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dre à pleines mains, quand elle est assez heureuse pour

en rencontrer.

Déjà des dames charitables ont été invitées à s'associer dans ce but si louable. A leur tête figure la digne compagne du premier magistrat de notre département. Mme Ernest Le Roy, qui comprend si bien les devoirs. de la maternité, s'est empressée d'accepter la direction de cette nouvelle famille; une maison de refuge, fondée depuis plusieurs années par une sainte fille, dont vous allez tout à l'heure récompenser les vertus, servira de complément à cette œuvre de bienfai

sance.

Au milieu des alarmants symptômes qui se manifestent parmi nous, combien il est consolant de rencontrer encore de ces actes de dévouement, d'autant plus admirables qu'ils n'ont pour les exciter ni le bruit ni l'éclat. Nobles mouvements d'un cœur qui ne cherche sa récompense que dans le bonheur de faire le bien!

Quelles douces émotions n'avons-nous pas éprouvées en examinant les titres de ces modestes et bons ouvriers qui se sont, ou qui, pour mieux dire, ont été présentés à votre concours des livrets; nous n'avions qu'un regret, celui de ne pouvoir les récompenser tous; mais je m'aperçois que j'anticipe sur le rôle de celui de nos collègues qui est chargé de vous raconter leur vie.

Non, et n'en déplaise à certains prophètes, un pays où l'on rencontre encore tant d'exemples de vertu,

dans les classes laborieuses, n'est point un pays perdu; il peut trouver en soi assez d'énergie pour travailler à

se sauver.

A consulter l'histoire des peuples, on dirait qu'il faut quelquefois à nos cœurs, enivrés par les délices de la terre, de ces coups violents qui dissipent leur enchantement et les rendent à la réalité des choses. Il y a dans l'ordre moral et politique des perturbations comme dans l'ordre physique de l'univers. Celui qui nous mène depuis tantôt soixante ans, par des chemins inconnus et souvent en dehors des prévisions humaines, soumet parfois les sociétés aussi bien que les hommes à de rudes épreuves. Telles sont les conditions imposées à l'humanité. Loin de nous laisser abattre, profitons de ces grandes leçons de la providence pour mettre un terme à nos discordes civiles et fonder le repos de la France. Travaillons tous, d'un commun accord, à remettre à flot le vaisseau de l'Etat ; il ne saurait périr, il porte la civilisation du monde!

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L'analyse d'un ouvrage n'en donne qu'une idée incomplète; c'est l'esquisse au lieu du tableau; l'auteur reconnaît à peine son œuvre qu'il a fallu dépouiller de ses ornements; l'attention n'est plus captivée par le charme des détails, par l'harmonie du style, par le coloris de la pensée; à la vue de ces traits sévères, on n'espère plus retrouver les formes gracieuses

et le doux souvenir de la beauté; on ne regarde plus, on n'écoute plus ce qui a cessé de plaire.

C'est donc en tremblant que je viens aujourd'hui remplir le devoir qui m'est imposé par mes fonctions de secrétaire du bureau; et j'ai besoin de toute la bienveillance de cette assemblée pour oser, dans ce cadre restreint où la nécessité me place, vous présenter, non pas l'analyse développée, mais quelques traits seulement de vos intéressantes communications et de vos nombreux rapports.

M. Poullain, en prenant place au fauteuil de la présidence, dans votre séance du 15 juin 1848, a exprimé l'espérance que la Société libre d'Emulation continuerait de marcher dans la voie du progrès, sans s'arrêter aux préoccupations de la politique; le sentiment qui nous anime tous, a dit M. Poullain, c'est l'amour de l'humanité.

Et en effet, Messieurs, vous avez su discuter utilement ces hautes questions sociales qui touchent de si près à la politique; vous avez courageusement signalé le danger des fausses théories, et développé en même temps les idées réellement progressives qui fournissent toujours de bons résultats. Mais au milieu de ces questions irritantes, vous êtes restés calmes et toujours étrangers aux violentes passions qui s'agitaient autour de vous; l'amour de la science a été votre seul mobile, et le bonheur de l'humanité votre unique ambition; car, loin de nous, Messieurs, cette ambition dont parle le poëte allemand, cette ambition

aux yeux d'airain que jamais le sentiment n'a animés de son humide éclat.

Vous devez à M. Poullain une notice intitulée : Du Projet de décret sur les Monts-de-Piété.

L'auteur, après avoir signalé les vices de l'organisation actuelle, et principalement le défaut d'unité dans le service, dit: Qu'il faut centraliser l'administration dans les mains de l'Etat.

Il en déduit cette conséquence, qu'il faut séparer les Monts-de-Piété d'avec les hospices; il pense que s'il a été bon, dans l'origine, d'unir ces deux administrations afin que les capitaux fournis par les hospices fussent pour les Monts-de-Piété un premier point d'appui, cette combinaison a cessé d'ètre nécessaire, et doit faire place à celle qui aurait pour résultat d'abaisser successivement le taux des intérêts que les Monts-de-Piété exigent aujourd'hui des emprun

teurs.

L'institution des commissionnaires lui paraît vicieuse; il ne voit aucune difficulté sérieuse à les remplacer par des agents qui seraient rétribués directement par l'administration; il voudrait aussi que les commissaires-priseurs fussent remplacés par un appréciateur-vendeur; il pense qu'il y aurait économie pour l'administation et profit pour l'emprunteur.

M. Poullain, en terminant, retrace le tableau des améliorations sociales durant nos trente-cinq années de paix; il en conclut que le progrès est une loi cons

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