmi les femmes, qui jalousaient Mule Molière, à qui les événements avaient donné le premier rang. En outre, le succès ne répondait pas aux efforts des nouveaux associés qui, pendant une année entière, durent jouer devant une

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